Marie-Claire Bancquart – Absence
volume: Martin Puryear
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Un sourd qui essaierait de toucher la musique
S’interrogeant
Avec ses doigts
Sur la courbe des notes
L’absence coeur déteint
La table même a l’air fragile
Dans les rêves vient une horloge
Qui broute du brouillard
Inhabitable
Le corps où dépareille
Un sang que l’on croyait jumeau d’un autre
On aimerait tuer l’espace.
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Alain Borne – Je pense
Je pense ( à Paul Vincensini )
Je pense que tout est fini
Je pense que tous les fils sont cassés qui retenaient la toile
Je pense que cela est amer et dur
Je pense qu’il reste dorénavant surtout à mourir
Je pense que l’obscur est difficile à supporter après
la lumière
Je pense que l’obscur n’a pas de fin
Je pense qu’il est long de vivre quand vivre n’est plus
que mourir
Je pense que le désespoir est une éponge amère
qui s’empare de tout le sang quand le cour est détruit
–
Je pense que vous allez me renvoyer à la vie qui est
immense
et à ce reste des femmes qui ont des millions de visages
Je pense qu’il n’y a qu’un visage pour mes yeux
Je pense qu’il n’y a pas de remède
Je pense qu’il n’y a qu’à poser la plume
et laisser les démons et les larves continuer le récit
et maculer la page
Je pense que se tenir la tête longtemps sous l’eau
finit par étourdir
et qu’il y a de la douceur à remplacer son cerveau
par de la boue
Je pense que tout mon espoir que tout mon bonheur
est de devenir enfin aveugle sourd et insensible
Je pense que tout est fini.
Alain Borne
La soirée western – ( RC )
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Derrière l’écran, ce sont des âmes agitées
Qui combattent, pour l’honneur, âme habitée
C’est une histoire de voleurs, de western
d’enlèvement, de drapeaux en berne
Une course à travers l’étendue poussiéreuse
De grandes étendues, j’aperçois les Rocheuses
Il y a des squaws, les cailloux qui dévalent
Et qui giclent, sous les sabots du cheval
Le héros toujours solitaire, un peu justicier
Au regard farouche, n’est pas policier
Combat les méchants qui sont tout autour
Et je m’accroche, au fauteuil d’ velours
Y a l’ptit gars du coin, Qui f’rait une bévue
S’il racontait qu’ il a tout vu.
Y a l’ivrogne au bar, oui, c’est çui qui louche
Et l’gardien du square, qu’est sourd comme une souche
Pendant que tout ce monde s’agite
On atteint, au drame, la limite
Pour le dénouement heureux
( il s’en fallait de peu )…
Les bandits s’enfuient, c’est la débandade
On entend encore, toute cette cavalcade
Avec le mot “fin” la musique magique
Qu’accompagne, si bien, le beau générique
Le nom des acteurs, qui s’inscrit en blanc
Monte lentement, du fond de l’écran
Et aux spectateurs, fini, le rêve
La lumière revient, et chacun se lève
Une fois encore, t’en prends plein les yeux
Mais il faut quitter la salle, et ses fauteuils bleus
Gardant bouts d’aventure, qu’on emporte en soi
Souvenirs émus, c’est un peu de joie
Pour dire à d’autres, – hier au cinéma,
J’ai vu le film, … ” Sûr que t’ aimeras “
Inspiré d’une autre lecture, et aussi ( je me régale), de la chanson d’Arthur H ” est-ce que tu aimes ?” ( avec M, justement…)
Dominique Fourcade – Rose déclic – Tu parles toute seule
Tu parles toute seule pourtant pas seule parce qu’on ne l’est jamais avec les sons des mots
Tu parles parce que tu as besoin d’entendre les mots leurs éclats plus ou moins sourds plus ou moins enchaînés besoin d’entendre le blanc de leur corps tu n’es présente que dans leurs modalités (coriaces ou non) et il n’est question que de présence
Plus ou moins éclatée
Tu as largué les amarres c’était la conditionde ton discours tu t’es arrachée et tu es maintenant loin du bouquet
Ce n’est pas rauque comme je l’aurais cru tu parles posément même parfois
Tu parles toute seule c’est un lieu d’indomination tu ne t’adresses à personne mais plusieurs se sont tournés vers toi