Constantin Cavafis – Je m’en suis allé

montage RC
J’ai ignoré toute entrave. Je m’en suis allé.
Je suis parti vers la nuit illuminée
aux jouissances moitié réelles,
moitié issues de mon imagination.
Et j’ai bu des vins forts, tels
que n’en boivent que ceux
qui ne craignent pas la volupté.
Aria – ( Comme un air d’Italie ) – ( RC )
peinture: B Gozzoli – détail-
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C’est en franchissant les portes des jardins,
que la vue se porte, sur les collines.
Elles se dandinent, dans une robe chamarrée d’ors.
On y trouve des villages à mi-pente
Où les maisons s’épaulent de leurs lignes.
Les cyprès forment une couronne, sur les lignes de crète.
Ce serait une lumière, comme celle que peint Botticielli ;
La transparence diaphane de l’air, et le vent léger soulève les voiles de la Vénus,
La caresse du regard enchante même les parterres de fleurs .
Les mains se tendent et les bras s’arquent en chorégraphie.
Les cloches se répondent de vallée en vallée .
La terre ne serait pas comme on la voit ailleurs : blonde ou brune,
Nourrie à la tiédeur solaire,
Presque nourriture à son tour ,
Elle en a le parfum, et son pesant de couleur
Qu’on retrouve dans la robe des vins ,
Alignées dans les trattoria.
Les linges sont oriflammes en travers des rues ;
On a l’impression d’entrer de plain pied dans un tableau …
La langue italienne est une porte ouverte sur sa chanson.
photo Robert Schrader
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photo: Edmondo Senatore – atmosphère toscane
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RC – mai 2015