A tous ces mots, leur peine, leur joie … ( RC )
image: provenance le blog du web design
A tous ces mots leur peine,
leur joie, leur vie propre,
et leur coeur battant, même
s’ils sont issus de catalogues d’objets rutilants,
d’anciens grimoires,
souvent cachés derrière des double-sens,
comme protégés par une carapace.
On peut en dénicher en haut des armoires,
dans de lourdes encyclopédies,
… parfois ils s’usent, en désuétude,
si on les prononce plus,
inarticulés.
On peut aller en chercher sous des pierres,
coincés dans des pages jaunies,
ou bien après une ascension lente,
après l’obstacle d’une pente raide,
portant leur vérité, opaques ou ayant la transparence
d’un cristal de roche ,
gagnés après de lents et patients efforts.
Ils migrent doucement selon les siècles,
les usages et les modes,
méritent une interprétation,
une traduction,
— ainsi le bétail suivant les drailles
de transhumance.
S’ils sont à priori inertes par nature,
c’est leur association,
comme l’addition de produits chimiques,
qui les rend actifs, porteurs d’émotions,
voire virulents .
Corrosifs, avec la couleur qu’on leur donne,
gonflés d’ intentions allusives ou tendres,
parfois sordides et boueux,
déclamatoires en longues suites,
officiels dans de rigides discours,
démonstrations scientifiques irréfutables.
Si les murs ont des oreilles,
dès qu’ils sont lâchés, ils peuvent,
comme le dit Hugo, semer la discorde et la haine,
comme de mauvaises graines,
trouvant toujours à s’accrocher quelque part,
crevant même le goudron épais des trottoirs.
Comme ils sont prononcés,
ajoute une saveur,
douce ou courroucée ,
sucrée ou épicée ,
empruntant la voix parlée,
l’envol de celle de l’acteur,
jusqu’au réceptacle de l’oreille,
généralement prête à les accueillir.
Plus aériens dans ce qu’on nomme poétique ,
ils se chargent d’images, et permettent à l’esprit
d’envisager des raccourcis vers l’improbable,
dansant en quelque sorte tous seuls…
libérés des contraintes d’ organisation rationnelle,
celui qui les emploie, n’en fait qu’à leur fête,
les dissout, les recompose à sa guise,
jusqu’à en multiplier les sens
dessine leur aube, leur solstice,
et les pare d’ombres,
parfois fantômatiques.
Tout le monde les utilise,
certains portent un cosmos,
une signification inconnue,
qui a été pensée par d’autres,
sans qu’on puisse en connaître l’origine exacte,
même avec le scalpel étymologique ;
> peu se révoltent .
Je les laisse courir
au gré de ma plume,
et tout le temps avec bienveillance….
on dirait même qu’ils choisissent
de s’ordonner
tous seuls, en ébullition,
association spontanée.
Peut-être qu’ils me traversent
à la façon de cellules sanguines,
alimentant les pensées,
et sachant s’en détacher,
le moment venu,
– pour fomenter un texte -,
( dont je ne suis pas sûr d’en être le seul auteur….)
–
RC – janv 2016
Comme j’aurais aimé l’écrire -( Par l’entremise de V Hugo ) – ( RC )

photo: Bruno Monginoux
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texte proposé à partir de quelqu’un qui a dit – à propos des vers de Hugo ci après
» comme j’aurais aimé l’écrire »:
Ecoute l’arbre et la feuille
La nature est une voix
Qui parle à qui se recueille
Et qui chante dans les bois
Victor Hugo
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( Comme j’aurais aimé l’écrire…
Et faire aussi beau
Qu’un texte de Hugo…. )
—
Si tel est ton désir,
Pour faire un recueil,
Prélève donc une feuille
Tresse une couronne
Des ors de l’automne
Chante d’une voix pure,
Et conduis l’écriture…
– Elle viendra à toi
Suggérant à travers bois
Le récit qui allume
Le parcours des plumes
Au travers des roseaux
Et le chant des oiseaux
Grandira, se fera lecture
A travers ta nature
RC – 15 janvier 2013
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