Les inscriptions cohabitent avec les mousses – ( RC )
On a bien construit
de hautes pyramides,
de puissants ziggourats,
des buildings prétentieux,
pour que la pierre et le béton
se dressent
pour défier l’espace
et le temps.
On a peint sur les murs,
des fresques colorées ,
les églises furent habitées
de fantômes sculptés ,
la messe a été dite,
et les paroles se sont perdues
à mesure que les voûtes
buvaient les fumées des cierges.
La tour de Babel s’est écroulée,
le phare d’Alexandrie est sous les eaux,
les fresques sont illisibles,
les statues décapitées,
les épitaphes nous parlent
d’une langue
qui s’est égarée
comme des vaisseaux dans la brume.
Il y a eu des archipels
bâtis sur le sable,
des temples enfouis
sous les vagues denses, de la forêt
et des murs dont les inscriptions
cohabitent avec les mousses,
dialoguant quelque temps encore
avec la neige et le vent .
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RC – août 2016
photo : détail de la tombe d’Elizabeth Hayden
Quelle est la mémoire des pierres ? – ( RC )

pierres du musée lapidaire: photo ville de Narbonne
Quelle est la mémoire des pierres,
Celles qui se cachent sous la mousse,
Aux traces noires incendiaires,
Sous le lierre qui repousse ?
Des siècles traversés
Qui se souvient, des hommes trépassés….?
Peut-être les statues renversées,
Aux bras mutilés et têtes fracassées …
La mémoire des pierres attend,
Derrière de nouveaux murs,
De l’histoire, les mouvements,
Les révoltes et les fêlures…
Les combats et les guerres,
Les armées en déroute,
Nous parlent des hiers,
Jusque dans les voûtes.
Portées en arabesques,
Par des colonnes massives,
Et la peinture écaillée des fresques,
Sous d’autres perspectives,
D’autres époques et manières de vivre,
Recouvrant églises et temples,
Telles les pages d’un livre,
Ouvertes à celui qui les contemple.
La mémoire des pierres s’mprègne du temps,
Et du labeur des hommes, la trace
Même parfois teintées de sang,
Indifférentes aux ans qui s’entassent.
Elles sont comme des sentinelles,
Tout au sein de leur masse,
Une part d’éternel,
Alors que les hommes passent.
Les dressant comme un défi, debout
Contre le soleil et la tempête…
Elles parlent encore de nous,
Offrant au futur,le récit de leur parole muette.
RC – juin 2014
La cathédrale – ( RC )
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Croise les mains au-dessus du cœur,
Il faut protéger le feu,
Et des orages et des brisures,
Une cathédrale de chair, où même
Les mots n’ont plus de prise,
Assoupis à la naissance des eaux .
Seule s’élève la musique,
Entre les doigts des voûtes,
Avant qu’elle ne retombe,
Et tienne à distance,
Toute la cacophonie du monde,
Où les bruits se heurtent.
Il y a si peu de temps à vivre.
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RC- juillet 2014