Guillevic – Carnac
( extrait de la « suite » Carnac )
provenance photo sites historiques d’Ecosse
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Mer du pêcheur,
Mer des navigateurs,
Mer des marins de guerre,
Mer de ceux qui veulent y mourir.
Je ne suis pas un dictionnaire,
Je parle de nous deux
Et quand je dis la mer,
C’est toujours à
Carnac.
Nulle part comme à
Carnac,
Le ciel n’est à la terre,
Ne fait monde avec elle
Pour former comme un lieu
Plutôt lointain de tout
Qui s’avance au-dessous du temps.
Le vent vient de plus bas,
Des dessous du pays.
Le vent est la pensée
Du pays qui se pense
A longueur de sa verticale.
Il vient le vérifier, l’éprouver, l’exhorter,
A tenir comme il fait
Contre un néant diffus
Tapi dans l’océan
Qui demande à venir.
Recul de la falaise – ( RC )
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Le dos sur le mur,
Où les mots glissent,
Et rien ne s’accroche
A la verticale.
Cette plongée,
Au-dessus de laquelle,
De multiples oiseaux s’élancent,
N’a pas de toit.
Elle ne peut pas en avoir,
Corrodée, sans relâche
Par le va-et-vient des vagues.
La pierre est arrêtée net,
Dans son élan ..
On imagine mal, à la dureté de la roche,
Cette rupture brutale,
D’une partie de paysage,
Disparu soudain :
Horizontale brisée ;
Le basculement dans le vide,
Le fracas de la chute,
Entraînant bétail,
Arbres et chemins.
Brusque recul de la falaise .
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RC – avr 2015
Chercher sa réincarnation dans la terre – ( RC ) – pour Antoni Tàpies
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Je relie la terre à la peinture,
Les traces de pas dans la boue,
La poussière de marbre griffée,
Le sol est dressé, à la verticale,
Il n’est plus accessible,
Et bouche l’horizon.
Un vernis épais a protégé , de façon précaire,
Les entrailles , des brûlures du napalm .
Une mue de peau humaine, y gondole .
La seule échappatoire , peut-être ,
S’enfoncer dans la terre ,
Relié à la matrice originelle .
Y chercher sa réincarnation .
Comme les repousses vertes le font,
Sur les souches calcinées.
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RC – nov 2014
Marie-Claire Bancquart – Galaxie

En replantant des ellébores
je te parle
de nourrir le cosmos :
rien que cela
une cuillerée de terre
pour la racine encore visible
une cuillerée
pour achever d’emplir le pot
une
pour le globe tout entier
la dernière
pour sa verticale vers l’énigme.
Marie-Claire Bancquart
in » Verticale du secret » « in » Terre énergumène »
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Gregorio Scalise – Que le monde suive une ligne verticale
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Gregorio Scalise
( re-bloggé du site ‘une autre poésie italienne » )
Poète, dramaturge, Gregorio Scalise est né en 1939 à Catanzaro et vit actuellement à Bologne. Ses débuts sont sous le signe de la poésie visuelle et de la néo-avant-garde ; son premier recueil (A capo) est publié par la maison d’édition Geiger dirigée par Adriano Spatola. Avec Segni, présenté dans l’anthologie Il pubblico della poesia de A. Berardinelli e F. Cordelli (1975), il obtient une large reconnaissance de la critique, notamment de Fortini. Parmi ses recueils l’on peut citer aussi La resistenza dell’aria (1982), Poesie dagli anni ’90 (1997), La perfezione delle formule (1999).
1.
Che il mondo segua una linea verticale…
Que le monde suive une ligne verticale,
les nuages le font comprendre,
car les choses les plus belles
viennent à nous entre les failles de vent ;
si son esprit pouvait se délier
mais l’évocation est une zone sèche
où s’épuise le langage,
si au cours des siècles
les hommes décident toujours :
l’eau frappe de mille langues
une plage herbeuse
et les objets, réunis à la chose,
savent que les yeux ne suffisent pas
pour conserver un secret.
(Danny Rose, 1989)
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Décennies verticales , sous l’écorce ( RC )
sculpture-installation Giuseppe Penone ( jeune arbre révélé dans arbre adulte )-
Cache toi derrière les feuilles,
elles se sont, depuis , bien ouvertes
L’abîme au centre de ton angoisse
Est tapie au coeur de l’arbre
Et parfois, on peut l’entendre gémir,
avec les branches qui se poussent toujours plus haut,
à écorcher le ciel.
Son tendre aubier tourbillonne, avec les gels, et les vents
Et je me confondrai avec, saignant avec , les jours de tempête,
ou quand les hommes viendront abattre mes voisins,
à grands han de hache et de morsures mécaniques.
Je connais au coeur du tronc, la jeune pousse,
qui devint brindille, puis arbrisseau…
Elle s’est cachée , de même, sous d’autres écorces,
On peut supposer qu’il en est de même chez l’humain,
avec ses saveurs barbouillées d’années.
Cache toi derrière le tronc, que les frissons parcourent,
Sous les branches, comme des bras, porteurs de mains larges ,
abri des oiseaux de la terre, tant qu’il n’est pas
l’heure de migrations vers un ailleurs plus clément.
Mon aubier accueille ton front et imprime sa sueur de sève,
et de mousses… – tu y as gravé ton nom…
Témoin des décennies verticales, relié au sol par mes racines,
sentinelle au creux de la clairière, …
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RC 30 juin 2012
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Et petit commentaire sur Giuseppe Penone, qui est un des artistes les plus importants de la nouvelle scène italienne, et justement, tout son travail autour de l’arbre, de sa croissance, de l’arbre jeune révélé à l’intérieur d’un plus ancien… une prise en compte du temps ( de la croissance), et de la nature qui se modifie et occulte son passé… G Penone, travaille donc à « rebrousse-temps »…