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Une petite route sur les collines de Toscane – ( RC )


photo Gianni Berengo Gardin

C’est une petite route
qui cherche son chemin
sur les collines
de la Toscane.
Elle domine la vallée
déjà plongée
derrière un rideau de brume.
On la devine par des nuances de gris
dans la photographie.


Comme dans celles de Giacomelli
les silhouettes des cyprès
disposés sur la crète
semblent accompagner
celles des promeneurs
qui traversent le champ de vision
pour aller vers un horizon
encore lointain…
l’atteindront-ils enfin
quand j’aurais fini
de décrire ce que je vois ici ?


Nous avons vu s’enfuir l’eau – ( RC )


Aquarelle  –  E Delacroix

 

Adossés à un mur brûlant,
nous avons vus s’enfuir,
lentement,
                          l’eau.

Le sol s’est bousculé,
faisant rouler des roches instables,
comme si une poitrine
      se soulevait,
montrant des plaies noires
et des crevasses.

                  Quelques heures encore
avant que ,         d’une faille profonde
                    jaillisse le soufre et le sel,
restes jaunis laissés
par la mer infidèle.

         Quel chirurgien entreprendra
de recoudre la peau assoiffée
de la terre ?
         Les champs, autrefois verts,
portent des tiges malingres,
et il n’est pas rare de découvrir
parmi elles,          des oiseaux desséchés .

Tout le village est secoué.
               Quelques maisons isolées
sur une pente qu’elles ignoraient,
              ont perdu de leurs pierres,
prêtes à s’effondrer
en suivant des cascades de poussière.

Les ors cruels d’un crépuscule
soulignent des silhouettes d’arbres
enchevêtrés.

     L’eau ne reviendra pas,
attirée plus loin,
ou bue par des gouffres sans fond.
              Qui pourrait la retenir
              entre ses doigts ?

     Ceux qui croient aux miracles
     attendront longtemps.
Le jour, même, a détourné les yeux .
Il nous laisse exsangues, au bord du précipice.


Averses – ( Susanne Derève)


Utagawa Hiroshige – Shôno , pluie d’orage Musée Guimet – Paris

.

Je leur laisserai le soin de brouiller les pistes :

bruines , crachins, averses , rideaux de nuées légères …

.

Rien des pluies écrasantes du Sud ,

de simples rumeurs d’étoiles,

un tendre flou de photographie,

le grisé d’une estampe, la fine ondée du jour.

.

Ainsi naissent les larmes aux pétales des roses,

la sueur aux cils fins des trembles.

.

Voiles de printemps, ombelles soyeuses chargées de sève

vouant leurs chevelures au vent,

lâchant des perles de pluie qui glissent au cou nu

des passants . frêles silhouettes taciturnes

qui s’évanouissent dans la brume

en frissonnant.

.


Le soleil ne déçoit pas les mots – ( RC )


Résultat de recherche d'images pour "albert marquet algerie"

peinture: Albert Marquet:  contre-jour à Alger

 

Je dépose sur la page quelques mots.
Il n’y a pas d’heure,       pour ces quelques
flocons noirs éclairant le jour à leur façon.

Une promenade les déplace,
trois silhouettes s’en détachent,
le soleil ne les déçoit pas,

( je n’ai pas encore défini leurs ombres
et j’invente du sable sur une plage,
un port exotique qui n’existe pas encore ).

Je les accompagne
de quelques notes de musique;
elles se dispersent sur la rive .

Un rythme me vient.
Je l’accompagne d’une lueur matinale,
comme une incidence portée dans le texte .

Mon langage parfois m’échappe.
–  je suis distrait de mes pensées –
Le bateau est parti     sans que je ne m’en aperçoive.

 

RC – dec 2019


Dominique Grandmont – le spectacle n’aura pas lieu ( extrait 01 )


 

 

 

Josef Sudek -.jpg

photo Josef Südek

De sorte évidemment qu’ils seraient là sans l’être sous la peau déchirée des murs où des lambeaux d’annonces dessineraient pour eux une carte inconnue peut-être
un quartier comme un autre ces cafés agrandis par la résonance construits tout en longueur pour qu’on ne puisse pas compter les silhouettes ni trouver l’entrée

Un tel silence pourtant le samedi après-midi les guêpes s’énervaient tu le lui disais un peu plus quand on entendait l’hymne national qu’on se serait cru dans un studio après quoi dans des cours envahies d’herbes folles qui atteignent la poitrine ou bien quand tu t’arrêtes en plein milieu d’une phrase la lumière est si fausse que toute la ville est vide

C’est seulement quand ils tournaient la tête qu’on s’apercevait qu’ils n’avaient
qu’un seul profil et pas de visage ou restée dans les yeux mais verts tu l’oubliais toujours comme à travers une vitre l’ombre sans vêtement une route sur la colline

 


du chapitre « L’autre côté du vide »

 

« Le spectacle n’aura pas lieu »  a été publié  chez  messidor  1986, dispo aussi en version numérique.

 


Une esquisse sur une feuille vierge – ( RC )


peinture: Edvard Munch  » nuit blanche »

 

Bien qu’il n’y ait plus un bruit,
tout autour des murs,
ce n’est pas pour autant une nature morte,
          mais seulement une ouate
à peine différente de celle du ciel,
et d’où part le silence.

Il s’est posé, tout en blanc
de partout.
Les arbres sont dans l’attente  ;
ils cherchent leur équilibre,
sous une masse inhabituelle, et résistent
de leur hampe sombre.

Car seuls, ils se détachent
de l’austère étendue,
        où toutes les différences
ont été gommées,
enfouies sur une couche épaisse ,
           tendant vers l’égalité.

Leurs silhouettes sont géométrie
et s’ornent d’ombres violettes,
comme dans les tableaux de Munch :
une peinture pour de vrai,
débordant sur les chemins,
presque effacés, aussi .

L’atmosphère est fraîche,
comme en attente.
Des hommes , au loin, progressent  : 
de signes noirs qui se détachent,
comme leurs paroles,
          sur un fond mat .

On est dans un instant précaire,
que l’on sait fragile .
L’arrivée des chasse-neige
va rayer l’immobile,
comme si on lançait les premiers traits
– une esquisse – sur une feuille vierge .


RC – oct 2017

 


Bordée par la nuit – ( RC )


Image associée

peinture:  Arthur Dove « moon & see II »

 

L’œil blanc est sans expression,
et dissémine un clair distant ,
qui ne rappelle pas les ombres .

L’univers est bordé par la nuit .
On ne sait pas s’il s’éveillera
dans le balbutiement des étoiles .

Les entrecroisements des branches
se courbent dans une silhouette
les confondant avec celles d’autres arbres .

La lune pointe parfois entre les nuages,
aiguisant le regard des oiseaux nocturnes.
Ils se répondent de colline en colline.

Jusqu’à ce qu’elle descende
contre toute attente
prélever sur la terre

un peu d’atmosphère
un reflet dans le lac,
qu’elle emporte aussitôt

avec des meutes de fleurs noires,
avant de s’effacer
comme si elle n’avait jamais existé .


RC – janv 2018


Blés des causses – ( RC )


balade   - causse Mejean vers Drigas   -   16.JPG

photos perso :causses  Méjean & Sauveterre

Les petites sorcières de la nuit,
se cachent entre les pierres,
présentes et toujours immobiles ,
même dans la brume du jour.

En silhouettes inanimées ,
elles activent leurs ombres ,
endossant leur poids de silence.
          Leur échappant , des vagues vert-jaune
ondulent au sol ,          caressées par le vent.

Les blés contredisent les gris austères .

Le causse a son discours
       empreint de mystère
qu’on ne peut traduire,
avec des mots .

Mêmes les images
ne parlent que d’instants .
son étendue ne se cerne pas .
Comme l’ancienne mer qu’elle recouvre ,

il a quelque chose           d’une houle
qui se prolonge aux horizons ,
avant de chuter brutalement
au plus profond des gorges.

RC – juin 2017IMGP0958.JPG


Ombres sur le mur – ( RC )


Afficher l'image d'origine

installation lumineuse  de C Boltanski

Ce qui se pose sur le mur n’a pas de poids.
Lui, qui chuchote des figures mobiles,
de celles qu’on n’attrape pas:
C’est qu’elles sont agiles
se déplacent et se confondent.
Nulle part elles ne s’accrochent.

Elles papillonnent et vagabondent,
mais jamais ne s’approchent :
C’est que les ombres restent discrètes
sur notre existence
elles se traduisent juste en silhouettes :
en un jeu de connivences.

RC – juin  2016

 

 

voir aussi cette suite de textes  de M C Grimard


Mizpirondo – à l’approche de la pierre


cote rocheuse en Sardaigne

à l’approche de la pierre
/ une émotion
à l’approche des montagnes
/ une émotion
à l’approche de la ligne infinie des crêtes
/ une émotion
dans le poème ce que je vois :
la pierre, les montagnes, la ligne infinie des crêtes, homme &
femme balbutiant ces mots : pi… – mont… – li…
homme & femme qui balancent là-bas vagues
d’histoire & d’émotion
silhouettes presque nulles
bouts d’étoffe qui claquent & allongent
la pierre les montagnes la ligne infinie des crêtes
_____________
visible  sur le blog  de mizpirondo

Variation d’ombre – 02 – Camera Obscura – ( RC )


Tout se passe en dehors,
De notre champ de vision,
Quelque part, une lumière bouge,
Se brise en éclats sur le verre,

Se multiplie sur les glaces,
Et nous revient,
– Boomerang dévié -,
Juste une partie…

Hors-champ, se jouent
De curieuses batailles,
Je perçois des mouvements,
Et les formes se mélangent…

Dans la chambre obscure,
Juste un trou dans le volet,
Inverse le monde,
Et décrit le vent, dehors.

Toujours à mon regard,
Il faut interpréter le silence,
Et les silhouettes .
Elles se superposent,

Portées de distances différentes,
Et se mélangent,
Peut-être se mangent entre elles,
Pour s’aplatir, dès qu’elles le peuvent;

Sur le mur de la chambre,
Pellicule mobile…..
J’habite à l’intérieur,
D’un ancien appareil photo.

Camera Obscura.

Effets « camera Obscura » de photographyblogger