Mokhtar El Amraoui – miroirs
sculpture Gloria Freedman
Miroirs
A ces songes de la mer dont les vagues colportent la rumeur
Ô miroirs !
Engloutissez, donc, ma mémoire,
Dans vos veines de tain et de lumière.
Là-bas,
Dans le jardin des échos,
Arrosé des plaintes des vagues,
Je dévalerai la plaine de l’oubli
Où j’ai laissé fleurir un coquelicot,
Pour ma muse
Qu’un peintre agonisant a étranglée.
D’elle, me parvient
Le parfum ensanglanté
De toiles inachevées.
C’est dans le lait de ses rêves
Qu’ont fleuri le cube et la sphère.
Ô interstices du monde !
Laissez-moi donc percer
Ses inaudibles secrets !
©Mokhtar El Amraoui
Mokhtar El Amraoui – Miroirs
A ces songes de la mer dont les vagues colportent la rumeur
Ô miroirs !
Engloutissez, donc, ma mémoire,
Dans vos veines de tain et de lumière.
Là-bas,
Dans le jardin des échos,
Arrosé des plaintes des vagues,
Je dévalerai la plaine de l’oubli
Où j’ai laissé fleurir un coquelicot,
Pour ma muse
Qu’un peintre agonisant a étranglée.
D’elle, me parvient
Le parfum ensanglanté
De toiles inachevées.
C’est dans le lait de ses rêves
Qu’ont fleuri le cube et la sphère.
Ô interstices du monde !
Laissez-moi donc percer
Ses inaudibles secrets !
©Mokhtar El Amraoui
Mokhtar El Amraoui – Miroirs
photo: Robert ParkeHarrison
A ces songes de la mer dont les vagues colportent la rumeur
Ô miroirs !
Engloutissez, donc, ma mémoire,
Dans vos veines de tain et de lumière.
Là-bas,
Dans le jardin des échos,
Arrosé des plaintes des vagues,
Je dévalerai la plaine de l’oubli
Où j’ai laissé fleurir un coquelicot,
Pour ma muse
Qu’un peintre agonisant a étranglée.
D’elle, me parvient
Le parfum ensanglanté
De toiles inachevées.
C’est dans le lait de ses rêves
Qu’ont fleuri le cube et la sphère.
Ô interstices du monde !
Laissez-moi donc percer
Ses inaudibles secrets !
©Mokhtar El Amraoui
Perfections et symétries – ( RC )
Tu mesures les formes parfaites,
où tous les côtés se répondent,
et obéissent aux mesures identiques .
Ainsi le constructeur tend vers l’utopie
de la vision où la mathématique
prend le dessus de la vie .
Les rosaces des cathédrales,
tournent en mouvements figés ,
aux soleils fractionnés,
Les mosaïques aux jeux complexes,
zelliges enchevêtrés
excluent l’humain dans le décoratif.
Des palais imposants,
forçant la symétrie,
se mirent à l’identique
avec le double inversé,
du bavardage pompeux
des images de l’eau .
Se multiplie la dictature
de la géométrie des formes
répondant à leur abstraction ,
comme des planètes qui seraient
cuirassées dans une sphère lisse
d’où rien ne dépasse.
… Des formes si lisses,
voulues à tout prix,
qu’elles génèrent l’ennui
excluant la fantaisie
le désordre
et le bruit.
Les formes parfaites
s’ignorent entre elles
définitives, excluant la vie
comme des pièces de musée,
pierres précieuses,
diamants de l’inutile
dont finalement
la froid dessin, clos sur lui-même
finit par encombrer .
Dans le passé, on ajoutait
à un visage de femme trop régulier
un grain de beauté, une mouche,
quelque chose pour lui apporter
une différence, un cachet
sa personnalisation, un « plus » de charme
une irrégularité, une surprise,
portant dans son accomplissement
la griffure du vivant
Elle se démarque du cercle fermé
de la beauté idéalisée par quelque chose
contredisant la perfection
Celle-ci demeure une vue de l’esprit,
bien trop lointaine
pour qu’on puisse s’en saisir.
–
RC – août 2016
Absorber l’idée même de la nuit – ( RC )
Les bois se taisent
quand les noces des vents s’apaisent,
et c’est la nuit
qui emporte tous les bruits …
( mais pas une nuit rêvée,
celle que l’on peut trouver,
quand une partie de la terre,
effacée de la sphère
plonge dans le sommeil,
en absence de soleil ).
Les criquets et les cloches des villages
cessent leurs commérages
à partir du moment où l’obscurité
étend son royaume indompté
dont la noirceur
occupe l’intérieur,
et celui des gouffres
à l’odeur de soufre,
et les grottes cathédrales,
dont le noir total
est un monde à part entière,
se tenant éloigné de la terre.
C’est comme si l’extérieur,
ses joies et ses peurs,
n’avaient jamais existé,
jamais vécu, jamais été,
> juste une existence
remplie par le silence ,
elle , pourtant si proche,
cachée derrière une paroi de roches,
jusqu’à en devenir une idée d’infini,
absorbant l’idée même de la nuit .
.
–
RC – janv 2016
Andrei Tarkovski – Premier rendez-vous
image: montage perso à partir d’oeuvres de Jamil Naqsh
Premier rendez-vous.
Nous célébrions comme une épiphanie
Chaque seconde de nos rencontres.
Nous étions seuls au monde.
Plus hardie et plus légère qu’aile d’oiseau
Dans l’escalier comme un vertige
Tu dévalais les marches deux à deux
Et à travers les ruisselants lilas
M’emmenais dans ton royaume
De l’autre côté du verre miroir.
Et quand la nuit advint
Me fut octroyée la grâce.
Les portes de l’autel s’ouvrirent
Et dans la pénombre s’allumant
Lentement ta nudité me salua.
« Sois bénie… », murmurai-je
A l’éveil, sachant bien téméraire Ma parole.
Car tu dormais
Et les lilas sur la table tâchaient
A poser l’azur du ciel sur ta paupière,
Et ta paupière d’azur touchée,
Etait sérénité, ta main était tiédeur.
Dans le cristal, le pouls des fleuves,
L’envol des monts, la houle des mers.
Endormie sur le trône, tu gardais
La sphère lucide au creux de la main.
Et – Juste Dieu ! – tu fus à moi.
Tu t’éveillais, transfigurant
Le quotidien vocabulaire d’homme,
D’accents pleins et forts de ta voix
S’emplit et le mot « toi » livra
Son nouveau sens et signifia « Roi »
Métamorphosé, le monde, jusqu’aux
Objets rustiques, cuvette, broc,
Quand entre nous s’interposa
Une eau veinée et dure, en sentinelle.
Alors nous fûmes emportés je ne sais ou,
Comme mirages s’écartèrent devant nous
Des cités bâties par miracle.
A nos pieds se couchait la menthe,
Les oiseaux se plaisaient à nous suivre,
Les poissons remontaient les cours d’eau
Et le ciel bascula dans l’instant
Où le Sort nous emboîtait le pas,
Tel un fou qui empoigne un rasoir.
Arséni Tarkovski
Hors de chez toi, la conscience ( RC )

Photo by Rafa Samano/Cover/Getty Images
Hors de chez toi, la conscience,
Vois les flammes sombres des arbres,
Vois la sphère habitée, les routes qui l’enserrent,
Traverse les rues qui bousculent, les langues étrangères,
> Le monde qui s’éloigne.
Est-ce toi qui ne le comprends plus ?
Ou bien de ce ventre dont tu es issu,
…Tu as clos le cordon nourricier,
Pour des paradis toujours ailleurs,
Injectés à la sauvette.
–
RC -21 juillet 2013
–
Cristina Campo – été indien
–
Octobre, fleur de mon péril
printemps chaviré dans les fleuves
Parfois la mort même m’est indifférente
– l’ érable a interrompu son vol, les feux s’obscurcissent –
parfois m’assaille la terreur d’exister,
rayonnante, comme l’aster rouge.
Tout est déjà connu, la marée prévue,
pourtant tout s’enténèbre et s’éclaire
d’un frais désespoir, d’une merveilleuse fermeté…
La lumière entre deux pluies, sur la pointe
du fleuve qui me transperce entre corps
et âme, est une lumière de nuit
– la nuit que je ne verrai pas –
claire dans les forêts.
Cristina Campo
» Le tigre abscence « ed Arfuyen
—
Dis-moi, de l’existence … ( RC )
Dis moi, de l’existence, la réalité.
Hors de nous , pays habités,
L’écharpe de l’horizon, ceinte de brume
Continue, mer , océan, écumes
La poignée de mondes, qui restreint
Que tire d’ailes, les atteint
Et que les vies pressent
Sous le soleil ardent, paressent..
Si la sphère habitée est transparence
Où faut-il que mon regard s’élance ?
Vois -tu de l’autre côté de la terre
Les chemins et routes de poussière ?
Les grandes étendues et la course
des étoiles… disparue la Grande Ourse
L’au delà d’une vision, sans pourtant qu’elle ne se voile
Un quart de cercle, porté vers l’australe.
Vois, la planète , d’un autre costume
Autres peuples, autres coutumes
Les nôtres, en pays lointain n’ont plus cours
Aujourd’hui est un autre jour
Qu’une aube nouvelle fusionne
les espaces d’une vie, et résonne
en nous, autant les vaisseaux s’enchevêtrent
Et bat, au coeur, le sang de notre être
Il se voit circuler d’autre façon, étourdi
Sans forcer l’envers, sans interdit…
Le continent des ailleurs, ailleurs improbables,
Modèle le visage des hommes — en terre arable.
RC – 8 janvier 2013
–
Cristina Campo – Sphère limpide
« …Ici le temps est une sphère limpide. Et la petite lune tourne tout autour d’elle. Moi j’ai réduit ma vie à ma chambre parce que tout mon travail est sur mon bureau et que tout cela s’agglutine au reste pour former le bloc de pierre qui ferme la caverne… »
« …Ce qui nous aide beaucoup, ce sont les oiseaux qui sont sur le pin, juste en face: merles, mésanges, passereaux, et autres espèces que je n’ai pas le temps de reconnaître. Le parfum du soleil, filtré par les aiguilles de pin, arrive jusque sur le lit en jouant sur les murs. Certains après-midi sont très beaux… »
« …Les longs bains au large vers 2 heures de l’après-midi, quand je retournais un instant vers le pédalo, mais uniquement pour y jeter mon maillot de bain…mais la mer – la mer lave de tout, croyez-moi… »
« …A Grottaperfetta j’ai vu des maisons roses, perdues entre les roseraies et les meules de pailles, avec de petits écussons sur les portes des écuries – des maisons où peu-être, pendant quelques années encore, les gens pourront se taire, lire, dormir – manger les saisons l’une après l’autre dans la saveur du lait, des légumes, du pain. Je rêve de rester sous l’un de ces écussons – de préparer pour vous de merveilleuses natures mortes… »
–
Sphère – bulle – cellule ( RC )
–
Il y a sans doute un au-delà,
Que je ne connais pas,
Si je dépasse les frontières
De ma propre sphère
Mais pourrais-je un jour pointer mon nez
On dirait que je suis condamné
De naissance , s’il me fallait visiter
Une petite partie de l’immensité .
Le regard opaque et veuf
Je reste recroquevillé , encore dans cet oeuf
Qui me nourrit, mais me happe
Mais m’interdit , que je m’en échappe,
Et qu’enfin, je décolle
Hors de la membrane molle
A faire de la naissance
Voyage en reconnaissance.
Sorti de ma coquille
Faudra q’mes yeux se dessillent
Qu’aux dangers nombreux, je m’habitue
Et que je fasse face, sans qu’on me tue.
Selon les pointillés , je vais découper
Mon épaisse peau, – faut pas se louper –
Pour respirer un peu, l’air du dehors
Risquant peut-être une prochaine mort.
La cage est trop étroite, j’aimerais tant savoir
Si j’peux m’échapper, un tant soit peu du noir
Découvrir une terre, plus hospitalière,
Et s’il existe ailleurs, un peu de lumière…
J’envie les serpents, quand ils changent de peau
Changeant de costume, pour se faire plus beaux,
Ils bousculent l’avatar, oublient leurs cauchemars
Et l’enveloppe ancienne , qu’ils laissent à l’écart.
Moi , je suis collé, dans cette cellule
Que connaissent aussi ,tous les enfants bulle
Je ne peux rien faire, pieds et poings liés
Me voila englué, éternellement prisonnier…
–
RC – 22 juin 2012
Sphere – bubble – cell (RC)
There is no doubt, somewhere a beyond,
I do not know,
If I exceed the borders
From my own sphere
But ,one day could I point my nose
It seems I’m doomed
From the birth, if I had to visit
A small part of immensity.
The look opaque and widowed
I still curled up, still in the egg
Who feeds me, but grabs me
But forbids me, that I escape,
And finally, I take off
Out of the soft membrane
To make , with the birth
A travel in recognition.
Out of my shell
My eyes will be opened
As many dangers, I’m getting used
And I do face, without anyone killing me.
Along the dotted line, I’ll split
My thick skin – should not miss –
For a breath, the outside air
Risking may be an upcoming death.
The cage is too narrow, I would like to know
If I can get away, a little bit out of the black
Discover a land more hospitable,
And if there is somewhere, a little light ,too…
I envy snakes, when they change their skin
Changing her costume, to make them more beautiful,
They upset the avatar, forget their nightmares
And the old enclosure, they leave apart.
I’m stuck in this cell
All bubble children are knowing
I can not do anything,hand and feet bound ed
Here I am stuck, forever prisoner …
RC – June 22, 2012
François Cheng – La nuit fait de nous ses confidents…
–
La nuit fait de nous ses confidents
A l’heure d’écoute nous murmure à l’oreille
Ses frayeurs ses tourments
Sa stupeur d’être toujours plus obscure
Marées de lait, de sang que nulle plage n’apaise
Plage de solitude que ne comble nul roseau
Si obscure que les étoiles ne traversent plus
suspendues hors sphères, indifférentes
Ici même, aucun secours ne sera à portée
au-delà des lisières de la forêt inconnue
Blessure d’autant plus béante qu’elle est aveugle
Douleur d’autant plus gouffre qu’elle est sourde
Mais c’est là notre propre voix que nous entendons !
Cette voix, notre seule défense, seul pardon
Qu’envers et contre tout nous faisons entendre
Sous peine de mourir
d’être si seuls dans l’univers
La nuit s’est faite notre confidente.
–
François Cheng. « Qui dira notre nuit ».
–
Ernest Bloch -Le regard de nos masques
samedi 26 novembre 2011, Monique éditait ce bel article que je reprends à mon compte, et associé au « Perfect day » de Lou Reed ( désolé, Monique, tes images de bois ne « passent pas », avec Overblog… je vais donc tricher un peu… )
peinture; aquarelle perso, sur un masque féminin, ethnie Dan ( Côte d’Ivoire)
Le regard de nos masques
» Les Noirs ont gardé jusqu’à aujourd’hui des dieux de vie sculptés en respectant le bois, ils firent ainsi passer la sève dans des manches d’outils, des armes, les poutres des maisons, les trônes, les idoles. Leur volonté de magie, leur désir de se métamorphoser, de pénétrer dans les sphères supérieures de la création produisent avant tout le masque qui élève surnaturellement au rang d’animal ancêtre de la tribu, de totem et de tabou organiquement abstraits ; notre visage futur s’y annonce, mais le Christ n’éclaire pas encore ; il n’y a que le rougeoyant démon de la vie, mais celui-ci règne de manière inconditionnelle dans ses naissances oniriques, dans ces sombres systèmes plastiques de la fécondité et de la puissance » . Ernst Bloch
Il m’est essentiel que le regard de l’autre tente de pénétrer jusqu’à mon âme.
et que je lui rende ce regard!
Tout existe le temps d’un regard. Regard sur une fleur éphèmère,regard sur le fond d’un tiroir, oublié – retrouvé.
Regard pour une pierre d’un cimetière oublié, regard sur un silex soulevé d’une terre anté préhistorique.
Regard sur un enfant , force de vie. Regard toujours plus loin. Le regard abolit la distance.
Il plonge dans l’essence des choses ..antédiluvien.
- peinture; aquarelle perso, sur un masque féminin, ethnie Dan ( Côte d’Ivoire)