Béatrice Douvre – matin d’un vent

peinture Henri-Edmond Cross – la forêt – 1906-07
Les jardins étaient nus, l’herbe était irréelle
Tu allais éveillée, heurtant les orgues verts
Je touchais l’eau de ta douleur
Et tu fus la patience
Le vin dans les demeures
Un vent régnait
J’était le sel et les mains vives
Un vent régnait presque noir
Ô musique
Un sol menaçait ton visage d’amante
Et je songeais, ma face éprise
Infidèle
Ô demeurée dans l’ombre sombre étincelante
A ces oiseaux, fermée dans tes yeux matinaux.
Tout semble immobilisé – ( RC )

photo : netfolk.blog.hu
Sur un chemin banal
encombré de flaques
déjà tourbillonnent
les feuilles veinées d’automne.
Sous le miroir des nuées
je devine les graviers.
Le dialogue du gel
étire ses filaments
sous les rafales de vent.
Un insecte traverse prudemment
quittant les herbes folles
pour un abri incertain.
Les oiseaux ont disparu du ciel
pour des régions plus clémentes.
Il s’est perdu
parmi les branches nues ;
les arbres sont dans l’attente
et ne sont plus que bois.
Soudain, il fait si froid .
Viendras-tu me retrouver,
si loin de la maison de l’été ?
Tout semble s’être immobilisé,
le défilé des heures,
comme le sourire du bonheur.
Mots suivant le chemin d’avant – ( RC )

montage Viki Olner
En avance sur le chemin d’après,
les mots dansent et se répondent.
Mais nul ne peut les saisir:
ils glissent comme grains de sable
accumulés par un souffle de vent.
Ils sont sans apprêt,
légers, pourtant
portés par l’écho,
plus légers que ces cailloux qu’on sème,
avec l’espoir qu’ils repoussent,
deviennent falaises ou montagnes.
Si les mots se répondent et s’assemblent
c’est d’abord qu’ils s’aiment
tout autant
que si on suivait le chemin d’avant.
ce texte est une « réponse » à un de ceux d’ Elisa Ka – ———février 2023
Vague à l’âme – Susanne Derève –

Vague à l’âme, baguenaude,
le frisson d’une flaque au milieu du pavé :
se peut-il que le grand vent rugissant
de la mer agonise à mes pieds
comme un marin à quai
qui tournerait le dos au vieux rêve du large ?
Murièle Camac – le vent

le vent !
oh le vent transformait
les rues en ravins
les places en landes maudites
la ville en ventre de baleine
oh dans le vent nous
devenions feuilles d’arbre
et nos manteaux ailes d’oiseau
shamans nous aurions pu nous envoler
chavirer comme une illusion
ou nous éparpiller en mille embruns
le vent, le vent, quand le vent déversait
sur la ville ses nostalgies
de monstre marin
la cathédrale se faisait montagne
et refuge ses grottes sculptées
et le dieu lui-même depuis si longtemps parti
revenait de sa main la maintenir en place
Esther Granek – Evasion

encres +collage Jane Cornwell
Et je serai face à la mer
qui viendra baigner les galets.
Caresses d’eau, de vent et d’air.
Et de lumière. D’immensité.
Et en moi sera le désert.
N’y entrera que ciel léger.
Et je serai face à la mer
qui viendra battre les rochers.
Giflant. Cinglant. Usant la pierre.
Frappant. S’infiltrant. Déchaînée.
Et en moi sera le désert.
N’y entrera ciel tourmenté.
Et je serai face à la mer,
statue de chair et cœur de bois.
Et me ferai désert en moi.
Qu’importera l’heure. Sombre ou claire …
Samira Negrouche – Granit

photo RC Finistère
Granit
à sol…….. désoeuvrés
nos corps
assoiffés
La pluie
en complainte
précipite à contrées
verdâtres
Nous restons
à lieux…… dits
nos membres rassemblés
au crépuscule
du vent.
extrait de (A l’ombre de Grenade )
Cesare Pavese – la terre et la mort

photo RC – causse de Sauveterre ( 48 )
Tu es comme une terre
que nul n’a jamais dite.
Tu n’attends rien
que la parole
qui jaillira des tréfonds
comme un fruit parmi les branches.
Un vent vient, te gagne.
Ces choses, mortes et desséchées,
t’encombrent et s’en vont dans le vent
Membres et paroles anciennes
Tu trembles dans l’été.
Qui serais-tu ? – ( Susanne Derève) –

Qui serais-tu, si dans tes cheveux le vent tressait soudain des fils invisibles, si le vent taquin sous ta jupe effleurait le creux de tes cuisses de son souffle léger, à l'endroit où la chair tressaille du désir d'être aimée. Qui serais-tu si le soleil imprimait sur ta peau sa morsure brûlante en un baiser sensuel, si soudain délivrée de tes voiles tu abandonnais à la mer, à ses bras tièdes, à ses mains de corail ton corps ondoyant de sirène, ta jeune poitrine, tes hanches pleines, tes jambes de tendre écume, si les vagues resserrant leur étreinte te jetaient nue,haletante, comme une fleur marine sur le sable palpitant de midi, auréolée de mille paillettes de lumière, d'eau et de sel. Alors, qui serais-tu ?
extrait de Suite malaise : voyage Malaisie- Singapour ( Septembre Octobre 2022) (voir : Partage de Susanne)
Hamid Skif – Me voici –

.
.
Me voici étrange et revenu
aux sources du cuivre et des versets
je m’habille de ronces, d’éclairs, d’une froide lumière
jaillie de l’épée
.
Les mots ceints m’assurent la fragile mesure de mes propos
la chamelle blanche s’abreuve à l’ombre oblique
du palmier
me guide sur l’énigme voluptueuse de sa marche
.
Je cherche
la colline d’ocre et d’or
l’œil du faucon
un reste de tison
le lit du vent
les voix de l’homme déserté
.
Aux portes du ciel je frappe
et le bâton se rompt pour ne pas entendre
le bruit qu’il fait
.
À Tipaza c’est l’heure des oliviers
leurs feuilles chantent les psaumes et
drapent les sépultures ouvertes
je marche vêtu de souffles volés aux tombes
de fragments d’étoiles
perdues
de pétales trouvés sur les murailles du temps
je chante des cantilènes suaves de liberté
je suis les traces des chevaliers de sable
le hennissement de leurs montures
l’odeur de leur sang figé
Toute halte est ma demeure
.
Je cherche l’encrier des siècles
la rose noire du sel
un cri de feu
une larme de pierre
laver ta présence de ses plaies.
.
.
Poèmes d’El Asnam et d’autres lieux. ENAL, Alger. 1986.
Quand la nuit se brise
Anthologie
Poésie Algérienne
Points
Marcel Thiry – Qui était Fête ?

Qui était Fête ? était-ce elle ? dis-tu.
Je sais seulement que fête est passée.
Pourquoi veux-tu douter qu’il y ait eu
Fête, Fête ainsi connue et pensée ?
Je sais des noms de femme ; mais le sien,
Demande au miroir ancien de Venise,
Mis très haut, sans plus de mirante admise,
Le nom de l’âge où il fut vénitien.
Je sais que depuis que ce n’est plus Fête
Se donnent toujours tant de fêtes, tant,
Sans cesse pourtant, le vent, le beau temps,
L’heure ; c’est leur nom, le Vent, le Beau Temps
Le nom de Fête, pourquoi voudrais-tu
Qu’il en ait un autre que Fête ?
Marcel THIRY « L’Encore »(éd. De Rache, Bruxelles)
Un long chemin depuis les Landes – ( RC )

Un long chemin serpente entre les arbres,
irrégulier, parsemé d’ornières et de flaques.
semé de pierres ,
comme le fit le Petit Poucet,
et depuis le temps,
couvertes de mousse.
Loin est le pays auquel j’appartiens;
il monte insensiblement
depuis les Landes :
je le sais en allant vers l’amont,
suivant ruisseaux et cascades,
sous l’arche du vent.
Je quitte les fougères
pour des herbes plus maigres,
des buissons de ronce,
des asphodèles,
et marche sous le regard immobile
des champignons.
C’est comme dans un livre de Pierre Bergounioux,
ajouter mon pas au précédent,
mettre peut-être mes traces
dans celles que je laissais ,
cheminant dans l’autre sens
- un retour imprévu pour d’autres saisons _.
Des années se sont écoulées;
je tiens ma vie en équilibre
sur deux jambes
qui remontent le courant,
les pentes arides
les rochers éboulés.
Je ne devrais pas penser
au temps qui trépasse ,
aux murs lézardés de la maison rose,
trop longtemps abandonnée,
que j’irai retrouver,
après cette trop longue pause.
note: il est fait référence ici à deux ouvrages de Pierre Bergounioux;
» Ce pas et le suivant« , et « la Maison Rose«
L’eau et le corps des âmes vives – ( RC )

Le corps des âmes vives
s’écoule sans discontinuer,
de la source , des cascades
jusqu’aux rivières,
pour atteindre le grand fleuve étale.
Tu y entendras
le bruissement de soie
des eaux qui parlent
de leur voyage tracé
au flanc des collines ,
des rochers , des courants
et des galets qu’elles ont porté.
Jusqu’à l’océan, elles accompagnent les vents changeants,
qui dialoguent avec les nuages
et parfois les bousculent .
Ne cherche pas à les comprendre :
leur direction est fantasque,
on ne sait jamais à quoi s’attendre ;
mais les âmes arrivent toujours
un jour ou un autre
à revenir à leur point de départ
pour continuer à chuchoter
dans le cycle de la vie
recommencée.
à skis vers Helsinki – ( RC )

Celui qui se rend
dans la banlieue d’Helsinki
peut chausser ses skis.
Nous allons suivre notre homme
progressant lentement
de porte en porte.
Choisira-t-il la ligne droite
ou le slalom,
la voie la plus pratique
dans son esprit l’emporte
car franchir les portiques
reste une opération délicate :
même s’ils restent ouverts
à tous les vents
et aux étoiles
– ce qui libère les courants d’airs –
et comme par enchantement
— apparaît la cathédrale
sertie d’une brume matinale
à la sortie du labyrinthe :
il reste à prendre une photographie,
pouvant faire office de carte postale,
remplaçant la toile déjà peinte
au dos on trouvera inscrit
bons baisers d’Helsinki !
RC
Djamal Benmerad – neutre et mort

Tu n’entends pas
la rosée du matin
ni le souffle du vent
dans les bois
ni le rire moqueur de la mouette
Tu ne vois pas le vif
des cerises pulpeuses
Tu ne connais pas
le mal de la torture
Tu ne sens pas
sous tes doigts
la chair frissonnante
de la nubile
Tu ne te bats pas
En vérité
tu es déjà mort
ou presque
Le métier d’exil
Ici on ne meurt pas
on rampe
La visière de l’exil
projette de l’ombre sur nous
et ennuage nos rêves
Ô camarades !
Si mon absence se prolonge
l’écharpe risque de ternir
et je n’hériterai d’aucun baiser
que j’aurais donné
extrait de l’anthologie « points » de la poésie algérienne
poèmes et autres tracts, Éd. Rebelles, Belgique, 2004.
Une minuscule église de pierre – ( RC )

C’est quelque part, en avant
sur une pointe de terre
juste avant de plonger dans la mer,
que les pierres affrontent le vent.
Au milieu d’elles
des hommes ont construit
cet abri contre la pluie
une toute petite chapelle
coincée entre des rochers,
infiniment solitaire,
minuscule église de pierre,
qui semble s’être échouée
un jour de grande marée .
Des saints que l’on a vénérés
s’y sont peut-être réfugiés
après avoir débarqué .
Ils connaissent des langues mythiques
surtout en Bretagne,
( elle qui fut très ancienne montagne
où abondent mégalithes ) .
Il se peut que les pierres pensent par elles-mêmes,
gardant la mémoire de contrées anciennes
et des fêtes païennes
où les dieux n’étaient pas les mêmes .
S’accommodant d’autres coutumes,
épousant les mousses et les lierres,
ce n’est pas seulement pour les prières
mais pour combattre la brume
évoquer les diables et les sirènes
et toutes les légendes des siècles passés :
ces pierres, nous les avons caressées ,
et des âmes déposées, recueilli les joies et les peines .
RC – 2019
Le vent – (Susanne Derève) –

Ce vent soudain levé emportait tout à travers lui : L’accablement des jours passés dans la chaleur caniculaire de Juin, un peu de nous soustrait à la fournaise derrière les volets clos,le linge arraché au séchoir,l’odeur de lessive et de paille,les chants d’oiseaux. Peut-être emportait-il l’été dès avant sa naissance, dont n’avaient plus que faire nos peaux brûlées,les feuillages pantelants de soif,les mottes grises,l’herbe jaunie. Il emportait le silence du monde : Nous savions que le soir venu descendrait la clameur du haut des granges, quand la poussière retomberait avec la pluie, et nous nous trouverions tout à coup frissonnants,étonnés de sentir sous nos pas la terre frémir,s’ébrouer. Nous le saurions alors ce qu’était le cadeau du vent : les parfums retrouvés, cette jouvence dont nous partagions l’ivresse et qui marchait vers la vallée porter la fraîcheur de l’averse
Éoliennes sur champs de colza -(Susanne Derève)-

Eoliennes sur champs de colza, jaune apparat pour fleurs d’acier, et de joyeux nuages en gardiens du troupeau céleste. J’imaginais des clairs-obscurs agrestes des ciels champêtres de tendres bosquets de printemps... Qu’une bourrasque les emporte ! Les fleurs distilleront la lumière du vent et les prairies engraisseront la toile de mes rêves pour les changer en or.
Marc Hatzfeld – n’oublie pas…

Si l’herbe casse sous le regard du vent
Et si le vent dérape sur le seuil de ce soir
Si le soir se dérobe et tâtonne
N’oublie pas de leur dire:
«Retournez aux pages blanches de vos cahiers perdus
Retournez au lit de feuilles sèches
Retrouvez le chemin d’une étoile.»
N’oublie pas de leur dire
De retrouver la bulle d’air égarée
Dans la bille de verre
Libellule à l’envers.
N’oublie pas.
Âme qui vive – (Susanne Derève) –

Âme qui vive ? Non, le bruit du vent. En sentinelle,la lisière des enclos,les fûts dressés des sapinières et de courtes brassées d’épines : chardons, carlines, genévriers, le lit du vent. Celui du causse court en longues foulées sonores semblables à la rumeur d’une mer ancestrale essaime un pépiement d’oiseau, nasillard, monocorde, émonde l’Aubrac de ses brumes. Choisis une pierre de calcaire, blanche et dorée, grave-la de ton nom, je te couronnerai roi d’une solitude où seule vit, souffle et trépigne la grande harpe du vent. Épouse-la , ou fais-toi homme du silence pour la combattre tant elle nous tient dans sa main, étrangers, incongrus, couvrant le chétif grelot de nos voix nous forçant à remettre à plus tard de dire l’étoupe blonde des prairies harassées, l’argile lourde des chemins,l’arpent noir des forêts, et seule âme qui vive, le babil insensé de l’invisible oiseau, son chant nuptial dans la longue liturgie du vent.
Jean-Claude Pirotte – retour du vent

ce que nous enseigne le vent
vers les parages de la mer
c’est le secret du mouvement
des ombres c’est le passage
d’un automne liquide et sombre
et si lumineux cependant
un automne trop émouvant
nous ne savons guère qu’attendre
son retour et qu’il nous enchante
encore aux fenêtres des chambres
où nous guettons des signes vagues
parmi les grands arbres qui tremblent
et le miroitement des vagues
Sophie Fauvel – la pierre

photo George Priebus – Cleons – Grèce
J’avais posé naguère
Sur cette sombre pierre
Un souvenir présent,
Un brin de coquelicot,
Un parfum de sanglot,
Pour que jamais le vent
N’efface nos mystères.
J’avais posé naguère
Sur cette sombre pierre
Fleurie de nos amours
Des secrets interdits,
Des verbes alanguis,
Des nuits comme des jours,
Une lune coquine,
Des soupirs d’amour.
J’avais posé naguère
Sur cette sombre pierre
Une douce caresse,
Nos plus belles promesses
Epargnées par le temps.
J’avais posé naguère
Sur cette sombre pierre
Mon corps à moitié nu
Drapé de la lumière
De tes soleils perdus
Et pour te réchauffer
Embrassé la terre brune.
Elle vogue ta galère
Toutes voiles dehors
Gonflées de nos instants
En Toi coule mon sang.
J’avais posé naguère
Sur cette sombre pierre
Le rire de nos 20 ans.
Sophie FAUVEL ( provenance: le manoir des poètes)
La mer – ( Susanne Derève) –

.
Tapie , retranchée dans la nuit
je la devine à son long battement
de métronome ,
à la fulgurance de ses phares ,
à leur éclat – deux rouges un vert –
marquant l’entrée du port
Je la devine mordant la plage
où la vague prend son essor
tutoie le ciel ,
dérobe un éclat de silence ,
et se saborde sur le sable ,
le sable froid des nuits d’été
La mer …
Je la devine essuyant les rochers
d’un blanc suaire d’écume
sous le vol lourd des goélands,
à son chant de cloche brisée
lorsque forcit le vent .
Le regard des planches – ( RC )

C’est cet arbre qui penche
et se courbe de vieillesse:
la pluie n’est plus une caresse
pour le poids de ses branches.
Le vent le déshabille
puis le couche sur le flanc
au milieu des brindilles :
il a fait son temps…
D’une coupe franche,
on a débité son tronc
pour du bois de construction,
et des tas de planches.
As-tu vu ce que je vois ?
une empreinte indélébile:
un regard immobile
incrusté dans le bois
– et ce sont ces noeuds
au milieu des échardes
qui me regardent
comme des yeux .
L’arbre défunt ,
des jeunes pousses, se souvient ,
du sol couvert de mousse,
et des feuilles rousses ….
Encadrant mon bois de lit
il m’arrive de penser à lui
quand son regard me suit :
C’est comme cela qu’il survit.
écrits confiés au vent – ( RC )

Au long du chemin,
je vais pieds nus, sur la terre et le sable.
Je me nourris de peu,
ne compte pas mes pas,
et il arrive que je me pose
à l’ombre d’un pin .
Je trace avec un bâton
des lettres sur le sol
qui deviennent des mots ,
puis un chant
que personne n’entendra,
ou ne pourra lire.
Ou bien ce sera le vent,
les oiseaux
qui l’emportera,
avant que la pluie ne l’efface :
les mots seuls
ne pourront parler à ma place,
mais il vaut mieux
que je continue mon chemin,
suivi un temps par un chien .
Il voudrait me parler
et m’accompagner,
mais je ne peux le traduire .
A-t-il réussi de son côté,
à me lire ?
Voulait-il me guider
sur ma route à venir ?
Ce que me disaient ses yeux tendres,
je n’ai pu le comprendre…
A chaque terre traversée,
je pourrais apprendre une langue neuve
pour renaître, avec le peu que je sais
dans les mots d’autrui,
partager leur mémoire,
dans un petit écrit…
confié au vent.