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Erri de Luca – la brebis brune


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photo denvedarvro  ( écomusée  du musée de Rennes )

 

 

La brebis brune

Est la première agressée par l’éclair et le loup,
le tour de mauvaise chance qui gâte la couleur uniforme
du blanc troupeau.
Le jour la chasse, la nuit l’accueille
dans le noir térébenthine qui dissout couleurs et contours
et fait qu’elle ressemble aux autres.
La nuit est plus juste que le jour.
Face au danger le cri le plus limpide est le sien,
sur la glace de l’aube c’est elle qui marque la trace.
Où passent les confins, elle seule longe la haie de mures
Qui fait frontière à la vie frénétique, féroce, qui ne donne répit.

La pecora bruna

È la prima aggredita dal lampo e dal lupo,
lo scherzo di mala fortuna che guasta il colore uniforme
del bianco di gregge.
Il giorno la scaccia, la notte l’accoglie
nel buio d’acqua ragia che scioglie colore e contorno
e fa che assomigli alle altre.
La notte è più giusta del giorno.
In faccia al pericolo il grido più limpido è il suo,
sul ghiaccio dell’ alba la traccia è battuta da lei.
Dove corre il confine, lei sola rasenta la siepe di more,
e chi si è smarrito si tiene al di qua della pecora bruna,
che fa da frontiera alla vita veloce, feroce, che tregua non dà.

———-

traduction par Antonio Silvestrone : voir son site 


Roger Cibien – Où êtes-vous, bergers


 

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J’aimais, j’aimais beaucoup rencontrer sur ma route
Les vénérables pâtres, lents à se confier,
Parlant à petits mots, avec des gestes de sorciers,
Dans l’immense silence, ils me disaient… Ecoute !

Et alors subjugué, effrayé par mes doutes
J’écoutais, le vent, la terre, les sentiers
Parler, jaser, siffler.
Le grand monde alors m’épiait

Mais le pâtre était là, expliquant ma déroute.
Mais les bergers sont morts …
C’est un fil électrique
Qui garde le troupeau.

Finies les images d’Attique,
Rompu le trait d’union de Dieu et des Bergers.
Les secrets de la terre, les mystères du ciel
S’arrêtent à un fil invisible et cruel !

Où êtes-vous Pasteurs ? Où êtes-vous Bergers ?

 

Roger CIBIEN  (  extrait d’une  anthologie  de la poésie  lozérienne )


Thomas Vinau – Ni foule, ni meute


statuaire   vierge  &  enfants 02

–                           sculpture médiévale  – photo perso   -Musée Fenaille  Rodez

 

Ni foule

ni meute

mais plutôt

un troupeau

pâle et rose

transhumance

de nos petites

forces vives

qui traversent

les neiges grises

entre mes yeux

et tes sourires


Vagues de laine – ( RC )


suite broutante - photo perso : le Beyrac  Lozère 10/2015

suite broutante – photo perso : le Beyrac Lozère 10/2015

 

 

 

 

C’est un troupeau dans un enclos en pente ;
Il se gorge de l’herbe grasse,
– un corps solidaire à têtes multiples –
dont la masse dissimule
ce qui reste  de sol.

A les voir moutonner, se presser en vagues
de laine      à palper du  regard,
à défaut des doigts,
dans la tiédeur confuse
ondulée par le soleil .

Lui,  rebondirait sur ces îles.
Elles se séparent et gravissent ensemble la pente ;
elles se suivent,    et dessinent  en beige clair
le tracé du chemin ,       laissant sur place
les têtes de rochers, nues .

Brebis et bêlements se déplaçant aussi.
( J’aurais voulu plonger dans leur manteau blanc,
les boucles autour des doigts,
connaître de mes paumes
le museau fébrile de l’agneau ).

Mais du troupeau, maintenant hors de vue,
stationné, peureux,  sur une autre pente.
Il n’est resté, quelques instants plus tard,
qu’un enclos désert,
derrière les mailles de son grillage  .

RC – nov 2015


Yves Broussard – le souffle levé


étude de ciel 1 27x22 mus Bx Arts Le Havre

 

peinture:  Eugène Boudin   : étude de nuages . Musée  du Havre

 

Imprécise
la forêt s’étend
sous les vols épars
et les meurtrissures

Favorisant parfois
sous de belles enjambées
la poussée du vent
le braconnier disperse
les émondes
et affine son âme

Le poing serré
sur son bâton
il domine
Joue contre joue
les enfants s’aventurent
en leur devenir

A la faveur d’un geste
leur passion commune
devient rêve
imprécis

L’oiseau quitte sa branche

Et le ciel fendillé
s’offre à éclairer
nos silences
Dans l’infini bleu
se perdent les labours

Celle qui s’inventait
des anges après minuit
rejoint les restes du troupeau

Dans quel miroir
a-t-elle abandonné
ses rêves ?
L’après est dans l’avant

Yves BROUSSARD


Jean-Baptiste Tati-Loutard – Quelques lampées d’eau ne peuvent éteindre le feu du cœur


 

photo - montage perso

photo – montage perso

 

Nous avons enfoui l’éclat de noces
En ce bord du haut fleuve,
Et la terre tourne au seul vertige
De notre amour.
Les crues vont sonner l’alerte contre l’arbre
Où l’oiseau des sables sous la feuillée
N’est plus que son propre cri.
Quelques lampées d’eau ne peuvent éteindre
Le feu du cœur.
Tu es le seul pâturage qui me reste,
Étends ton corps comme l’herbe des champs,
Que j’y conduise le troupeau de mes désirs.


Robert Piccamiglio – Midlands – 06 – Plus tard ( 02 )


peinture:                Valerio Adami:            La nuit étoilée

 

 

 

 

 

L’argile du cœur broyé par l’indifférence. La peur. La haine.

Aux pieds des frénésies du pouvoir toujours en marche.

Ce pouvoir je l’ai senti

sur les scènes du monde entier.

Je n’étais alors ni le troupeau

ni l’infime sillon. ni le berger anonyme.

J’étais comme cette terre riche de feu. Fusion éternelle. Longue course vers l’infini.

J’étais le ciel heurtant les saisons. L’amant.

La maîtresse habillée de gestes vifs. Insoumise.

J’étais ce fils

que je n’ai pas connu.

Ce Cavalier maintenant égaré.

J’étais cette tille que je n’ai pas eu. Cette Reine oubliée. Cette Fée d’éternité.

Le pouvoir je l’ai senti comme la rivière charriant le sang.

Puis le fleuve emportant les cadavres d’où venait le sang.

Je restais immobile.

Triomphant.

A l’image de ces volatiles

qui Jamais ne se posent.

Qu’importe la saison. .

L’odeur de l’herbe ou de la pluie.

Jamais ils ne suspendent leur vol.

Même les blés accueillant. Ou l’arbre tendant ses bras aux douceurs zénithales ne leur font refermer leurs ailes.

Midlands  est publié  aux  éditions Jacques  Bremond,              qui utilisent  très souvent  du papier  recyclé  « artisanal »….


Anne Penders – Aujourd’hui, l’envers de la pluie…


 

dessin perso: encre de chine 1995

 

 

Aujourd’hui.
L’envers de la pluie, ce serait :
retrousser ses manches, apprendre à dire au revoir.
Tout ce qui s’achève promet -de beaux jours à l’oubli.

L’envers n’est pas linéaire.
Il a sa propre révolution.
Au besoin, il hausse le ton/tour.
Au besoin, il rompt sa progression.
Fige le geste qui le porte, pousse la porte, contourne l’obstacle.

L’envers concentre la force de l’immobile -centrifuge être subtile.
Eclat de ciel en tous points lumineux.
Sa révolution ne conduit pas la guerre.
Elle la pressent, elle l’étourdit.

[dévie sa trajectoire, ne rate pas sa cible]
En orbite / elle voudrait.
D’un lieu phare, un hameau.
D’un repère, tout un troupeau.
D’une circulaire, un rythme / pas une formalité.

[certains mots mériteraient d’être déracinés]
-parfois, le sens multiple estropie la langue.

Marseille/Bruxelles/Paris février 2009 (extrait de « l’envers », essai poétique en cours d’écriture)

 


On n’invente plus la pluie (a) – (RC)


photo perso – Lettonie panneau publicitaire vers autoroute   2011

On n’invente plus la pluie

Au seuil d’une progression lente

Ne donnant de notre passage

Que l’assentiment des fleurs

Marquant l’aujourd’hui,

D’une fin de journée en descente,

Des soleils rebondissent encore aux étages

Posés en équilibre de hauteur

La journée s’est faite poussière

A mesure qu’elle  décline,

Aux portes de la ville

Derrière les panneaux de la route

Les publicités vantant la bière

Aux couleurs alcalines

Quand les ombres s’effilent

Et filent, vers le troupeau qui broute

RC  – 18 août 2012


Claude Albarède – le dit


 

 

Le dit

On dit rumination
mais c’est de l’herbe folle
agitée par le vent

On dit même harmonie
c’est de la pierre qui refuse
d’aller plus loin contre l’abîme

Et parfois on dit rêve
c’est le troupeau
debout sur ces arêtes
et ruminant
l’herbe contrariée.

Claude Albarède