Une ouverture sur l’infini – ( RC )
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Prends ce morceau de ciel, emporte-le chez toi, installe-toi en contre-jour,
et revêts ta tenue d’ange.
Fixé dans un recoin, le temps s’immobilise. Il se déroule et s’ennuie.
Il faut mettre un terme à l’expérience
car même si le bleu est ta demeure, il faudra inscrire tes ailes dans l’espace,
et plonger dans l’abîme :
N’aie pas peur, regarde les oiseaux.
Ils ignorent le vertige . Tu les suivras.
Avec la courbe de l’air comme soutien, sans penser à le posséder :
Une ouverture sur l’infini.
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RC – nov 2015
L’île aux images – dénouer
dénouer
mains qui s’épuisent à nouer encore et toujours,
attention maladive portée aux noeuds, l’accident, traumatisme, nouer, nouer, nouer, encore et encore, nouer, se protéger, se cacher derrière la forêt de cordes bien circonscrite, taire le reste, tout le reste, incapacité de parler de soi, ne parler de rien d’autres que du travail et des banalités,
vérifier les noeuds, y penser tout le temps, concentration, pas le droit à l’erreur, la vie court-circuitée par les noeuds, rêver d’être sauvé par un noeud, peur lancinante du silence des cordes qui se nouent, la culpabilité grignote jour après jour, ce qui est autour de, ne jamais être soulagé des noeuds solides et de leurs sempiternels vérifications,
mais oublier que les attaches rouillent et qu’elles lâcheront un jour, bien avant qu’on ait pu dénouer les fils de ses obsessions