Tu me vois au-delà de l’eau – ( RC )

Je sais que tu me vois
au-delà de l’eau ….
Crois-tu encore que j’existe ?
Malgré tes souvenirs,
ce que tu distingues,
n’est même pas mon reflet,
car je suis de l’autre rive,
Le fleuve est infranchissable,
c’est un mirage
où ta pensée se noie….
( sur un thème d’Eric Costan )
rêves anodins , amours chavirés ,impossibles à détacher – ( RC )

Un peu trop de souvenirs agglomérés,
rêves anodins , amours chavirés ,
impossibles à détacher :
de ceux qu’on ne raconte pas,
et qu’il est impossible
de rassembler en tas.
Ce sont des fils de mémoire,
qui tiennent tout ça
ficelé ensemble:
je n’ai pas encore trouvé moyen
de m’en détacher,
même avec les saisons nouvelles :
Encombré de leur présence,
comment ouvrir grand mes ailes ?
La réparation de la photographie – ( RC )

L’atelier de réparation
n’a rien pu pour l’image:
c’est vers l’horizon
que l’on va sans dommage.
( J’ai juste repeint le fond
en cherchant la couleur qu’il faut,
sans tenir compte des nuages…)
Il faut dire que la taille du pinceau
ne permettait pas de faire des ronds
– même l’eau est restée grise
en bordure de plage,
comme si elle était prise
par le gel des sels d’argent -.
L’essentiel est sauvé,
car les petits personnages
semblent avoir traversé le temps
et sont sortis de l’oubli:
ils marchent à petits pas,
bientôt , seront à côté de toi…
tu vas pouvoir leur décrire
ce qu’est devenue ta vie
après quelques décennies;
peut-être qu’ils vont rire
de leur rêve en couleur pastel:
ils ont oublié que la photographie
toujours leur rappelle
quelques souvenirs
parce que leurs émotions
sont enfouies dans le passé :
l’atelier de réparation
ne les a donc pas effacées…
Chemins de Rance – (Susanne Derève) –

La joie, envahie par l’herbe du temps comme tronc mangé de lierre, trèfle dans la prairie, à ajuster mon pas dans les pas d’autrefois, joie morcelée, ce chemin mille fois emprunté qui devient dépossession de soi, quête illusoire dans les lieux que portait l’enfance, des sons,des odeurs,des voix. Manque le bruit des voix, des frôlements,des rires,leur soudain éclat comme au fil du diamant. Manque le poids des corps et des étreintes et l’épaisseur des chairs, dense, leur ombre chaude dévoilant le soleil, cernant les peurs,les devenirs. Joies éphémères, tous les chemins de Rance portent mes souvenirs, seul les noie le chatoiement de l’eau dans la lumière,les mille et un fragments de son miroir brisé où la mémoire s’immerge, un instant pacifiée.
Amarres – (Susanne Derève)-

Elles n’auront guère changé à l’échelle d’une vie :
rives de vase, mêlées de sable ou de boues grises,
de coquillages ,
polies par le lent va et vient des marées.
Sur l’estran, c’est le même bois flotté
qu’on ramasse, année après année,
les mêmes algues sèches en haillons de dentelles
aux bras des églantiers,
le squelette rose des étrilles qu’émiette
patiemment le vent.
Simplement, la main au fil du temps hésite
à les cueillir et l’œil se fait caresse,
sondant les eaux-mortes des grèves
pour y surprendre l’aigrette blanche à l’heure
où les ombres s’allongent ,
le vent tombe,
on ne distingue plus le fil du rivage
mais seulement la silhouette gracile de l’oiseau,
et l’on devient soi-même oiseau
fragile et solitaire
à regarder sombrer le ciel :
oiseau , amarre, attrape-rêves.
Petite mère – (Susanne Derève) –

Petite Mère Les étourneaux pépient dans le coeur du feuillage mais tu ne les vois pas Plus légers qu’une plume, que l’aile d’un moineau tes souvenirs s’envolent C’est un dimanche nu que ta mémoire une plaine déserte un arbre silencieux que n’égaie plus nul chant d’oiseau
Instantané des jours heureux – (Susanne Derève)

Par-dessus mon épaule
ce n’est pas le premier soleil du matin
ni les cloches du Dimanche à la volée
du ciel mais vos rires d’enfants
qui me rejoignent
Instantané des jours heureux,
caresses, joue contre joue,
soie des baisers, jeux du réveil,
vos cils brodés de sommeil,
la dent de lait sous l’oreiller, petit chicot
qu’ourlait une goutte vermeille,
– en souris de minuit j’y déposais l’obole
qui tinterait matin dans votre poing fermé –
Et tandis que s’épuise la pourpre des automnes,
court le film lumineux des années plus pur
que la griffe blanche du gel sur les prairies ,
le miroir chancelant des lavognes,
et les tendres nuages ,
dans la maille bleutée du jour,
qui cognent doucement à la porte des rêves
en oiseaux ivres à la saison d’amour
Yves Bonnefoy – La voix lointaine (IV)

Et la vie a passé, mais te garda
Vive mon illusion, de ces mains savantes
Qui trient parmi les souvenirs, qui en recousent
Presque invisiblement les déchirures.
Sauf : que faire de ce lambeau d’étoffe rouge ?
On le trouve dans sa mémoire quand on déplace
Les années, les images ; et, brusques, des larmes
Montent, et l’on se tait dans ses mots d’autrefois.
Parler, presque chanter, avoir rêvé
De plus même que la musique, puis se taire
Comme l’enfant qu’envahit le chagrin
Et qui se mord la lèvre, et se détourne.
Les planches courbes
nrf
Poésie /Gallimard
Jean-Claude Pirotte – leçons de solfège

René Chabrière – Tourneur de pages
nous avons connu la province
les volets clos les sourds
appels du soir les parlers lourds
et les portes qui grincent
on croit que ça dure toujours
cette chanson qui pince
un peu le cœur écho si mince
et presque sans retour
or cette voix comme une neige
au bord tremblant des nuits
c’était celle du doux ennui
des leçons de solfège
Veilleurs
Ajoie
Poésie/ Gallimard
Une poignée de pétales – ( RC )
Si je dois revenir en ces lieux,
désertés de l’espoir
que trouverais-je ?
L’escalier du perron
envahi par le lierre,
la rambarde mangée de rouille,
et les souvenirs écornés .
Seul, le rosier demeure.
Dans mes pensées, il fleurit encore.
En cette saison, je pense trouver
sur les marches
une poignée de pétales
éparpillés.
J’en garderai quelques uns,
que je t’enverrai peut-être,
avec quelques regrets ,
sans un mot, dans cette lettre
et tu comprendras .
–
RC – nov 2019
Roberto Juarroz – La vie immobile
Nous restons figés parfois
au milieu d’une rue,
d’un mot
ou d’un baiser,
les yeux immobiles
comme deux longs verres d’eau solitaire,
la vie immobile
et les mains inertes entre un geste et celui qui aurait suivi,
comme si elles n’étaient nulle part.
Nos souvenirs alors sont d’un autre
dont à peine nous nous souvenons.
R Juarroz
Pas de motif suffisant, pour inventer une carte postale – ( RC )
Je me souviens assez peu
de ces paysages de Hollande,
à part ce qu’on voit
des photos des touristes,
ou des ruelles de briques,
comme Vermeer en a peint…
Les souvenirs se tordent,
comme une hélice,
mais elle est à l’arrêt,
ruisselant d’eau
d’une pluie fine
qui ne cesse pas.
Il y a des boulevards rectilignes,
et les maisons hautes
dont les pignons font,
aux bords des canaux,
une succession de façades,
aux toits en dents de scie .
La campagne est plate,
l’herbe y est spongieuse,
et, toi qui est venue
quand c’était l’époque, il y avait sans doute
ces bandes de couleurs vives,
des champs de tulipes.
En fait je me rappelle davantage du port,
des grues géantes, et du cri des mouettes .
Je m’attendais à entendre la voix d’une sirène,
mais celle que l’on connaît est restée figée
dans le bronze à Copenhague ;
ce n’est pas la même chose.
Quand la lumière s’enfuit ,
j’y marche à reculons.
Que sont donc devenus ces passages,
où nous nous tenions par la main ?
les quais luisent sous la pluie,
les arbres se confondant les uns avec les autres,
et l’ensemble ne serait pas
un motif suffisant
pour inventer une carte postale
même si j’y ajoutais quelques moulins ,
un drapeau claquant au vent ;
le ciel aurait quand même mangé
une partie de colline .
–
RC – mars 2019
Franchi le seuil – (Susanne Dereve)
Assunta Genovesio – Atelier – 2009
Pousser la porte la main tremble
Franchi le seuil
le pas hésite enjambe l’unique marche usée
On ne sait rien des années
de ces heures érodées
comme les sédiments d’une très ancienne histoire
muets
enténébrés d’absence
La pièce respire encore de la pénombre
du silence
à peine un souffle serpentin ondoyant dans les filets
de la mémoire
les housses blanches et la lumière blonde
sur le chevet terni révélant la poussière
un éternel Dimanche
le dernier grain de vie
Dans la frêle réverbération du miroir
discerne-t-on encore l’écho d’une présence
moins qu’une étincelle
un voile masquant la brume lumineuse d’été
– et lorsqu’ elle se déchire on est presque étonné
d’y voir percer le ciel
d’un doux bleu de faïence
d’un vide de dentelle ou de pierre
un chapiteau roman
un cimetière champêtre dormant
à flanc de crête
embrassant la vallée indolente d’un œil aveugle
compassé –
Alors on referme la porte doucement
– on prend soin de ne pas soulever la poussière –
Peut-être les vieilles souffrances implorent-elles
seulement une prière
pour mourir au matin on les couche
comme on irait le faire d’un enfant chagrin
on n’est venu chercher ce que la vie porte de deuil
que pour aller en paix suivre d’autres chemins
Cédric Merland – Si elle y pense
Si elle y pense demain
elle se lèvera de bonne heure
restera plusieurs minutes à sa fenêtre
regardera le brouillard qui se lève.
Si elle y pense les ombres se confondent
tard après le silence de la nuit tombée
le bleu des murmures recouvre les souvenirs
et elle aperçoit l’océan un peu plus loin .
Si elle y pense d’autres rires viendront
après tout le matin sera à portée de main
bien après les nuages les collines
les larmes l’océan .
Si elle y pense les jours finiront bien
se laisseront porter par d’autres souvenirs
d’autres promesses aussi dans les rues
et les silences du matin .
poésie parue dans la revue « Lichen »n°16
tourner la page de la plage – ( RC )
Est-il temps de tourner la page
comme ces souvenirs
que le vent a enfouis sous la plage ?
–
RC – aout 2018
La parenthèse de la parole – ( RC )
La parenthèse de la parole,
après une nuit de sommeil,
et la bouche grande ouverte,
dans un baillement ;
avec elle j’attrape le vent,
( pas tout, mais une partie quand-même),
et c’est comme si en silence,
les mots venaient d’eux-même
s’offrir des histoires,
concentrés de souvenirs,
l’orage caché au fond des draps,
et des petits sourires
comme des lucioles,
une guirlande de rêves,
clignote encore,
en silences partagés…
–
RC –
Philippe Delaveau – Instants d’éternité faillible
Ignorant que tes hautes étoiles
avaient tremblé leur dû.
Pas un autre sanglot. Pas une brise
pour effleurer les branches,
susciter la présence des prés et des collines.
Avec courage tes lampes dans la tempête
auront lutté comme là-bas hublots et feux
du vaisseau qui oscille, se couche et sombre
fort de sa morgue et de ses cheminées.
Maintenant si je me tourne vers l’arrière
c’est pour te voir périr dans le brouillard
avec ma vie, sans un reproche.
J’aimais ces maisons qui m’ont quitté
et ces vignes qui tordaient les poignets
maigres de la douleur. La hache
qui tout à coup tranche le nœud de cordes
est plus aiguë que le croc du lion.
Aussi intraitable fut à l’entrée du désert Alexandre,
qui ignorait doute et détresse. Mais mon empire,
je le construis en soustrayant, en dispersant
les ombres et les morts.
Bientôt j’ausculterai les lignes
gravées sur la cire des paumes
pour réfuter l’arrêt sévère des destins.
Rivières et forêts, vitraux et pierres,
écoles et maisons, les sons ancrés aux souvenirs
avaient donné très tôt l’exemple.
Les oiseaux libres nous quittent dès l’automne
pour de lointains soleils que rien ne saurait abolir.
Seuls les visages sont restés dans le cadre des noms
– des cadres propres, certes, mais sans dorure.
(Infinis brefs avec leurs ombres).
Haruki Murakami – les souvenirs
Memories
are what warm you up from the inside*
But they’re also
what tear you apart.
Les souvenirs sont ce qui vous réchauffent de l’intérieur
- Mais ils sont aussi ce qui peuvent vous déchirer.
Salah Al Hamdani – Sagesse sur le coeur
Premier pas .
lorsque les souvenirs se dissipent dans l’absurdité de l’éloignement,
et que les saisons d’autrefois n’ont rien dire… pas d’affolement
c’est le cœur qui prendra en charge de souffler l’âme
de la vie du passé le plus reculé.
Deuxième pas
Quand on ne trouve plus l’amour en imagination
il faut laisser le cœur imposer à l’esprit sa conduite.
Marlene Tissot – Une pelote rêche
photo: Tamsin
J’ai retrouvé une photo de toi
juillet 2003 écrit au dos
et le temps se détricote
une pelote rêche de souvenirs
me fil-d’ariane jusqu’à toi
toi en juillet 2003
toi encore là
et il y avait tant de
soleil dans ton sourire
tes yeux comme un ciel d’été
qui aurait pu deviner
ces nuages sombres que tu
cachais et cette sale
petite pluie glaciale qui
détrempait tes pensées.
Echapper à son auteur – ( RC )
–photo perso – Crazannes – 17
–
La vie m’écrit demain .
Je ne saurais pas dire si c’est d’encre violette
Ni qu’elle me choisit un destin
( je n’en fais qu’à ma tête ) ! –
Je suis né par accident
Parce qu’un jour mon auteur
Qui aimait cette couleur
Fut un peu imprudent
En voulant remplir les pages
Contre l’avis du vent
Le livre s’est fermé brusquement,
– Et plutôt qu’en être otage
J’ai fui sous le canapé
En emportant quelques lettres
Que je pourrais peut-être
Utiliser sans me faire attraper.
J’ai donc dû m’aplatir
Le nez dans la poussière,
Avec tous ces caractères .
Ils m’ont aidé à grandir,
A me rendre autonome
Ce fut une aventure
De se lancer dans l’écriture,
Nom d’un petit bonhomme !
Me glisser dans un feuille,
Une autre encore et ainsi de suite
Mon récit n’a pas de limite
Jetez-y un œil ! :
J’y inscris les rires
Je m’invente des personnages
Pars pour de lointains voyages
Parcours des souvenirs
Je rencontre Prévert…
– Ah, ce qu’on a ri,
Au rayon poésie
En vidant des vers… !!
( Il faut être un peu ivre
Pour qu’au moindre prétexte
On caresse un texte ,
Qu’on écrive un livre ).
Je n’ai aucun programme ….
» Est-ce grave, docteur ? «
D’avoir échappé à son créateur
Et des brumes de son âme ?
–
RC – sept 2016
Recomposer avec les souvenirs – ( RC )
peinture: V Van Gogh: branches d’amandiers en fleurs à St Rémy
–
Sous le ciel épais et gris,
Il y a les images que l’on fabrique,
En jouant sur un fil
Qui vibre de façon à repeindre
dans sa tête,
Un bleu du midi,
Et les fleurs d’amandier,
Comme celles du tableau de Van Gogh.
Loin du ressac
et des rancoeurs,
J’ai composé avec les souvenirs,
ce qu’il reste de notre amour,
J’ai oublié les larmes distillées,
pour l’eau de fleur d’oranger,
le venin de la distance,
pour une pensée , que je te dédie…
–
RC – janv 2016
Yves Heurté – Magdala – 11
peinture: El Greco – Marie-Madeleine en pénitence
La sentinelle se moquait :
« Ton amant couche au Golgotha.
Ne le réveille pas ».
Joie de nos guerres parfumées
plaisir de l’âme en tous les sens
montez à son calvaire !
Que sa souffrance saigne
à l’ivresse des souvenirs.
Ne m’oublie pas.
Toute beauté du monde
intacte est dans mes bras.
Salah Al Hamdani – Centré
À genoux
Oui
à genoux dans la cruauté calme du jour
et cette absurdité sans limite
Marche, marche pauvre type
jusqu’à l’extrémité de l’ombre
et rejoins tes rêves
ensevelis sous la lenteur ridicule de leurs nuits
Laisse tes souvenirs à la traîne
l’éblouissement d’un quai désert
et au-delà
emprunte la courbe de ton exil
La gloire du couchant est là
sans écho
esseulée sur le lit de l’étranger
comme un appel de la falaise .
( extrait du recueil – « Rebâtir les jours « : ed Br Doucey )
Bassam Hajjar – maisons pas encore achevées
Maisons improvisées dans l’étendue vide
pas encore achevées
et vides encore
d’ habitants.
Mais elles sont, depuis le commencement, habitées par le personnage
des souvenirs.
( Comme s’il n’y avait pas de mur et qu’avec cela, malgré cela,
on y ouvrait une porte. Comme s’il n’y avait pas de père, de
mère, d’enfants, et qu’avec cela, malgré cela, il y avait des
lits, des vases, des livres et une table. Comme s’il n’y avait pas
de salle de séjour et qu’avec cela, malgré cela, il y avait des
canapés, une table basse, une lampe, une télévision, des tiroirs
pour le papier à lettres, les journaux intimes,
les numéros de téléphone, les adresses postales, la note de l’épicier, la facture d’électricité, la boîte d’aspirine, les stylos à encre, les crayons à papier, le livret de famille, le vieux passeport, la boîte de dragées et la vieille montre, la boucle d’oreille qui reste en
attendant de retrouver l’autre, le carnet, beaucoup de clés,
dispersées ou reliées par un anneau et personne ne se souvient
maintenant si elles ouvraient des portes et où sont ces
portes…)
–
extrait de « Tu me survivras – «
Birago Diop – Sagesse
peinture: Bela Kadar
Sans souvenirs, sans désirs et sans haine
Je retournerai au pays,
Dans les grandes nuits, dans leur chaude haleine
Enterrer tous mes tourments vieillis.
Sans souvenirs, sans désirs et sans haine.
Je rassemblerai les lambeaux qui restent
De ce que j’appelais jadis mon cœur
Mon cœur qu’a meurtri chacun de vos gestes ;
Et si tout n’est pas mort de sa douleur
J’en rassemblerai les lambeaux qui restent.
Dans le murmure infini de l’aurore
Au gré de ses quatre Vents, alentour
Je jetterai tout ce qui me dévore,
Puis, sans rêves, je dormirai – toujours –
Dans le murmure infini de l’aurore .