Bassam Hajjar – maisons pas encore achevées
Maisons improvisées dans l’étendue vide
pas encore achevées
et vides encore
d’ habitants.
Mais elles sont, depuis le commencement, habitées par le personnage
des souvenirs.
( Comme s’il n’y avait pas de mur et qu’avec cela, malgré cela,
on y ouvrait une porte. Comme s’il n’y avait pas de père, de
mère, d’enfants, et qu’avec cela, malgré cela, il y avait des
lits, des vases, des livres et une table. Comme s’il n’y avait pas
de salle de séjour et qu’avec cela, malgré cela, il y avait des
canapés, une table basse, une lampe, une télévision, des tiroirs
pour le papier à lettres, les journaux intimes,
les numéros de téléphone, les adresses postales, la note de l’épicier, la facture d’électricité, la boîte d’aspirine, les stylos à encre, les crayons à papier, le livret de famille, le vieux passeport, la boîte de dragées et la vieille montre, la boucle d’oreille qui reste en
attendant de retrouver l’autre, le carnet, beaucoup de clés,
dispersées ou reliées par un anneau et personne ne se souvient
maintenant si elles ouvraient des portes et où sont ces
portes…)
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extrait de « Tu me survivras – «
Vases sacrés de sacrifice ( RC )

photo Lukas Jackson, agence Reuters
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Enroulé autour d’une pierre,
Je possède la terre,
Et les ruisseaux plombent
Aux échancrures des combes,
Et la mer cravache d’écumes,
Sous des ciels d’enclume,
Quand l’horizon se déchire,
Il faut s’attendre au pire,
Le brasier ocre de cruauté,
Confisque l’éternité
Au soleil tacheté d’ombres épaisses,
– Cela vaut bien une messe –
S’étend le froid polaire,
Hérissé de tessons de verre,
Soudé de couches de glace…
Aucun été ne l’efface,
Pourtant, au plus profond,
Elle trépide et fond,
Fin de léthargie, fin de sieste,
Enfin, la planète proteste,
Et je sens sous mes mains des cascades,
Se ruant en cavalcades,
Et au passage des flots,
Se fomente un complot,
Protestations, murmures et révolte,
sous l’oppression, voila ce qu’on récolte…
Ainsi mijotent ruptures et schismes,
Fractures et séismes,
A des distances de là, les esclaves,
Se libèrent en ruées de lave,
Se frayant une route,
A travers la croûte,
Et puissamment jaillissent,
Du creux des abysses,
Eructent éruptions,
Spasmes et convulsions,
Les volcans s’ouvrent les veines,
Ejaculent en chaîne,
Vases sacrés de sacrifice,
Allumés, les feux d’artifice….
Le feu côtoie la glace,
Il faut qu’elle cède la place,
Elle ne peut plus attendre,
Sous un ciel de cendres,
La froidure libère ses eaux sarabande,
Et dentelle les contours d’Islande.
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RC – 25 août 2013
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Feuilleter le recueil des causses ( RC )
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Texte en rapport avec « A la mer retirée »
Causse Méjean – reliefs et neige – ( toutes photos présentes ici : perso – me contacter pour une réutilisation éventuelle )
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Des bouffées de lumière,
décrivent ,mieux que je ne ferais,
le recueil des causses.
Encore striés sous les neiges,
piquetés d’impatientes pousses, et de bruns.
A chaque détour, le savoir lire ,
du vent de l’ivresse,
épouse les accidents des collines,
chapeautées de bois sombres.
Le dialogue menu des eaux, serpentant dociles,
puis, rassemblées, mugissantes,
De chants clairs cascadeurs,
et résurgences vertes.
Le pied des pentes abruptes,
surplombées de témoins sévères, verticaux
Une route mince, s’essaie à contourner
ces vases de pierre,
Pour plonger dans une vallée étroite,
encore habitée par l’obscur,
Dispensée des lignes orgueilleuses,
des ponts de béton.
Et le silence matinal, n’est habité
que de spirales lentes
Des vautours, glissant sous des écharpes
blanches, effilochées ,portées par la brise.
Peu importe la route
Ses dévers et sa course,
Soumise au caprice de la rivière,
Ou lancée sur les plateaux.
La constance du roc
Ou le moelleux des terres.
Le paysage reste une porte
Feuilletant le passé calcaire
D’un océan, son souvenir
Enfui
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RC – 19 mai 2013
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Causse Méjean – restes de neige
Causse Méjean – restes de neige
Causse Méjean – restes de neige
Causse de Sauveterre, vers Montmirat
Vallée du Tarn au dessus de St Chély
Arbre illuminé entre rocs St Chély-du-Tarn
« couple »: rochers ruiniformes vallée du Tarn
Sainte Enimie, Vallée du Tarn, résurgence de la Burle
Sainte Enimie, Vallée du Tarn
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Causse de Sauveterre, environs de Champerboux |
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Causse de Sauveterre, environs de Champerboux
Article visible aussi sur mon site de photos des causses .
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Au silence des vases ( RC )
aquarelle : Giorgio Morandi
Silence des vases :
une suite de silhouettes
Se découpent sur les strates
Des ombres enlacées.
Tiendrait encore dans la main,
La matité d’une terre-cuite
Portant encore la trace du doigt
Modelant la glaise des anses.
Accord de trompette avec un basson,
Rayon de soleil sur le manteau hivernal
Se pose le reflet du verre
Sur l’assemblée des pots
Alignés sur la table
Silhouettes confondues
Bravant le fond étalé de beige
Un éclat bleu de Morandi.
RC – mars 2013

Nature morte (Giorgio Morandi 1962)
et un petit hommage à Arthemisia…., – ainsi que – ainsi que ( encore )
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Au dédale de l’obscur – ( RC )

dessin préhistorique: grotte de Niaux ( Ariège)
Au dédale de l’obscur
C’est d’un lieu retiré,
La falaise vertigineuse
Marqué d’incidents géologiques
D’indices des géants
Ayant perdu leurs sabots
Lors des sauts de sept lieues,
Les vases de pierre
Sortant des ombrages
J’ai inventé, dans l’obscurité les signes
Au creux d’un dédale d’aventure
S’ouvrant au pied des arbres
Une coquille, qu’habitaient les ours
Maintenant vide – ou bien, qui sait ?
Magnifié d’orgues stalactites
Qui se créent en secret
Au coeur même de la roche.
Le long des parois
Que nulle lumière n’atteint
Il faudrait , à tâtons
Ressentir de la pierre, le grain,
La pâte glissante de glaise
Jusqu’aux mains négatives,
Les tracés charbonneux des rennes
Et des boeufs couleurs d’ocre
Qui ruent toujours, immobiles
Et les verticales des failles
S’élargissant peut-être en couloirs
Où se perdait un torrent.
En chutes bruyantes qui cascadent
Ou gouttes-à-gouttes lentes,
Si lentes qu’elles silencent
Dépôts des siècles, en patience,
Loin d’un dehors,dont on oublie le nom.
peinture: main préhistorique – négative, grotte Cosquer – Bouches du Rhône
RC – 10 août 2012
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