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Des clefs pour compter les minutes – ( RC )


As-tu toutes les clefs pour compter les minutes,
les changer en années ?
Les heures sont de retour.
Ce sont peut-être les mêmes qui reviennent,
si, comme le pense Patti, il n’y a peut-être,
ni passé, ni futur. Juste un passage,
un éclairage, passant de l’ombre à la lumière,
ainsi le soleil, qui réapparaît
après s’être dissimulé derrière un nuage.
En chevauchant une parcelle de temps,
tu n’en perçois qu’une étincelle,
pas ce qui en est à l’origine,
ni sa courbe dans l’éternité.
Juste un soupir,
dont nous gardons un instant
le souvenir.

variation sur Mr Train ( écrit de Patti Smith )


Ce que les oiseaux n’ont pas vu…- ( SD-RC )


Entre tilleul et cerisier,
J’ouvre une parenthèse:
mains, peau, émois, éveil, ….

Quelques éclats de soleil
nous caressent à notre insu.

Ce que les oiseaux ont vu,
je ne le dirai pas…

Dirai-je ce qu’ils n’ont pas vu :
la valse tendre de nos doigts
dans l’ombre du feuillage,
les étoffes froissées,

dansant,
ton corps léger , flottant dans l’air,
sous la lumière complice,
baignant le couvert de petites parcelles d’or
que tu n’as pas saisies.

C’est qu’ils n’ont pas surpris
la douce chanson du désir…

L’été s’est installé
dans un soupir…

SD-RC août 2020


Dans le silence d’une fin d’été – ( RC )


photo auteur non identifié – lac Baïkal

Je ne sais plus où s’éteint
la voix du vent,
dans un soupir peut-être,
comme ne se ride plus
la surface du lac.

Les pierres en profitent
pour se sentir légères,
et s’envoler d’espoir,
contre les nuages
à l’avancée du soir.

Le jour sur sa fin, s’étire, las.
Il abandonne ses couleurs…
Il n’y a plus ni haut ni bas,
ni pesanteur
dans ces dernières heures.

Les barques sont posées
sur elles-mêmes, noires,
le reflet des eaux est un miroir
baignant les étoiles;

Deux notes d’un crapaud solitaire
quelque part sur la terre,
la voix lactée , s’étire , pâle
dans le silence d’une fin d’été.


James Joyce – musique de chambre – XVII


 

 

 

femme ange.jpg

photo  Francesca  Woodman

 
XVII

Ma colombe, belle et si chère,
Eveille-toi, éveille-toi
Sur mes lèvres et mes paupières,
Rosée de nuit repose là.

Le vent fleurant tisse en concert
Tous les soupirs comme des voix
Ma colombe, belle et si chère,
Eveille-toi, éveille-toi !

Près du cèdre là je t’attends,
O toi ma sœur et mon amie,
Ô colombe de ton sein blanc,
Ma poitrine sera le lit.

Pâle rosée vient se poser
Comme un voile par-dessus moi.
Ma colombe, belle et aimée,.
Eveille-toi éveille-toi.

 

 

My dove, my beautiful one,
Arise, arise !
The night-dew lies
Upon my lips and eyes.

The odorous winds are weaving
A music of sighs :
Arise, arise,
My dove, my beautiful one !

I wait by the cedar tree,
My sister, my love,
White breast of the dove,
My breast shall be your bed.

The pale dew lies
Like a veil on my head.
My fair one, my fair dove,
Arise, arise !


Chevalet triste – ( RC )


peinture: Alice Rotival – Chinghetti 2012

 

C’est cet endroit
suspendu dans le temps
qui semble se refermer dans le sommeil ,
où la poussière se dépose
lentement
et finit par tout recouvrir .

L’atelier est désert
depuis la mort du peintre.

Il y a encore des tubes
aux couleurs incertaines .
Ils voisinent une palette éteinte,
quelques pinceaux raides,
et une ébauche qui attend depuis longtemps
sur ce chevalet triste .

Les odeurs de térébenthine
ne sont qu’un lointain soupir .

Vernis fossilisés,
essences évaporées,
tout est déserté ,
sauf les toiles d’araignées
ayant occulté complètement
les fenêtres de l’atelier .

Le deuil se pare d’un voile épais,
juste propice à l’attente .

Le silence même
est à l’image de ces insectes ,
desséché,        vide de sa substance
prisonnier de l’immobilité .
Le sommeil de la peinture
aux gestes arrêtés, voué à l’éternité .


RC- juin 2019

 

voir aussi  une parmi les nombreuses  aquarelles de David Chauvin


Fleur recluse – ( RC )


Cim  Chanac      10.JPG

photo perso –   Chanac

 

 

C’est comme un coeur
qui garde sa couleur
encore quelque temps :
il parle doucement
de ses quelques printemps
vécus bien avant .
–         C’est une fleur à l’abri de l’air,
qui, par quelque mystère
        jamais ne fane,
mais ses teintes diaphanes
à defaut de mourir,
finissent toujours par pâlir .

Détachée de la terre ,
elle est prisonnière
d’une gangue en plastique,
un procédé bien pratique
pour que la fleur
donne l’illusion de fraîcheur .
–     C’est comme un coeur
qui cache sa douleur ,
et sa mémoire,
dans un bocal de laboratoire,
( une sorte de symbole
conservé dans le formol ) .

Une fleur de souvenir ,
l’évocation d’un soupir :
celui de la dépouille
devant laquelle on s’agenouille :
les larmes que l’on a versées,
au milieu des pots renversés .
        C’est comme s’il était interdit
à la fleur,       d’être flétrie :
elle,       immobilisée ,
figée, muséifiée,
( églantine sans épines,
au milieu de la résine ) .

A son tour de vieillir :
         elle va lentement dépérir :
le plastique fendille, craque
ou devient opaque :
         les vieux pétales
cachés derrière un voile
entament leur retrait :
d’un pâle reflet
où les couleurs se diffusent :
       la rose recluse
se ferait virtuelle :
–    elle en contredit l’éternel –


RC – nov 2017


Madeleine de l’Aubespine – Du miroir


un  texte  d’une  auteure de la Renaissance ( en conservant l’orthographe ancienne )

 

Résultat de recherche d'images pour "madeleine de l'aubespine miroir"

 

DU MIROUER

Aussy bien qu’en la terre basse,
Au ciel la jalousie a place,
Et saisist quelque fois les dieux
Ce mirouer en rend tesmoignage,
Rompu par la jalouse rage
D’un dieu de son aise envieux.
Ce dieu, plain d’amoureuse flame,
Portoit vos beautes dedans l’ame,
Pour vous souspiroit nuict et jour,
Et bouilloit d’ardeur immortelle.
Mais vous, desdaigneuse et rebelle,
Ne faisiez cas de son amour.
Il avoit beau faire sa plainte:
Jamais vous n’en estiez attainte,
Vous n’aimiez que vous seullement,
A tous vostre oreille estoit close.
Ha! Non, vous aimiez quelque chose:
Ce miroir estoit vostre amant.

 

Résultat de recherche d'images pour "miroir castafiore"

peinture: Roy Lichtenstein

 

et sa traduction en english

 

-ON THE MIRROR OF M.D.L.B.
Just as upon the lowly ground,
So is envy in heaven found,
And sometimes seizes the gods.
This mirror witnesses its trace,
Cracked in a fit of jealous rage
By a god envious of its joys.
That god, filled with the flame of love,
Carried your beauties in his soul,
Sighed after you all day and night,
And seethed with immortal ardor.
But you, rebellious, full of scorn,
You cared for his love not at all.
In vain did he make his complaint:
By it you never were attained,
You loved yourself, yourself alone.
Your ear was closed to everyone.
Ah! No, you loved one thing besides:
This mirror was your only love.

 

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Rien ne sera comme avant – ( RC )


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sculpture:  tête  géante  des jardins Boboli (Toscane ) provenance  site: http://www.lumieresdelombre.com

A même la fleur,
Qu’un frisson effleure,
Les effluves se respirent,
A la façon du soupir
du jasmin rose .
Sa métamorphose
se poursuit jusqu’à l’oubli,
Au parc des jardins Boboli.

Une tête géante surveille
Les allées du sommeil,
Et s’extrait dans la douleur,
Du rêve brisé du sculpteur,
comme si le temple détruit,
retournait à sa nuit.

Les racines farouches,
issues de vielles souches
entourent, monotones,
les anciennes colonnes
évoquant la figure de plantes :
le décor de feuilles d’acanthe,
ainsi précipité au sol, roulé
… des siècles s’étant écoulés .

La jungle des fougères
envahit la pierre.
Le jardin d’abondance
sombre d’indifférence.
Nous sommes vers Florence,
un cheval ailé s’élance,

mais reste attaché au sol,
comme un symbole,
dont l’empreinte désuète,
devenue muette
d’un rêve dissous,
s’enfonce peu à peu dans la boue.

Le lieu retourné à sa solitude,
affiche sa décrépitude.
On voit même dans les bassins,
pousser des arbres assassins.
Des restes de troncs
ayant sombré dans le fond.

Les statues renversées,
étalent leurs membres blessés.
Personne ne venant à leur rescousse,
que le parcours des mousses.
On lit dans la pierre,
(en quelque sorte leur chair),
le frisson d’en finir,
avec leur passé pour avenir.

Rien ne sera comme avant,
comme nous le raconte le vent.


RC – dec 2015


Le semeur de bonheur – ( RC )


peinture: Piero di Cosimo - détail de Vénus, Mars & amour

peinture: Piero di Cosimo –                    détail de Vénus, Mars & amour

 

 

 

 

 

 

 

 

    

 

 

Ton regard brun me croise,

Au détour d’une page.

C’est sans doute le vent,

Qui me l’apporte,

Et feuillette le temps.

 

Les mois ont basculé vers l’automne,

Les vacanciers sont repartis,

La plage se languit,

Et l’océan , sans toi, aussi,

Son dos, aussi souple que le tien .

 

Le ciel roule ses nuages,

Ils se bousculent dans tes yeux,

Les chevaux du manège figés

Au soupir suspendu de la fête

Pour d’autres lendemains.

 

La tête nouée au ciel,

Tu t’es cachée derrière ton canotier ;

Un seul oeil m’épie…

Et même encore aujourd’hui,

Sur lui, je m’arrête.

 

L’horizon est beaucoup plus qu’une ligne,

J’en tiens une extrémité

Le vent a traversé les frontières…

Aujourd’hui est encore hier,

Et distribue fleurettes…

 

Il retient son souffle ou halète,

C’est un témoin oculaire,

Un messager sur la terre,

Un pigeon voyageur qui se déguise

Dépliant le temps à sa guise  –

 

-semeur de bonheur –

 

 

RC  –    sept 2014                ( pour F C)


Ahmed Mehaoudi – Dire aux choses qui passent


dessin: K Kollwitz - la mort ceignant la femme  1934

dessin:              K Kollwitz –          la mort ceignant la femme 1934

te seras dans ses bras
tant de berceuses moisies
mais qu’hiver ou automne
essuient les larmes c’était jadis
que tu pleurais
jadis quand c’était de belles défaites de coeur

tu seras dans ses bras
ce que ne dit plus le temps
ni de ces rouges maisons où sifflait le merle
ni encore le blanc rossignol
levé tôt à vous chanter la complainte

ce rien dans ses bras
à poser la tête sur l’épaule qui veille
ces yeux noirs de soupirs
dans ses bras
à écouter la joie de l’aube blanchir le jour
et toi partir avant…

A M


Théo Léger – Perdu dans la Montagne un soir de novembre


 

 

 

 

peinture: Marsden hartley

peinture: Marsden Hartley

Perdu dans la Montagne un soir de novembre

 

 

Amples demeures des morts. La sourde. L’endormie.

J’entends se déchirer la caresse des branches

contre sa pierre énorme

j’entends la violente larme des torrents.

Je rôde sur une rive de fumée.

J’éveille une barque l’eau neutre les roseaux.

Je trouble à peine leur silence.

Je passe et ne laisse aucune ombre.

Chemin perdu, j’appelle.

A peine un écho me répond

un vent d’hiver.

Où sont les anciens voyageurs ?

Où sont mes camarades mes frères ?

Où sont ils ?

Soupir innombrable des pins contre une pente obscure.

 

 


Mario Luzi – A la vie


 

 

photographe non identifié : barque sur lac en Tanzanie

“A la vie”,

Amis, depuis la barque on voit le monde
et en lui une vérité qui s’avance
intrépide, un soupir profond
qui va des estuaires jusqu’aux sources ;
la Madone aux yeux transparents
descend lentement à la rencontre des mourants,
recueille la somme de la vie, des douleurs
les désirs cachés depuis des années, sur la face humide.

“A la vie”, dans Prémices du désert. Poèmes 1932-1956, Gallimard, Poésie, 2004, traduit par Jean-Yves Masson et Antoine Fongaro, p. 60

 


Jean-Pierre Duprey – Saveur d’homme


peinture  Sidney Goodman autoPortrait  au bras replié  1985

peinture    Sidney Goodman      autoPortrait au bras replié 1985

Donnez-moi  de  quoi  changer  les  pierres,
De  quoi  me  faire  des  yeux
Avec  autre  chose  que  ma  chair
Et  des  os  avec  la  couleur  de  l’air  ;
Et  changez  l’air  dont  j’étouffe
En  un  soupir  qui  le  respire
Et  me  porte  ma  valise
De  porte  en  porte  ;
Qu’à  ce  soupir  je  pense  :  sourire
Derrière  une  autre  porte.
Détestable  saveur  d’homme.
En  vérité,  une  main  ne  tremble
Que  pour  vieillir  sa  mémoire  ;
L’autre  ne  vieillit  que  d’avoir
Trop  bougé  de  vie  depuis  le  temps
Où  le  monde  l’a  basculée
Dans  l’histoire  du  temps  et  du  moment,
Qui,  sans  jamais  se  ressembler,
Se  retrouve  à  chaque  instant
Dans  le  sac  noirci  de  son  éternité


Anna Akhmatova – Voix de la mémoire


sculpture; art roman:           Eglise de Mozac, Puy de Dôme

 

II : VOIX DE LA MEMOIRE              N. GOUMILIOV

Le monde est un rayon d’un autre visage,

Tout le reste est son ombre.

Le pont de bois a noirci, il penche ;

Il y a là des bardanes hautes comme des hommes,

D’impénétrables forêts d’orties proclament

Que l’éclat de la faux n’y entrera pas.

Au soir, un soupir passe sur le lac,

La mousse grimpe, revêche, sur les murs.

J’ai rencontré là

L’année vingt et un.

Le miel noir parfumé

Était doux aux lèvres.

Les branches griffaient

La soie blanche de ma robe,

Sur le pin tordu

Le rossignol refusait de se taire.

Au cri convenu

Il sort de sa tanière,

Comme un gnome des bois

Plus tendre qu’une soeur

À travers les prés,

À travers la rivière,

Il fonce et, plus tard,

Je ne dirai pas : laisse-moi.


Louis Aragon – tant que j’aurai le pouvoir de frémir


peinture           Patricia Watwood:                Flora

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tant que j’aurai le pouvoir de frémir

Et sentirai le souffle de la vie

Jusqu’en sa menace

Tant que le mal m’astreindra de gémir

Tant que j’aurai mon cœur et ma folie

Ma vieille carcasse

 

Tant que j’aurai le froid et la sueur

Tant que ma main l’essuiera sur mon front

Comme du salpêtre

Tant que mes yeux suivront une lueur

Tant que mes pieds meurtris ne porteront

Jusqu’à la fenêtre

 

Quand ma nuit serait un long cauchemar

L’angoisse du jour sans rémission

Même une seconde

Avec la douleur pour seul étendard

Sans rien espérer les désertions

Ni la fin du monde

 

Quand je ne pourrais veiller ni dormir

Ni battre les murs quand je ne pourrais

Plus être moi-même

Penser ni rêver ni me souvenir

Ni départager la peur du regret

Les mots du blasphème

 

Ni battre les murs ni rompre ma tête

Ni briser mes bras ni crever les cieux

Que cela finisse

Que l’homme triomphe enfin de la bête

Que l’âme à jamais survivre à ses yeux

Et le cri jaillisse

 

Je resterai le sujet du bonheur

Se consumer pour la flamme au brasier

C’est l’apothéose

Je resterai fidèle à mon seigneur

La rose naît du mal qu’a le rosier

Mais elle est la rose

 

Déchirez ma chair partagez mon corps

Qu’y verrez-vous sinon le paradis

Elsa ma lumière

Vous l’y trouverez comme un chant d’aurore

Comme un jeune monde encore au lundi

Sa douceur première

 

Fouillez fouillez bien le fond des blessures

Disséquez les nerfs et craquez les os

Comme des noix tendres

Une seule chose une seule chose est sûre

Comme l’eau profonde au pied des roseaux

Le feu sous la cendre

 

Vous y trouverez le bonheur du jour

Le parfum nouveau des premiers lilas

La source et la rive

Vous y trouverez Elsa mon amour

Vous y trouverez son air et sont pas

Elsa mon eau vive

 

Vous retrouverez dans mon sang ses pleurs

Vous retrouverez dans mon chant sa voix

Ses yeux dans mes veines

Et tout l’avenir de l’homme et des fleurs

Toute la tendresse et toute la joie

Et toutes les peines

 

Tout ce qui confond d’un même soupir

Plaisir et douleur aux doigts des amants

Comme dans leur bouche

Et qui fait pareil au tourment le pire

C’est chose en eux cet étonnement

Quand l’autre vous touche

 

Égrenez le fruit la grenade mûre

Égrenez ce cœur à la fin calmé

De toute ses plaintes

Il n’en restera qu’un nom sur le mur

Et sous le portrait de la bien-aimée

Mes paroles peintes

peinture:          Patricia Watwood  –          le  rêve  de l’amant du poète

Le roman inachevé,

Poésie / Gallimard.


Prélude à la nuit ( RC )


 

 

photos et montage perso… viaduc de Douvenant,      st Brieuc,    Côtes d’Armor    août 2012

Des verticales rares, fichées au sol,
suivent les partitions lentes,
celles des portées          électriques,
Celles des portées               électives,
Je me souviens, comme elles dansaient
Lorsque le regard restait sur l’horizontale
Et que défilait le paysage du point de vue ferroviaire
Au « Cloc-loc », régulier, des interstices des rails.

Je vois maintenant             le plateau
Caressé             par la lumière du soir
Qui déborde des stries des plantations
Et prend vie des ondulations douces,
Presque un soupir,      au sens musical
Quand la terre reprend         son souffle
Après une journée torride, juste apaisée
Par un léger mouvement des airs.

Il y a l’ombre portée des arbres
Sur le sol, qui s’allonge démesurément.
Il y a encore, plus loin l’étendue qui varie
Et qui d’une autre lumière aussi, se marie
Et qui fait suite, avec ,on s’en doute,
Des transitions brusques, celles, qu’on ne voit pas
Qu’on ne vit pas avec nos yeux,
Car buvant une ombre déja profonde.

Puis, les messagers ailés, tirent des traits
En s’appuyant sur l’air, ne craignent pas la chute
Et encore viennent, virevoltent et volutent
Franchissant             d’élans plus faciles
Espaces et distances que de plus audacieux ouvrages
Appuyés sur le sol, l’épaule des rochers,
Quelque part, au souvenir des courbes et des contours,
En progression obstinée, dans la paume d’ocre,

Le pays, sans doute s’arrondit plus loin
Au vécu tragique, d’un ciel antique
Lorsque le disque solaire
Masqué de temps en temps par les collines
Qui dansent aussi,            à notre trajectoire
Finit par quitter la scène
Et que les oiseaux fuient
Au prélude         à la nuit .

RC –   8 aout 2012

 

 


Retour des enfants dans la maison vide ( RC)


maison abandonnée à Detroit – où on sait que depuis la crise, de nombreuses maisons ,immeubles, bâtiments officiels,hôtels… sont laissés dans un état d’abandon « avancé »… bien sûr assez éloigné de ma vision du Vaucluse

 

 

 

Ce poème fait écho – avec d’autres  couleurs –  à la publication précédente  ( de Marie Hurtrel )

 

 

J’ai aimé les parcours des échos, dans la maison vide, ce qui fut la chambre.

Et le lumière rebondissait sur les murs chaulés, du soleil de décembre.

La raison s’égare, et aspire peut-être au vertige  de l’ombre

De l’abri généreux , de la main tendue, jusqu’aux  décombres

 

Si le soleil s’est voilé,    et tendu d’un ciel sans désir,

C’est, dans la portée,       la parenthèse, d’un soupir,

L’espace , un instant d’années, délaissées, le pardon

Des jours brisés,                         un parfum d’abandon

 

S’en allant doucement, si les jours s’agrandissent

Comme bien sûr, ceux-ci, ont fait peau lisse.

Les petits enfants, sont revenus dans la maison du Vaucluse

Ont révélé, aux murs silencieux d’avant, cette parole  recluse,

 

Ouverts,         les  chants du printemps, aux oreilles sourdes,

Et laissé                      aux  cimetières les pierres trop lourdes

 

Aux phrases retrouvées, portées d’ailettes

Le vocabulaire,  a retrouvé  de belles lettres

Le jardin, ses insectes  , coccinelles, et sauterelles

En lumière de renouveau, elle, zébrée  d’hirondelles…

 

RC         20 mai 2012


Thomas Moore – La dernière rose de l’été


« lieux  communs »  chez canalblog,  nous présente  une  série de poèmes  selon les  genres, pays  etc…

voici  l’un d’entre  eux  d’un auteur irlandais peu connu par chez nous…

photo du marathon photo  de 2007

 

 

 

La dernière rose de l’été (traduction de Karl Petit)

C’est la dernière rose de l’été
Abandonnée en fleur ;
Toutes ces belles compagnes,
Sans retour sont fanées ;
Plus de fleur de sa parenté
Plus de boutons de rose à l’article de la mort
Pour réfléchir ses rougeurs,
Et rendre soupir pour soupir.

Je te laisserai point chère solitaire,
Languir sur ta tige ;
Puisque sommeillent tes sœurs
Va donc les rejoindre.
Et par sympathie, je répandrai
Tes feuilles sur le sol
Où tes compagnes de jardin
Gisent mortes et sans parfum.

Puissé-je te suivre bientôt
Lorsque l’amitié s’émoussera
Et que du cercle magique de l’amour
Les gemmes se détacheront ;
Quand les cœurs fidèles ne palpiteront plus
Et que les êtres aimés auront disparu,
Oh ! qui donc voudrait habiter seul
En ce monde désert !

Thomas Moore  (« Mélodies irlandaises », 1807-1834)

photo du marathon photo 2007  " l'épreuve du temps"

The last rose of summer

Tis the last rose of summer
Left blooming alone;
All her lovely companions
Are faded and gone;
No flower of her kindred,
No rosebud is nigh,
To reflect back her blushes,
To give sigh for sigh.

I’ll not leave thee, thou lone one !
To pine on the stem;
Since the lovely are sleeping,
Go, sleep thou with them.
Thus kindly I scatter
Thy leaves o`er the bed,
Where thy mates of the garden
Lie scentless and dead.

So soon may I follow,
When friendships decay,
And from Love`s shining circle
The gems drop away.
When true hearts lie withered
And fond ones are flown,
Oh! who would inhabit
This bleak world alone ?


Amal Donqol – fleurs dans une chambre d’hopital


peinture: John Singer Sargent: chambre d'hôtel 1907

Amal Donqol (Egypte)

Par Claire-Lise dans Poésie arabe
( Claire-Lise, mène  avec bonheur  son blog  « encres du monde’ , que je vous invite à visiter )
———–

Et les paniers de roses

Je les entrevois dans ma torpeur

Une carte sur chaque bouquet

Au nom de celui qui l’a offert

 

Les belles fleurs me disent

Que leurs yeux se sont écarquillés de stupeur

Quand elles ont été cueillies

Quand elles ont été rompues

 

Quand elles ont été anéanties dans leur jardin

Elles me disent

Qu’elles sont tombées de leur trône

Pour être exposées dans une vitrine

 

Ou portées par des marchands ambulants

Avant d’être achetées par un généreux passant

Elles me racontent comment elles sont arrivées jusqu’à moi

(Leur tristesse royale redresse leurs longs cous verts)

 

Pour me souhaiter longue vie

En exhalant leurs derniers soupirs

Chaque bouquet

Entre torpeur et éveil

 

Respire péniblement, comme moi, seconde après seconde

Tout content de porter sur sa poitrine

Une carte au nom de son assassin.

 

Sur le poète égyptien,  cette page vous en dit un peu plus…

peinture : J S Sargent; - roses 1886