Thomas Pontillo – carnets pour habiter le jour – écrire

Pourquoi écrivons-nous? Question qui nous laisse au bord de la route. Pour habiter, peut-être. Oui, pour habiter le rapport aux autres, à nous, au monde. Enfin, écrire pour avoir confiance.
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Ou peut-être écrivons-nous car la langue commune est desséchée. Commune et courante. Que faire avec ces pauvres mots du quotidien? Nous ne pouvons pas respirer. Elle n’a pas d’autre horizon qu’elle-même. Or, nous désirons tant les horizons.
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En réalité, c’est le malaise qui nous pousse à écrire. Malaise indéterminé. Quel désir nous brûle, nous porte au-delà de nous-même? Pourquoi l’écriture, aussi, est une demeure précaire?
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ThomasPontillo – Ce qu’a dit la beauté – 01

Je veux dire, avec l’humilité d’un ciel qui se propose,
la lumière qui n’est que du présent qui pense,
l’avancée du rêve parmi les vagues discrètes d’un jour,
plus beau à mesure que l’air sur mes lèvres
délivre l’hiver qui hésite au loin dans le chant des brumes.
Dire, et avec ce qui tremble au plus profond de l’âme,
célébrer la voix mêlée de nuit claire,
intensifier le geste qui accueille un corps.
Oui, dire et célébrer – encore – le pays où les pas
sur la neige sont un testament pour la beauté.
Dire, et avec les mots, augmenter en nous
la vibration secrète de l’émoi.
Lueurs immobiles sur l’éternité des eaux,
que votre majesté soit mon identité,
que mon souffle vienne mourir dans les plis de vos soupirs.
Mais est-il vrai que déjà nous ayons goûté
le temps où l’on voit monter, de larmes en larmes,
l’espoir d’un monde retrouvé ?
Thomas Pontillo – Pourquoi l’écriture, aussi, est une demeure précaire?
photo Bertrand Môgendre
En réalité, c’est le malaise qui nous pousse à écrire.
Malaise indéterminé.
Quel désir nous brûle, nous porte au-delà de nous-même?
Pourquoi l’écriture, aussi, est une demeure précaire?
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extrait de »
«
Thomas Pontillo – une langue commune desséchée
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Ou peut-être écrivons-nous car la langue commune est desséchée. Commune et courante. Que faire avec ces pauvres mots du quotidien? Nous ne pouvons pas respirer.
Elle n’a pas d’autre horizon qu’elle-même. Or, nous désirons tant les horizons.
Thomas Pontillo – Dans la nuit ( extrait de Incantations )
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Dans la nuit qu’aucun passant n’arraisonne,
vivre est déjà un chien errant,
parmi les roses de la colère
quelques visages s’ouvrent à l’éblouissant chaos.
Dans la nuit qu’aucun mot n’interroge,
j’entends mes jardins d’enfance écarter l’hiver de leurs branches,
mais où vont nos amis perdus,
vers quelles contrées, pour quel tourment ?
Dans la nuit qu’aucun arbre ne console
il y a un homme agenouillé dans ses paroles,
il mêle le passé au présent et c’est toujours
le même orage à ses tempes.
Thomas Pontillo – extrait de « Carnet pour habiter le jour »
N’être que colère
et ne pas être colère,
avoir de l’appétit pour un mystère
qui provoque félicité.
Tu tourmentes le secret
puis reviens boire l’eau fraîche dans les arbres.
Thomas Pontillo – ce qu’a dit la beauté
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extrait final de » ce qu’a dit la beauté »
Les étoiles s’attardent, la chambre
respire dans la chaleur
d’un été nocturne,
tu te réveilles, le lit défait
nos rêves et nos vies.
Tu soulèves le poids de ton corps comblé d’images
et parle à mon visage
puis mon regard, puis ma bouche
et enfin dis ces mot de pudeur :
que la beauté à jamais perdure dans nos mains…
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par rapport à Andrew Wyeth, on peut également parcourir ce texte perso
Thomas Pontillo – Incantation 01
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J’étais si près que je me perds auprès de moi,
j’ai dans mes bras les ruines du bonheur,
et les draps mon seul repos mon seul tombeau
sont vides et humides de toutes les larmes versées
en souvenir du temps qui déborde des mots.
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voir , de Thomas Pontillo « présence poétique »
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Thomas Pontillo – Il suffirait qu’un peu de ciel
extrait de Ce qu’ a dit la beauté
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Il suffirait qu’un peu de ciel
appelle d’une voix d’eau ou de vent
pour que l’air ouvre des portes battantes
vers la mer nourrie de larmes,
pour que tout se révèle,
troué d’étoiles éblouies et de joie.
Mais les oiseaux se sont tus,
le ciel est noir et vide,
les décombres s’entassent près de nos murs,
plus personne n’ouvre les yeux,
car la chair nous a quittés.
à lire parmi beaucoup de très beaux textes de Thomas Pontillo, visibles ici
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