C’est pour celà que tu l’as reconnue – ( RC )
–
Que se passe-t-il, une fois retraversé le temps ?
Ou plutôt que le temps nous ait retraversé.
Tu as enfoui dans ta mémoire un évènement
vécu dans ta jeunesse… oh, rien de spectaculaire :
une impression, un bruit, une odeur , une image.
Et tout cela s’est transformé en une petite boule invisible,
une graine, comme il doit y en avoir tant d’autres.
Puis un jour tu es revenu au même endroit,
et ces impressions, ces odeurs, identiques
sont venues te traverser, comme si tu étais passé
de l’autre côté d’une surface, qui serait venue
s’interposer, entre ce que tu étais
et ce que tu es aujourd’hui.
Tu saisis une limite mystérieuse,
qui n’a pas de consistance,
encore moins que celle du tain d’une glace
où tu sembles regarder un autre toi-même
avec lequel tu serais prêt à dialoguer.
Bien entendu, d’autres morceaux d’existence ,
d’autres graines seraient prêtes à éclore,
si les circonstances s’y prêtent…
en fait il suffirait de plonger au plus profond de soi,
que l’espace qui nous en sépare se dissolve .
Çà peut arriver. C’est une sorte de réminiscence,
qui franchit des limites mystérieuses.
Mais plus encore, quand ces impressions,
une fois exprimées, sont aussi partagées par d’autres .
comme si elles n’avaient plus d’hier ni demeure ,
comme si on passait en-dehors de notre enveloppe,
à travers soi, pour rejoindre l’autre personne :
elle a peut-être vécu sur un rythme aux phases identiques
quelque part, elle s’est égarée dans les mêmes labyrinthes.
C’est pour celà que tu l’as reconnue.
–
RC – avr 2017
Mokhtar El Amraoui – miroirs
sculpture Gloria Freedman
Miroirs
A ces songes de la mer dont les vagues colportent la rumeur
Ô miroirs !
Engloutissez, donc, ma mémoire,
Dans vos veines de tain et de lumière.
Là-bas,
Dans le jardin des échos,
Arrosé des plaintes des vagues,
Je dévalerai la plaine de l’oubli
Où j’ai laissé fleurir un coquelicot,
Pour ma muse
Qu’un peintre agonisant a étranglée.
D’elle, me parvient
Le parfum ensanglanté
De toiles inachevées.
C’est dans le lait de ses rêves
Qu’ont fleuri le cube et la sphère.
Ô interstices du monde !
Laissez-moi donc percer
Ses inaudibles secrets !
©Mokhtar El Amraoui
Mokhtar El Amraoui – Miroirs
A ces songes de la mer dont les vagues colportent la rumeur
Ô miroirs !
Engloutissez, donc, ma mémoire,
Dans vos veines de tain et de lumière.
Là-bas,
Dans le jardin des échos,
Arrosé des plaintes des vagues,
Je dévalerai la plaine de l’oubli
Où j’ai laissé fleurir un coquelicot,
Pour ma muse
Qu’un peintre agonisant a étranglée.
D’elle, me parvient
Le parfum ensanglanté
De toiles inachevées.
C’est dans le lait de ses rêves
Qu’ont fleuri le cube et la sphère.
Ô interstices du monde !
Laissez-moi donc percer
Ses inaudibles secrets !
©Mokhtar El Amraoui
Mokhtar El Amraoui – Miroirs
photo: Robert ParkeHarrison
A ces songes de la mer dont les vagues colportent la rumeur
Ô miroirs !
Engloutissez, donc, ma mémoire,
Dans vos veines de tain et de lumière.
Là-bas,
Dans le jardin des échos,
Arrosé des plaintes des vagues,
Je dévalerai la plaine de l’oubli
Où j’ai laissé fleurir un coquelicot,
Pour ma muse
Qu’un peintre agonisant a étranglée.
D’elle, me parvient
Le parfum ensanglanté
De toiles inachevées.
C’est dans le lait de ses rêves
Qu’ont fleuri le cube et la sphère.
Ô interstices du monde !
Laissez-moi donc percer
Ses inaudibles secrets !
©Mokhtar El Amraoui
De l’image, son retour permanent – ( RC )

sculpture: La Dame d’ Elche, Huerto del Cura, Elche, Espagne
–
Ce texte est une variation » réponse », sur celui de Jean Malrieu ( qui suit )
–
—
D’avril à novembre,
De Novembre à avril,
Je tisse à l’endroit, à l’envers,
Des mailles pour que je contourne l’hiver .
J’écris toujours, à la lumière de tes feux :
Et ceux-ci sont un don.
Une présence faisant s’ouvrir mes yeux,
Même aveuglé par la pluie fine des jours .
Ceux ci passent et, même changeants,
Sont un retour permanent .
Et si les sillons du temps,
Laissent leur empreinte sur ma peau…
Ton image est un miroir,
Suspendu quelque part,
Impalpable et lisse,
Au delà du tain .
Chaque chose est nouvelle,
Et toi, vivante, au défilé des heures.
–
RC – nov 2014
—
.
Je suis devant toi comme un enfant,
plein de pluie et de ravage,
ai cour d’un automne de silence
comme au centre d’une place assiégée
par l’herbe brûlée.
Je t’écris pour alléger le temps.
Cette page que je griffonne est un miroir.
D’elle va surgir un destin inattendu.
Car ma lutte contre le temps est ancienne.
J’écris toujours la même chose :
elle est nouvelle.
Que je lise à l’envers, à l’endroit,
l’inquiétude est éclairée
Je n’y peux rien.
Les années passent, me révèlent.
Mon visage s’affirme sous la pluie fine des jours
qui vient vers nous sur ses milliers, de pas agiles.
J’écris pour être avec toi
dans la paille douce et chaude de la vie.
Jean Malrieu
A l’affut du tain ( RC )
–
Un pinceau lumière,
Ainsi renvoyé,
Zig-Zague au verre biseauté,
Une surface dressée,
Un obstacle , dit la profondeur,
Et pointe l’illusion,
.. ce que je ne connaîtrais pas,
Sans artifice,
Mon visage…
Une surface dressée,
Mais cachant peut-être
Un regard derrière,
Qui n’est pas le mien,
A l’affut du tain
Derrière mon reflet,
Le pinceau d’un décor
Se construit, à l’arrière
– Du présent.
Une surface dressée,
– peut-on lui faire confiance ?-
( Déjà portant nom de « trompe l’oeil »).
Par fausse profondeur,
En masquant l’avant,
Pour dire tout autre chose.
A rassembler ses esprits
En plusieurs pièces
Echappées du lisse,
Miroir aux alouettes,
Dans une découpe de ciel
Les oiseaux s’y trompent.
Et du bec,
Se cognent,dans l’image
Des nuages
L’appel de l’espace,
Part dans tous les sens,
Si la glace se morcelle,
L’illusion se dissipe,
Avec le verre partant
Dans tous ses éclats.
Parlent dans les débris,
Plusieurs langages,
Ne se comprenant plus.
–
RC – 24 septembre 2013
-sur ce thème du miroir brisé
on peut aussi voir une autre option, celle de Jeno Eugene Detvay
le travers d’paradis Ophélie (RC)
Aux vérités de travers,
Il faut les remettre en place
Et au tain de la glace
Passer à travers
Sur les étendues gelées
C’est bien ce qui se passe
Lorsque la glace casse
Et se voit soulevée

Qui voit le paradis
Et nous en fait récit
Est sans doute rétréci
Parce que refroidi
C’est du plus bel effet
Même – traitement sévère
De passer derrière
L’image de ton reflet
Image concassée, brisures
Mais d’éclats boussures
En faire peinture,pâture,
C’est contre-nature
Et le calme revenu
J’nirai pas aboyer
Porter — face de noyé
Mais – — Qu’est-il devenu ?
J’le trouve un peu pâli
D’avoir séjourné dans l’eau
Et s’être renversé ( çà c’est pas d’pot)
Avoir conversé (avec Ophélie)
La d’moiselle est belle
Elle a une quinte de toux
Ses cheveux sont roux
Et d’mes jambes se mêlent
Ophélie -pâlie -a- dit
Tu r’viendras demain
Mais là est mon jardin
C’est pas l ‘paradis
C’est pas ton domaine
Toi, et tes mystères
Ils sont bien sur terre
— Quel bon vent t’amène ?
Mais tu vas (céans) partir
Et sans plus discuter
Rejoindre l’autre côté
Où tu vas revenir !
Là n’est pas ta place
Chez les trépassés
Il te faut r’passer
D’laut’côté dla glace
C’est ainsi Madame
Qu’ainsi m’ revoilà
Dans votre belle villa
Juste après le drame
Chaqu’chose à sa place
Aux vérités d’travers
J’ai brisé du vers
Ce qui toujours agace
Ophélie flottante
Qu’a peint Waterhouse
C’est pas Mickey Mouse
Aux eaux miroitantes
D’mes yeux figés, jvois encore
Son beau miroir d’eaux
Qu’était plus qu’un seau
Où flottait en fleur de corps
Belle au milieu des plantes
Et les assiettes nénufars
Son visage, si blafard
Qui souvent me hante.
RC 2 fev 2012
—
et que je complète avec ce texte de Claude Ber:
—
Flaire le risque
s’est fourvoyée à pas de loup
rebrousse chemin d’un seul coup.
Ne récolte plus son blé
n’a plus rien à rire.
Fait volte-face et s’esquive
Est sortie du champ de mines
peut s’allonger sans risques dans ses cheveux
tisser ses nerfs
déplier son corps
desserrer ses lèvres
et ouvrir sa vie.
Un temps…
Dialogue des reflets (RC)
Dialogue des reflets
Cette fenêtre plate
N’ouvre sur aucune profondeur
Que la perspective éclate
En suivant ses lignes ferveur
Se révèlent à travers elle
Reflets et lumières
Qui n’habitent pas du réel
Mais le champ des hiers
Que tu ne vois pas de face…
Un dialogue du regard
En quelque sorte, une préface
Etablie avec mon miroir
Derrière, se jouent les scènes
Découpées dans le temps
Et souvent parsèment
Les espaces du vent
Des Velasquez en Ménines
Les psychés inclinées
De la chute en abîmes
Aux décors subliminés
Tu perçois dans le lisse
Ce que tu sens et devines
Les parcours factices
En brillances et patines
Reflets des matins
Les lumières fugaces
Des glaces sans tain
A la profondeur vorace
Portent vers le soir
Les portraits captés
L’épopée des noirs
Des regards arrêtés.
Si le miroir révèle
Les instants ébahis
C’est aussi en parcelles
Qu’il t’a saisie, et trahie
RCh 8-12-2011
A noter que le critique et philosophe sur l’art, Daniel Arasse, est l’auteur dans ses études sur les tableaux d’une analyse très intéressante sur le célèbre tableau de Velasquez: » les Menines »… qui a posé « question » à beaucoup de gens entre autre à des artistes, tels que Picasso, qui en a fait de très belles et personnelles variations, ainsi que le sculpteur et peintre Manolo Valdès…