Walt Whitman – Fière musique de la tempête

Ah d’un petit enfant, Tu sais comment pour moi tous les sons sont devenus de la musique, La voix de ma mère dans une berceuse ou un hymne,
(La voix, O voix tendres, voix aimantes de mémoire, Dernier miracle de tous, O voix la plus chère de ma mère, sœur, voix;)
La pluie, le maïs en croissance, la brise parmi le maïs à longues feuilles, Le surf de mer mesuré battant sur le sable, L’oiseau qui gazouille, Le cri aigu du faucon,
Les notes des oiseaux sauvages la nuit comme volant bas migrant vers le nord ou le sud, le psaume dans l’église de campagne ou au milieu des arbres en grappes, la réunion de camp en plein air, le violoniste dans la taverne, la joie, le chant de marin à longue haleine, Le bétail bas, le mouton bêlant, le coq qui chante à l’aube.
Toutes les chansons des pays actuels résonnent autour de moi, les airs allemands d’amitié, de vin et d’amour, les ballades irlandaises, les joyeux jigs et les danses, les parures anglaises, les chansons de France, les airs écossais, et le reste, les compositions inégalées d’Italie.
À travers la scène avec une pâleur sur son visage, mais une passion sombre, Stalks Norma brandissant le poignard dans sa main.
Je vois la lueur artificielle des yeux des pauvres fous de Lucia, Ses cheveux le long de son dos tombent et se décoiffent.
Je vois où Ernani marche dans le jardin nuptial, Au milieu du parfum des roses nocturnes, radieux, tenant sa mariée par la main,
Entend l’appel infernal, le gage de mort de la corne. Aux épées croisées et aux cheveux gris dénudés, La base électrique claire et le baryton du monde, Le duo de trombones, Libertad pour toujours!
De l’ombre dense des châtaigniers espagnols, Par les murs anciens et lourds du couvent, une chanson gémissante,
Chant d’amour perdu, le flambeau de la jeunesse et de la vie éteinte dans le désespoir, Chant du cygne mourant, le cœur de Fernando se brise. Se réveillant de ses malheurs enfin chanté, Amina chante,
Copieuse comme des étoiles et heureuse comme le matin, allume les torrents de sa joie. (La femme grouillante vient, L’orbe lustre, Vénus contralto, la mère en fleurs, Sœur des dieux les plus élevés, le moi d’Alboni que j’entends.)
il s’agit d’une partie du texte ( partie 3 ) – qui en comporte plusieurs…
Walt Whitman – Chant de moi-même
Chant de moi-même (extrait)
Je me célèbre moi,
Et mes vérités seront tes vérités,
Car tout atome qui m’appartient t’appartient aussi à toi.
Je paresse et invite mon âme,
Je me penche et paresse à mon aise . . . . tout à la contemplation d’un brin d’herbe d’été.
Maisons et pièces regorgent de mille parfums . . . . les étagères débordent de parfums,
J’en respire moi-même l’arôme, je le connais et je l’aime,
Cette quintessence pourrait m’enivrer à mon tour, mais je saurai lui résister.
L’air n’est pas un parfum . . . . il n’a pas goût de cette quintessence . . . . il est inodore,
Il s’offre éternellement à ma bouche . . . . j’en suis épris,
Je veux aller sur le talus près du bois, j’ôterai mon déguisement et me mettrai nu,
Je brûle de sentir son contact.
La buée de mon propre souffle,
Échos, clapotis et murmures feutrés . . . . racine d’amour, fil de soie, fourche et vigne,
Mon expiration et mon inspiration. . . . . les battements de mon cœur . . . . le passage du sang et de l’air
dans mes poumons,
L’odeur des feuilles vertes et des feuilles sèches, du rivage et des rochers sombres de la mer, du foin
dans la grange,
Le son des mots éructés par ma voix . . . . mots livrés aux tourbillons du vent,
Des baisers à la dérobade . . . . quelques étreintes . . . . des bras qui enlacent,
Le jeu de la lumière et de l’ombre sur les arbres aux branches souples qui ondulent,
Traduction Éric Athenot de l’édition de 1855 éditions José Corti
Walt Whitman
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