Izou, couleur de fumée – ( RC )

Où es tu maintenant
toi qui veillais sur mes nuits,
poids doux de tes pattes
sur mon visage ?
Pelage gris-brun
l’ ange animal
qui veillait
sur le château de la nuit…
Toute proche encore
à la façon d’un enfant
qui se pelotonne
dans mes rêves.
Petit cœur battant
dans un corps
couleur de fumée,
velours de l’ombre …
Et soudain,
la coupe des jours
sonne par le creux
de ton existence.
Ainsi la vie s’absente,
la sonate s’est tue,
la corde du violon
brisée, ne peut être réparée .
Pourquoi faut-il
que rien ne perdure,
que la lumière de ton regard
s’éteigne ?
Pourquoi as-tu quitté mon songe éveillé
et les lueurs du jour ?
Il n’y a pas de réponse,
je le sais .
Rien d’autre que le souvenir .
C’est peu de chose ;
dans l’immatériel,
tu continues à vivre ainsi .
Où es-tu maintenant ?
–
RC- juill 2019
Sylvia Mincès – Andante de poussière
photo perso 2017
Un limbe de musique s’unit à ma peau ; cette greffe sonore m’hypnotise,
le temps d’un fa bécarre éternel, pour m’habiller en grain de sable ou de pollen.
Fécondée, je deviens fleur et puis sentir, de toute la couleur
de mes pétales étonnés, ces sarabandes de tierces bleues
qu’éclaboussent des quintes d’or.
Sur mes feuilles, coule un torrent de notes évadées
d’une sonate en rien majeur tandis que mes racines
sourient à des accords aigus, cueillis près d’un clavier
que caressent de fantomatiques églantines.
Je me désintègre alors en atomes d’extase puis me dissous
dans un néant traîtreusement féerique
où les larmes ne sont que sucre la haine froissement de miel.
Les mailles écorchées de la réalité – ( RC )
image: « Six personnages en quête d’auteur », mis en scène par Emmanuel Demarcy. » – provenance lepoint.fr
–
J’ai du mal à ordonner les choses,
ordonner dans le sens « ordre donné »,
plutôt que dans celui de ordre-désordre… :
J’ai dû prendre la formule à l’envers.
Je navigue sans doute à contre-sens,
et justement les choses sont comme
on n’a pas l’habitude de, ( l’inversion du mode d’emploi)
et du mélange du tout …
( Qui de l’ordre du fantasme,
des mailles écorchées de la réalité,
des formules à l’alchimie incertaine,
où le fil qui les tient ensemble se dissout… )
J’énonce des choses, où,
comme les légumes, se juxtaposent, ceux qui
crus , crissent sont la dent,
ceux qui , trop cuits , dont la matière s’échappe .
Et avec le tout, une architecture fantasque.
On se demande comment ça tient debout,
quelle est la part du rêve,
et où se glissent les carillons des fêtes,
La sonate des pages qui s’envolent,
le pavillon de l’impatience,
l’essence volatile des sentiments,
et l’encre qui se dépose,
- où je vais puiser…
encore sous le coup du choc d’un regard,
des noces de plume,
et de l’obscur affrontement des mots.
–
RC- dec 2015
Grande sonate ( RC )
–
Au secret, imprimé de signes, sur la partition,
S’arrangent triolets, triples-croches et soupirs,
Complotant sur les portées…
Pour jaillir,
Sous les doigts du pianiste,
L’haleine des accords sauvages,
Martelés de la gauche
Tempérant la dentelle d’un thème
–
L’épopée fraîche,
Scintillante cascade,
Passant, fluide, d’une main à l’autre,
Se poursuivent sans relâche,
Semblant inventer l’instant d’après,
Comme aussi, à l’intérieur,
Les ondes visibles, les petits marteaux
de feutre qui ondulent,
–
Ainsi le vent dans les blés
Devient palpable,
La musique ici, on la voit
Elle s’échappe,
D’un grand piano noir,
A l’arrondi d’une oreille,
Son couvercle est ouvert
L’intérieur est de feu,
–
Vers la flamme,
Ses cordes frémissent.
Se succèdent les mesures,
Les tempos se détendent ,
puis accélèrent,
Comme s’ouvrent les bras du pianiste,
Et survolent le clavier.
– Deux ailes d’un oiseau de proie -,
–
Puis se referment sur les touches d’ivoire,
Les notes s’envolent, se pressent et se cabrent,
Les cheveux saccadés au même rythme,
Balayant presque le pupitre…
Crescendo, lumières croisées sur nos folies,
Puis ombres de détente et retour du thème,
Indiquant , ré majeur,
La fin du premier mouvement.
–
La caresse dansée, au royaume sonore *
De la sonate.
–
* » Vers la Flamme », et « Caresse dansée », sont le nom de pièces pour piano d’ Alexandre Scriabine
RC – 9 septembre 2013
–
Mouvements d’un cil – papier de riz, moisissures pâles
Une nouvelle fois, je tente de capter l’actualité abondante de « mouvements d’un cil »… et je vous fais partager ses « moisissures pâles– »
Hommage à Horst Judith

Moisissures pâles
La dépossession est une seconde peau. Les touches de poignets,
Les touches de piano étaient bleues. Mes doigts empourprés
Par la fièvre devaient supporter la légère pression. La masse de la légèreté.
La musique est intérieure avant le sentiment d’apesanteur. Elle gravite
Le flux des valvules et de l’hypophyse avant d’envahir l’espace.
Entre les courbes, les vagues frissonnent. Cet élan. Le voile étouffe
La mouette sur l’amandier du Levant. Tous les points sont invisibles.
Les meubles tournoient. Le sol, la terre en dessous se condense
Dans ce rythme qui bat cellulaire. Les bras au fond de l’herbe,
Les tentacules de racines, la moisissure pâle entre les interstices.
Une sonate. Les humeurs fluctuent. Les murs tremblent comme des feuilles,
Poreux quand les doigts déploient les ailes le long des turbulences translucides.
Les notes crépusculaires descendent des siècles que tous les organismes
Ne pourraient comprimer. Sonates de sodium. Impression nocturnale
Quand les champs de la conscience sont à demi-éveillées, étouffée
Par des insectes minuscules sur des taches de pierre.
Moisissure pâle
றouvemenʨ d’un ciℓ [edit./ exibit. projects (il y a 5 semaines)
Dispossession is a second skin. The wrists keys,
The piano keys were blue. My empurpled fingers
By the fever had to bear the light pressure. The mass of the light.
Music is inner feeling before of weightlessness . It gravitates
The flow valvulars and pituitary before invading the space.
Between the curves, waves shiver. This momentum. The veil stifles
The seagull on the almond tree in the Levant. All points are invisible.
Furnitures whirl. The soil, the earth below condenses
In this rhythm beating cellular. Arms at the bottom of the grass,
The tentacles of roots, mold pale between the interstices.
A sonata. Moods fluctuate. The walls tremble like leaves,
Porous when fingers deploying the wings along the translucent turbulence .
Crepuscular notes down the centuries that all organisms
Could not compress. Sonatas sodium. Nocturnale impression
When the fields of consciousness are half-awake, smothered
by tiny insects on stains of stone.
Pale molds
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