Ronny Someck – Le lac des cygnes. Septième conseil à une petite danseuse
Edvard Munch – Vision
Fais en sorte que la larme sur la joue du cygne
soit la première pierre
dans l’océan de la joie ,
et que j’apprenne à nager.
Salalh Al Hamdani et Ronny Someck
Bagdad
à la lisière de l’incendie
Jérusalem
Ed Bruno Doucey
Ce qu’elle regarde – ( RC )
Statue masculine Bembe, Rep Du Congo
–
Ce que la statue regarde ,
– on ne le sait pas –
( Peut-être est-elle vigilance,
par sa seule présence ).
La vue importe peu.
– D’ailleurs on a masqué ses yeux
par des surfaces en amande -.
Ce sont peut-être des miroirs
où rebondissent les rayons de lumière.
Les bénéfiques et ceux qui nuisent.
Ici rien ne pénètre de l’extérieur.
Qu’ils soient ouverts ou clos,
pour ces yeux, c’est sans d’importance .
Une force intérieure traverse ces miroirs,
( comme s’ils étaient sans tain ).
La statue reste immobile,
en apparence seulement.
Ce qui l’habite a un champ de vision
des plus étendus…
Elle veille.
–
RC – avr 2016
Un escalier vers l’infini ( RC )
Installation : David McCracken
-
Je ne sais combien de marches il faut
pour gravir l’infini.
On dira qu’il y a le temps,
puisqu’on nous a promis
l’accès au paradis :
Il y a une contrepartie :
On ne peut y accéder qu’après
avoir laissé son corps
au magasin des antiquités ,
ceci dit on est beaucoup plus léger
et on ne compte plus ses efforts
pour emprunter l’escalier
qui a necessité d’abord
je ne sais combien
de menuisiers.
Au début on est très nombreux
à vouloir accéder à l’infini
que certains appellent
le Royaume des cieux
mais certains s’impatientent
ils trouvent la progression trop lente
– ( étant pris de doute
sur la destination de la route ,
et pourquoi cette pente ).
Bien entendu pour accéder au ciel
il faut penser à l’essentiel,
non pas au monotone :
et comme pas mal abandonnent
– ont-ils perdu la foi ?
– pourtant ils ne portent pas de croix !
Toujours est-il que , sur les inscrits
les candidats se raréfient,
c’est ce qui explique,
en toute logique
que l’escalier se rétrécit .
La progression est plus facile,
quand la population est divisée par mille,
– où sont passés les autres encore
– ça je l’ignore
car ils ne visent pas le haut.
-
Comme dans les jeux vidéo
ils sont bloqués au niveau inférieur
et pour leur plus grand malheur
ne disposent pas de vie de rechange,
de quelque astuce ou ficelle
( ni de l’aide des anges
qui ne prêtent pas leurs ailes ).
Et puis — est-ce une vision d’optique,
correspondant aux mathématiques :
les côtés de l’escalier
sont difficiles à mesurer :
la vie éternelle
ne tient pas compte des parallèles :
ne vous inquiétez pas pour autant:
comme je l’ai dit : vous avez tout votre temps
déjà vous avez dépassé les nuages
vous êtes sur le bon chemin
à cheval sur votre destin
n’oubliez pas vos prières,
ne croyez pas aux chimères
ne regardez pas en bas
– Attention au vertige !
Progressez comme ça :
c’est déjà un prodige
d’avoir quitté la terre
Comment, vous ne voyez toujours rien ?
Ah , mais tous les paroissiens
qui entreprennent ce voyage
clés en mains
ne peuvent tirer avantage
de rencontrer les saints
enfin pas tout de suite :
la visite, certes, ….est gratuite,
mais de ce belvédère
il est difficile de voir St Pierre :
Ce n’est pas un défaut de vision,
mais cela doit beaucoup aux conditions
atmosphériques : même avec un guide
c’est encore Dieu qui décide,
et ses desseins son impénétrables…
Comment ça, c’est discutable ?
Si vous avez une réclamation à faire
après votre grimpette
adressez-vous au secrétaire
qui examinera votre requête…
–
RC – janv 2017
Le texte se soustrait au regard – ( RC )
–
J’ai eu un peu de mal à lire :
Les caractères sont trop petits,
mais en plissant les yeux,
j’arrive à distinguer les mots ;
avant qu’ils ne retournent dans le blanc.
Peut-être que ces écrits
se dissolvent d’eux-même,
et n’ont pas de rapport
avec ma vision
Reste à savoir pourquoi.
Le message se soustrait au regard,
rentre dans le blanc du papier,
d’abord pâlissant,
puis carrément blanc :
> il se dissimule ,
jouant les extrèmes
comme pouvait le faire
Malevitch avec son fameux
» carré » ( qui n’en est pas tout à fait un )
posé en oblique ,
mais qui, avec les années,
reste apparent.
Le texte est sans doute toujours là,
en encre blanche,
celle qu’on dit sympathique.
Il suffirait
d’un procédé simple,
pour le faire réapparaître :
la chaleur d’une flamme,
comme dans chaque page
( que l’on croit vierge d’intentions ) .
–
RC – juin 2015
Des manches et des roses – ( RC )
sur une photo de Daido Moriyama – Hands from Dog and Mesh
Tights, 2014-2015
Va savoir, si ce sont des soeurs jumelles :
Elles prêtent chacune une manche
Quand l’appareil se déclenche .
Ce sont deux demoiselles
qui, pour la photo se figent ;
Elles ne prêtent qu’une partie de leur corps
A l’envers du décor,
Le temps que les tiges
Developpent leur aube
Pour d’autres lendemains :
Et fleurissent sur les mains
comme sur les robes.
on ne voit pas leurs visages,
situés hors de la vision,
ce qui pose la question
de leur âge…
C’est une longue pose,
qui dure quelques années,
mais pas assez pour faner
les pétales et leurs roses ….
–
RC – mai 2016
Envahissement du ciel , par le corps d’une géante – ( RC )
photo: Raoul Ubac – nu solarisé 1938
Flottante, entre deux peaux,
Ou bien ayant quitté un temps la terre …
C’est un nuage de chair,
– Ainsi l’indique la photo.
L’envahissement du ciel,
Par le corps d’une géante :
Confisquées: les montagnes et leurs pentes ,
Battement à tire d’elle…
Peuplée de formes blanches,
Il n’y a de neige douce,
Que cette peau de rousse,
Et vers nous elle penche.
Souffle une brise dans tes cheveux,
- As tu froid, ainsi découverte ,
- Quel message, portent tes lèvres entr’ouvertes ?
- Que nous confient tes yeux ?
Tu prends tout l’espace de la vision
Occupes la totalité du paysage,
Nous protégeant des orages ,
de leur sourde invasion :
Prenons nos désirs pour la réalité,
Allons nous réfugier sous le parapluie,
De son corps : un prélude à la nuit,
> Indulgence et sensualité .
Une ondulation des hanches ,
Répand des sourires sur la ville,
Le creux de ton nombril est une île,
Où pas un cyclone ne se déclenche .
Et de ces syllabes à détacher,
S’il faut parler mété-o,
Je préfère t’aimer haut
Ayant quelque mal à m’arracher
A l’humaine condition …
Pour admettre que les caresses,
Conviennent aussi aux déesses ,
( et qu’il peut pleuvoir en émotions ).
–
RC – sept 2015
Vision nocturne – ( RC )
peinture H Füssli-
Le sommeil a ses reflets,
Le miroir en effet,
De l’armoire à glace,
Située en face
Me regarde dormir,
Et si je ne peux décrire,
La traversée des secrets,
Et les rêves de craie,
Se dessinent à grands traits,
Racines -pièges, sorties des forêts
Et l’invasion des limaces,
Ne tenant plus en place.
C’est à mon réveil,
Seulement, que le soleil,
Repousse les ombres,
– Que la nuit encombre…
… Quand elle revient , elle se penche,
Et au-dessus de moi, de ses formes blanches,
Sitôt la lumière éteinte,
Je retrouve l’étreinte
Des femmes sorties des nénufars,
Aux longs membres blafards…
Les pensées tanguent, parallèles,
Eléphants aux pattes grêles,
Aux parcours du dormeur,
Sous les draps, sa tiédeur…
Ou, au contraire, prisonniers de la glace
Les yeux ternis des rapaces
Le balancier régulateur,
Défiant la pesée des heures,
Où se joue le complot,
Extrait du tableau.
> Il n’y a plus de trêve,
Si l’absence s’empare du rêve.
–
RC – 13 septembre 2013
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Oslo Deauville Ailleurs mathématiques – 2 voix
–
Oslo Deauville Ailleurs mathématiques – 2 voix
Cette bouche (close):
un son (antérieur) peut-être.
Sur cette pente,
sur ces mains,
un corps dans un temps qui se meurt.
Il coule dans l’interstice de nos visions,
exulte de lenteur.
(Problème)
Sachant que nous sommes ici,
(si)tue moi dans cet espace aux prismes (in)définis,
à la croisée des champs audibles.
(Démonstration) le v(i)oleur ne veut plus de moi.
Un corps (en dé)coule, une inclinaison.
Il (dé)laisse ma personne vidée de tout bruit,
sur cette pente, ailleurs.
(Réponse)
Je suis ailleurs
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publié par le collectif dixit:
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