Réfractaire aux laboratoires – ( RC )
J’ai dû crever l’atmosphère :
des spirales m’entourent,
cristallisant l’univers :
il y a des miroirs tout autour,
qui bavardent tous ensemble
dans un grand palais des glaces
dont le centre flambe :
on dirait qu’on parle à ma place .
Ici, jamais le feu de s’éteint
et au milieu, je m’égare
ces discours ne sont pas les miens :
les reflets captent les regards,
> la lumière se plie , se déforme :
trop de gens se confient aux machines,
et portent l’uniforme
( beaucoup plus que l’on imagine )
c’est sans doute plus confortable
d’écouter leurs histoires ,
mais je ne suis pas programmable :
réfractaire aux laboratoires
comme aux puits de science
nourris de méga-octets :
> je contemple le silence
et me mets en retrait…
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RC – fev 2018
Jean-Michel Bongiraud – abeilles
animation Joel Remy – à partir du détail d’une peinture de G De Chirico
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La transfusion des spirales est aléatoire
Et les mathématiques sont un chef-d’œuvre hypnotisant.
Tout jargon contredit l’univers et les sens.
Ce qui se cristallise sur mon palais
Ces miroirs qui ne parlent pas
La face contre l’écorce nul ne règle le compas !
Je dis une histoire une source mal écoulée
Un feu qui s’éteint au fond de nous.
L’abeille a-t-elle un buste semblable au mien ?
L’aube ne sera jamais nouvelle
Et les hommes ont rempli leur brouette de machines
.
Je lance un ultime pavé.
Un cerceau au loin tombe dans le ravin.
Rythme, lignes, thème et variations – ( RC )
peinture H Matisse
Une pulsation persiste,
malgré soi.
C’est un motif répétitif,
comme celle de ces frises
Sur le fronton des temples grecs,
mais qui s’offre quelques détours .
Le battement d’un coeur
Que l’on oublie,
Une basse continue
sur laquelle la trame
de la symphonie concertante
prend tout son appui.
Un rythme régulier,
qui se fond dans l’arrière-plan,
– métronome contrebasse,
soutenant la cantate,
dont on devinera le centre
en tendant mieux l’oreille.
Un ange parcourt les firmaments,
on peut suivre son échappée,
( pas le froissement des ailes ) ,
qui pourtant décrit
l’envolée de ses courbes,
Elles s’appuient sur le ciel .
Ainsi les arabesques
dessinées dans la couleur,
ou les spirales enroulées,
jouent chacune de leur accord,
avec l’évidence d’une danse
dans les tableaux de Matisse.
Le temps est une aire indéfinie,
qui s’étend sur la toile :
points et surfaces
relient les lignes entre elles….
Thème, fugue et variations,
Mélodie et contrepoint.
Vois comme le coeur
est, lui-aussi, une musique !
Son battement
est celui d’un tempo,
transformé en courant,
en cascades:
Le flux d’un ruisseau,
inscrit ,
en lettres invisibles,
sur chaque page,
de la partition , son rythme
se combine aux autres:
Une grande portée,
la mesure de la vie :
Une passacaille où le sang
donne le sens:
Celui qui permet de mieux respirer
la couleur des choses.
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RC- juin 2015
Spirales adhésives – ( RC )
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J’imagine, qu’il y a encore du chemin à parcourir.
des obstacles à dépasser, des creux à contourner,
des rocs dont les failles sont autant de pièges,
sans compter la faune qui guette, toujours à l’affut.
La chevelure se confond avec celle des lianes,
et il y a toujours une nuée d’insectes volants,
Ils semblent te suivre… une proie bien tentante,
Ils se sont extraits du plâtre?
Une génération spontanée – comme on disait,
qui s’inscrit en biais des jointures de faïence.
le chemin est d’autant plus long,
que c’est un dédale de pièces, refermées sur elles-mêmes.
Un moment d’inattention, et ce sont des rubans,
qui t’enveloppent à ton insu, tout droit descendus du plafond,
déjà, ils ont fini par occulter complètement les fenêtres,
et se dévident en spirales adhésives, dès que tu t’arrêtes.
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RC- oct 2014
La ligne s’est mise à chanter – ( RC )

dessin – Henri Matisse modèle de dos
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Enroulée sur elle même,
La ligne s’est mise à chanter,
S’inscrire en spirales
Sortir de la page,
Partie au loin,
Echappée avec Klee,
En petits signes,
Appuyés sur la couleur
Pour y revenir,
Encore plus libre,
–
En arabesques,
Autour des odalisques.
–
Matisse,
Joue de ce qui s’ouvre,
Des bords des visages,
Le dessin y invente,
Un regard, un sourire,
Une calligraphie du corps,
– Il danse,
En quelques traits posés
Les échos de ses courbes,
Et s’offre sur l’espace.
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RC- janvier 2014
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Dessin-peinture: Paul Klee – la chapelle
Un parcours avec Matisse ( RC )

peinture: Matisse, Capucines à la Danse II,,
Un parcours avec Matisse
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« Tout brille , tout chatoie
Tout est lustré, verni «
Et les couleurs toutes serties
Dansent encore des figures de joie
La danse, justement, s’anime,
Traverse la toile , en spirales
Gerbe de lignes, et trois tons qui s’étalent
Sans décor, d’aspect anonyme
Bleus et verts s’affrontent, lisses
avec des roses et orangés,
L’écho des odalisques, allongées
Des intérieurs fleuris, de Matisse

peinture H Matisse: intérieur rouge, intérieur jaune et bleu
Les bocaux de poissons devant la fenêtre
Voisinent des lignes arabesques,
Azurs teintés de rythmes, presque
Tout est verni, lustré, prêt à naître.
dessin : H Matisse : portrait de Marguerite
Mais aux portraits à la plume, en séries
Les formes jouent de lumière offerte
Et dialoguent, du papier blanc, ouvertes.
Le décor des motifs , le même que la tapisserie
Transmet à l’oeil son doute
Comme s’il faisait fausse route …
Dans les courbes et dans l’épure
Luxe, calme et volupté, point de lutte
Entre harmonie, enchaînement des volutes
Où la ligne ondule et s’aventure …
Puis la traversée d’un ciel, par les ciseaux,
Couleurs franches et gouaches découpées,
Savamment associées et groupées
Comme l’aventure migratoire des oiseaux…

Jazz- HM –
Jazz ( et rythmes déhanchés),
Bal des feuilles de figuier, détachées
Dans un autre espace , s’élance
L’art du peintre, par excellence.
NB les deux premiers vers » Tout brille , tout chatoie Tout est lustré, verni »,
est une citation de H Matisse lui-même.
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RC – 29 juin 2012
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