voir l'art autrement – en relation avec les textes

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Souvenir d’école – ( Susanne Derève) –


Françoise Pétrovitch – Fillette à l’oiseau ( exposition Fonds Leclerc pour la culture – Landerneau)

 

Une fleur de papier  qu’on fixait à la toile

ou l’aile d’un moineau 

le froissement du crépon sur la peau

la soie délicatement abandonnée

au point de colle 

…  un  souvenir d’école

Et  dans la cage de l’oiseau l’éblouissement du vol

vertige funambule  l’éclipse des pinceaux 

un frémissement d’ailes

le vert brillant des plumes

l’ocelle noire de deux  yeux affolés

et sous le fin duvet le cœur désordonné  

de l’oiseau

petit corps tiède entre mes mains

qui  me disait la vie  dans une histoire sans paroles   

l’air de rien

                                                    

 

 


Chauve-souris – (Susanne Derève) –


Bat and Moon, 1830 Yamada Hōgyoku

 

      Attrape-songes,  souris aux mains ailées ,

       j’ouvrirai grand portes et fenêtres

      à ton vol effaré, petit cerf-volant éperdu de chair  et d’os,                                                                                           

      vers les toits glacés de la nuit,  

      noir accent circonflexe   griffant  la lune rousse

      et je  m’endormirai légère

      d’avoir lesté de rêves  tes ailes fragiles 

 

 


Miguel Veyrat – La terre s’ouvre au soleil


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La terre s’ouvre au soleil
Une rivière qui n’en finit pas
La chanson qui brûle dans l’air
s’évapore de larmes
La lumière ne peut brûler
Lorsque ,à l’écart des temples
Vole libre, sans colonnes

Chaque mot nu.

 

© Miguel Veyrat (« Babel sur la Lune » /  » bouche d’ombre «  Calima 2005)

 

 

TIERRA que al Sol se abre
río que nunca acaba
canto que arde en el aire
lágrima que se evapora:
Luz que no puede quemarse
cuando lejos de los templos
libre vuela sin columnas
en cada palabra desnuda.

 

 


Robert Piccamiglio – Midlands – 06 – Plus tard ( 02 )


peinture:                Valerio Adami:            La nuit étoilée

 

 

 

 

 

L’argile du cœur broyé par l’indifférence. La peur. La haine.

Aux pieds des frénésies du pouvoir toujours en marche.

Ce pouvoir je l’ai senti

sur les scènes du monde entier.

Je n’étais alors ni le troupeau

ni l’infime sillon. ni le berger anonyme.

J’étais comme cette terre riche de feu. Fusion éternelle. Longue course vers l’infini.

J’étais le ciel heurtant les saisons. L’amant.

La maîtresse habillée de gestes vifs. Insoumise.

J’étais ce fils

que je n’ai pas connu.

Ce Cavalier maintenant égaré.

J’étais cette tille que je n’ai pas eu. Cette Reine oubliée. Cette Fée d’éternité.

Le pouvoir je l’ai senti comme la rivière charriant le sang.

Puis le fleuve emportant les cadavres d’où venait le sang.

Je restais immobile.

Triomphant.

A l’image de ces volatiles

qui Jamais ne se posent.

Qu’importe la saison. .

L’odeur de l’herbe ou de la pluie.

Jamais ils ne suspendent leur vol.

Même les blés accueillant. Ou l’arbre tendant ses bras aux douceurs zénithales ne leur font refermer leurs ailes.

Midlands  est publié  aux  éditions Jacques  Bremond,              qui utilisent  très souvent  du papier  recyclé  « artisanal »….


François Cheng – Suivre le poisson, suivre l’oiseau


François Cheng , déjà  cité  pour  ses  réflexions  sur  le vide  et le plein...   – préoccupation yin-yang  très connue  de la pensée  chinoise,  F Cheng nous livre  aussi  sa vision poétique…

peinture perso sur carton 1986

Suivre le poisson, suivre l’oiseau.
Si tu envies leur erre, suis-les
Jusqu’au bout. Suivre leur vol, suivre
Leur nage, jusqu’à devenir
Rien. Rien que le bleu d’où un jour
A surgi l’ardente métamorphose,

Le Désir même de nage, de vol.


Michel Leiris – avare


art peinture; Patricia Watwood vanité

peinture:  Patricia Watwood:  vanité

Avare

 

M’alléger
me dépouiller

réduire mon bagage à l’essentiel

Abandonnant ma longue traîne

de plumes
de plumages
de plumetis et de plumets

devenir oiseau avare
Ivre du seul vol de ses ailes

Michel Leiris

(poème écrit en 1944, paru dans Haut Mal, Poésie/Gallimard, 1969)