Le logis de la cartomancienne – ( RC )

Tout en haut de l’escalier
d’une maison délabrée
à façade grise
c’est le logis
de la cartomancienne…
–
Un chat blanc
à la tête couleur de suie,
veille, avec indifférence
sur une boîte en osier
devant l’entrée
qui reste ouverte
en permanence:
jamais il ne sommeille;
–
C’est à cet animal
qu’on pose les questions
sur le palier
comme c’est l’usage:
-petit sphynx, petit lion-
–
Le consulter,
est comme regarder
dans une boule de cristal…
Dans son oeil
se reflètent d’étranges lueurs
où dansent les présages.
–
Si tu vas chez la cartomancienne,
tu n’y accèdes qu’à pied :
tu repéreras l’escalier:
il est peint de deux couleurs
en rouge et en bleu,
ce qui égaie un peu les lieux:
–
Quand le chat est à l’intérieur,
c’est elle qui t’accueille
en habits de deuil,
assise, comme toujours
dans le fauteuil de velours .
–
Il faut suivre le protocole :
elle a les phrases lentes
et peut s’endormir
après quelques paroles
décisives sur l’avenir,
car elle est un peu voyante.
–
En fin de journée
ses mains sont transparentes.
Tu devras la laisser
méditer sur ton cas
ou bien c’est avec le chat
qu’il faudra dialoguer.
.
Génie du verre ( RC )
Il est un génie,
Qui surgit ,
Au fond du verre de whisky,
Lorsque le froid descend,
Comme une chape de plomb,
Sur la ville et le portrait de Marylin,
Se dopant aux amphétamines,
….Et la musique titube,
Avec elle, se déchire,
La voix de Joplin,
( Janis pour les intimes )
Les cheveux sales au matin livide,
Les pavés retiennent encore la nuit,
Aux façades, les traînées de suie,
Les fils électriques, et leur calligraphie,
Une journée va encore brûler,
Les vêtements tremblants commencent à puer,
Et la bouteille est vide…
—
RC – 4 septembre 2013
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voir sur même thème cet article…
ainsi que le texte d’Edith, dont je suis parti pour en faire « l’écho »…
et mon auto-traduction…
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Here is a genius,
That arises,
In the glass of scotch
When the cold descends
As a lead blanket,
On the city and the Marilyn’s portrait,
Doping with amphetamines,
And the music …. staggers,
With her, tears away,
The voice of Joplin,
( Janis for short )
Dirty hair in livid morning,
The cobblestones still catches the night
Soot trails , on the facades,
Electrical cables, and their calligraphy,
A day will still burn,
Trembling clothes start to stink,
And the bottle is empty …
Janis Joplin – dessin Cindy-jo Dietz
Ce voyage trop long ( RC )
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Ce voyage trop long,
S’évente dans la pluie
Des rayons de suie,
Que nous emportons
A chacun sa vérité
Des cœurs rayés,
– Les rues balayées
Tracées de sévérité.
Vivant chacun son temps,
— Le souvenir du bonheur,
Loin des yeux, loin du port
Mais qu’occupent d’important,
Les mains écartées,
Au-delà de l’acceptable,
Et qui laissent filer le sable
Du temps décompté.
Les trop-pleins des larmes,
Souvenirs et misère
D’amour, pauvre salaire,
Et l’adieu aux armes
Sous le soleil qui fuit
Aux lointains inhumés
— Telle que je t’ai aimée…
Où es-tu aujourd’hui ?
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RC – 6 avril 2013
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dessin: mécanisme des ailes du coq ( horloge astronomique ,Cathédrale de Strasbourg) Dessin A. et T. Ungerer