Un sphinx contre une intrusion – ( RC )

Viendras-tu risquer quelques pas sur le fond sableux,
sous un lourd scaphandre, chercher les traces d’une épave endormie ,
jouir des reflets changeants des poissons aux milles couleurs,
des dentelles de coraux , et du mouvement lointain des vagues,
qui filtrent la lumière venue de haut ?
Mais c’est un monde qui nous est étranger, même s’il est proche.
Des animaux aux formes curieuses se dissimulent sous les rochers,
ils gardent un domaine, dont on ne sait s’il y a une entrée,
et où elle peut nous conduire .
–
Avant d’aller plus avant, il faudrait cependant répondre à plusieurs questions,
un peu comme les candidats à un emploi, qui doivent, en outre afficher leurs motivations.
J’imagine un jour être face à face avec un poulpe,
agitant de multiples bras, peut-être en guise de bienvenue.
Mais personne, à ma connaissance, n’est un nouvel Oedipe et le poulpe, – en Sphinx des eaux- , barre le passage .
S’exprimer dans un langage qu’il puisse comprendre, présente déjà une certaine difficulté ,
bien que sa tête volumineuse semble contenir ce qui doit être un cerveau, vraisemblablement doté de capacités dont on n’a pas idée.
Deux yeux sévères nous fixent, et dans chacune des tentacules,
les ventouses rieuses montrent des signes d’impatience .
Il semble s’étonner de notre intrusion, contemple notre rigide apparence,
inversement proportionnelle à sa souplesse .
Il nous parle peut-être, mais nous n’entendons pas .
S’offusquant de notre esprit obtus, il nous fait comprendre que le royaume des mers est sa demeure.
Il nous entoure de ses bras élastiques , sans agressivité, et nous ramène à la surface, dans le monde du dessus, que nous n’aurions jamais dû quitter.
Demi-dieux – ( RC )

Y a juste un défaut dans la biographie des demi-dieux,
c’est qu’ils ne sont qu’à demi.
Il suffit de gratter leur surface
pour qu’ils renoncent à l’éternité.
Ils sont tenus en laisse par les rênes de la mythologie,
se précipitent dans nos esprits pour contribuer aux légendes .
Ils rentrent sans vergogne dans les peintures
les musées les font dialoguer avec les humains
mais jamais ils ne franchissent les cadres dorés .
On pense qu’ils sont là pour longtemps ,
mais les années les ont remisés
dans un placard à balais : leur nom est maintenant
sur les produits d’entretien, car pour des raisons pratiques,
on les a exhumés : ils sont un support pour la publicité :
c’est l’occasion de se rappeler des écrits d’Homère,
la culture deviendra populaire –
de plus, dans ces temps reculés,
on peut supposer qu’il n’y avait pas de supermarché .
Adeline Baldacchino – Déjetée
peinture: John Sloane
extrait d’un titre de son blog poétique, sur tumblr
Ainsi donc la douceur aussi n’était qu’un mirage, juste avant ce bruit de collision contre le beau mur étroit du silence, ajointé dans la nuit dans l’aube au soleil par tous les temps. Je cherchais l’aigle encore et le serpent, Zarathoustra qui détourne le regard. Ainsi donc indifférente elle était mais vivante la mer. Et ce n’était rien pourtant qu’un peu de murmure à la surface du temps, les cuisses déjetées du monde ouvertes sur la matière des chants qui ne transmutent plus rien. Le vent répétait des caresses d’ombre sans chair, défaisait les faux miracles de la parole recommencée. Ne plus dormir, juste regarder glisser dans l’éternel instant, dur et lumineux, l’écart insistant du désir au monde. Le cœur y loge tout entier souverain fragile et nu, puissant qui ne sait plus
rien.
C’est pour celà que tu l’as reconnue – ( RC )
–
Que se passe-t-il, une fois retraversé le temps ?
Ou plutôt que le temps nous ait retraversé.
Tu as enfoui dans ta mémoire un évènement
vécu dans ta jeunesse… oh, rien de spectaculaire :
une impression, un bruit, une odeur , une image.
Et tout cela s’est transformé en une petite boule invisible,
une graine, comme il doit y en avoir tant d’autres.
Puis un jour tu es revenu au même endroit,
et ces impressions, ces odeurs, identiques
sont venues te traverser, comme si tu étais passé
de l’autre côté d’une surface, qui serait venue
s’interposer, entre ce que tu étais
et ce que tu es aujourd’hui.
Tu saisis une limite mystérieuse,
qui n’a pas de consistance,
encore moins que celle du tain d’une glace
où tu sembles regarder un autre toi-même
avec lequel tu serais prêt à dialoguer.
Bien entendu, d’autres morceaux d’existence ,
d’autres graines seraient prêtes à éclore,
si les circonstances s’y prêtent…
en fait il suffirait de plonger au plus profond de soi,
que l’espace qui nous en sépare se dissolve .
Çà peut arriver. C’est une sorte de réminiscence,
qui franchit des limites mystérieuses.
Mais plus encore, quand ces impressions,
une fois exprimées, sont aussi partagées par d’autres .
comme si elles n’avaient plus d’hier ni demeure ,
comme si on passait en-dehors de notre enveloppe,
à travers soi, pour rejoindre l’autre personne :
elle a peut-être vécu sur un rythme aux phases identiques
quelque part, elle s’est égarée dans les mêmes labyrinthes.
C’est pour celà que tu l’as reconnue.
–
RC – avr 2017
Danser hors de la surface des choses – ( RC )
photo : Aldara Ortega
Changer de monde,
et danser hors de la surface des
choses.
Trouver son souffle en soi-même,
plonger en apnée illimitée…
Le silence épais plaqué aux oreilles,
tu t’opposes à l’inertie de la matière ,
présente et que tu ne peux saisir.
Tous les gestes en sont ralentis.
La robe de mariée se défera lentement,
sur un champ où les fleurs ne
poussent pas, où il n’y a pas de vent,
et où la lumière hésite à franchir le
plafond…
–
RC – mai 2017
Rafales d’ailes, mains négatives – ( RC )
–
Rafales d’ailes, froissant les airs.
Aquarelle délavée où serpente une fumée…
Un instant fugitif, promis à l’oubli.
Une peinture dans l’obscur,
L’intimité close, de la grotte,
Des chevaux superposés, galopent .
Les millénaires s’entassent .
La mouvance des airs,
passe en surfaces.
Une peinture dans l’obscur,
Et le geste de l’homme, déposé ,
Celui marquant la présence.
Message des mains négatives,
Empreintes,
Charbons de bois.
–
RC – mai 2015
Je savais comme tout le monde, ce qu’est la mer – ( RC )
Je savais comme tout le monde, ce qu’est la mer.
J’étais allé au bord, j’avais sauté de rochers en rochers, ramassé des coquillages sur le sable,
même traversé une partie pour aller sur les Hébrides, sur un vieux rafiot , sentant le gas-oil.
Je savais.
Ou plutôt je ne le savais pas, avant d’en connaître l’étendue profonde,
avant qu’elle n’enserre mon corps, avant qu’elle n’enserre mon coeur,
avant de plonger plus profond et que petit à petit la lumière renonce,
que les pupilles grandes ouvertes ne voient que des ombres sur l’ombre,
ressentent les frôlements lisses des animaux évoluant, dans leur silence liquide…
Bien entendu je suis revenu à la surface, comme un ludion
après avoir subi cette étreinte, et la peau amollie blanche,
semblerait-il plus blanche qu’avant. Ou bien était-ce le froid ?
et je redécouvrais ainsi ce qui flotte à la surface.
D’abord l’air , qui pèse plus que l’on croit.
Ce qui bouge et qu’on voit ( après l’aveuglement du retour à la lumière),
ne serait-ce que le trait tendu d’un avion, passant au-dessus des nuages,
le tracé de la côte, les triangles gonflés des voiliers .
Une résurrection après l’exil.
Par rapport à un rendez-vous manqué, une sorte de parenthèse
hors du monde connu . Tout ce qui est en-dessous,
et vers quoi il faudra un jour retourner, puisque tous les êtres vivants
ont la mer pour berceau originel :
Une immense conque, dont on s’échappe, un temps,
pour s’y enfouir à nouveau, et y renaître,
passager de l’eau et le corps poreux, rattrapé, ballotté par les courants,
alors qu’au-dessus, passent les siècles et les tempêtes .
–
RC – nov 2015
Angkor : la caresse du sourire – ( RC )
–
C’est le sommeil, peut-être,
Qui a clos les paupières :
Le regard ne voyait qu’en dedans,
la prolongation du sourire,
Et les lèvres épaisses , se sont closes,
Dans leur secrètes pensées.
Qui peut dire que ces figures de pierres,
Ne sont que des œuvres oubliées ?
Lorsque les hommes ont délaissé les lieux,
Et laissé les arbres les enlacer
Jusqu’à les enfouir
sous le fouillis végétal….
C’est leur sommeil, sans doute,
Qui gravite autour du temps ;
> Et celui-ci est immobile.
( La pierre , gardant la mémoire,
du regard intérieur,
Continue de nous contempler,
Avec son sourire ) ,
Comme si elle était habitée
De l’âme de ceux qui les ont créées,
Dépositaire d’un accord
dont nous ne percevons que la surface :
Les mains de la pensée,
Caressent encore la sérénité de leur visage .
–
RC – mai 2015
A la surface, où le silence se fracasse – ( RC )
–
Le soleil rebondit,
Quelque part,
Après les brumes,
Et s’infiltre avec peine,
Au milieu des branches,
Encore vides.
Les feuilles naissantes,
Attendront encore,
L’explosion de l’ivresse
L’eau a son reflet , mat,
Mordue par la glace,
Tu peux te risquer, à sa surface ,
Où le silence se fracasse,
En ombres effilées,
Extraites des pliures du matin,
Quand l’heure stagne,
Sur les tiges frêles, prisonnières de l’étang.
Le verre cathédrale,
A déjà son réseau de fêlures,
Lézardes en ricochets
Certaines sont dûes,
Aux cailloux qu’on y a jetés,
Et qui sont restés posés,
Comme un défi aux fonds soyeux,
Où tout s’enfonce dans une vie secrète.
Tu serais comme une pierre,
Figé de froid,
Même sous ton lourd manteau,
Et seul le regard mobile,
Se verrait chercher sous l’épaisseur,
A peine translucide,
Sans vraiment le vouloir,
Des mouvements furtifs, mêlés de reflets.
Le nappage répandu en couches ,
Au long des nuits, allongées de gel ,
A jeté son pont
Au-dessus de l’eau.
> Elle est la vie,
Des carpes sombres la parcourent,
En arabesques capricieuses,
Ignorant le monde clos, du dessus.
–
RC – avril 2014
–
Au bord de l’image – ( RC )
peinture Tammy Zebruck-
Je suis resté là, au bord du miroir,
Prêt à y allonger le pas,
Pour, comme Alice,
Passer à travers,
Si, sur le lac,
La pellicule de glace casse,
Et qu’ainsi je me retrouve,
Happé par les nuages,
Et dans la flaque,
– L’onde replie ce qu’elle boit,
Dans l’autre sens …
Car on sait,
Que l’eau se fait un plaisir,
D’inverser le cours de la logique,
Enfin, celle que l’on croit posséder.
Et je suis resté là,
En équilibre,
Les pieds devant l’image,
Un monde qui n’existait
Plus que par son reflet,
Et son illusion,
Doutant même de son existence,
–
Juste sous la surface,
Des choses.
–
RC – avril 2014

Et avec bien entendu, sur ce thème, les célèbres « nymphéas » de C Monet
La figure de proue , interroge les siècles – ( RC )
–
Quelque part dans le manteau d’eau
Se rencontrent des formes,
– elles n’ont rien de géométriques –
Assouplies aux contacts des courants,
Elles glissent, parfois l’une à côté de l’autre,
Se regardent avec curiosité,
Des cousins lointains,
Dont on aurait oublié la langue…
Et puis ces hommes carapaces,
Se risquant à quitter la terre ferme,
Et reliés d’un tuyau à l’atmosphère
Du sable meuble sous les semelles de plomb,
Communiquant par signes,
Intrus en scaphandriers,
Frôlés par des raies manta,
Aux lentes évolutions sombres.
Les rubans d’algues pendantes,
Les lumières feutrées d’un soleil
Remué de vagues, – plus haut –
Les bancs de poissons argentés,
Jouent, furtifs ,
Dans le gîte de l’épave d’un voyage arrêté
Dans le silence liquide,
Il y a trois cent années.
Les humains d’aujourd’hui, inspectent sans scrupule,
Le vieux navire , de coquillages incrustés ,
Et ces longues années , au sens propre , écoulées,
Eléments étrangers, venus crever la surface lisse
Du secret des eaux… réunis…un peu comme la rencontre ,
Sur la table de dissection – de Lautréamont
D’une machine à coudre et d’un parapuie.
Le regard vide de la figure de proue , interroge les siècles.
_
RC – février 2014
La pierre s’était prise à rêver tout haut, qu’elle était un oiseau – ( RC )
–
–
Sans effort apparent,
Le caillou ricoche sur l’onde
Et prolonge sa course, au monde
Aussi loin que la force du jet,
Le lui permet…
–
Et la tanche regarde perplexe,
De son oeil convexe,
La pierre, toujours bondissante,
Si légère, … Elle chante
Ayant quitté ma main…
–
Puis, attirée par sa propre masse,
Et finissant par percer la surface,
Elle se résoud enfin ,
Finissant de flirter avec l’eau ,
A quitter sa peau,
–
Et s’enfonce à regrets, dessous,
Après quelques remous,
– mouillée de ses pleurs amers-
Quittant brusquement l’atmosphère,
Pour se reposer au fond,
–
…Entourée de poissons.
– L’eau poursuit vers l’aval,
Sa course, ( et l’avale ),
Maintenant bondissant ,
De toute la puissance du courant.
–
La pierre s’était prise à rêver tout haut,
Qu’elle était un oiseau… .
–
RC – 6 décembre 2013
Tomas Tranströmer – De la montagne

peinture: André Derain-
la Côte d’Azur près d’Agay (1905, huile sur toile , 54,6 x 65 cm) : pour voir l’oeuvre dans son intégralité, cliquer sur l’image
–
DE LA MONTAGNE
Je suis sur la montagne et contemple la baie.
Les bateaux reposent à la surface de l’été.
« Nous sommes des somnambules. Des lunes à la dérive. »
Voilà ce que les voiles blanches me disent.
« Nous errons dans une maison assoupie.
Nous poussons doucement les portes.
Nous nous appuyons à la liberté. »
Voilà ce que les voiles blanches me disent.
J’ai vu un jour les volontés du monde s’en aller.
Elles suivaient le même cours ― une seule flotte.
« Nous sommes dispersées maintenant. Compagnes de personne. »
Voilà ce que les voiles blanches me disent.
(1) Traduit du suédois par Jacques OUTIN
A l’affut du tain ( RC )
–
Un pinceau lumière,
Ainsi renvoyé,
Zig-Zague au verre biseauté,
Une surface dressée,
Un obstacle , dit la profondeur,
Et pointe l’illusion,
.. ce que je ne connaîtrais pas,
Sans artifice,
Mon visage…
Une surface dressée,
Mais cachant peut-être
Un regard derrière,
Qui n’est pas le mien,
A l’affut du tain
Derrière mon reflet,
Le pinceau d’un décor
Se construit, à l’arrière
– Du présent.
Une surface dressée,
– peut-on lui faire confiance ?-
( Déjà portant nom de « trompe l’oeil »).
Par fausse profondeur,
En masquant l’avant,
Pour dire tout autre chose.
A rassembler ses esprits
En plusieurs pièces
Echappées du lisse,
Miroir aux alouettes,
Dans une découpe de ciel
Les oiseaux s’y trompent.
Et du bec,
Se cognent,dans l’image
Des nuages
L’appel de l’espace,
Part dans tous les sens,
Si la glace se morcelle,
L’illusion se dissipe,
Avec le verre partant
Dans tous ses éclats.
Parlent dans les débris,
Plusieurs langages,
Ne se comprenant plus.
–
RC – 24 septembre 2013
-sur ce thème du miroir brisé
on peut aussi voir une autre option, celle de Jeno Eugene Detvay
Romain Verger -La nuit, les étoiles

peinture: J Whistler: nocturne en noir et or
La nuit, les étoiles sont des ouvertures sur des possibles inconnus, sur des visions du calme infini, sur des rassemblements d’ancêtres.
La nuit est ouverte en des millions de points par lesquels on peut passer pour rejoindre ceux qui nous ont précédés, ceux qui nous accompagnent, ceux qui nous suivront.
Hier soir, pour la première fois depuis des mois, j’ai pris un livre & j’ai lu, à la lueur de ma vieille lampe à alcool, jusqu’à m’effondrer de fatigue.
J’ai dormi longtemps.
Lorsque je dors ainsi, je n’ai plus besoin de parler, je ne me regarde plus, je n’ai plus besoin de vivre à la surface de moi-même, je n’ai plus besoin de ne pas m’aimer…
J’ai les yeux fermés, je ne me déçois plus, je m’échappe, je reviens, je suis seulement un souffle, un souffle léger.
extrait du « Carnet des morts » – site de l’auteur ( un nécessaire malentendu)
–
Inexplicable soi-même – ( RC )
.jpg)
photo gdefon.com
L’après-midi fauve
S’ourle de la lumière dorée des chênes…
> C’est le soir qui monte,
Et inexplicablement le creux qu’ils entourent,
Se creuse un peu plus,
Et de l’ombre, en fait un puits,
Un cône en entonnoir,
Que je suis, lentement attiré
Par une descente
Qui semble ne jamais finir.
Les voix extérieures se sont tues,
La lumière évanouie
Jusqu’à n’être qu’un petit orifice affadi,
Se voit remplacée peu à peu par des formes,
Que l’on perçoit, plus qu’on ne les voit,
Aux inimaginables amalgames,
Dotés d’une vie indépendante
Qui palpite,
Et me parle d’un monde
Où les certitudes basculent,
Les contradictions émergent,
Jusqu’à la part la plus secrète de nous-même.
A part les sons des pas qui évoluent,
Toujours plus loin et plus profonds,
Seul le battement régulier du coeur,
Jusqu’à présent anecdotique,
Me parvient aux oreilles,
Et cogne de plus en plus fort.
Il occupe progressivement toute la place.
Au coeur du monde intime,
Où la communication s’établit d’elle-même,
Avec la part de la pensée et la mémoire,
Au plus profond d’une vérité , tue,
Qu’on peut y déchiffrer,
La part la plus inexplicable de soi-même,
Loin de la surface des choses.
–
RC – 24 juin 2013
–
Tu entends, sortilège ( RC )
Tu entends sortilège , oui c’est ce qui se passe en nous,
Ce qui traverse, et touche…
Et pourquoi la graine germe dans la terre,
Et pourquoi la graine germe en nous?
et pourquoi notre regard est d’émotion.
Et pourquoi certains sont sensibles à certains arts
ces arts, ce que l’on pense tels…? cette pâte étalée sur la toile,
qui, -pour citer Denis: » avant d’être un cheval de bataille,
une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane
recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées … »
Oui, mais l’ attouchement du hasard – d’un froissement une aile ou une feuille ,
venant à mon regard, et la lumière d’un instant, qui rebondit jusqu’à moi…
que je fixe en photographie, l’instant fugitif,
Comme celui où le bras se lance, le pinceau affleure, et puis se pose, virevolte…
—–> Je le laisse faire, regardant ce qui arrive. Ce geste est le mien…
RC – 22 mai 2013
–
—
tu entends sortilège, ( cette expression ) est issue d’un article récent de Lamber Sav, visible ici:http://aloredelam.com/2013/05/23/lingua-franca-ou-comment-sen-debarrasser/#respond
-
Lamber Sav j’aime bien tes dessins , c’est à la plume ?
-
Re Chab Non, au pinceau calligraphique
-
Re Chab ( ils ne sont pas tous de qualité égale, mais il y en a des intéressants)… https://www.facebook.com/media/set/?set=a.605439832799455.1073741828.100000003307397&type=3 Et- comme le permet les sculptures, l’intérêt est de tourner autour… donc qq fois il y a plusieurs versions dessins de mêmes sculptures avec des angles différents
faites en gde majorité à partir des sculptures de Matisse fin 2009–que je complète avec cet extrait de « Oreiller d’herbes » de N Sôseki:visible dans « à fleur de mots… »–Puisqu’il est difficile de vivre dans ce monde que l’on ne peut quitter, il faut le rendre un tant soit peu confortable, afin que la vie éphémère y soit vivable, ne fût-ce qu’en ce laps de temps éphémère. C’est alors que se déclare la vocation du poète, c’est alors que se révèle la mission du peintre. Tout artiste est précieux car il apaise le monde humain et enrichit le cœur des hommes.Ce qui débarrasse de tout ennui ce monde, où il est difficile de vivre et projette sous vos yeux un monde de grâce, c’est la poésie, c’est la peinture. Ou encore, c’est la musique et la sculpture. Pour être exact, il ne s’agit pas de projeter le monde. Il suffit d’y poser son regard directement, c’est là que naît la poésie et c’est là que le chant s’élève. Même si l’idée n’est pas couchée par écrit, le son du cristal résonne dans le cœur. Même si la peinture n’est pas étalée sur la toile, l’éclat des couleurs se reflète dans le regard intérieur. Il suffit de contempler le monde où l’on vit, et de contenir, avec pureté et clarté, dans l’appareil photographique de l’esprit, le monde d’ici-bas, futile et chaotique. C’est pourquoi un poète anonyme qui n’a pas écrit un seul vers, un peintre obscur qui n’a pas peint une seule toile, sont plus heureux qu’un millionnaire, qu’un prince, que toutes les célébrités du monde trivial, car les premiers savent observer la vie, peuvent s’abstraire de toute préoccupation, sont en mesure d’entrer dans le monde de la pureté, de construire l’univers unique et de balayer les contraintes de l’égoïsme.Soseki Natsume, Oreiller d’herbes, 1906 (trad. R. de Ceccatty, Rivages, 1987)
Le geste avait pris sa main ( RC )

dessin calligraphique à partir d’une sculpture de Matisse, exposition Matisse et Rodin, musée Rodin, décembre 2009
–
Ce qu’il se passe sur sa page,
je ne peux l’expliquer …
il y a de l’oubli nécessaire, et un temps céleste,
qui brouillaient sa présence et dirigeaient ses pas.
Des pas d’encre quand je débarquais demi- inconscient,
franchissant des seuils sans s’arrêter,
usant de l’entaille comme des signes, portés par une mémoire.
Elle était là, à ma place, basculant au bord du monde,
et se frayait un chemin parmi la surface,
toute à elle sans un parcours de sève ,
unie au tracé rapide sur la feuille qui tremble.
J’avais vécu le temps d’un baiser anonyme,
qui ne laisse de son passage, que la trace du dessin,
C’était un grand geste précis qui allait se lancer
dans une arabesque, et le mouvement seul,
avait pris sa main.
Il se demanda encore s’il y était pour quelque chose,
confondant le destin et le dessin.
Une seule lettre en sépare le sens….
On lui dit que oui .
–
RC – 10 avril 2013
–
Fabienne Verdier Calligraphe ( RC )
A l’apprentissage
du labeur quotidien
haiku , l’air de rien
Science – infuse ?
sur la page vierge
le geste fuse
Gestes libres
Poignet en mouvements
Effleurement de page
Le pesé, le léger
Le pinceau, la main
Le rapide, le retourné
Mes mots sont mon encre
Et mon encre mes mots
Graphie sans retour
Grains de surface
Calligraphie – l’unique
Poème d’encre
–
RC – 2 avril 2011
— voir aussi les articles consacrés à F V dans les carnets de JLK ( Jean-Louis Kuffer)
–
Coloration noire ( RC )
–
Quand revient l’été, le soleil ardent
C’est de la surface, le brûlant
Dont nous protègent les arbres, et l’ombre
Pour qu’à la canicule, on choisisse le sombre
C’est bien une histoire en nuances
De sombre, et de clair, c’ est dans la balance
Pigmentés de rose, de jaune de noir
C’est de la peau, raconter l’histoire
Une enveloppe qui recouvre le corps
Protection, des aventures du dehors
Les aspects variés, certains diront , les races
Moi, je resterai, en couleurs, sur la surface
Pour fuir les idées simplistes
Pouvant conduire, celles du raciste
La couleur de la peau, la coloration
Rime trop souvent, avec ségrégation
RC- février 2012
Jules Supervielle – C’est tout ce que nous aurions voulu faire..
–
C’est tout ce que nous aurions voulu faire
et n’avons pas fait,
Ce qui a voulu prendre la parole
et n’a pas trouvé les mots qu’il fallait,
Tout ce qui nous a quittés
sans rien nous dire de son secret,
Ce que nous pouvons toucher et même creuser
par le fer sans jamais l’atteindre,
Ce qui est devenu vagues et encore vagues
parce qu’il se cherche sans se trouver,
Ce qui est devenu écume
pour ne pas mourir tout à fait,
Ce qui est devenu sillage de quelques secondes
par goût fondamental de l’éternel,
Ce qui avance dans les profondeurs
et ne montera jamais à la surface,
Ce qui avance à la surface
et redoute les profondeurs,
Tout cela et bien plus encore,
La mer.
Jules Supervielle.
–
Arthémisia: – Le Temps de Dieu
Voici le temps de pose,
L’éternel matin,
Où même l’eau ne bouge,
Et où le ciel encore embrumé de sommeil
Se décide lentement à ouvrir les yeux.
Les barques indolentes attendent l’éclaireur.
Le geste ne vient pas.
Seul le soleil grille.
Aujourd’hui Dieu aurait-il
Donné du temps aux hommes,
Un temps vaguement rose
Clair, et rose
Comme l’aile de l’insecte
Qui si délicatement se pose
Sur la surface inerte ?
Ou peut-être est ce simplement le temps
D’un dernier baiser ?
Nul ne sait…
Copyright © Arthémisia – Juillet 2008
Avec : Styx – Copyright © Paco que je remercie infimement et chez qui une petite visite s’impose.
Et moi-même je remercie Arthie, pour ses superbes créations, et qu’elle m’autorise à en faire écho ici… j’aime notamment réactualiser les publications anciennes… afin qu’elles ne soient pas enfouies sous les feuilles du temps…