Ce que dissimule le désert – ( RC )
photo: pochette de CD « Silencio » Gidon Kremer
Il y a une étendue plate,
– Elle se perd dans l’infini – .
> Elle appelle un désert,
un océan,
ou un simple terrain inhospitalier.
Et rester immobile tout ce temps,
debout,
on compte les heures en suspens –
ou plutôt on ne les compte plus ;
c’est une attente,
le regard dans le vague.
Le ciel est trop haut,
Il écrase de son poids
tout ce qui s’échappe de l’horizontale.
Mais tu espères sans t’en rendre compte,
au-delà de la solitude,
La rupture des écluses,
que les lèvres du temps s’entr’ouvent.
Et la crainte, en même temps,
Que les yeux ne sachent pas voir,
Ce que dissimule la surface unie
– Un guetteur du désert des tartares –
« Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? »
Et si le vide était une illusion,
et que continue dessous,
l’échappée des heures,
…Une simple dilution.
La vie est souterraine .
Elle fait un grand détour,
vers toi
pour contourner le froid.
T’en rends-tu compte ?
–
RC – juill 2015
Quelques indices de notre cécité – ( RC )
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C’est être debout sur le sol,
Regarder l’herbe ployer sous le vent,
Ecouter le bruit froissé
Des feuilles du marronnier,
Fatiguées de l’été,
Et dont la rouille
Sous les pas, roule….
Ainsi, le cours des choses,
Lié aux saisons …
Mais s’arrêtent-elles,
Là où se porte le regard ?
Le chant de la sève est silencieux,
Qu’elle se recroqueville dans le froid,
Ou au printemps, éclate de joie…
Sous le sol tout existe autrement.
Les rongeurs creusent leur univers,
Les graines attendent le bon moment
Pour bondir à l’air libre,
Et des racines traîtresses
Etendent leur complot de trame,
Comme si elles avaient le pouvoir
D’étendre leurs yeux ,
Au plus obscur de l’espace,
Perçant la densité de terre,
Jusque sous nos pieds,
– Et nous n’en savons rien – ,
Comme si une vie souterraine,
Se poursuivait à l’abri de l’air,
Une lutte infinitésimale,
Conjugaison de bactéries,
Radicelles, et alchimie de bois :
Quelques indices de notre cécité.
–
RC août 2015
Sentinelle de la plaine – ( RC )
Photo perso: Inscription au dessus du cloître de Ste Trophime Arles 2012
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Les Alpilles, sont une série de dents
Une série de barrières
D’ascensions calcaires
Sous le soleil ardent
Qui en prend à ses aises
Suivant la route des oliviers
Au mistral, rien à envier
Attendant qu’il s’apaise
Au milieu des jaunes
Comme s’apaisent les pentes
Le fleuve portant l’eau lente
De ses bras de Rhône…
Il faut que je vous parle
De la ville sereine,
Sentinelle de la plaine
— l’antique cité d’Arles
Au parcours de l’histoire
A capter le soleil
A nulle autre pareille
Dressée dans le soir,
Prise dans les filets,
Attrapée comme une mouche
Lorsque le soleil se couche
….D’eaux, l’arrose de reflets
Quand elle reprend haleine,
Ses maisons s’animent,
Les ruelles intimes
Aux pourtours des arènes
Aux lanternes, l’éclairage
Comme l’étape souterraine,
La vieille dame, de l’histoire romaine
….ne dit pas son age…
Puis son monologue
S’habille de parures
Que fait la peinture
De Vincent Van Gogh
Il dit, le taciturne
Au rayons de son art,
Les platanes des boulevards
Et le ciel nocturne.
La nuit étoilée
Aux parlers chantants
Les cyprès délirants,
Des Alyscamps, les allées,
Comme la Camargue est peinte
En touches serrées
Végétaux acérés
Dont on garde l’empreinte.
Arles se détend,
et lance des défis
A la photographie
Et …prend le ciel nocturne pour amant.
RC – 10 décembre 2012
voir également le texte de Xavier Lainé:
et ma « lecture des Alpilles en Crau » ( écrit de janvier 2012 )
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