Max Jacob – Madame la Dauphine

Madame la Dauphine
Fine, fine, fine, fine, fine, fine
Fine, fine, fine, fine
Ne verra pas, ne verra pas le beau film
Qu’on y a fait tirer
— Les vers du nez —
Car on l’a menée en terre avec son premier-né
En terre et à Nanterre
Où elle est enterrée.
Quand un paysan de la Chine
Shin, Shin, Shin, Shin, Shin, Shin
Veut avoir des primeurs
— Fruits mûrs —
Il va chez l’imprimeur
Ou bien chez sa voisine
Shin, Shin, Shin, Shin, Shin, Shin
Tous les paysans de la Chine
Les avaient épiés
Pour leur mettre des bottines
Tine ! tine !
Ils leur coupent les pieds.
M. le comte d’Artois
Est monté sur le toit
Faire un compte d’ardoise
Toi, toi, toi, toi,
Et voir par la lunette
Nette ! Nette ! pour voir si la lune est
Plus grosse que le doigt.
Un vapeur et sa cargaison
Son, son, son, son, son, son,
Ont échoué contre la maison.
Son, son, son, son,
Chipons de la graisse d’oie
Doye, doye, doye,
Pour en faire des canons.
–
extrait du « Laboratoire central » et accompagnant un lieder de Francis Poulenc
Olga Alexandra Diaconu – Comme un vagabond qui berce le ciel
a la couleur de mes yeux
l’eau devient ombre
avant de devenir ciel
avant de devenir éternité
elle berce les feuilles,
elle met ma pensée
dans la balance de ta pensée,
elle est le vagabond
qui berce le ciel
dans les poches trouées
Sur les lèvres tremble un fil de silence bouillant –
tout ce qui n’a pas de nom est bouillant
pendant qu’en nous
l’équilibre devient repos
Qu’on crée une merveille, me dis-tu,
de tout ce que, entre ces murs d’air
sans nous, serait néant”
comme l’herbe traverse nos corps
avant de devenir ciel
tout ce qui n’a pas de nom est bouillant.
traduction – l’auteur
Abats-moi ( RC )
D’après une partie du texte de la chanson de Nick Cave « Shoot me down »
–
Je peux entendre l’herbe pousser
Et sentir la marée monter
Je peux ressentir la fonte des neiges
Et suspendre dans leur vol, les flocons
Je peux sentir ton souffle contre mon oreille
Et voyager, vermeil à l’idée d’un soleil
Je pourrais tout simplement disparaître
Et me dissoudre derrière un écran de vapeur
Qu’en dis-tu ? ça ne serait pas mal ?
Mais, en te regardant dans les yeux
Je sens, à ton sourire figé
Que tu vas mettre fin à l’histoire
Et m’envoyer dans les flammes
A m’imposer ta vengeance glacée
Me faire dégringoler par terre
Dans un tonnerre de feu…
Au troisième coup, j’aurai cessé
D’écouter la bouche froide de ton arme.
Et serai rendu au sol.
–
RC 18 avril 2012
–
Charing Cross, au matin ( RC )
Je vois une large avenue en arc, verte
Où balbutient des branches sans feuilles,
Et de vielles autos bleues
Le long d’un quai de Tamise
C’est un Londres , au matin
Encore sous l’émotion de sa brume changeante,
En touches suspendues
D’ors d’ocres et verts incertains,
Charing Cross, dans un tableau de Derain
Devant les barres bleues d’ombre
Ces bâtiments vides
Je ne distingue plus les voix,
Seulement le murmure, d’une ville
Qui s’éveille et s’étire aux heures,
Et la patience immobile
Des statues sur leur socle
Encombrées de mousse,
Au charme des squares,
Encore à l’ombre, à cet instant.
Une nappe de vapeur s’étale
Et glisse , nonchalante
Des péniches lourdes,
Jusqu’aux berges lasses.
Les verticales des réverbères
Sont, aux quais, des signes bleutés
Qui attendent,
La musique du jour
Et les cris des marchands de journaux
En décalquant l’invisible
–
RC – 24 octobre 2012
–
Mouvements d’un cil: vapeur avant la pluie
Steam before the. rain
Les nuages traversent les pupilles. L’horizon est un destin.
Emporte-moi. Sans borne ni limite. Emporte. Je cherche
A devenir pendant que tu envahis. Laisse-moi boire la vapeur
Avant la pluie. L’impatience accroit l’érosion. A l’aube,
Les pivoines aussi ont encore soif. Nulle trace. Pourtant.
Que des mots pleins d’aromates comme les cailloux
De la rivière. Mes pupilles traversent les nuages.
Sonate à sept cordes XLV
écrit dimanche 06 février 2012
au matin.
—-
je ne saurais trop vous recommander le blog photo de mouvements d’un cil, visible sur flickR