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Articles tagués “souvenirs

Tu me vois au-delà de l’eau – ( RC )


Je sais que tu me vois
au-delà de l’eau ….

Crois-tu encore que j’existe ?

Malgré tes souvenirs,
ce que tu distingues,
n’est même pas mon reflet,
car je suis de l’autre rive,

Le fleuve est infranchissable,
c’est un mirage
où ta pensée se noie….

( sur un thème d’Eric Costan )


rêves anodins , amours chavirés ,impossibles à détacher – ( RC )


peinture Mario Schifano – I was born here

Un peu trop de souvenirs agglomérés,
rêves anodins , amours chavirés ,
impossibles à détacher :
de ceux qu’on ne raconte pas,
et qu’il est impossible
de rassembler en tas.
Ce sont des fils de mémoire,
qui tiennent tout ça
ficelé ensemble:
je n’ai pas encore trouvé moyen
de m’en détacher,
même avec les saisons nouvelles :
Encombré de leur présence,
comment ouvrir grand mes ailes ?


La réparation de la photographie – ( RC )


photo André Fromont

L’atelier de réparation
n’a rien pu pour l’image:
c’est vers l’horizon
que l’on va sans dommage.
( J’ai juste repeint le fond
en cherchant la couleur qu’il faut,
sans tenir compte des nuages…)
Il faut dire que la taille du pinceau
ne permettait pas de faire des ronds

– même l’eau est restée grise
en bordure de plage,
comme si elle était prise
par le gel des sels d’argent -.

L’essentiel est sauvé,
car les petits personnages
semblent avoir traversé le temps
et sont sortis de l’oubli:
ils marchent à petits pas,
bientôt , seront à côté de toi…
tu vas pouvoir leur décrire
ce qu’est devenue ta vie
après quelques décennies;

peut-être qu’ils vont rire
de leur rêve en couleur pastel:
ils ont oublié que la photographie
toujours leur rappelle
quelques souvenirs
parce que leurs émotions
sont enfouies dans le passé :
l’atelier de réparation
ne les a donc pas effacées…


Chemins de Rance – (Susanne Derève) –


Bords de Rance (2019)
La joie,
envahie par l’herbe du temps 
comme tronc mangé de lierre,
trèfle dans la prairie, 
à ajuster mon pas dans les pas d’autrefois, 

joie morcelée, 
ce chemin mille fois emprunté 
qui devient  dépossession de soi,
quête illusoire
dans les lieux que portait l’enfance,
des sons,des odeurs,des voix. 

Manque le bruit des voix, 
des frôlements,des rires,leur soudain éclat
comme au fil du diamant. 
Manque le poids des corps et des étreintes
et l’épaisseur des chairs, dense,
leur ombre chaude dévoilant le soleil,
cernant les peurs,les devenirs.

Joies éphémères, 
tous les chemins de Rance portent
mes souvenirs,  
seul les noie le chatoiement de l’eau
dans la lumière,les mille et un fragments 
de son miroir brisé 
où la mémoire s’immerge, 
un instant pacifiée.



Amarres – (Susanne Derève)-


(vidéo RC – Bords de Rance)

 

 

Elles n’auront guère changé à l’échelle d’une vie :

rives de vase, mêlées de sable ou de boues grises,

de coquillages ,

polies par le lent va et vient des marées.

 

Sur l’estran, c’est le même bois flotté

qu’on ramasse, année après année,

les mêmes algues sèches en haillons de dentelles

aux bras des  églantiers,

le squelette rose des étrilles qu’émiette

patiemment le vent.   

  

Simplement, la main au fil du temps hésite

à les cueillir et l’œil se fait caresse,

sondant les eaux-mortes des grèves

pour y  surprendre l’aigrette blanche à l’heure

où  les ombres s’allongent , 

 

le vent tombe, 

on ne distingue plus le fil du rivage

mais seulement la silhouette gracile de l’oiseau,  

et l’on devient soi-même  oiseau

fragile et solitaire

à regarder sombrer le ciel :

oiseau , amarre, attrape-rêves.

 


Petite mère – (Susanne Derève) –


Tal Coat – Vol d’oiseaux passant un reflet


Petite Mère
Les étourneaux  pépient dans le coeur du feuillage
mais tu ne les vois pas 
 
Plus légers qu’une plume, que l’aile d’un moineau 
tes souvenirs s’envolent 

C’est un dimanche nu que ta mémoire 
une plaine déserte un arbre  silencieux 
que n’égaie plus nul chant d’oiseau 



Instantané des jours heureux – (Susanne Derève)


photo RC – ( vallée du Lot) –

 

Par-dessus mon épaule

ce n’est pas le premier soleil du matin                                          

ni les cloches du Dimanche à la volée

du ciel mais vos rires d’enfants

qui me rejoignent

              

Instantané des jours heureux,

caresses, joue contre joue,                                                                                            

soie des baisers, jeux du réveil,

vos cils brodés de sommeil,

la dent de lait sous l’oreiller, petit chicot

qu’ourlait une goutte vermeille,

 

– en souris de minuit j’y déposais l’obole

qui tinterait matin dans votre poing fermé –

 

Et tandis que s’épuise la pourpre des automnes,                           

court le film lumineux  des années  plus pur

que la griffe blanche du gel sur les prairies , 

le miroir chancelant des lavognes,

 

et les tendres nuages ,  

dans la maille bleutée du jour,

qui cognent doucement à la porte des rêves 

en  oiseaux ivres à la saison d’amour     

 

 


Yves Bonnefoy – La voix lointaine (IV)


Antoni Tàpies (Cadira i roba)

 

 

Et la vie a passé, mais te garda

Vive mon illusion, de ces mains savantes

Qui trient parmi les souvenirs, qui en recousent

Presque invisiblement les déchirures.

 

Sauf : que faire de ce lambeau d’étoffe rouge ?

On le trouve dans sa mémoire quand on déplace

Les années, les images ; et, brusques, des larmes

Montent, et l’on se tait dans ses mots d’autrefois.

 

Parler, presque chanter, avoir rêvé

De plus même que la musique, puis se taire

Comme l’enfant qu’envahit le chagrin

Et qui se mord la lèvre, et se détourne.

 

 

 

Les planches courbes

nrf

Poésie /Gallimard


Jean-Claude Pirotte – leçons de solfège


touneur de page

  René Chabrière – Tourneur de pages

 

 

nous avons connu la province

         les volets clos les sourds

appels du soir les parlers lourds

         et les portes qui grincent

 

on croit que ça dure toujours

         cette chanson qui pince

un peu le cœur écho si mince

         et presque sans retour

 

or cette voix comme une neige

au bord tremblant des nuits

c’était celle du doux ennui

       des leçons de solfège

 

 

Veilleurs 

Ajoie

Poésie/ Gallimard


Objets trouvés – ( RC )


éclat d'obus

 

 

L’heure n’est pas à la lumière,
ce sont ces années amères
qui ne font qu’attendre
le corps en cendres .

On peut offrir à mes enfants
ce qu’on ne peut ensevelir
– ces drôles de « souvenirs » –
un éclat d’obus, quelques dents
éparpillées dans le champ
( qualifié d’honneur ) – cette aire
maintenant déserte, témoin d’une guerre
où se sont mêlés les sangs

comme les barbelés
les vies arrachées
que l’on retrouverait
si on le voulait ,
profondément enfouis dans la terre.
Elle recouvre l’amnésie des lendemains
où les restes humains
peuplent ce cimetière .

RC –  janv  2020


Une poignée de pétales – ( RC )


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Si je dois revenir en ces lieux,
               désertés de l’espoir
que trouverais-je ?
                 L’escalier du perron
envahi par le lierre,
la rambarde mangée de rouille,
et les souvenirs écornés .

Seul,              le rosier demeure.
Dans mes pensées,   il fleurit encore.
En cette saison,         je pense trouver
      sur les marches
     une poignée de pétales
éparpillés.

J’en garderai quelques uns,
que je t’enverrai peut-être,
avec quelques regrets ,
sans un mot,         dans cette lettre
et tu comprendras .


RC – nov 2019


Roberto Juarroz – La vie immobile


Les plantes en pot ont souvent cette élégante tristesse 15751918245.jpg

 

Nous restons figés parfois
au milieu d’une rue,
d’un mot
ou d’un baiser,
les yeux immobiles
comme deux longs verres d’eau solitaire,
la vie immobile
et les mains inertes entre un geste et celui qui aurait suivi,
comme si elles n’étaient nulle part.
Nos souvenirs alors sont d’un autre
dont à peine nous nous souvenons.

R Juarroz


Pas de motif suffisant, pour inventer une carte postale – ( RC )


 

Panorama 3.JPG

Je me souviens assez peu
de ces paysages de Hollande,
à part ce qu’on voit
des photos des touristes,
ou des ruelles de briques,
comme Vermeer en a peint…

Les souvenirs se tordent,
comme une hélice,
mais elle est à l’arrêt,
ruisselant d’eau
d’une pluie fine
qui ne cesse pas.

Il y a des boulevards rectilignes,
et les maisons hautes
dont les pignons font,
aux bords des canaux,
une succession de façades,
aux toits en dents de scie .

La campagne est plate,
l’herbe y est spongieuse,
et, toi qui est venue
quand c’était l’époque, il y avait sans doute
ces bandes de couleurs vives,
des champs de tulipes.

En fait je me rappelle davantage du port,
des grues géantes, et du cri des mouettes .
Je m’attendais à entendre la voix d’une sirène,
mais celle que l’on connaît est restée figée
dans le bronze à Copenhague ;
ce n’est pas la même chose.

Quand la lumière s’enfuit ,
j’y marche à reculons.
Que sont donc devenus ces passages,
où nous nous tenions par la main ?
les quais luisent sous la pluie,
les arbres se confondant les uns avec les autres,

et l’ensemble ne serait pas
un motif suffisant
pour inventer une carte postale
même si j’y ajoutais quelques moulins ,
un drapeau claquant au vent ;
le ciel aurait quand même mangé
une partie de colline .


RC – mars 2019


Franchi le seuil – (Susanne Dereve)


Assunta Genovesio Atelier 2009           

    Assunta Genovesio – Atelier – 2009

 

 

                                                   Pousser la porte     la main tremble

Franchi le seuil

le pas hésite   enjambe l’unique marche usée

 

On ne sait  rien des années

de ces heures érodées

comme les sédiments d’une très ancienne  histoire             

                               

muets    

enténébrés  d’absence       

 

La pièce respire encore de la pénombre  

du silence

à peine un souffle    serpentin ondoyant dans les filets

de la mémoire

les housses blanches    et la lumière blonde

sur le chevet terni        révélant la poussière         

un éternel Dimanche                              

le dernier grain de vie         

    

Dans la frêle réverbération  du miroir 

discerne-t-on encore  l’écho d’une présence                                                

moins qu’une étincelle

un voile  masquant la  brume lumineuse d’été

– et lorsqu’ elle se déchire on est presque étonné 

d’y voir percer le ciel

d’un doux bleu de faïence

d’un vide de dentelle ou de pierre

un chapiteau roman

un cimetière champêtre  dormant

à flanc de crête

embrassant la vallée indolente d’un œil aveugle

compassé –    

 

Alors  on    referme la porte  doucement

– on  prend soin de ne pas soulever  la poussière –

Peut-être les vieilles souffrances implorent-elles

seulement une prière

pour mourir au matin    on les couche

 comme on irait le faire d’un enfant  chagrin

 

on n’est venu chercher ce que la vie porte de deuil

que pour aller en paix  suivre d’autres chemins    

                                             

 


Cédric Merland – Si elle y pense


 

 

 

 

Portrait of Hard Life  Aging 5921453554.jpgSi elle y pense demain

elle se lèvera de bonne heure

restera plusieurs minutes à sa fenêtre

regardera le brouillard qui se lève.

 

Si elle y pense les ombres se confondent

tard après le silence de la nuit tombée

le bleu des murmures recouvre les souvenirs

et elle aperçoit l’océan un peu plus loin .

 

Si elle y pense d’autres rires viendront

après tout le matin sera à portée de main

bien après les nuages les collines

les larmes l’océan .

 

Si elle y pense les jours finiront bien

se laisseront porter par d’autres souvenirs

d’autres promesses aussi dans les rues

et les silences du matin  .

 

 

poésie  parue  dans la  revue  « Lichen »n°16

 


tourner la page de la plage – ( RC )


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Est-il temps de tourner la page
comme ces souvenirs
que le vent a enfouis sous la plage ?

RC – aout 2018

La parenthèse de la parole – ( RC )


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La parenthèse de la parole,
après une nuit de sommeil,
et la bouche grande ouverte,
dans un baillement ;

avec elle j’attrape le vent,
( pas tout, mais une partie quand-même),
et c’est comme si en silence,
les mots venaient d’eux-même

s’offrir des histoires,
concentrés de souvenirs,
l’orage caché au fond des draps,
et des petits sourires

comme des lucioles,
une guirlande de rêves,
clignote encore,
en silences partagés…

RC –


Philippe Delaveau – Instants d’éternité faillible


 

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Ignorant que tes hautes étoiles
avaient tremblé leur dû.
Pas un autre sanglot. Pas une brise
pour effleurer les branches,
susciter la présence des prés et des collines.
Avec courage tes lampes dans la tempête
auront lutté comme là-bas hublots et feux
du vaisseau qui oscille, se couche et sombre
fort de sa morgue et de ses cheminées.
Maintenant si je me tourne vers l’arrière
c’est pour te voir périr dans le brouillard
avec ma vie, sans un reproche.
J’aimais ces maisons qui m’ont quitté
et ces vignes qui tordaient les poignets
maigres de la douleur. La hache
qui tout à coup tranche le nœud de cordes
est plus aiguë que le croc du lion.
Aussi intraitable fut à l’entrée du désert Alexandre,
qui ignorait doute et détresse. Mais mon empire,
je le construis en soustrayant, en dispersant
les ombres et les morts.
Bientôt j’ausculterai les lignes
gravées sur la cire des paumes
pour réfuter l’arrêt sévère des destins.
Rivières et forêts, vitraux et pierres,
écoles et maisons, les sons ancrés aux souvenirs
avaient donné très tôt l’exemple.

Les oiseaux libres nous quittent dès l’automne
pour de lointains soleils que rien ne saurait abolir.
Seuls les visages sont restés dans le cadre des noms
– des cadres propres, certes, mais sans dorure.
(Infinis brefs avec leurs ombres).


Haruki Murakami – les souvenirs


Memories

are what warm you up from the inside*

But they’re also

what tear you apart.

 

Murakami - memories

 

 

 

 

 

Les souvenirs sont ce qui vous réchauffent de l’intérieur

  • Mais ils sont aussi ce qui peuvent vous déchirer.

Salah Al Hamdani – Sagesse sur le coeur


 

 

 

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Premier pas .
lorsque les souvenirs se dissipent dans l’absurdité de l’éloignement,
et que les saisons d’autrefois n’ont rien dire…     pas d’affolement
c’est le cœur qui prendra en charge de souffler l’âme
de la vie du passé le plus reculé.

Deuxième pas
Quand on ne trouve plus l’amour en imagination
il faut laisser le cœur imposer à l’esprit sa conduite.


Marlene Tissot – Une pelote rêche


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photo: Tamsin

 

J’ai retrouvé une photo de toi
juillet 2003 écrit au dos
et le temps se détricote
une pelote rêche de souvenirs
me fil-d’ariane jusqu’à toi
toi en juillet 2003
toi encore là
et il y avait tant de 
soleil dans ton sourire
tes yeux comme un ciel d’été
qui aurait pu deviner 
ces nuages sombres que tu 
cachais et cette sale 
petite pluie glaciale qui 
détrempait tes pensées.

 

voir le site de Marlene Tissot


Echapper à son auteur – ( RC )


Crazannes  carrières   02-.jpgphoto perso – Crazannes – 17

 

La vie m’écrit demain .
Je ne saurais pas dire si c’est d’encre violette
Ni qu’elle me choisit un destin
( je n’en fais qu’à ma tête ) ! –
             Je suis né par accident
             Parce qu’un jour mon auteur
             Qui aimait cette couleur
             Fut un peu imprudent

En voulant remplir les pages
Contre l’avis du vent
Le livre s’est fermé brusquement,
          – Et plutôt qu’en être otage
           J’ai fui sous le canapé
En emportant quelques lettres
Que je pourrais peut-être
Utiliser sans me faire attraper.

J’ai donc dû m’aplatir
Le nez dans la poussière,
Avec tous ces caractères .
            Ils m’ont aidé à grandir,
           A me rendre autonome
Ce fut une aventure
De se lancer dans l’écriture,
Nom d’un petit bonhomme !

Me glisser dans un feuille,
Une autre encore et ainsi de suite
Mon récit n’a pas de limite
             Jetez-y un œil  !  :
J’y inscris les rires
Je m’invente des personnages
Pars pour de lointains voyages
Parcours des souvenirs

Je rencontre Prévert…
             – Ah, ce qu’on a ri,
               Au rayon poésie
               En vidant des vers… !!
( Il faut être un peu ivre
Pour qu’au moindre prétexte
On caresse un texte ,
Qu’on écrive un livre ).

Je n’ai aucun programme ….
           » Est-ce grave, docteur ? « 
           D’avoir échappé à son créateur
            Et des brumes de son âme ?

RC – sept 2016


Recomposer avec les souvenirs – ( RC )


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                           peinture: V Van Gogh:  branches  d’amandiers en fleurs  à St Rémy

 

Sous le ciel épais et gris,
Il y a les images que l’on fabrique,
En jouant sur un fil
Qui vibre de façon à repeindre
dans sa tête,
Un bleu du midi,
Et les fleurs d’amandier,
Comme celles du tableau de Van Gogh.

Loin du ressac
et des rancoeurs,
J’ai composé avec les souvenirs,
ce qu’il reste de notre amour,
J’ai oublié les larmes distillées,
pour l’eau de fleur d’oranger,
le venin de la distance,
pour une pensée , que je te dédie…

RC – janv 2016


Yves Heurté – Magdala – 11


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peinture:  El Greco – Marie-Madeleine  en pénitence

 

La sentinelle se moquait :
« Ton amant couche au Golgotha.
Ne le réveille pas ».

Joie de nos guerres parfumées
plaisir de l’âme en tous les sens
montez à son calvaire !
Que sa souffrance saigne
à l’ivresse des souvenirs.

Ne m’oublie pas.
Toute beauté du monde
intacte est dans mes bras.


Salah Al Hamdani – Centré


 

NAT031.JPG

À genoux
Oui
à genoux dans la cruauté calme du jour
et cette absurdité sans limite
Marche, marche pauvre type
jusqu’à l’extrémité de l’ombre
et rejoins tes rêves
ensevelis sous la lenteur ridicule de leurs nuits

Laisse tes souvenirs à la traîne
l’éblouissement d’un quai désert
et au-delà
emprunte la courbe de ton exil

La gloire du couchant est là
sans écho
esseulée sur le lit de l’étranger
comme un appel de la falaise  .

 

 

( extrait du recueil  –   « Rebâtir les jours «   : ed Br Doucey )


Bassam Hajjar – maisons pas encore achevées


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Maisons improvisées dans l’étendue vide
pas encore achevées
et vides encore
d’ habitants.

Mais elles sont, depuis le commencement, habitées par le personnage
des souvenirs.

(  Comme s’il n’y avait pas de mur et qu’avec cela, malgré cela,
on y ouvrait une porte.        Comme s’il n’y avait pas de père, de
mère, d’enfants, et qu’avec cela, malgré cela, il y avait des
lits, des vases, des livres et une table.            Comme s’il n’y avait pas
de salle de séjour et qu’avec cela, malgré cela, il y avait des
canapés, une table basse, une lampe, une télévision, des tiroirs
pour le papier à lettres, les journaux intimes,

les numéros de téléphone, les adresses postales, la note de l’épicier, la facture d’électricité, la boîte d’aspirine, les stylos à encre, les crayons à papier, le livret de famille, le vieux passeport, la boîte de dragées et la vieille montre, la boucle d’oreille qui reste en
attendant de retrouver l’autre, le carnet, beaucoup de clés,
dispersées ou reliées par un anneau et personne ne se souvient
maintenant si elles ouvraient des portes et où sont ces
portes…)

 

extrait de  «  Tu me survivras – « 


Birago Diop – Sagesse


Bela Kadar - 21.jpg

peinture:  Bela Kadar

 

 

Sans souvenirs, sans désirs et sans haine

Je  retournerai au pays,

Dans les grandes nuits, dans leur chaude haleine

Enterrer tous mes tourments vieillis.

Sans souvenirs, sans désirs et sans haine.

 

Je rassemblerai les lambeaux qui restent

De ce que j’appelais jadis mon cœur

Mon cœur qu’a meurtri chacun de vos gestes ;

Et si tout n’est pas mort de sa douleur

J’en rassemblerai les lambeaux qui restent.

 

Dans le murmure infini de l’aurore

Au gré de ses quatre Vents, alentour

Je jetterai tout ce qui me dévore,

Puis, sans rêves, je dormirai – toujours –

Dans le murmure infini de l’aurore  .