Georges Séféris – Santorin 01


    – Nous nous sommes retrouvés nus sur la pierre ponce regardant les îles nées des flots, regardant les îles rouges s’abîmer dans leur sommeil, dans notre sommeil. Nous nous sommes retrouvés nus, ici, inclinant la balance vers l’injustice. – Talon de la vigueur, vouloir sans faille, amour lucide, desseins qui mûrissent au soleil de midi, voie du destin au bruit de la jeune … Continuer de lire Georges Séféris – Santorin 01

Pablo Neruda – la lettre en chemin


    –   Au revoir, mais tu seras présente, en moi, à l’intérieur d’une goutte de sang circulant dans mes veines ou au-dehors, baiser de feu sur mon visage ou ceinturon brûlant à ma taille sanglé.   Accueille, ô douce, le grand amour qui surgit de ma vie et qui ne trouvait pas en toi de territoire comme un découvreur égaré aux îles du … Continuer de lire Pablo Neruda – la lettre en chemin

Li-Young Lee – Attends le soir


–   Attends le soir. Après, tu seras seul. Attends que le terrain de jeu soit vide. Puis appelles tes compagnons d’enfance: Celui qui ferme les yeux et fait semblant d’être invisible.   Celui à qui tu as dit tous les secrets. Celui qui a fait tout un monde d’une cachette. Et n’oublies pas celui qui écoutait en silence tandis que tu te demandais à … Continuer de lire Li-Young Lee – Attends le soir

Patrick Ourednik – extrait de  » Instant propice 1855


          –   Oui, un matin nous avons compris que les gens se mordent, se dévorent, se haïssent, pour toute éternité. Ne soyons pas des hommes, nous dîmes-nous, soyons des arbres, soyons l’ombre des branches, soyons des empreintes au sol. Soyons nus, fondons le royaume des nus, soyons transparents et sans peur. Patrick Ourednik   — Instant propice 1855  est paru … Continuer de lire Patrick Ourednik – extrait de  » Instant propice 1855

Alejandra Pizarnik – nuit


      NUIT Je sais peu de choses de la nuit mais la nuit semble me connaître, et même plus , m’aide comme je le voulais, l’existence me couvrant avec ses étoiles. Peut-être que la vie est la nuit et le soleil , la mort. Peut-être la nuit n’est rien On peut tout supposer et les êtres qui vivent nulle part. Peut-être les mots … Continuer de lire Alejandra Pizarnik – nuit

L’eau est morte, ce soir – ( RC )


  L’eau est morte, ce soir, Au bord de ses lèvres sales, Le saule s’y abandonne, Et égare son reflet, Au milieu de remous jaunes, Et d’un ciel Qui semble ne jamais S’extirper des marais. Le profond n’est plus visible  . … Il pâtit d’incertain. Quelques poissons, Au ventre blanc,   dérivent  . Une barque a coulé,   d’immobile, Comme sont désertés les souvenirs, Envahis par la vase, … Continuer de lire L’eau est morte, ce soir – ( RC )

Giacomo Leopardi – A la lune


    O gracieuse lune, je me souviens qu’il y a maintenant un an, je venais sur cette colline plein d’angoisse, te contempler, et tu planais alors, comme tu fais à présent, au dessus de cette forêt que tu illumines tout entière. Mais ton visage m’apparaissait nébuleux et tremblant à travers les larmes qui perlaient sous mes paupières, car douloureuse était ma vie, et elle … Continuer de lire Giacomo Leopardi – A la lune

SJ : Qu’est-ce que tu attends ?


  – parfois je veux m’ouvrir les veines,       mais il n’y a pas de rasoir assez puissant ou attacher une pierre autour de mon cou et sauter d’un pont , mais il n’y a pas de pierre assez lourde parfois je veux m’attacher à une voie ferrée , mais il n’y a pas de train assez rapide ou faire tourner une voiture dans … Continuer de lire SJ : Qu’est-ce que tu attends ?

Giacomo Leopardi – Le songe


  * LE SONGE – * C’était le matin, et à travers les volets fermés, par le balcon, le soleil glissait sa première blancheur dans ma chambre sombre, quand, au moment où le sommeil plus léger et plus doux voile les paupières, se dressa à mon côté et me regarda en face le fantôme de celle qui, la première, m’enseigna l’amour, et puis me laissa … Continuer de lire Giacomo Leopardi – Le songe

Camille Lysière – L’homme dessiné


L’homme-dessiné       Cœur de nuit. Mon Homme-dessiné étendu sur le ventre, un bras tombe du lit, le dos de la main posé sur le parquet. Il a fermé les yeux, il respire lentement, et sourit de temps en temps au gré de ses pensées. La lumière est douce et les draps sont froissés. Les bruits du dehors nous parviennent seulement, nos halètements se … Continuer de lire Camille Lysière – L’homme dessiné

Marie Huot – Accepter quelque chose


      –     Il faut accepter quelque chose. Je ne sais quoi exactement. Peut-être d’être là de n’attendre rien de plus que d’être là à regarder le feu à penser aux lichens de Sbarbarro. Accepter de frémir d’un rien et que cela remplisse une journée tout entière. Je sais que cela peut être vrai. Je le sens dans mon corps. Accepter qu’il … Continuer de lire Marie Huot – Accepter quelque chose

Départ vers une fête dans un monde de roche et de lumière (RC)


  Site ruiniforme des causses ( cirque de Mourèze) 34 – Quinze ans  que le train se rue ….. et le vent racle et les perles brillantes des autos se croisent sur les routes. Il fallait que je m’en défasse,  ——-   il m’en reste quelques autres d’ailleurs. Pourquoi avoir  gardé  çà tout ce temps. C’est devenu une fête potentielle, j’en conserve les confetti et … Continuer de lire Départ vers une fête dans un monde de roche et de lumière (RC)

Henri Bauchau – Ignorante , Ignorant


      IGNORANTE IGNORANT Incertains du coeur Incertains de lâme et des mouvements de l’esprit Ignorant des fruits de l’ombre Ignorante du soleil Insoucieuse insouciant dormant dans la confidence de la source de la feuille de la framboise étourdie d’une taille de fougère oublieuse oubliant le temps de songe écoutant et parfois n’écoutant plus Enfants de terre incertaine …… Continuer de lire Henri Bauchau – Ignorante , Ignorant