Alain Bosquet – une grenouille endormie

Un enfant m’a dit :
« La pierre est une grenouille endormie. »
Un autre enfant m’a dit :
« Le ciel, c’est de la soie très fragile. »
Un troisième enfant m’a dit :
« L’océan, quand on lui fait peur, il crie. »
Je ne dis rien, je souris.
Le rêve de l’enfant, c’est une loi.
Et puis, je sais que la pierre,
vraiment, est une grenouille,
mais au lieu de dormir
elle me regarde.
Jean-Jacques Hamm – les interstices du temps (XI)

Lucian Freud – Le jardin du peintre
la soie de l’eau lunaire la soie la soif la joie le
râle de
l’eau le frisson des saules la soie
l’osier donné au voyageur la halte dans les vagues
les interstices
du temps le modulé d’un corps
le plissé le drapé les volutes d’une robe le lieu
ombragé
offert la blessure rose la tige de jade
le frisson des saules le frisson le pavillon fermé
encore
de ton absence
le plisé d’un rêve la perle rouge le couteau doré le
val profond
les volutes le pavillon fermé de ton absence
guerrier courageux cheval sauvage moineau
becquetant les grains
la blessure rose la porte de jade
la salle des examens les interstices du temps la corde de
luth le chant soudain
musique tendre attendre le ruisselet la perle noire
le propre de
la vallée et ta présence ta présence enfin
les interstices du temps la soif du soir la rosée du jour
le
frisson des saules
un jeune chat lape de sa langue rouge le lait
blanc ne
sachant pas qu’il est prisonnier des interstices du
temps
INVENTERRE I
(Chaos)
Collection « Les Transparents »
Le méridien éditeur
Colporteur du temps – ( RC )
Le colporteur du temps
N’a pas sa montre à l’heure
Et a laissé se faner les fleurs
Des rendez-vous d’avant
En semant les traces à tout vent,
C’est tout un champ d’enfants
Qui grandissent en chantant
Déposés en sommeil, on les oublie souvent
Lorsque le hasard nous amène
A revenir sur nos traces
Les souvenirs reviennent, et nous embarrassent
Le temps avait figé, – quel phénomène – !
un geste dans l’espace
La terre humide, qui fume
Le village, perdu dans la brume
Et de lointains ressentis passent
Ton sourire d’avant est resté le même
Dans mon souvenir; il est ce défi
Que me lance encore, ta photographie
Les fleurs d’antan , pour ce poème
Sont encore fraîches, et la couleur
Que n’a pas retouchée le colporteur
Du temps, qui s’est étiré, sans toi.
Couleur du bonheur, en papier de soie.
25-01-2012
issu de la création de Pantherspirit: le colporteur du temps
Herberto Helder – Do Mundo 01
Do Mundo (extraits)
Si tu te penches par les jours intelligents
regarde comment se forme la soie en eux, comme
le vêtement se forme sur le corps.
La soie et la chair fondues dans l’outre de sang.
Le nom : pulsation de la mémoire.
Et tu danses à quelques encablures des flammes
la zone ouverte, mais fermée,
spasmodique ; l’air retourné
autour des pierres en feu.
Le regard est pensée
Tout se fond en tout, et je suis l’image de ce tout
La roue du jour de dos montre ses blessures
la lumière trébuche
la beauté est menace –
– Je ne peux plus écrire plus haut
les formes se transmettent, intérieures.
—
Bernat Manciet – L’écorce du cours d’eau
La soie
efface
l’écorce
du cours d’eau
petit jour
goutte noire
la branche
bronche
aérienne
mais œuvre
de givre
la neige
prononce
les lèvres
Sophie Lagal – Camille
sculpture: A Rodin – Maryhill museum of Art
Camille
Tu m’aimes, mon bel amant,
Ma fragile écorce,
qui t’implore.
Mon coeur orageux
qui te dévore.
Ma joie de t’aimer,
encore.
A la soie blanche,
je me suis endormie.
A tes caresses savantes,
je me suis abandonnée.
Voluptueuse.
Promesse d’une terre d’exil.
Orpheline.
Mon bel amant,
Reviendras-tu me lécher de tes étreintes.
Moi, douce colombe blessée
Aux ailes éperdues.
Reviendras-tu me sculpter aux nuits d’été,
déchirant le ciel de nos baisers,
défendus
Mon beau, mon rêve,
J’avalerai ma rage
au ventre dur.
Je t’attendrai,
au marbre, vaincue.
Je sèmerai les fleurs sur le chemin
pour que tu reviennes, brûler l’or de mes mains.
——–
Sophie Lagal, 8 Mars-13 Mars 2013
Colette Fournier – Apprends-moi à danser
Photo : Emmanuelle Gabory
Apprends-moi à danser
Je veux retrouver le soleil
Flirter sur un rayon de miel
Brûler la pointe de mon cœur
Sur des épines d’arc-en ciel
J’ai besoin du velours de la voix
Feutrant ses frissons de soie
J’ai besoin de la couleur du vin
Fleuve de rubis où tout chavire
J’ai besoin du nectar des abeilles
Des parfums du paradis
Des ailes de tous les anges
J’ai besoin de devenir archange
De me transmuter, de m’alchimiser
J’ai eu si mal dans mon corps
Irradié et somesthesique
Que ce soir je veux danser
Libre, nue, échevelée
Ivre comme une bacchante
Et quelque part folle à délier
Avant que ne descende sur moi
La lente douceur du soir…
Papiers de bouleaux ( RC )
Photo: site maerchenbilder
–
Paroles et murmures,
S’inscrivent à l’encre sympathique,
Au dos des feuilles,
– Papier de soie,
Ecorces des bouleaux,
Soumis aux secrets,
De la croissance,
Et même s’enracinant,
Dans un terreau lourd,
Où gisent les morts,
qui murmurent peut-être,
A ces écritures debout,
Blanches,
Gardant aussi,
Jalousement les confidences,
Données aux sentinelles de la plaine.
–
RC – 3 septembre 2013
–
Compte à rebours, en émois ( RC )
Je compte jusqu’à trois,
Je ne sais plus combien de fois,
Peut être que, petite fille,
A cloche-pied, tu t’égosilles,
Sautant de case en case,
Et la jupe s’envole, un peu grivoise
Si tu es prête à l’envol
Dans ton parasol
Je compte à rebours,
Au visage de l’amour,
Un deux, trois,
Et si nous sommes à l’étroit,
Je vise le ciel,
Il y a plein de soleils,
Avec tes cheveux de soie,
Au-dessus de moi.
Je compte sur toi,
Au bout de mes doigts,
Et parcours monts et vallées,
Aux courbes avalées,
Quand la musique de chambre
Ôte les dernières feuilles de novembre,
Je voyage à pas menus ,dans l’inconnue
Si l’automne laisse ton parc à nu.
Je compte en émois,
Aux mois succèdent les tois,
Les vents portent la bise,
Remettons la chemise,
Contre les courants d’airs,
Je te couvre pour l’hiver,
Tandis que fuient les hirondelles…
> Te souviens-tu de ta marelle ?
Tu y comptais tes pas,
En moulinant des bras…
Suivant les cheveux libres,
Le corps en équilibre,
Je te regarde, je t’attends !
Regarde, c’est déjà le printemps,
Maintenant, comme je vascille,
A tes bas en résille,
Viens vite dessiner le bonheur !
Le dessin de tes mains a la forme d’un coeur…
–
RC – 27 août 2013
–
La silhouette d’un aujourd’hui qui n’est plus ( RC )
doc image: Paulina Otylie Surys – La Jeune Fille et La Mort – SIMONE magazine,
–
Dans l’ombre muette des arbres,
La silhouette d’un aujourd’hui qui n’est plus,
–
A la robe de soie rouge qui l’entoure
Cendrillon troque ses souliers , las
Contre des escarpins de cristal,
–
Pensant voler quelques éclats de lumière
Au prestige d’un soir,
–
Qu’on ne peut pas retenir,
> Pas plus que les rêves,
Dissous par le matin.
–
Les escarpins pris par les racines,
Aussi , soustraits par le chemin
–
Et la glaise fade, molle, sous le soir,
Dialogue avec un peuple d’épines,
Se parant , de lambeaux de soie,
–
Dont ne parle plus le rouge,
> Maintenant avalé par la nuit.
–
RC – 18 mai 2013
Il y a tout à apprivoiser, du présent ( RC )

peinture: Sandro Botticielli; la naissance de Vénus 1490
–
D’abord fermer les yeux et les ouvrir ailleurs.
Et puis s’efforcer de la suivre « à l’instinct »
Comme sauter à pieds joints dans un autre monde.
Couleurs déplacées, ombres allongées, végétaux inconnus.
Elle ne connaît d’attraction terrestre,
qu’un pied léger, posé sur le jour qui naît…
Les combinaisons de soi , à elle
les mots qui lui parviennent, ne sont plus les mêmes
Chargés de sens et d’irisations multiples
Un ensemble silencieux, refermé sur son mystère,
Peut-être à contourner, faute d’avoir les clés du passé.
J’ai ouvert les yeux, finalement, à l’audace d’une fusion,
A l’harmonie d’un jour auquel elle accorde des touches de soie,
Comme la naissance de Vénus, de Botticielli,
Ayant l’évidence d’une éclosion, unique et attendue, à nos yeux neufs,
…. Il y a tout à apprivoiser, du présent.
–
RC – 26 mai 2013
Les pensées qui tanguent ( RC )
–
Les pensées qui tanguent s’entremêlent de rêves;
Ce que tu écris, – les échos de sève –
Portées de musique et les mots défilent
en constructions fragiles,
tendues en liens de dentelles,
comme deux plantes s’emmêlent…
Je ne sais distinguer de qui se débride,
De tes fièvres rouges ou paroles limpides,
Des mots jetés et paroles farouches…
A chaque arbre, ses racines, sa souche…
Les plantes en symbiose sont en voisinage,
Et cohabitent sans se faire ombrage.
L’une , de l’autre ose aller plus loin
Vers la lumière, c’est donc un besoin
Toujours renouvelé
De la parole descellée,
A partager la soie et le satin,
Pour les draps étendus de beaux lendemains.
—
en dialogue avec Phedrienne…
Le ruban de tes pensées m’obsède,
Déroulant ses volutes de neurones entêtants,
Passant, galonné de dentelles,
Ou crocheté de fièvres rouges,
Où flamboie la connectique
De tes contradictions majeures…..
J’y surnage, brassant de mes idées farouches
Ton alternatif courant,
Tanguant de satin en soie saumonée,
De coton dur en voile satiné,
Craignant de déchirer au tranchant de mes synapses
L’organza trouble de tes chimères osées…
Le ruban de tes pensées m’enlace,
Noue de ses ligatures serrées,
Un bout de mon cœur oppressé,
Liane mes caprices débridés,
Et dans cet entrelacement sauvage,
Douceur et rudesse mêlées,
Se tisse un dialogue endiablé !
voir son « Ruban »…
–
passager des saisons ( RC )
passager des saisons ( RC )
Il y a des routes croisées de pluie
l’avancée immobile des saisons,
tes pas , de mémoire , et de raison,
Des falaises,de la roche, les abris
Et l’odeur des rideaux de buis
Lorsque je m’accorde, attentif
A ton regard cascade, si vif
Et cette larme, que j’essuie.
J’ai parcouru des mers, et des îles,
Routes et distances considérables
Des plaines vertes,à la main aimable
Au travers des printemps fragiles.
Et les saisons passent, animées
Produisant mille fruits
Mais tu danses encore dans mes nuits
En moi, la jointure de tes lèvres, imprimée,
Et le douceur de ta peau de soie,
L’obscur de ton verger
Dont je suis passager
… reste près de moi…
RC – 17 septembre 2012
–
Ombres contre vents – sous ce soleil neuf
encore un « ping » comme on dit, du blog d’Adelline…
–
Et sous ce soleil neuf
les fleurs vivront elles ?
le sourire de leurs pétales
sera-t-il aussi éblouissant que l’an dernier ?
J’ai gardé le souvenir de leurs effluves
de leur frémissement de soie
cette musique douce invitait à la danse
à la joie
Tout reste inscrit dans le bleu pur
Dans l’espace de tes sourires
H S
–
Jean-Claude Pirotte – jeunesse intouchable
extrait du « promenoir magique »
c’était la jeunesse et comme chacun je la croyais furieusement intouchable, tu ne t’inquiétais ni de Dieu ni des flammes tu portais des cravates de soie dans les rues étourdies par l’été
tu trouvais tout à fait naturel d’être enveloppé de lumière et cependant déjà sans l’avouer tu rejoignais tes premiers morts
Gouttes de sons (RC)
Aquarelle Pierre-Gilles
Quelques gouttes de sons
de la gamme basse
S’extraient du gros caisson
Et font vibrer ma tasse
Et le saxo se déhanche
Le rythme s’accélère
Les doigts courent sur le manche
en accords réverbères
La mélodie s’envole,
Volutes de vapeur s’infusent
Variations en mineur sol,
Que les projecteurs diffusent
Tournicotent et balisent
Basse et guitare mélangées
Beck et Tal improvisent
Rythmes et phrases orangées
C’était la couleur de sa robe
Devenue soudain soie – bleue
Et que la danse enrobe
Nouvel oiseau de feux
Du chapeau plat de Lester
En forme de tourte « pye »
Clamant, blues solitaire,
Mingus , et son « Goodbye »
Aux visages couleur-de-cigare
Perdus dans les ronds de fumée
Que, seuls, la musique réparent
A la saveur du café, exhumés.
Au gouttes de sons , en phase
Autour de la basse électrique
Montent d’autres phrases
En gerbes, couleurs prolifiques
Se séparent et culbutent
En tierces augmentées
Alors que le public exulte
En vagues, mouvementées
RC 11 fev 2012
–
Créé à l’évocation de « Goodbye Porkpye Hat », ( l’interprétation qu’en fait Jeff Beck, et Tal Wilkenfeld) — et plus généralement, des musiques de Charles Mingus
L‘interprétation du morceau ( par J Beck)… sur YouTube
— disponible sur l’album « Wired », et Beckology
et en s’éloignant de Mingus, vers une version plus rock, retrouver Tal Wilkenfeld et Jeff Beck en duo sur BlueWind, un peu « démo », mais toujours musical.
Colporteur du temps (RC)
Le colporteur du temps
N’a pas sa montre à l’heure
Et a laissé se faner les fleurs
Des rendez-vous d’avant
En semant les traces à tout vent,
C’est tout un champ d’enfants
Qui grandissent en chantant
Déposés en sommeil, on les oublie souvent
Lorsque le hasard nous amène
A revenir sur nos traces
Les souvenirs reviennent, et nous embarrassent
Le temps avait figé, – quel phénomène – !
un geste dans l’espace
La terre humide, qui fume
Le village, perdu dans la brume
Et de lointains ressentis passent
Ton sourire d’avant est resté le même
Dans mon souvenir; il est ce défi
Que me lance encore, ta photographie
Les fleurs d’antan , pour ce poème
Sont encore fraîches, et la couleur
Que n’a pas retouchée le colporteur
Du temps, qui s’est étiré, sans toi.
Couleur du bonheur, en papier de soie.
25-01-2012
issu de la création de Pantherspirit: le colporteur du temps
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