Trop lourd, pour que je reste debout, à la surface du monde – ( RC )

gravure sur bois Lynd Ward
Le poids de ma tête est trop lourd
pour que je reste debout,
à la surface du monde.
Je le creuse avec les dents,
la face contre terre,
et il m’arrive de trouver,
quand je dévisse un membre,
mon double, sculpté dans le bois,
par ces racines revêches,
qui ont fini par absorber mon sang.
C’est ainsi que ma vue s’est brouillée,
sans doute à cause de la poussière,
qui, elle aussi encombre mon esprit.
Je ne pense qu’aux temps,
où, trop léger sans doute,
je planais à quelques mètres
au-dessus du sol.
Composé de plusieurs parties
prévues pour s’emboîter,
il a fallu les rassembler.
J’étais à la recherche de la pièce manquante,
qu’on déniche par inadvertance :
un visage à modeler,
qui, maintenant que j’y pense,
offre une certaine ressemblance
à celui qui me fait face et me regarde,
dans le dédale des racines .
Le poids de ma tête est trop lourd :
je ne peux que supposer
que trop d’années l’ont plombée :
le jour se confond avec la nuit,
et je ne peux saisir aucune de ces lueurs,
enfouies dans la terre.
Je ne peux que les imaginer…
car, si j’y voyais encore,
je verrais croître les arbres
se nourrissant de morceaux d’étoiles.
La mienne doit être quelque part,
car un jour je l’ai perdue…
Reiner Kunze – le tilleul

Le tilleul
Nous l’avons planté
de nos mains
Maintenant nous renversons
la tête
et déchiffrons sur lui
ce que tout au plus
il nous reste de temps
Comme s’il avait un pressentiment, il emplit
pour nous le ciel de fleurs.
——
Die Linde
Wir pflanzen sie
mit eigener hand
Nun legen
den kopf wir in den nacken
und lesen ab an ihr,
was uns, wenn’s hoch kommt,
bleibt an zeit
Als ahne sie’s, füllt sie
den himmel uns mit blüten
Reiner Kunze, Nuit des tilleuls, traduction de Mireille Gansel & Gwenn Darras,
Gargouilles et corbeaux – ( RC )

Deux corbeaux se posent,
sous la voûte gothique :
ce sont deux ombres, – esprit des cierges
entourant le catafalque -,
qui se nourrissent de cantiques .
Les saints représentés sur les statues
restent immobiles,
leur tête chevelue de poussière,
leurs vêtements de pierre
abritent quelque oiseau nocturne.
Les pinacles se dessinent en noir
contre un ciel d’orage.
Pas de prières en dehors des horaires
Le « son et lumière «
ne fonctionne plus à cette heure .
Le parvis de la cathédrale est désert
et les gargouilles entament
une conversation muette,
leur gueule grande ouverte
aboyant sur les nuages .
S’arracher au sol – ( RC )

photo Parc des Cevennes
–
La tête à l’envers,
Montée sur l’échelle,
quelque part sur la terre,
Au delà du ciel,
crevant les nuages
Après l’ascension lente,
que rien ne décourage,
Même pas les pentes,
D’abruptes avancées,
de rochers branlants
Aux horizons fermés
leurs glaciers luisants
comme des mâts de cocagne,
plantés comme un défi,
au milieu de la campagne,
– caprices de topographie…
Alors , il est bien tentant,
De s’arracher au sol
Combattre la pesanteur en la bravant
Pour prendre son envol.
Il est tombé, le soir,
Sur le Mont Aigoual,
Tu vas mieux pouvoir
observer les étoiles,
Que depuis son observatoire
croiser les satellites
Dans la nuit noire,
d’un espace sans limites
Les cheveux de couleur
des aurores boréales,
feront ton bonheur,
d’un vol sans escale
En chevauchant Pégase,
ses ailes ,sur l’air,appuyées ,
ignorant les cases,
des jeux de société.
Tu iras bercer les lunes
dans tes bras blancs
survoler les dunes,
les soleils aveuglants.
et les pays lointains,
dont tu rêvais,
Seront à portée de main,
et même si près,
que la planète te semble
bien petite , ma foi,
Même si elle tremble,
encore, et aussi de froid
pour les habitants de la terre,
Il serait aussi, passé de mode,
de se faire la guerre,
jusque aux antipodes….
Fini le temps des nations,
Des bains de sang,
de la désunion,
Tu auras bien le temps
de faire un petit tour et revenir,
Accrochée à une étincelle
le temps d’un soupir,
Et d’un coup d’aile….
Rien ne peut repousser la nuit – ( RC )
Elaine Sturtevant d’après Marcel Duchamp : » fresh widow »
–
Il y a cette fenêtre :
Les ténèbres s’y prélassent .
Peut-être est-ce le jour
qui ne peut rentrer :
Ma chambre, comme ma tête,
est close de rideaux noirs,
fermée sur sa blessure,
où se sont dissoutes les joies ,
que m’offrait ton visage
si loin dans le temps,
que je ne rappelle plus bien
—ni de son expression exacte,
—ni de la chaleur
qui m’envahissait .
Ma blessure a saigné ,
puis le sang s’est retiré,
en marée descendante .
Je ne peux même plus ,
saisir la lumière :
mes veines sont sèches ;
rien ne peut repousser la nuit .
–
RC – juin 2017
Le vent me dépasse d’une courte tête – ( RC )
Image – montage perso
Ainsi court le vent :
Ce n’est pas encore la tempête.
Il me dépasse d’une courte tête,
Que je marche doucement
Ou en courant.
J’ai peur de mon ombre
Celle-ci m’encombre
Et passe devant.
C’est un peu comme l’oiseau
Effrayé par son reflet .
Le poète ouvre son carnet
Aurait-il peur des mots
Dès que se présente une idée ?:
Il se dépêche de les écrire,
Il craint de les voir s’évanouir
Il va les emprisonner .
Mais ceux-ci toujours chantent :
et disent la pluie salée,
la douceur de la peau effleurée .
Ils sont en attente .
Sous la main qui tremble
ils vont ressurgir,
crier ou bien rire :
vois comme ils s’assemblent
au moindre prétexte
un mariage illégitime,
associant des rimes
tout au long d’un texte.
On dirait qu’ils s’arrangent
pour vivre leur propre vie,
sans demander mon avis ,
quand la main me démange .
Ils débordent de l’esprit ;
je ne fais rien pour les contenir ;
juste les écrire
sans que je les aie appris.
Quelqu’un parle par ma main :
c’est une sorte de phénomène,
par lequel je me promène :
Je n’en connais pas le chemin.
–
RC – juill 2016
Image – montage perso
Peindre l’intérieur de sa tête en blanc, ou noir ( selon ) – (RC )
–
Il y a des secrets enfouis sous la glace,
Elle conserve au frais les souvenirs des étés,
Au plus profond des crevasses .
Elles se sont refermées sur ce qui a été.
Un fleuve de blancheur à la coulée lente,
Qui dévale les années,
Accroché aux pentes,
Des plus hautes vallées .
–
Les secrets ont leur gardien,
Il en reste toujours une trace.
On a beau les taire, un jour, cela ne sert à rien…
Il y a toujours quelque chose qui dépasse .
C’est comme si tu repeignais de blanc,
L’intérieur de ta tête, pour effacer,
Toute trace du passé,
Gravé en lettres de sang .
–
Choisis plutôt le noir
Personne n’y verra goutte …
Une bonne solution , sans doute,
Pour perdre la mémoire ,
Te refaire une santé ,
> Effacer les preuves…
— Mais crois tu qu’avec une peau neuve,
Tu peux prétendre à la virginité ?
–
RC – déc 2014
La tête du monstre de fer – ( RC )
photo perso: oeuvre du sculpteur A Jakovskis 2001 – europaparkos Vilnius
–
Au détour de forêts mystérieuses
Les rideaux du soleil
Accrochés dans les brumes
Entre les troncs.
Bien sûr, ce qui vient à l’esprit
« les fées sont d’exquises danseuses » *
Et les doigts de lumière
Evoquent les légendes .
Celles des esprits des bois ;
Les marches taillées dans le granite,
proches d’un sommet
servant peut-être
A enjamber
L’échelle des siècles.
Un rituel du sang
Réservé aux initiés.
En progressant de clairière en clairière,
J’ai rencontré le monstre de fer.
Je ne peux expliquer comment
Sa tête seule , échoua là ….
Ni quelle bataille,
Avait déchiqueté le temps. .
La tête seule me regardait
de ses yeux vides .
La rouille déjà progressait
De jeunes pousses proliférant ;
La nature reconquiert ses droits,
Quelques décennies plus tard ,
Elle finira par digérer la face de métal.
Le corps décapité ayant continué sa marche,
Quelque temps, pour finir, avalé par l’étang voisin
Maintenant parcouru par des canards .
–
RC- oct 2014
- les fées sont d’exquises danseuses ,est le titre d’une pièce pour piano de Claude Debussy
–
Rassasié d’une vie – ( RC )
-art – enluminure médiévale: La Hague, MMW, 10 A 11, detail of fol. 320r (‘Souls ascending to Janus and Terminus, who are holding the world; souls descending to hell’). , La Cité de Dieu Translation from the Latin by Raoul de Presles. Paris; c. 1475
La tête est venue
La première…
Et l’extérieur tout d’un coup
Se projette au -dedans
Envahit les poumons ,
Le premier jour d’un cri,
C’était naissance,
Ce jour là ,
Et la tête la première,
Arrivée au monde, – lourde.
> Les corps usés, inversement ,
Le dernier jour, de cri,
Voient les âmes s’échapper,
Du monde, …. légères .
– On ne sait où,
Personne ne peut les suivre,
Ni ici, ni sur terre
Ou ailleurs, si elles se rassemblent ,
Ou reviennent,
Redistribuées à d’autres,
Si leur souffle se transmet,
Par les ondes,
Ou les racines,
Et sous d’autres formes.
Figures passagères,
Locataires des corps,
Rassasiés d’une vie,
Qui peut recommencer ,
Au sortir de la nuit.
–
RC – avril 2014
Ces pierres soulevées d’un mouvement de plume – ( RC )

Collage: Max Ernst: Santa Conversazione, 1921
–
Tu prends dans tes mains les oiseaux,
Tu les mets dans ta tête,
Tu n’as pas besoin de maison,
Ni de t’enfermer à double tour,
L’été est chez toi,
Tu arraches des mots aux herbes.
Les pierres deviennent légères,
Celles que tu soulèves d’un mouvement de plume.
Par la fenêtre, des martinets voltigent.
Mais elle ne donne pas sur l’extérieur,
Et, dans l’esprit,
Tous les oiseaux du monde y volent
librement ,à toutes profondeurs°
° ( provenant de la citation de Nicolas de Staël: » La peinture est un mur, où tous les oiseaux du monde y volent librement à toutes profondeurs » ).
–
( en réponse à « août » de « Carnet d’au bord », de Sophie G Lucas )
–
Blanche ( revue petite )
–
J’ai vécu, Blanche, dans la fascination
des choses simples
(dans le transport
des nuages et des feuilles,
de. Peau repliée, sur l’amande de la
soif.)
J’ai mesuré le néant
dans l’absence
où l’ombre devient chair.
Tout ce temps dans mon dos
me pousse vers demain,
ma tête bleuie
sur l’épaule du jour.
–
—
Robert Piccamiglio – la petite forêt à crédit
peinture: Camille Pissarro ; la route de Louveciennes 1871
–
j’avais acheté
une forêt entière
à crédit
une petite forêt
avec seulement un seul chemin
pour la traverser
je croyais
que les arbres
ça parlait mieux
que les hommes
parce que moi
je n’avais personne
à qui parler
je me suis appuyé
contre eux
en posant ma tête
contre leurs troncs
rien
pas un seul de ces arbres
ne répondait
entre eux
ils devaient bien se parler
se dire des trucs
d’hommes ou d’arbres
avec moi
rien ne sortait
Alors j’ai acheté
une tronçonneuse
j’ai coupé tous les arbres
barré le chemin
regardé le ciel
une dernière fois
et j’ai posé la lame
contre ma gorge
—
extrait de « le jour, la nuit, ou le contraire »
ed Jacques Bremond
–
Claude Esteban – Mémoire
Non, la mémoire ne se résume nullement à la somme des choses mortes entassées
dans la tête. Elle est tapie au creux d’une odeur, d’une feuille froissée par la pluie, d’un
murmure. Et que l’on fasse taire en soi le bruissement de la pensée; qu’on s’arrache à
ce théâtre de mauvais rêves, le paysage se recompose, les formes s’animent, les
couleurs recommencent à vibrer. Rien ne bouge pour celui qui se détourne, tout
s’éveille au-devant de celui qui reste à l’écoute et il ne craint plus. On cherche à
l’endroit d’une ancienne blessure, et c’est à peine si la peau tressaille. Et c’est à
présent l’immobile qui devient une fiction, et cette lassitude d’avoir tant vécu
comme une invitation à poursuivre encore.
Claude Esteban
in » La mort à distance «
Le temps a du sursis – ( RC )
Le temps a du sursis
C’est lui qui m’a surpris.
Je suis venu te lire
Avant que les pages ne se déchirent.
A me glisser sous l’écharpe
De tes lignes, j’attrape,
Un morceau de coeur en mots
Dont je me fais proche écho.
En redoublant d’efforts
… Autres horizons, autres décors
Pour Bd’ s et phylactères
Partager semblables repères
Aux parfums de fête
Qui t’ont tourné la tête
Que dire de l’intime ?
D’une vie qui s’anime…
J’entrecroise mes lignes
Aux tiennes, nouvelles rimes.
Réconciliées aux lendemains
J’entrecroise les doigts des mains.
Et partage le reflet
mouvant des fées
Dans un lac au repos
Ondulant, sans crapauds
Au silence limpide
D’étendue liquide
Parfums, phrases d’amour
De tous tes mots autour.
–
RC – janvier 2012, modifié 15 janvier 2013
–
Lettre habillée ( RC )
camisole ( RC )
–
Ouvre donc ces portes , que le vent s’engouffre
Qu’un peu d’air glisse sur ces carreaux lisses !!
Que je sente un peu du dehors les bruits qui frappent !!
Un peu au mur de la vie, celle qui est à l’écart…
Ouvrez donc un peu, que mon regard franchisse
La salle, et les couloirs, et les carreaux blancs encore,
Il y a trop de monde dans ma tête qui se heurtent à ces murs blancs.
A ce monde préservé, sans aménité.
C’est d’un neutre, cette absence, en blanc,
Cette perte de fantaisie, de vie, de chaleur
C’est peut-être tout ce blanc, pour mieux repérer mes cris, la solitude qui se blesse aux arrondis de chromes.
Qui se répercute aux fenêtres hautes, garnies de grillage fin,
pour l’oiseau en cage.
C’est aussi pour me maintenir là,
Sur place, immobile, maintenue par des épingles sur un socle, comme les papillons.
Les échos des voix des infirmiers me rendent plus atone que leurs piqûres, et les grands couloirs.
Récurés journellement à renfort de désinfectant.
Drôle de vie que celle, empêtrée dans du blanc, du blues blanc plein les dents,
Et ma tête qui cogne, si loin de cet endroit, où seules les hirondelles me font signe,
Rayant la fenêtre haute, à coup de liberté.
Isolée dans ma camisole.
RC – 4 juillet 2012
–
–
Pierre Bergounioux – l’orphelin
Au delà de la violence extrême du manque qu’il exprime, en dehors de la rupture de lignée causée par le statut d’orphelin du père, ce besoin désespéré d’être vu, reconnu comme semblable, d’avoir contact, avec un de ses parents, qui peut guider la construction du moi, sans être universel, ni général, ni peut-être très répandu, me semble avoir été éprouvé par beaucoup, avec plus ou moins de prégnance.
Lui (ou elle, car, finalement, ce besoin de lignée va de fils à père, et de fille à mère, même si dans ce cas ce peut être refus entêté, en renoncement) parmi tous ces blocs imposants auprès desquels on est un enfançon, «encore plus chétif que les hommes faits, lesquels sont minuscules, imperceptibles au regard des sommets», eux les adultes «toujours occupés, même quand on ne leur voyait pas d’activité précise, qu’on avait la légèreté de croire qu’on ne fait rien quand on est assis dans un fauteuil, les yeux dans le vague alors qu’eux l’étaient.
Ils mettaient un temps considérable pour détourner leurs pensées de choses qui devaient être extrêmement compliquées, ajustées au dixième de millimètre, comme des machines-outils, ou vastes, encombrantes comme des buffets à deux-corps avec des rosaces, des colonnettes, des sculptures en bas-relief et des garnitures en bronze..»
André Velter – La poésie ne peut être coupée ni du sacré
Elle n’est pas un réservoir de mots d’ordre.
Elle a du souffle et pas de frontières.
Sa langue lui appartient, mais elle appartient à la rumeur des langues.
Opaque à tout populisme, elle n’a pas à craindre d’être populaire.
Si elle est vécue, elle change la vie.
D’Reality – Ma si belle imperfection
D R, , auteure, dans son blog, ( du miel et des chicons ), de ce beau texte, m’a autorisé à le publier…
—-
in Du Velours et du Satin | Tags: amour, littérature, poésie, réflexion
–
Quelques minutes d’énergie pure, d’harmonie passionnelle où je ne cède plus à la raison, où je suis entièrement moi… nue, vierge de tout apparat, où mes sens et mon instinct reprennent le dessus des conventions. Je suis le feu, le pur noyau brut. Sensuelle, extrême. Quelques minutes où je me donne sans compter, sans réfléchir. Où le corps reprend ses droits, où la tête attendra…
Tu es ma parenthèse dans ce monde de belles phrases. Tu es mon secret dans ce monde sans mystère. Tu es la ride sur mon visage lisse, celle qui reflète ma nature profonde. Tu es ma si belle imperfection. Le sillon qui me révèle. La ligne d’un nouvel horizon où je n’ai plus peur…
Souffle gonflé, carmin déposé (RC)
D’un souffle gonflé
ta bouche soufflée
cosmétique et cosmique
Carmin déposé
Plage blanche animée
Baiser donné
Je le vois , je le sens
l’arc rouge , je le prends
je dessine les contours
D’une ruche, autour.
Cà bourdonne dans ma tête
Et entête ma planète…
–
Georges Henein – Beau fixe
BEAU FIXE
dans cinq ans Je serai…
dans dix ans j’aurai…
dans quinze ans on me…
l’avenir occupe un homme
l’avenir presse un homme
l’avenir a de larges poches et l’une d’elles précisément épouse la
forme virile d’un pistolet
un regard sur une carte ; là germe l’ivoire, là le tungstène
II fait noir dans cette île où accoste un homme
il y a des cris étranges dans ce port où débarque un homme
voix et silences se cherchent, — tout est mal réparti
je ne reconnais plus mes silences, dit une femme angoissée dont le
visage n’est pas à décrire
à la douane on déclare ses souvenirs d’enfance
un homme est seul dans une rue qui est la seule rue d’une fie
on a donné à un homme de fausses adresses dans une île des plus closes
vous n’aurez qu’à vous recommander de mol et vous vous verrez
choyé et entouré
mais un homme est des moins choyés et des inoins entourés dans une île qu’il ne prévoyait pas aussi close, il y a un bateau par génération, lui dit-on, d’un air la», au bureau des renseignements d’une île
dans vingt ans un homme voguera de nouveau
l’avenir en tête
la tête blanchie
Georges Henein
• Troisième Convoi », I946
in « Le livre d’Or de la poésie française contemporaine
tome 1
— ( Marabout Université )
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-G Henein écrivait par ailleurs; Il existe des guerres justes. Mais le propre des guerres justes est de ne pas le demeurer longtemps.
Carnet de notes 1940-1973 (1980), L’Esprit frappeur
Source : Georges Henein – Ses citations – Dicocitations ™ – citation
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