Carnets de dessins de Provence – ( RC )

A chausser les sandales de l’enfance,
te rappelles-tu des champs de Provence ?
Tu n’avais pas à ouvrir ton herbier,
le vent poussait ses vagues dans le blé,
comme dans la farandole
de la voix du mistral
soufflant par rafales
sur le plateau de Valensole.
Tu l’as parcouru à pied,
en sortant ton carnet à dessins.
De jeunes lavandes
déroulaient leurs points
avec de curieuses perspectives,
où le feuillage argenté
des oliviers, voisine celui, plus léger
de la promesse des amandes.
Contre les montagnes lointaines,
je me souviens de la teinte rousse
tirant sur le brun de Sienne,
opposée aux vertes pousses
des rangées de vignes
étagées sur les pentes ,
offertes à la cuisson du soleil.
Tu en parcours les lignes,
un soleil de miel
sous tes sandales de silence.
Les ceps crient
dans l’impatience
d’une lumière de braise
aux senteurs de la garrigue.
Bousculés dans les croquis
d’encre et de fusain,
sont-ils l’essence
de la morsure du midi
que rien n’apaise ,
calmés seulement
par la douceur de lait des figues…?
Toscane l’étrusque ( RC )
–
Della Francesca couvre des panneaux,
Des scènes de sa foi,
Légende de la Vraie Croix
Dans la ville d’Arezzo,
Mouvements croisés de chevaux,
Ces peintures qu’on dit primitives
Multiplient les perspectives,
Sous étendards et drapeaux.
Le jour court, puis se fane,
Les ombres des cyprès dessinent
Des pinceaux allongés sur les collines,
Et vallons de Toscane,
Qui portent jusque
Aux statues blanchâtres
De translucide albâtre
Du pays étrusque
Mythologie et divinités,
Les années entassées,
Restent les témoins du passé,
Emergeant de l’obscurité
Défile au dessus des murs,
Tout ce qui parle d’heures grises
Le soir. Il enveloppe Assise
De sa robe d’azur.
…Que l’on évoque Volterra,
Ou d’autres cités anciennes,
La nuit s’empare de Sienne
Dans ses habits d’apparat…
– Le soleil, en son vol d’or,
Verse sa coupe de volupté,
A l’horizontale de l’été,
Et joue les sémaphores,
Derrière les créneaux,
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Peinture: Fresque de Piero Della Francesca: légende la Vraie Croix – bataille entre Heraclus & Khosro XVè siècle — église d’Arezzo
RC – 25 juillet 2013
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François Cheng – À l’écoute de l’ocre de Sienne

peinture: Antoni Tapiès
Ivre de clarté terrestre,
L’ange du visible est passé.
L’étranger, lui, venu des sources
Et des nuages, a nostalgie
Du vallon irrévélé ;
Assis au creux de la pénombre,
À l’écoute de l’ocre de Sienne.
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