voir l'art autrement – en relation avec les textes

Articles tagués “surprise

Gérard Noiret – A travers le vin



A travers le vin tu parles au village
de ta vie comme une hermine
lorsqu’elle s’arrache la patte
du ciel encore plus incapable de surprise
que de bleu. Certaines fois
tu t’éveilles dans tes phrases
sans pouvoir te situer ni savoir
d’où provient la lumière

        (Au café de l’Eglise)

Ludwig Wittgenstein – caisse à outils, ciseaux et colle


J’ai souvent comparé le langage à une caisse à outils contenant marteau, ciseau, allumettes, clous, vis et colle. Ce n’est pas par hasard que toutes ces choses ont été mises ensemble — mais il y a des différences importantes entre les différents outils; leurs divers emplois ont un air de famille — bien que rien ne puisse être plus différent qu’un ciseau et de la colle. Les tours nouveaux que nous joue le langage chaque fois que nous abordons un nouveau domaine sont une surprise perpétuelle.

extrait des « leçons d’Esthétique » dans Leçons et conversations


Je repasse inlassablement le même air – ( RC )


Résultat de recherche d'images pour "spirale microsillon"

Je repasse inlassablement le même air,
–  comme pour vérifier que rien n’a changé.
Ainsi, faisant face à un paysage renouvelé :
je m’assure que les rochers sont bien à leur place.

Les accords se suivent,       sans fausse note,
et même,       on oublie qu’il y a une composition,
des musiciens,          chacun à leur instrument,
l’oeil rivé sur la partition,
emportés par le flux de sons,
s’y fondant littéralement .

L’oreille s’est faite familière ,
moulée dans la forme du concerto,
les prestos ,        les andante ,
suspendue au défilé des mesures .

Il n’y a pas de surprise,
–   pourtant on attend le thème,
sous les doigts du pianiste
comme s’il venait de fleurir à l’instant,
creusant son sillon
d’une fraîcheur renouvelée .

Les cordes se superposent,
s’entraînent l’une l’autre dans un entrelac,
où les archets caressent la mélodie,
ou lui répondent .

C’est un flux d’amour,
d’une alchimie savante,
qui parait pourtant spontanée ,
née du souffle des cuivres
et du rythme lancinant des basses,
comme un orgasme sonore qui enfle .

….enfle et finit par se déverser,
à la manière de la grande vague d’Hokusaï :
( on en vient même à regretter la progression de la musique,
lorsque le finale s’achève,                  et que le disque s’arrête )  .


RC – sept 2017


Magic-toc est pour toi ( RC )


 

image: montage perso

 

A ton réveil,  y aura une  surprise,
Ta petite plante  d’appartement  aura grandi soudainement
et se penchera sur toi
Comme pour te caresser

Chaque  chose   , sa solution,
Faudra plus t’en faire
Ni convoquer Mary Poppins pour tes soucis  d’organisation
J’ai le produit miracle

Tu m’en diras des nouvelles,
C’est le vendeur  du drugstore du coin
Qui m’le conseille, ça change la vie …
tu vois la vie autrement, et même

Ta bagnole pourrie  devient un carrosse,
Vla l’carrelage  qui brille,
Les  taches  qui se résorbent,
Ca va t’changer la vie…

Tu r’pars du bon pied
T’as qu’un sandwiche  dans l’frigo
Vla  qu’arrive un banquet
T’auras plus à t’soucier  de rien

T’y voyais pas bien ?  plus b’soin d’lunettes
T’avais pas d’chance au jeu
Plus de dettes  et les gros bras qu’en veulent à ton portrait
Tu pourras  bâtir la maison de tes rêves…

C’est – y pas beau tout çà, t’ es pas à t’en faire
Magi-toc est pour toi, profites en,
Profites en, dans l’magasin du coin
C’est encore en promo  !

 

RC  –  28 août 2012


Isabelle Levesque – es-tu château ?


photo perso; ombre de tour sur tour chateau de Saint-Saturnin sur Tartaronne, vers La Canourgue – 48  – 2008

 

 

 

es-tu château
ou l’ombre du silence (forme humaine)

as-tu soupirs de géant
milliers d’insectes en gorge râpeuse
respirant la terre
le géant ne sent rien respire
chaque souffle expire
une pierre

es-tu nuée sourde sur la proie (aucune chance)
tu virevoltes geste fou d’une courbe
ne s’arrête comme
encre en tache et page
loin du buvard flot noir apparu
surface couvre

es-tu quelque part en présence surprise
ou patte d’un bourdon
perdu dans la lutte

percer le corps sombre minéral
érode
la pierre grave le socle
enfonce
château dressé (faille en terre)

In Ossature du silence, © Les Deux-Siciles, 2012, p.13