Le terme du voyage (sur une peinture de N De Staël ) – (RC )

C’est au sommet de la montée
que se joue le terme du voyage .
L’horizon nous est caché,
mais on peut le deviner
derrière la pente.
La colline se divise en deux parties
nettement opposées :
le couteau d’ombre a tranché
dans les plages de lumière,
et les arbres, dont on ne voit que la tête
opposent au vent leur silhouette
juste avant la descente.
Si j’emprunte ce chemin
plus aride que le ciel désert
sans savoir où il conduit,
ne me mène-t-il pas tout droit
dans la vallée de pierres
du pays d’effroi
où le Blanc sombre dans un Noir
qui n’a pas de fin ?
quand je bascule de l’autre côté
de ce paysage illusoire
où s’égarent les repères …
Gabriela Mistral – L’attente inutile
sculpture en bronze représentant une fille tenant un cadran solaire, au jardin botanique de Brooklyn
—
J’avais oublié qu’était devenu
rendre ton pied léger,
et comme aux jours heureux
Je suis sortie à ta rencontre sur le sentier.
J’ai passé vallée, plaine, fleuve,
et mon chant se fit triste.
Le soir renversa son vase
de lumière, et tu n’es pas venu !
Le soleil s’effilocha,
coquelicot mort consumé;
des franges de brume tremblèrent
sur la campagne. J’étais seule!
Au vent automnal craqua
d’un arbre le bras blanchi.
J’eus peur et je t’appelai ;
Bien aimé, presse le pas!”
J’ai peur et j’ai amour,
presse le pas, bien-aimé!
Mais la nuit s’épaississait
et croissait ma folie.
La espéra inûtil.
—
J’avais oublié qu’on t’avait
rendu sourd à mes cris;
j’avais oublié ton silence,
ta blancheur violacée;
ta main inerte, malhabile
désormais pour chercher ma main,
tes yeux dilatés
sur la question suprême!
La nuit agrandit sa flaque
de bitume; augure maléfique,
le hibou, de l’horrible soie de son aile,
griffa le sentier.
Je ne t’appellerai plus
car tu ne parcours plus ton étape;
mon pied nu poursuit sa route,
le tien est au repos.
C’est en vain que j ’accours au rendez-vous
par les chemins déserts.
Ton fantôme ne prendra plus corps
entre mes bras ouverts!
Coquilles vides, Serra Estrela ( RC )
–
Serra Estrela, tout en sépia
Colorée d’un vent de sable
Des cubes de béton, placés là, incongrus,
Relais entre précipices,
Ouverts à tous les vents,
Et à ceux qui emportèrent,
le fil ténu, et les cabines du téléphérique,
Quelque part dans l’oubli.
Reste une coquille vide
Et qui sert d’abri, à l’occasion,
Aux troupeaux de passage,
Comme toute la surface jonchée
Des crottes des moutons,
Poursuivant consciencieusement,
Leurs destins brouteurs,
Quelque soit l’endroit,
Même dans l’ambiance grise
où, tapis dans l’ombre, des câbles remisés,
Et de gigantesques mécanismes
Rouillaient d’inutile,————–pendant que la vallée
S’éteignait dans le soir.
—
RC 23 mai 2013
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Inspiré de deux lignes d’un poème de Marie-Ange Sebasti;
Les troupeaux ont noirci les dalles du temple
et piétiné ses murs …
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Ta voix franchit l’épaisseur de la nuit ( RC )
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> Pourtant marchant dans une vallée d’ombre
Où aucune chose ne m’atteignait , cette vibration en moi,
L’onde de ta parole, toi que personne n’écoutait, et n’entendait
Je l’ai entendue, au travers de ta poésie torturée,
Les cris franchirent l’épaisseur de ta nuit,
L’oppression des vagues,
Sous leur fracas contre les roches
Noyant le sentiment commun, fermant les yeux à chacun,
> Mais pas ta voix…
Elle s’élève , au-dessus de la masse indistincte,
Comme un point lumineux, clignotant, fragile,
Mais têtue, … tel un phare vers lequel je me dirige .
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RC – 20 mai 2013
Feuilleter le recueil des causses ( RC )
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Texte en rapport avec « A la mer retirée »
Causse Méjean – reliefs et neige – ( toutes photos présentes ici : perso – me contacter pour une réutilisation éventuelle )
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Des bouffées de lumière,
décrivent ,mieux que je ne ferais,
le recueil des causses.
Encore striés sous les neiges,
piquetés d’impatientes pousses, et de bruns.
A chaque détour, le savoir lire ,
du vent de l’ivresse,
épouse les accidents des collines,
chapeautées de bois sombres.
Le dialogue menu des eaux, serpentant dociles,
puis, rassemblées, mugissantes,
De chants clairs cascadeurs,
et résurgences vertes.
Le pied des pentes abruptes,
surplombées de témoins sévères, verticaux
Une route mince, s’essaie à contourner
ces vases de pierre,
Pour plonger dans une vallée étroite,
encore habitée par l’obscur,
Dispensée des lignes orgueilleuses,
des ponts de béton.
Et le silence matinal, n’est habité
que de spirales lentes
Des vautours, glissant sous des écharpes
blanches, effilochées ,portées par la brise.
Peu importe la route
Ses dévers et sa course,
Soumise au caprice de la rivière,
Ou lancée sur les plateaux.
La constance du roc
Ou le moelleux des terres.
Le paysage reste une porte
Feuilletant le passé calcaire
D’un océan, son souvenir
Enfui
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RC – 19 mai 2013
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Causse Méjean – restes de neige
Causse Méjean – restes de neige
Causse Méjean – restes de neige
Causse de Sauveterre, vers Montmirat
Vallée du Tarn au dessus de St Chély
Arbre illuminé entre rocs St Chély-du-Tarn
« couple »: rochers ruiniformes vallée du Tarn
Sainte Enimie, Vallée du Tarn, résurgence de la Burle
Sainte Enimie, Vallée du Tarn
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Causse de Sauveterre, environs de Champerboux |
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Causse de Sauveterre, environs de Champerboux
Article visible aussi sur mon site de photos des causses .
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Mobile ( RC )
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Il y a des perles rouges
Que l’on suit à distance
Et des étoiles de lumière
Filant de l’autre côté
Avec leur traînée blanche
Qui balaie un instant la route
En courbes pointillées,
Du contour des collines.
La nuit est tombée doucement,
Enveloppant le parcours,
L’habitacle, une bulle bercée
Du ronronnement du moteur…
Les kilomètres s’alignent,
Les villages lentement bougent
De l’autre côté de la vallée,
Et défilent en nombre.
Les maisons alignées,
Les tours illuminées,
Les avenues orange, et
Les néons des enseignes,
Bataillent contre le sombre,
Et disparaissent soudain
Au détour de la route,
Ou derrière un rocher,
Avalés par la distance
Et le sillon goudronné
Qui, lentement se déroule
En suivant le fil du temps,
Frêle ruban de la nuit
Se déplaçant, parallèle,
Aux efforts mesurés
De mon automobile.
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RC – 9 novembre 2012
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Ps : « au fil du temps », est un film ancien de Wim Wenders

photo; grandereveuse
La chaise du dormeur (RC)
Hommage à Henry Moore ( le célèbre sculpteur anglais)
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La chaise du dormeur
est au sommet de la colline
Si elle promet le repos
C’est après de longs efforts d’ascension
Que l’on voit ses pieds de bronze
Scellés sur la roche
Le roi et la reine, échappés
peut-être d’un échiquier
Déjà arrivés, ont occupé la place
En laissant la partie se dérouler
Dans la vallée que déjà le soir remplit
De frissons et d’airs gris.
Des souverains, la couronne
A déjà servi d’abri
Pour construire un nid
A un couple d’étourneaux
Venu apporter comme cadeau
Le premier baiser de la lune.
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