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Je viens de changer de planète – ( RC )


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Ça commence à l’ombre,
C’est un halètement que j’entends.
La croisée du destin me porte à explorer les choses.
Il n’y a pas d’ouverture visible.
Mais il faut chercher; il faut pousser,
engager sa tête dans un couloir.

Le mouvement est irrévocable.
Peut-être pressé d’arriver quelque part,
en tout cas pressé, par l’enveloppe souple,
qui se tend, un corps avide de délivrance.
Ou bien est-ce moi qui l’appelle ?
On ne sait pas où on va, ce qui nous attend.

Mais je pressens que c’est le moment.
Jusqu’à ce que je perçoive le jour.
Une petite ouverture au bout d’un tunnel.
Et puis çà y est .. je suis dehors.
On ne s’en est même pas aperçu.
Juste saisi par le froid, et une lumière aveuglante.

Les poumons se gonflent malgré eux,
à la façon d’un airbag brutal.
Et c’est un choc.
Et c’est un cri, qui me propulse dans la vie,

sans transition.

Je viens de changer de planète .

RC – janv 2016


Le cours d’eau blanc, issu du sol – ( RC )


 

 

 

 

 

 

 

 

image virtuelle – visualparadox

Sous la neige empilée
Tu imagines creuser un tunnel.
Il s’enfonce petit à petit
dans les profondeurs.

Tu y rencontres  des murs de glace,
où des pierres semblent suspendues,
et des sables colorés,
répartis  en strates.

Les milliers d’années écoulées,
sont là, sous tes mains.
En fait, tu creuses dans  l’hier,
Toujours plus loin.

Et remonter à la source…
( ce qui me fait sourire )  – une  source :
Comme  si elle  avait un début,
Et un débit de cours d’eau.

Un cours d’eau blanc,
dont l’origine  –  de lents flocons,
Ne serait pas  aérienne,
Mais issue du sol,  même.

RC-  fev  2015

 

 


Une force brute, contre l’esprit – (RC )


 

Livres détruits par l’armée russe: université de Grozny, Tchétchénie

C’est un endroit immense
Il s’offre à un ballet ,
Où de nombreux camions déversent  leur contenu  .
Ils forment des tas indistincts,
Et sont relayés par des pelles mécaniques,
 –
Des espèces de chasse neige,
Ne chassant aucune neige ….
 ( On remarque pourtant, une dominante claire )
Répartissant  les amas  
Dans des tranchées, des couloirs
 –
Où des tapis roulants 
S’activent en ronronnant,
Emportant leur butin, au sein d’un tunnel,
Où des coups sourds résonnent,
Et comme des bruits de cisailles,
Démultipliés.
 –
On n’y voit personne.
( en tout cas,  pas  d’humain).
Tout semble dirigé par une organisation anonyme ,
Chargée d’éliminer ce qui encombre ,
Ce qui dérange,
 
Le moyen par lequel les hommes s’expriment.
….        ( S’exprimaient ).
 –
C’est une mémoire  que l’on pilonne.
Des bibliothèques entières,
Des ouvrages même pas ouverts,
Que l’on pousse lentement,
Vers la machine à déchiqueter.
 –
S’activant sans état d’âme
Des rouages, des courroies,
Une armée de couperets …
Comment pourraient-elles 
Ne serait-ce que sentir, regarder ?
 –
Les machines n’ont pas appris à lire .
Elles obéissent à des signaux,
Mais n’accèdent pas à la signification.
Etant elles-même, matière,
Elles broient de  la matière.
C’est une force brute,   contre l’esprit  .
RC – septembre  2014

Paolo Ruffilli – Tunnel


peinture: Tunnel_of_Wealth_by_UnidColor – Patrik Hjelm,   (Presidia)

 

TUNNEL

C’est à l’improviste,
à l’intérieur d’un tunnel
qui ne finit jamais,
dans l’air mort 
qui chatouille la gorge.
Toutes les fois
que j’y suis passé déjà.
Et pourtant, non, cela ne sert à rien
que je le rappelle,
l’anticipe encore.
Je frappe dans le mur
et là me rends compte,
à l’intérieur du parcours
aveugle et pareil
miroir de moi
à mes restes,
de ce qui a été 
de comment, au fond
et contre toute ma volonté,
je suis changé.

 

È all'improvviso,
dentro il tunnel
che non finisce mai,
nell'aria morta
che pizzica alla gola.
Tutte le volte
che ci sono già passato.
Eppure, no, non vale
che lo ricordi,
lo anticipi una sola.
Picchio nel muro
e lì mi rendo conto,
dentro il percorso
cieco e uguale
specchio di me
a una mia spoglia,
di ciò che è stato
di come, in fondo
e contro ogni mia voglia,
io sia cambiato.

 


Mercredi dans les Alpes (RC)


photo perso: lumière du matin dans les Cévennes ( St Cirgues en Montagne)

——–

Pourquoi j’ai choisi ce titre ?

Hein,  -sans doute parce que

Cà sonne comme un jour  changeant ,

Et les sonnailles du bétail dispersé.

 

Le lendemain, transforme le monde,

Les murailles  gris bleu sont maintenant orange

En tournant la tête, je déchire   quelques  nuages

Cavalcade  de quelques bouquetins en  éboulis

 

Le lendemain est aussi tout à l’heure

L’épaule suspendue  de la montagne

Se teinte  d’éclairages  d’hiver et la fantaisie

d’oiseaux de Magritte englués dans le roc

 

Sages tracés de remontées mécaniques

striant les pentes de lignes mobiles

Ruches bourdonnantes d’immeubles agglutinés

Comme d’excroissances vénéneuses.

 

Le lendemain changeant me dit le pays voisin

Transformant la parole, en langage étranger

Mon père disait  » mâcher de la paille »

En absence – Prévert -de passage- muraille

 

Et de tunnels routiers audacieux

Et les spirales des voies ferrées d’antan

Forant des kilomètres  rocheux

Et jouant    des ponts si  improbables

 

C’est vers Tende, je me souviens

Me rappeler pourquoi, avant la mer

Les pentes  sont  encore les Alpes

Les replis gardant de petits  lacs miroirs

 

Autant de joyaux liquides

Aux balcons des pentes velours

Le lendemain qui transforme le monde

Attend en silence le départ de l’ombre

 

Le rideau de lumière, combattant la nuit

Après avoir happé les  crêtes,

Peu à peu lui grignote une part de jour

En allégeant son triangle- c’était en rosé

 

Le lendemain est aujourd’hui, posé

L’aube a relégué mercredi

D’un  éclairage nouveau le haut fantasme

de glaces                      construit le jeudi.

—-

RC

5 fev 2012

Peinture: René Magritte