Mylène Charrier – la paix est une orange


peinture et photo Anne-Sophie Tschiegg Je voyage sur une route étrangeoù les amis se nommentcomme les fruits dans l’arbre je voyage vers toipour que tu m’apprennesce que de moije ne sais pas encore et si le chant qui monterend à la terretoute l’eau que j’ai bula paixest une orangequi vientcomme l’oiseausur la brancheet l’orangerde sa naissancedans les couleursdu ciel qui brûle Je ne saisqui de … Continuer de lire Mylène Charrier – la paix est une orange

Vole, petite aile – ( RC )


une interprétation du texte de la chanson de Jimi Hendrix  » Little wing » panneau de bois peint église de Zillis – Suisse XIIè s Vole, petite aile…Marchant au travers des nuagesavec l’esprit fantasque Qui librement court avecPapillons, zèbres et rayons de lune des contes de fée Vole, petite aile bien sûr réécouter la version originale, mais aussi celle qu’en ont donné d’autres musiciens… par exemple … Continuer de lire Vole, petite aile – ( RC )

Presque une éclipse à Venise – ( RC )


  montage RC pour Venise encoreje change le décor :je n’entame pas le fond de couleurblafard comme celui de lune,les gondoles sous leur linceul blanc,le bleu vert de la laguneet le temps qui s’éternise… On se croirait dans le film de Viscontiles temps d’avantoù tout s’immobilisesous un ciel sans étoiles,( presque une éclipse à Venisefuyant les dépliants touristiqueset les cartes postales )dans la ville désertique… Continuer de lire Presque une éclipse à Venise – ( RC )

Louise Warren – reprendre ma vie d’arbre


   peinture Marsden Hartley Il me faudrait reprendre ma vie d’arbre, m’enraciner dans la pensée, bien m’y positionner.Septembre m’a éparpillée dans tous les sens, dans une effroyable douleur collectiveoù l’imaginaire a été percuté, puis troué. De toutes parts, je sens l’ébranlementcomme une puissance sismique secouant toute la terre. Je voudrais tant glisser dans l’écriture en permanence,comme si on pouvait s’attendre à ce que la lune disparaisse sous … Continuer de lire Louise Warren – reprendre ma vie d’arbre

Pierre Bacchelli – Par delà


tableau – artiste non identifié – Singapour L’absence caresse ma jouePendant que je regardeLa lune agrandir la nuitComme une plante grimpante*Douce absence encore tièdeContre mon corps grifféD’attentes vaines et d’espoirs brûlés*Couché sur ce tertre de luzerne raseLes bras ouverts les mains offertesSont dépouillés de ton mondeEt mes yeux sont brume d’un hiverSans fin*Viendra le temps du souvenir en attendantQue le pas de l’ennui gris se … Continuer de lire Pierre Bacchelli – Par delà

Ne me dis pas que ton pas ressemble au mien – ( RC )


image RC peinture – montage à partir de Paul Delvaux Ne me dis que ton pasressemble au mien:tu vois bienqu’il ne s’imprime pasdans l’asphalte, et que la nuitne conserve pas ton ombre,surtout quand les ruesse font clairessous la portéede lune. Le ciel, à la rigueurferait un vide d’oiseauxautour de toi. Seuls les nocturnes qui veillenten ce dimanches’enfuiront à ton approche,car ils craignent aussiton ombre blanche… Continuer de lire Ne me dis pas que ton pas ressemble au mien – ( RC )

Marcel Proust – Chopin


portrait de F Chopin par Jacqueline Willemetz Chopin, mer de soupirs, de larmes, de sanglots Qu’un vol de papillons sans se poser traverse Jouant sur la tristesse ou dansant sur les flots. Rêve, aime, souffre, crie, apaise, charme ou berce, Toujours tu fais courir entre chaque douleur L’oubli vertigineux et doux de ton caprice Comme les papillons volent de fleur en fleur; De ton chagrin … Continuer de lire Marcel Proust – Chopin

Une chanson de lune – ( RC )


montage RC – sur la « croix du Buffre » ( causse Mejean ) Celui qui viendra,m’échangera des quartiers de lune,contre les étendues sauvagesdes steppes orientales, à traverser,-comme les causses, pour un ultime voyage-. Pourtant les doigts fins de ses rayons,iront , de même, jeter leur dévolusur les montagnes enneigées.( Je serai sans doute toujours un étrangeraux pays que je n’aurai pas connus.) Mais quelle que soit … Continuer de lire Une chanson de lune – ( RC )

Paul Eluard – à Marc Chagall


Âne ou vache coque ou chevalJusqu’à la peau d’un violonHomme chanteur un seul oiseauDanseur agile avec sa femme Couple trempé dans son printemps L’or de l’herbe le plomb du cielSéparés par les flammes bleuesDe la santé de la roséeLe sang s’irise le cœur tinte Un couple le premier reflet Et dans un souterrain de neigeLa vigne opulente dessineUn visage aux lèvres de luneQui n’a jamais … Continuer de lire Paul Eluard – à Marc Chagall

A travers l’oubli, et les astres noirs – ( RC )


D’où viens tu ?D’où viens je moi-même ?Sans doute d’une grande maisondont nous avons oublié l’origine . J’ai dû me pencher un peu trop au balcon,enjamber une lucarne,et saisir un ballonqui passait par là. Je pense que c’était un petit soleil noir,une pelote des hiers, froide et pesanteque je n’ai pas pu cacherdans un coin du jardin . Il m’a attiré en luicomme dans un … Continuer de lire A travers l’oubli, et les astres noirs – ( RC )

Julian Tuwim – le septième automne


photographe non identifié l’offrandeT’offrir tout : chaque rêve, chaque sourire,Chaque tendon, chaque mot, chaque pas !Tout le passé n’est que ton souvenir,Tout l’avenir n’est que ton saint regard !T’offrir tout, le moindre battement des cils,Le dernier sou, et mes forces dernières,Dilapider pour toi ma rage juvénile,Te marquer le chemin du sang de mes artèresBlasphémer ! défier Dieu ! traiter avec Judas !Mâcher en sable doux … Continuer de lire Julian Tuwim – le septième automne

Philippe Delaveau – tout est musique


peinture E Vuillard – les collines bleues 1900 Le soleil au pupitre et sa baguette obliquesur la prairie.Jusqu’aux petits orchestres des sableset des fontaines.Jusqu’aux sous-bois emplis de murmures,de harpes, de cascades. Et la philharmonie de l’océan devant les colonnes d’Hercule :au-delà, c’est Wagner, un mastic incolore.Mais ici, une salle attentive. Ils écoutent passionnément gronderl’express vigoureux de Beethovensur la voie qui tressailledans le cerveau, profond tunnel. … Continuer de lire Philippe Delaveau – tout est musique

Gérard Pons – feuilles du repentir


dessin Tristan Lazare Que nous restera-t-ilsur l’autre rivequi attendrisse notre exil ?Sur les rives de nos fleuvesne tomberont à l’automneque feuilles de repentiret sur nos monumentsencadrés par les roncesd’autres feuilles d’oubli. Le vent sans emblèmes,ni drapeaux, ni fanions,ni oriflammesn’agite que rameauxde saules éplorés.Face aux portes closeset aux rideaux tiréssonnent dans la nuitles pas cadencés de la rondeaux ordres des éperviers d’acier. Le lac retiréau-delà des … Continuer de lire Gérard Pons – feuilles du repentir

Vers l’îlot de silence – ( RC )


C’était comme une carte à peine visible, comme une espèce de dessin relié par des points, tel qu’on le voit sur les albums d’enfants. Des nymphes et des cygnes étaient les figures à relier ( d’une certaine manière, comme les étoiles d’une constellation ). Alors qu’il faisait presque noir, le plafond semblait s’être éloigné, les piliers effacés, presque engloutis par l’ombre. Je progressais à tâtons … Continuer de lire Vers l’îlot de silence – ( RC )

Des rêves qui s’effacent – ( comme au fond d’un encrier ) – ( RC )


Nos rêves se plient,se frottent à la cendre,aux cartes du cielqui basculeun jour d’automne Ils seraient semblablesà ces moissons du ciel,qui couchent les blésaprès la caniculed’un été de soif  ; Que chantent ils ?Des ailleurs où jamaisnous ne sommes ?Nos traces sur la pagequi s’effacentau fond d’un encrier. L’ombre de nos parolesn’en est jamais sortie :autant boire au goulotde la bière tièdeet regarder la mer,qui, toujours indolentesommeillesous un … Continuer de lire Des rêves qui s’effacent – ( comme au fond d’un encrier ) – ( RC )

On ne verra pas le troupeau de brebis brouter tes cheveux – ( RC )


Vois-tu, si je me lèveje n’ai pas souvenir des mêmes rêves…J’étais allongé sur le solet nulle part il n’y avait de route,Au-dessus , le ciel m’entourait de sa voûte .Le vent pousse des nuageset les accompagne longtemps dans leur voyage.L’un d’eux s’est distinguéen prenant l’allure d’un cavalier,mais aucun (que je ne sache)ne ressemblait à une vache…Quelques champs pelésréclamaient leur dûcar il n’avait pas plude presque … Continuer de lire On ne verra pas le troupeau de brebis brouter tes cheveux – ( RC )

à la table du ciel – ( RC )


Quand je mange à la table du ciel,je ne mendie pas les nuages,et dans mon assiette,il y a des quartiers de luneque j’arrose de voix lactée.Si je parle trop fortaprès avoir bu du sirop d’étoiles,elle s’éclipsele temps que j’alignequelques planètesau bout de ma fourchetteavant quelque comète de sucre glaceme servant de dessert.Repu, je plonge dans un sommeil opaque,où je bouscule tout le zodiaquedans un rêve … Continuer de lire à la table du ciel – ( RC )

Futaie profonde, et solitaire – ( RC )


Parcourant la forêt, les troncs courbésfont comme une harpejouant une musique de lumièreque personne n’entend.La futaie est profonde, et solitaire ,personne ne m’entend chanter.J’écris sur la terre humideun poème,que personne ne lira,à part la lunequi se penche vers moi . inspiré par les textes de Wang Wei, voir « sous les pins »- calligraphie chinoise – Continuer de lire Futaie profonde, et solitaire – ( RC )

Yannis Ritsos – Au balcon


Après la représentationil demeura caché au balcondans l’obscurité.Le rideau est grand ouvert.Régisseurs du théâtre,accessoiristes, éclairagistesdémontent les décors ;ils ont ramené au sous-solune grande lune de verre,ont éteint les lumières,s’en sont allés,en fermant les portes à clef.À ton tour maintenant,sans lumières,sans décors et sans spectateurs,de jouer ton propre rôle. Athènes, 4.III.85 texte extrait du recueil  » Balcon » ed B Doucey 2017 Continuer de lire Yannis Ritsos – Au balcon

Un matin où j’avance mes mains trop près du ciel – ( RC )


Peine perdueaux volutes des pensées désenchantées.C’est un matinoù j’avance mes mainstrop près du ciel,car le silence me répond, :celui de la nuit pailletée,que brouillent les voix de la veille : de grands morceaux fragmentésne composeront jamais un poème :miettes de croissants de lune,emportées par la rivière,un jour où le vent accompagneles gestes lents du balayeur. Puis il y a eu ce visageentr’aperçu derrière les rideaux pourpresd’une fenêtrequi recomposa … Continuer de lire Un matin où j’avance mes mains trop près du ciel – ( RC )

Sous les étoiles liquides – ( RC )


variation sur « Ondine » de Gaspard de la Nuit de Aloysius Bertrand En ton palais fluide, ta robe de moire s’orne d’ocelles:que forment , au fond du lac ,les ombres frêles des poissons. Le chemin qui mène à ta demeureserpente au gré des courants : c’est un sentier changeant , bien oublieuxd’une terre qui se meurt. De mornes rayons de lunecaressent en nuances de bleule balcon … Continuer de lire Sous les étoiles liquides – ( RC )

Benjamin Fondane – Ulysse, une déesse à tes côtés


Tu avais une déesse à tes côtés, Ulysse! À quoi sert-il de voyager?Une jarre de lait calme, les cuisses de l’épouse,les jours comme des pommes tombées dans le verger,une belle lumière lisse,la paix de l’œuvre faite et la nuit à l’auberge,vieillir tout doucement près d’un pichet de vinquand la lune blanchit le large,tout en trinquant avec des marins revenus infirmes,d’on ne sait quelles batailles louchesqu’on … Continuer de lire Benjamin Fondane – Ulysse, une déesse à tes côtés

Chauve-souris – (Susanne Derève) –


        Attrape-songes,  souris aux mains ailées ,        j’ouvrirai grand portes et fenêtres       à ton vol effaré, petit cerf-volant éperdu de chair  et d’os,                                                                                                  vers les toits glacés de la nuit,         noir accent circonflexe   griffant  la lune rousse       et je  m’endormirai légère       d’avoir lesté … Continuer de lire Chauve-souris – (Susanne Derève) –

Sophie Fauvel – la pierre


photo George Priebus – Cleons – Grèce J’avais posé naguèreSur  cette sombre pierreUn souvenir présent,Un brin de coquelicot,Un parfum de sanglot,Pour que jamais le ventN’efface nos mystères. J’avais posé naguèreSur cette sombre pierreFleurie de nos amoursDes secrets interdits,Des verbes alanguis,Des nuits comme des jours,Une lune coquine,Des soupirs d’amour. J’avais posé naguèreSur cette sombre pierreUne douce caresse,Nos plus belles promessesEpargnées par le temps. J’avais posé naguèreSur … Continuer de lire Sophie Fauvel – la pierre

un poisson au-dessus des dunes – ( RC )


Je me roule dans les mains de lune glisse dans l’océan des rêvesje suis un poisson qui s’envole au-dessus des dunes. Ta poitrine de sirèneblanche et ta chevelure brunesont celles d’une reineau regard limpide. Je vais planer, planer encore, puis je retomberaidans l’étendue liquidel’instant d’une petite mort. Ton corps d’or, en devenirconnaît les sentiers secretsdes ressacs du désir. Tu sais que l’on se noiedans le … Continuer de lire un poisson au-dessus des dunes – ( RC )

Passagers de la nuit – (Susanne Dereve)


    La nuit dérivait lentement pas une nuit d’argile ni de mousse ni de la froide clarté des constellations de Juillet ni de l’ombre des pins , noire , où balançait le vent ni du roulement des vagues ou de celui du temps perdu , éperdu , amassé  – telles ces piécettes d’or miroitant sous l’eau des fontaines –     Une nuit d’étreintes … Continuer de lire Passagers de la nuit – (Susanne Dereve)

Max Jacob – Madame la Dauphine


Madame la DauphineFine, fine, fine, fine, fine, fineFine, fine, fine, fineNe verra pas, ne verra pas le beau filmQu’on y a fait tirer— Les vers du nez —Car on l’a menée en terre avec son premier-néEn terre et à NanterreOù elle est enterrée. Quand un paysan de la ChineShin, Shin, Shin, Shin, Shin, ShinVeut avoir des primeurs— Fruits mûrs —Il va chez l’imprimeurOu bien chez … Continuer de lire Max Jacob – Madame la Dauphine

Federico Garcia Lorca – Casida des colombes obscures


      Sur les branches du laurier  j’ai vu deux colombes obscures. L’une était le soleil, et l’autre était la lune.                                  – Petites voisines, ai-je dit,  où donc sera ma sépulture ?       – Dans ma traîne, a dit le soleil.       – Dans … Continuer de lire Federico Garcia Lorca – Casida des colombes obscures

Mokhtar El Amraoui – Derrière le souffle


      peinture  David  Maes   Chute de feuilles Ivres de lune. Aboyant tournoiement, Comme la douleur Sous le soc des heures ! La figue ensanglantée crie Dans le miroir La trajectoire des veines. L’ombre se glisse, Derrière le souffle. L’oiseau n’a pas encore su se faire lumière. Il se cache dans le mouchoir mort d’un passager !   ©Mokhtar El Amraoui Continuer de lire Mokhtar El Amraoui – Derrière le souffle

A l’heure où reflue la marée – (Susanne Derève)


          Il me reste à brûler  quelques roses flétries et les hampes rouillées des acanthes à tailler de grandes coupes dans les blés   pour rejoindre les prairies rases de Juillet la lande rouge  les bruyères jusqu’à  l’estran  à l’heure où reflue la marée              Il me reste à sonder  le ciel sans espérer  y distinguer rien d’autre qu’un fin brouillard  d’été –  … Continuer de lire A l’heure où reflue la marée – (Susanne Derève)