voir l'art autrement – en relation avec les textes

english translation

Sierra de Mulder – comme une fenêtre ouverte


One day you’ll learn

how to give and receive love

like an open window

and it will feel like summer

every day.

Sierra DeMulder receive love open window

Un jour tu apprendras

comment donner et recevoir  l’amour

comme une fenêtre ouverte

et cela sentira comme l’été

tous les jours.

Sierra DeMulder


Sierra de Mudler – donner et recevoir


One day you’ll learn

how to give and receive love

like an open window

and it will feel like summer

every day.

Sierra DeMulder receive love open window

Un jour tu apprendras

comment donner et recevoir  l’amour

comme une fenêtre ouverte

cela sera la sensation de l’été

tous les jours.


T.S Eliott – le mois le plus cruel


Van Gogh – les lilas

April is the cruellest month,

breeding

Lilacs out of the dead land, mixing

Memory and desire, stirring

Dull roots with spring rain.

TS Elliot april

Avril est le mois le plus cruel,

Les lilas hors de la terre morte, mélangeant

La mémoire et le désir, en remuant

Les racines inertes avec la pluie de printemps.

TS Elliot


Ryan Adams – ténèbres


darkness isn’t anything but the space in between the light

Les ténèbres ne sont pas autre chose que de l’espace entre la lumière

Ryan Adams


E.E.Cummings – je viens avec un rêve dans mes yeux


e.e. cummings knock with a rose

Mais je viens, ce soir , avec un rêve dans mes yeux ,

Et je frappe avec une rose

à la porte sans espoir de ton cœur.

extrait de « You are tired « 

trad RC


Ashley – automne


photo perso – Aveyron, environs de Millau

automne

un jour sans vent,
au sommet de chaque fleur
un papillon

(Autumn)

A windless day —
On top of every flower,
A butterfly.

voir le blog poétique d’Ashley


James Joyce – musique de chambre – XVI


photo Sylvia Alessi

XVI

Dis adieu, adieu et adieu,
dis adieu à tes jeunes jours,
Vient te séduire l’Amour joyeux
et courtiser ton jeune atour –
le corsage ornant tes façons,
Le filet sur tes cheveux blonds.

Quand tu entendras son nom porté
par les trompes du chérubin,
Pour lui commence à libérer
tout doucement ton jeune sein
Et défais doucement le filet
qui marque la virginité.

XVI


Bid adieu, adieu, adieu,
Bid adieu to girlish days,
Happy Love is come to woo
Thee and woo thy girlish ways –
The zone that doth become thee fair,
The snood upon thy yellow hair,

When thou hast heard his name upon
The bugles of the cherubim
Begin thou softly to unzone
Thy girlish bosom unto him
And softly to undo the snood
That is the sign of maidenhood.


Pierre Mhanna – respiration et souffle


 


 


 

 

7d-104-8158_dxo_49649460757_o

sculpture: Barbara  Hepworth

When I am down
I breathe in and out
as deeply and widely as I can,
centering myself
in the clarity of her light,
the intuition of eternity.

Quand je n’ai pas le moral
Je respire et souffle
Aussi profondément que possible ,
En me centrant
Dans la clarté de sa lumière,
L’intuition de l’éternité.

voir  le site de P M

 


 

 


 


 


Basho -La pièce perdue


euro, 5 cents, pièce de monnaie en cuivre, de tomber, de crise, de l'eau

La pièce perdue dans la rivière se trouve dans la rivière
Le soleil et la lune sont des voyageurs dans l’éternité.
Même les années sont errantes.
Pour ceux dont la vie est sur les eaux
ou qui conduisent un cheval au fil des ans
chaque jour est un voyage
et le voyage lui-même est la maison .


– Basho

( tentative  de traduction RC à partir  de l’anglais )

 

The Coin Lost In The River Is Found In The River

The sun and moon are travelers in eternity.
Even the years are wanderers.
For those whose life is on the waters or leading a horse through the years
each day is a journey and the journey itself is home

– 


James Joyce – musique de chambre III: ( pâles portes de l’aurore)


 

peinture: Stephane  Halbout
III
A l’heure où tout repose encore silencieux,
O toi qui restes seul à surveiller les cieux,
Entends-tu dans la nuit le vent et les soupirs
Des harpes suppliant Amour de réouvrir
Les pâles portes de l’aurore ?

Quand tout est en repos, toi seul es-tu levé
Pour écouter jouer les harpes nuancées
Sur le chemin d’Amour qu’elles vont précédant,
Et le vent de la nuit donnant le contre-chant
Jusqu’à ce que passe la nuit ?

Harpes invisibles, jouez donc pour Celui
Dont le chemin s’en va brillant au Paradis
A l’heure où va et vient quelque tendre lumière,
Une douce musique flotte dans les airs
Et joue ici bas sur la terre.

III
At that hour when all things have repose,
O lonely watcher of the skies,
Do you hear the night wind and the sighs
Of harps playing unto Love to unclose
The pale gates of sunrise ?
When ail things repose, do you alone
Awake to hear the sweet harps play
To Love before him on his way,
And the night wind answering in antiphon
Till night is overgone ?
Play on, invisible harps, unto Love,
Whose way in heaven is aglow
At that hour when soft lights corne and go,
Soft sweet music in the air above
And in the earth below.


Citation

Pablo Neruda – vos pieds


Mais j’aime vos pieds

juste parce qu’ils ont marché

sur la terre et sur

le vent et sur les eaux,

jusqu’à ce qu’ils me trouvent.

 

But I love your feet

only because they walked

upon the earth and upon

the wind and upon the waters,

until they found me.

Pablo Neruda love your feet

 

Pablo Neruda


Pierre Mhanna – dans le silence


Kokoreva candle   -  v-romance--groo.jpg

My poem…
the light of a candle
slowly gathering
in the silence of her heart.

Mon poème …
la lumière d’une chandelle
se rassemblant doucement
dans le silence de son coeur

 


James Joyce – musique de chambre – XVII


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photo  Francesca  Woodman

XVII

Ma colombe, belle et si chère,
Eveille-toi, éveille-toi
Sur mes lèvres et mes paupières,
Rosée de nuit repose là.

Le vent fleurant tisse en concert
Tous les soupirs comme des voix
Ma colombe, belle et si chère,
Eveille-toi, éveille-toi !

Près du cèdre là je t’attends,
O toi ma sœur et mon amie,
Ô colombe de ton sein blanc,
Ma poitrine sera le lit.

Pâle rosée vient se poser
Comme un voile par-dessus moi.
Ma colombe, belle et aimée,.
Eveille-toi éveille-toi.

My dove, my beautiful one,
Arise, arise !
The night-dew lies
Upon my lips and eyes.

The odorous winds are weaving
A music of sighs :
Arise, arise,
My dove, my beautiful one !

I wait by the cedar tree,
My sister, my love,
White breast of the dove,
My breast shall be your bed.

The pale dew lies
Like a veil on my head.
My fair one, my fair dove,
Arise, arise !

texte paru aux  éditions  « le Bousquet la Barthe « 


Vesna Parun – la vague


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J’écoute la rumeur basse de la mer

Qui surgit de la vague et se répercute,

Masquée par un agave antique, j’épie

Sa gorge qui se change en une mouette

Pour s’envoler avec un gémissement

Vers l’or des nuages. Et de l’airain du ventre

Somptueux s’érige sombrement le roc

En fleur qui porte un cortège de princesses

Fascinantes, de fées surgies des légendes.

 

I listen to the down rumor to the sea
That emerges from the wave and reverberates,
Masked by an ancient agave, I watch
Her throat that turns into a seagull
To fly away with a moan
To the gold of the clouds. And belly brass
Sumptuous rises darkly the rock
In bloom carrying a procession of princesses
Fascinating, fairy tales arisen from legends.
.

.


Regina Spector – Aujourd’hui


regina spector - younger

Aujourd’hui, nous sommes plus jeunes

que nous ne le serons jamais.

 

 


James Joyce – musique de chambre V


 

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assemblage: Joseph Cornell   » Cassiopea »

 

 

V
Quand l’étoile s’élance au paradis,
Timide et inconsolée, chastement ;
Daigne entendre dans le soir assoupi
Celui qui à ta porte vient chantant.
Son chant est plus tendre que la rosée
Et lui est venu pour te visiter.

Ô ne te penche dans la rêverie
Quand il t’appelle à l’orée de la nuit.
Ni ne songe   «Qui est donc le chanteur
Dont tombe ce chant qui parle à mon cœur ?»
Reconnais l’amoureuse mélopée :
C’est moi qui suis venu te visiter.

 

 

V
When the shy star goes forth in heaven
All maidenly, disconsolate,
Hear you amid the drowsy even
One who is singing by your gate.
His song is softer than the dew
And he is come to visit you.

O bend no more in revery
When he at eventide is calling.
Nor muse : Who may this singer be
Whose song about my heart is falling ?
Know you by this, the lover’s chant,
’Tis I that am your visitant.


Margaret Drabble – toute chose est possible


« When nothing is sure

everything is possible* »

margaret drabble nothing sure

  • « Quand rien est sûr toute chose est possible * « 

-Margaret Drabble


Pierre Mannha – si je ne peux pas pleurer


Henri Matisse - Fruit and Coffeepot [c.1898] 4808268332.jpg

peinture:  H Matisse

 

If I cannot cry
let these words be my tears
pooling in your cup
the fervency of my longing

Si je ne peux pas pleurer
Laissez ces mots être mes larmes
Se regrouper dans votre tasse
La ferveur de mon désir

 


Génie du verre ( RC )


Photo Anders Petersen:  tomorrow  started

Photo            Anders Petersen:           tomorrow started

Génie du verre

 

 

 

Il est un génie,
Qui surgit ,
Au fond  du verre de whisky,

Lorsque le froid descend,
Comme une  chape de plomb,
Sur la ville et le portrait de Marylin,

Se dopant aux amphétamines,
….Et la musique  titube,
Avec elle, se déchire,

La voix de Joplin,
( Janis pour les intimes )
Les cheveux sales au matin livide,

Les pavés retiennent encore la nuit,
Aux façades, les traînées de suie,
Les fils électriques, et leur calligraphie,

Une journée  va encore  brûler,
Les vêtements tremblants commencent à puer,
Et la bouteille est vide…

RC – 4 septembre  2013

voir  sur même thème cet article…

ainsi que le texte  d’Edith,  dont je suis parti pour  en faire  « l’écho »…

et mon auto-traduction…

Here is a genius,
That arises,
In the glass of scotch

When the cold descends
As a lead blanket,
On the city and the Marilyn’s portrait,

Doping with amphetamines,
And the music …. staggers,
With her, tears away,

The voice of Joplin,
( Janis for short )
Dirty hair in  livid morning,

The cobblestones still catches the night
Soot trails , on the facades,
Electrical cables, and their calligraphy,

A day will still burn,
Trembling clothes start to stink,
And the bottle is empty …

 

Résultat de recherche d'images pour "janis joplin portrait" Janis Joplin – dessin Cindy-jo Dietz


Emily Dickinson – lettre


This is my letter to

the world

that never wrote to me.

E Dickinson letter

Ceci est ma lettre

au monde

qui ne m’a jamais été écrite.

 

Em Dickinson


James Joyce – Ma colombe


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montage-peinture: Max Ernst

 

My dove, my beautiful one,
Arise, arise !
The night-dew lies
Upon my lips and eyes.

The odorous winds are weaving
A music of sighs :
Arise, arise,
My dove, my beautiful one !

I wait by the cedar tree,
My sister, my love,
White breast of the dove,
My breast shall be your bed.

The pale dew lies
Like a veil on my head.
My fair one, my fair dove,
Arise, arise !

 

XVII

 

 

Ma colombe, belle et si chère,
Eveille-toi, éveille-toi
Sur mes lèvres et mes paupières,
Rosée de nuit repose là.

Le vent fleurant tisse en concert
Tous les soupirs comme des voix
Ma colombe, belle et si chère,
Eveille-toi, éveille-toi !

Près du cèdre là je t’attends,
O toi ma sœur et mon amie,
O colombe de ton sein blanc,
Ma poitrine sera le lit.

 

Pâle rosée vient se poser
Comme un voile par-dessus moi.
Ma colombe, belle et aimée,
Eveille-toi éveille-toi.

 

  • extrait du recueil  « musique de chambre « 

Haruki Murakami – les souvenirs


Memories

are what warm you up from the inside*

But they’re also

what tear you apart.

 

Murakami - memories

 

 

 

 

 

Les souvenirs sont ce qui vous réchauffent de l’intérieur

  • Mais ils sont aussi ce qui peuvent vous déchirer.

Hersz K – Une jeune ouvrière


-trouvé  dans une publication  en polonais,  dont  j’ai  traduit  la version proposée en anglais dans « la petite revue »  de 1931

 

 

BE042688 Copie.jpgEt je dois me dépêcher comme ça pour ne pas tomber ou gaspiller le matériel.
Le travail est ennuyeux et fatigant.
Et autour de moi il y a le rugissement et le bruissement des machines, la poussière grise qui obscurcit les chiffres  des gens qui travaillent et il y a une semi-obscurité régnant à l’intérieur.
Ce n’est que lorsque les machines ralentissent que l’on peut entendre les voix des travailleurs et les  cris du contre-maître
« Plus vite!         Arrête de t’amuser! »

C’est comme si l’on voulait dépasser l’autre. Les travailleurs ne se regardent pas, ils semblent faire partie de la machine.
Il y a un garçon qui travaille à côté de moi et dont je n’ai pas encore entendu la voix.
Son visage est maigre, indifférent à tout et ses yeux ont une expression terne.
Il s’est tellement habitué à effectuer ses mouvements d’une manière uniforme que lorsque  la machine s’arrête, ses mains tremblent et il donne l’impression d’une personne qui perdant l’ équilibre.
De l’autre côté, il y a une fille juive pâle qui enroule sans fin des fils de laine sur des bobines à rotation rapide.
Son teint blanc est couvert de poussière, ses mains se maintiennent avec la bobine .
Il y a une pause à midi. J’essuie la sueur de mon front, je sors mon pain et je le mange.
Nous nous rassemblons tous dans le couloir.

Un des travailleurs déplie un journal. Ils lui demandent s’il y a des nouvelles brûlantes.
Ceux qui sont plus bavards commencent à bavarder. Blagues et intimidation des plus jeunes.
Une fois, un garçon est allé sur le toit pour faire une blague.
Les travailleurs plus âgés ont emporté l’échelle, et bien que le garçon ait pleuré et supplié, ils se sont seulement moqués de lui.

Ce garçon a perdu une heure de travail, donc il a été licencié de l’usine. Personne ne se soucie des autres,  ici.
Quand une machine a coupé la main d’un ouvrier, personne n’a même regardé en arrière;     vous ne pouvez pas arrêter le travail.
Tout le monde sait que derrière leur dos il y en  a une centaine d’autres, sans emploi, avides de trouver un emploi .
« Il n’y a pas de pénurie de personnes », nous entendons souvent.
Le travail se termine à 17 heures Je rentre chez moi fatigué, je dîne et je commence à lire un journal que je ne finis jamais.
À 18 heures. Je me jette sur le lit et je m’endors.
Le 18 mai, je suis arrivé à la conclusion que je vis comme un animal.

And I have to hurry like that in order not to fall behind or waste the material. The work is boring and weary.

And around me there is the roar and whir of machines, grey dust obscures the figures of people who are working and there is a semidark- ness reigning inside. Only when the machines are slow-ing down, one can hear voices of the worker s and the
over seer shouting:
“Faster! Stop lolling about!”
Everything is as if one wanted to surpass the other. Workers don’t look at each other, they seem to be parts of the machine.
There is a boy working next to me whose voice I haven’t heard yet. His face is scrawny, indiffèrent to everything and his eyes have a dull expression. He has gotten so used to performing his movements in a uniform manner that when the machine stops, his hands shake and he gives the impression of a person who is losing his balance.
On the other side, there is a pale Jewish girl who winds endless threads of wool on fast-turning spools. Her white complexion is covered with dust, her hands canbarely keep up with the spinning wheel.
There is a break at noon. I wipe the sweat off my forehead, I take out my bread and eat it. We ail gather in the hallway.
One of the workers unfolds a newspaper. They ask him if there is any hot news. Those who are more talkative start to chatter. Jokes and bullying of the younger ones. One time a boy went on the roof for a prank.

Older workers took awaythe ladder, and although the boy was crying and pleading, they only laughed at him. This boy lost one hour of work, so he was laid off from the factory. Nobody cares about anyone else here. When a machine cut a worker’s hand, nobody
even looked back; you can’t stop the work. Everybody knows that behind their back there are a hundred others, unemployed, hungry for work.
“There is no shortage of people,” we often hear.
Work ends at 5 p.m. I go home tired, I eat dinner and I start to read a newspaper that I never finish. At 6 p.m. I throw myself on the bed and I fall asleep.
May 18th -1 came to the conclusion that I live like an animal.

 

 


Rainer Maria Rilke – Automne


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Les feuilles tombent, tombent comme si au loin
se fanaient dans le ciel de lointains jardins ;
elles tombent avec des gestes qui se refusent.

Et dans les nuits la lourde terre tombe
de toutes les étoiles, dans la solitude.

Nous tombons tous. Cette main tombe.
Et vois, cette chute est dans toutes les autres mains.

Et pourtant il y en a  Un qui retient dans sa main,
cette chute délicatement, éternellement.

*

Herbst

Die Blätter fallen, fallen wie von weit,
als welkten in den Himmeln ferne Gärten;
sie fallen mit verneinender Gebärde.

Und in den Nächten fällt die schwere Erde
aus allen Sternen in die Einsamkeit.

Wir alle fallen. Diese Hand da fällt.
Und sieh dir andre an: es ist in allen.

Und doch ist Einer, welcher dieses Fallen
unendlich sanft in seinen Händen hält.

*

The leaves are falling, falling as if from far up,
as if orchards were dying high in space.
Each leaf falls as if it were motioning « no. »

And tonight the heavy earth is falling
away from all other stars in the loneliness.

We’re all falling. This hand here is falling.
And look at the other one. It’s in them all.

And yet there is Someone, whose hands
infinitely calm, holding up all this falling.

Rainer Maria Rilke  –       Le livre d’images        (Das Buch der Bilder)


Pierre Mhanna – Mère de toutes les bombes


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P Picasso – extrait de Guernica –        main à l’épée brisée, fleur

 

 

Mother of all bombs…
I believe in the strength
of a small flower

Mère de toutes les bombes …
Je crois dans la force
d’une petite fleur .


Joseph Brodsky – lettre à un archéologue


Facing the sea 4366826777.jpg

Citoyen, ennemi, fils à maman, ventouse, prononçant
Ordures, mendiants, porcs, « réfujuifs » , gens de mépris ;
Un cuir chevelu si souvent écorché avec de l’eau bouillante
Que le cerveau insignifiant se sent complètement cuisiné.
Oui, nous avons habité ici: dans ce béton, ces briques , ce bois
des décombres où vous arrivez maintenant pour les tamiser.
Tous nos fils ont été croisés, barbelés, enchevêtrés ou entrelacés.
Aussi: nous n’avons pas aimé nos femmes, mais elles ont conçu.
le son de pique-paille qui heurte le fer mort est tranchant;
Encore, c’est plus doux que ce qu’on nous a dit ou que nous nous sommes dit.
Étranger! Passez prudemment dans notre charogne :
Ce qui vous semble être la libération pour nos cellules.
Laissez nos noms seuls. Ne reconstruisez pas ces voyelles,
Consonnes, et ainsi de suite: ils ne ressembleront pas à des alouettes
Mais un limier dément dont la gueule dévore
Ses propres traces, les excréments et les écorces et les écorces.

—-

Citizen, enemy, mama’s boy, sucker, utter
garbage, panhandler, swine, refujew, verrucht;
a scalp so often scalded with boiling water
that the puny brain feels completely cooked.
Yes, we have dwelt here: in this concrete, brick, wooden
rubble which you now arrive to sift.
All our wires were crossed, barbed, tangled, or interwoven.
Also: we didn’t love our women, but they conceived.
Sharp is the sound of pickax that hurts dead iron;
still, it’s gentler than what we’ve been told or have said ourselves.
Stranger! move carefully through our carrion:
what seems carrion to you is freedom to our cells.
Leave our names alone. Don’t reconstruct those vowels,
consonants, and so forth: they won’t resemble larks
but a demented bloodhound whose maw devours
its own traces, feces, and barks, and barks.


Ted Hughes – la rêveuse


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photographe non identifié

 

J’ai vu

La rêveuse en elle qui était tombée

amoureuse de moi et elle ne le savait pas.

A ce moment le rêveur en moi

est tombé amoureux d’ elle, et je le savais.

—————

I saw ‘

The dreamer in her

Had fallen in love with me

and she did not know it.

That moment the dreamer in me

Fell in love with her, and I knew it.

Ted Hughes Dreamer

 

Ted Hughes