Franck Venaille – Face tragique, corps menacé, rebelle à jamais
A jamais différent de ceux pourvus de tout.
Croyant pourtant à semblables chimères en d’
identiques rêveries conservées de l’enfance.
Il fredonne et cela donne ce léger clapotis
dans sa pensée, bleuté toutefois, pareil à cet
alcool trop amer que, frissonnant, l’on boit.
Tout juste un homme fait de sa propre mort
qui apprivoise les moineaux ceux-là gris de
douleur compagnons modestes de chambrée.
L’égal des grands soleils, du midi formidable,
de cette lame à vif qui perce le couchant.
Face tragique, corps menacé, rebelle à jamais.
Habillé de ton portrait – ( RC )

– photographe non identifié
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Habillée de brume,
Elle enveloppe l’air,
Qu’une lueur allume,
C’est tout un mystère,
Si tu fuis le noir,
Et navigues, en puissance,
Dans le laboratoire,
Avec tes expériences…
Finissons en du tragique,
Voilà ce qu’il faut que tu crées ,
D’un coup de baguette magique,
En ouvrant le tiroir aux secrets.
Et qu’ensuite, je m’endorme,
Habillé de ton portrait,
( tu vois, j’ai changé de forme ),
En empruntant tes traits.
Il n’est pas besoin d’une messe,
Ni de prier la Vierge
Pour la caresse d’une déesse,
Encore moins, de brûler des cierges .
Juste la promesse,
De ton sourire,
Me redonne une jeunesse,
Que rien ne peut ternir.
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RC- avril 2014

masque « sourire du jaguar » art traditionnel mexicain.
Au sujet des masques mexicains, que je trouve souvent exceptionnel, grâce à leur inventivité, une page synthétique de pinterest en donne une bonne idée…
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Patrick Laupin – l’homme imprononçable – extr 01
photographe non identifié
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Je voudrais que s’entende comment la violence historique rentre dans les corps, crée en chacun une parole non parlée, un soliloque muet.
D’ordinaire la poésie arrive à ça par des abréviations fabuleuses et des synthèses de foudre donnant à lire toute la structure du langage en abîme.
J’entends une poésie qui ne trahisse pas la réalité. J’imagine un théâtre, simple odyssée sous les arbres, solitaire, tacite ou social, où l’auditeur soit dans la position d’entendre ce qu’il écoute comme s’il ne l’avait jamais encore entendu prononcer, bien que vivant de tout temps de ce débordement concentré de sa propre énergie singulière.
Où soient des adresses, des voix, un lieu de la parole en soi pour qu’elle puisse exister. Sans quoi, le tragique de la folie le prouve, l’homme est un être donné pour le néant et la disparition. Que la voix retraduise ça, le lieu, le geste, le fuyant.
Que s’entendent ces voix, vulnérables de songe, sentences retorses qui évident le mensonge, une beauté statuaire dans le calme plat de l’invective.
Je voudrais que s’entende une langue qui par la répartie instantanée retourne le sens à son vide, à la cruauté rapace d’envol qui dort dans la guerre intestine des corps, à la douceur élue de la beauté.
Ennuis, soleils, traites impayées, corps courbaturé et l’oppression, le souffle de la révolte.
Je me dis qu’une page est tracée diaphane chaque jour au soupir de notre disparition.
Je voudrais lui rendre son invention de chair, de verbe et d’insurrection sacrée.
(extrait de L’Homme imprononçable, La rumeur libre éditions, 2007)