Pour combattre les mauvaises odeurs – ( RC )
Ventile les mauvaises odeurs ! ,
l’orgue est enrhumé,
la brume a envahi l’église
par le vitrail brisé
un jour, par une pierre.
On ne sait d’où vient cette colère…
un saint de plâtre
a perdu un bras
et rejoint les deux charognes
sur les allées.
Dieu a refusé
d’accepter les infidèles,
( ils n’avaient pas cotisé assez
pour une place au ciel ) .
Alors , ceux qui prient
contournent les cadavres,
que la lumière accable,
ventilent les mauvaises odeurs:
-
A-t-on prévu assez de cierges parfumés ?
RC
Ivresse – (Susanne Derève) –

Vivrons nous du souffle léger de Décembre - pierre tendre et tuiles rondes - et des rameaux du grand hiver rouges dans le bleu du ciel, de la promesse des bourgeons sur le bois nu, du dernier sursaut de l’automne, - ivresse, de vin rosé , de vin jeune et de pourpre, de chais silencieux - de l’or paresseux du jour, un boisseau d’ocres et de velours, de verts enluminés de pluie, de l’éclat chancelant du vitrail et de l’offrande de la nuit miroitant de l’averse, une ville à nos pieds, brouillée d’ombre et de vent, de nos mains jointes et refermées innocemment sur la fortune et le hasard, comme on braconne des rêves épars sur les terres blondes de l’été avant que ne l’emprisonnent les neiges blanches de Janvier
Gilles Vigneault – Paysage
photo DL Ennis
La lune a posé sur la plaine
L’argent d’un verglas sans pareil
À rappeler la porcelaine
D’une mer où dort le soleil.
Ah! Que la neige était plus belle
Aux saisons dont je cherche encor
La mystérieuse escabelle
Qui manque au coeur de ce décor
Pour que le jeu se recommence
Avec le splendide attirail
Du pays à la neige immense
Où la fenêtre était vitrail.
Ah! Que la neige était plus blanche
Et plus mélancolique aussi
Sa calme et paisible avalanche
D’un ciel au jour mal obscurci…
La lune a posé sur ma peine
L’éclat de son calme glacé.
Mon enfance ne fut pas vaine.
Voici déjà demain passé…
Gilles Vigneault
Le vitrail rouge – ( RC )
Vitrail: Marc Chagall
Il y a un mur, entre moi et la lumière.
Ce mur a beau être de verre,
à chaque fois, il s’obscurcit,
au sang des cœurs trahis.
C’est une fontaine vermeille.
Elle joue avec le soleil,
mais les oiseaux sont englués
à travers le vitrail ensanglanté .
C’est une lave de couleur ,
qui traduit la douleur,
contrepoint de surfaces grises ,
qui , peu à peu envahit l’église .
Un amour sans fin était promis ;
il faut croire qu’il a péri .
Il se suffira pas de quelques prières,
pour le revoir de sitôt sur la terre .
–
RC – nov 2016
( en rapport avec le texte de Mokhtar El Amraoui, visible sur son blog )
Ange empêché – ( RC )
peinture: Odilon Redon ( l’ange déchu )
L’ange s’est , d’un coup de prière
Déplacé du vitrail,
Accompagnant de rayons,
Les âmes sombres,
Là où la lumière renonce,
A aller plus loin….
Car la porte du ciel était close,
Sur ce qui suinte,
Davantage que les larmes,
– celle des cierges –
Vite figées comme ce qui transpire
Des confessionnaux.
L’ange assistant aux offices,
Aux cérémonies,et rites
N’émit pas d’opinion,
Sur ce qui est factice
Dans la religion,
Et sa pratique hypocrite,
La crainte des démons,
La morale et ses sermons,
Contrition et pénitence…
Malgré une infinie patience,
Finit par abdiquer,
Et, de guerre lasse,
–
Voulut reprendre sa place,
En laissant à d’autres,
La lourde tâche
De laver les péchés
– et autres tâches-
méritant l’absolution,
celles dont les prêtres s’acquittent,
avec l’habitude,
qui sied à leur profession.
Notre ange fut pourtant empêché,
De rejoindre dans l’air pur,
( peint d’un traditionnel azur ),
Les autres figurant
Un saint Sacrement,
porté dans les airs,
dessiné sur le verre…
Le vitrail étant fêlé,
Peut-être par un jour de tempête ,
Ou bien une figure ailée,
L’ayant heurté de la tête
On avait remplacé,
Le morceau cassé …
La fenêtre maintenant fermée,
Avec du verre armé,( anti-reflets )
Ne permet plus de voir,
La couleur de l’espoir,
Même à l’aide d’un chapelet.
Ne pouvant contempler le ciel,
L’ange , sur terre enfermé,
Est maintenu prisonnier,
Comme lorsque le gel
Empêche, de nuit comme de jour,
A la vie, de suivre son cours…
Ainsi suspendue
A la morte saison,
Qu’elle sangle et ficelle ;
Ayant comme Icare, perdu ses ailes,
Et avec elles, la raison,
Il fut, avec les hommes, confondu…
Peut-être est-il des nôtres :
– On ne sait rien de lui …
Peut-être hante-t-il
les lieux, la nuit,
avec une sébile
En appelant aux apôtres
et autres saints :
Ceux qui sont envoyés ici-bas
Dans le plus grand anonymat,
et que rien ne distingue des humains :
C’est sans doute chez eux qu’il faut chercher
( dans les âmes grises,
plutôt que les églises ).
On dit que l’ange y est caché,
Ou bien, derrière les esprits, pacifiés..
Préférables à ceux qu’on a crucifiés …
–
RC – juin 2015
photo ci-dessous : Lady Schnaps