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Mokhtar El Amraoui – Miroirs


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photo: Robert ParkeHarrison

 
A ces songes de la mer dont les vagues colportent la rumeur

Ô miroirs !
Engloutissez, donc, ma mémoire,
Dans vos veines de tain et de lumière.
Là-bas,
Dans le jardin des échos,
Arrosé des plaintes des vagues,
Je dévalerai la plaine de l’oubli
Où j’ai laissé fleurir un coquelicot,
Pour ma muse
Qu’un peintre agonisant a étranglée.
D’elle, me parvient
Le parfum ensanglanté
De toiles inachevées.
C’est dans le lait de ses rêves
Qu’ont fleuri le cube et la sphère.
Ô interstices du monde !
Laissez-moi donc percer
Ses inaudibles secrets !

©Mokhtar El Amraoui


La vie chrysalide (RC)


 

photo perso: signes au sol.Le Villaret 2009

 

La vie  chrysalide-

 

 

Ma chrysalide  je me la suis  construite

Modelée de cœur et de pensées, —– j’y habite

Un cocon tapissé de musiques, de toiles en attente

De travaux en cours, la truelle pour modeler les fentes

 

Mais au cours des années,            dans ce petit endroit

J’y ai mis tant de choses,               que je suis à l’étroit

Mes chapitres s’entassent,            les écrits s’empilent

Mon histoire, je l’ai peinte,     et les années      défilent

 

Quand il faut qu’je respire,           je sors une antenne

Je prends tous les mots doux,       et ceux de la peine

Je sais donc qu’existe,  un plus                    large espace

Qui souvent me suggère, d’autres pays, d’autres traces

 

A trop me gaver, le sol a tangué,                         je suis mal assis

Chaise prisonnière des colonnes de livres,    les murs ont rétréci

Il s’abat sur moi, en  un vol gracile,              des milliers de pages

A cette  avalanche j’ai compris soudain ,         que j’étais en cage.

 

J’aurai pu aussi,  tricoter malin,                        un feu d’cheminée

Pour  faire du vide,    et organiser,                              mon autodafé

Ma mémoire pourrait , en un court instant       , partir  en fumée

Resterait, l’usage du cœur, le reste                                    éliminé

 

Mon ptit doigt m’a dit,                              ça n’peut plus durer

Tu vas prendre la route, et ton balluchon,    et déménager

J’ai fermé à clef, et je suis parti,               avec esprit avide

Conquérir le monde, pour  laisser ici,      ma vie chrysalide.