Charles Reznikoff – Te deum

Ce ne sont des victoires
que je chante,
je n’en ai pas,
mais le soleil qui brille pour tous,
la brise,
les largesses du printemps.
Non la victoire,
mais le travail quotidien accompli
du mieux que je pouvais :
non un siège sur l’estrade,
mais à la table commune.
Penthi Holappa – La prochaine fois que je viendrai au monde
La prochaine fois que je viendrai au monde
ici je transcrirai chaque minute dès le début.
Je n’en consommerai pas une seule sans réfléchir d’abord,
et le cas échéant j’arrêterai le temps
afin qu’il attende ma décision.
Je choisirai les jours de calme, le travail,
les nuits ardentes,
les proches les plus sages,
mes amours les plus belles et les plus fidèles.
Avant la scène de l’amour, pendant et après,
ni mon partenaire ni moi-même ne devrons nous sentir
étrangers.
Jamais, si la vie dépérit et avec elle toutes les choses,
je ne me dirai que demain il sera trop tard.
Antonio Reis – Mes mains
Il n’est pas
en mes mains
que désespoir.
Il n’est
pour mes mains
que travail
et sommeil
Il n’est que
gel
et brûlure
Il n’est
découragement
ni abondance
Il n’est qu’os
muscle
sang
Pores aussi
par où je transpire
Mais il n’est pas
de possession.
Antonio REIS revue« Action Poétique * (mars 1960) 11
Paolo Messina – Résurgence
— > article visible sur le blog de Sempre0allegra
–
E’ un tempo, una passione, un modo di andare, da un luogo di vita ad uno diverso,
l’andare, qui ora, segna un dolore,
le cose terrene, fragili accordi,
lavoro negato, dignità sepolta,
la felicità è perduta, la legalità muore;
ci lasciano l’ombra,desiderio di niente,
alziamo maree e lasciamo alle cose
il silenzo del mare;
elogio dell’ombra che porta la vita!
Paolo Messina
Serena pasqua di risorgenza 2011
–
… »lascia che l’altro sia quello che è….. »
Il est temps de sortir de l’ombre, le silence fétiche d’un pays fatigué, il est temps d’aimer notre pays »
RESURGENCE (1)
il est un temps, une passion, une manière de faire, d’un point à l’autre,
être actif aujourd’hui engendre des douleurs
les choses de la terre, ces accords fragiles
le travail refusé, notre dignité ensevelie
le bonheur est perdu, la légalité meurt
on sort de l’ombre, mais sans aucun désir
on soulève des marées et on les abandonne au hasard
le silence de la mer
louanges de l’ombre qui porte la vie
(1) réapparition
L’armoire, porteuse d’histoires (RC)
La vieille armoire, celle qui prend feu
A abrité longtemps des piles de draps
Des trousseaux inutilisés, mangés par les rats
Autres générations , autres enjeux
Tante Ernestine est morte
Un jour d’hiver fardé
Auprès de son feu, attardée
Un jour , a cédé sa porte
Et les piles des habits d’antan
Les parures et les dentelles
Napperons de belle vaisselle
N’ont pas attendu les petits enfants
Partis ailleurs émigrer
Se chercher, loin du bercail
Une raison de vivre, un travail,
Evidemment de leur plein gré
La maison d’Ernestine est vide
Personne n’est revenu au village
Lui rendre un dernier hommage
Aux maisons barricadées, arides
Il a fallu extraire les meubles pesants
Du pays de la famine
Rongés par la vermine
La vie d’antan, du modèle paysan
Le feu qui maintenant
Dévore le bois craquant du sapin
Se nourrit des volutes du destin
De l’exil, des déserrements
Alors que, patient témoin gris
L’olivier au feuillage argenté
Décrit le temps des ancêtres arrêté
Sans s’en montrer davantage aigri.
RC
–