voir l'art autrement – en relation avec les textes

Articles tagués “veine

Dominique Grandmont – le spectacle n’aura pas lieu IV


photo Sabine Weiss

Quelque chose de trop
vrai dans ton sourire j’essaie
de rester de ne voir
qu’un genou le coude
le creux d’une veine
ou rien ceux qui restent
savent tout moi j’essaie
de ne pas voir mais je ne peux pas
non plus partir quelque chose
a lieu qui n’a pas de nom qui n’a pas
besoin de nom tout un corps là-bas comme
les mots d’une chanson
et qui se redresse
sans même écouter la musique continue toute seule dans un café

le spectacle n’aura pas lieu a été publié aux éditions messidor


Catherine Pozzi – Escopolamine


086.jpg

Le vin qui coule dans ma veine
A noyé mon cœur et l’entraîne
Et je naviguerai le ciel
À bord d’un cœur sans capitaine
Où l’oubli fond comme du miel.

Mon cœur est un astre apparu
Qui nage au divin nonpareil.
Dérive, étrange devenu !
Ô voyage vers le soleil —
Un son nouvel et continu
Est la trame de ton sommeil.

Mon cœur a quitté mon histoire
Adieu Forme je ne sens plus
Je suis sauvé je suis perdu
Je me cherche dans l’inconnu
Un nom libre de la mémoire.
Escopolamina

El vino que por mis venas fluye
Ahogó mi corazón y se lo lleva
Y por el cielo yo navegaré
En un corazón sin capitán
Donde el olvido es blanda miel.

Mi corazón es astro aparecido,
Que nada en el divino sinigual.
¡Deriva, extraño acontecido!
Oh viaje, largo viaje hacia la luz—
Sonido nuevo y nunca interrumpido
Es la tejida trama de tu sueño.

Mi corazón abandonó mi historia
Adiós Forma ya no siento más
Estoy a salvo al fin estoy perdido
Me voy buscando en lo desconocido
Un nombre libre de la memoria.

Versión de Carlos Cámara y Miguel Ángel Frontán

 

Catherine Pozzi (1882-1934)

 


Coeur, vie prolongés – (RC )


Afficher l'image d'origine

 provenance image:         Dailymail

Se réveillent les eaux sourdes, en profondeur,

Du sang qui pulse en moi,

Sa cadence lente, –

et mon sort suspendu,

A une pièce rapportée,

Profondément enfouie,

Dans le corps rapiécé   …

Ce coeur qu’on m’a greffé

De façon autoritaire,

Change de propriétaire,

Il faut que me fasse,

A ses pulsations,

…     Deux décennies de moins,

Cachées dans ma poitrine .

Un air de jeunesse,

Soudain se précipite,

Dans les chemins de mes veines,

Cascade , le sang tiède  …

Un printemps qui souffle,

Mais   prélevé,

Dans la poitrine d’un autre.

Il va falloir que je m’habitue ,

Que je repeigne de couleurs vives,

Le tableau des années mortes,

D’une peur de l’existence.

Je peux goûter la vie à plein poumons ;

J’abrite le coeur d’un autre,

Qui n’en a plus besoin.

Il a égaré la sienne,

Au bord de son chemin.

–  Je ne le connais pas,

Il pourrait être mon fils … –

Il a confié son sort,

En d’autres mains .

Ses organes habitent d’autres corps.

C’est ainsi qu’il existe encore,

S’associe à d’autres esprits .

Un miracle de chirurgie ,

D’habiles sutures, et de fines coutures,

Le maintiennent, quelque part,

 

En vie.

 

RC – oct 2014              ( inspiré d’un texte  de Pascal Braconnier )


Claude Albarede – Poème


photo perso: à partir d'un recueil

 

 

POEME

Le poème tient dans la main
le temps d’un voyage à fleur de chair

A la lisière d’un bruit fragile
dont l’envie dure

Au remous des sables galants
quand la mer se retrousse
pour arranger l’étoile…

Avec ses trous d’oiseaux
c’est la maison du printemps

Avec ses veines bleues
c’est l’habité par ses douleurs

Avec ses feuilles
qui ont plus que du vent à raconter
c’est la permission de séjour

Avec ses fruits
tombés à terre
il décide des grands départs.

 

Claude Albarede