Marcello Comitini – la promenade


    peinture Marc Chagall- les amoureux 1914 ( collection particulière ) Je me suis promené dans les sentiersd’un champ inconnuilluminé par les fleurs et par les yeuxlimpides des fillesqui brillent malicieuses de loinet dansent sous le soleildéplaçant lentement les hanches comme les flancsd’un puma.Elles voudraient que je coure dans leurs bras.Elles aimeraient me toucherpour savoir sans aucun doutesi je suis en vie et si je sais sourire. Mais je ne sais … Continuer de lire Marcello Comitini – la promenade

Else Lasker Schüler – en secret, la nuit


Je t’ai choisiEntre toutes les étoiles. Et je suis éveillée — fleur attentiveDans le feuillage qui bourdonne. Nos lèvres veulent faire du miel,Nos nuits aux reflets scintillants sont écloses. À l’éclat bienheureux de ton corpsMon cœur allume la flamme qui embrase les cieux — Tous mes rêves sont suspendus à ton or,Je t’ai choisi parmi toutes les étoiles. ( autre traduction du même texte publié … Continuer de lire Else Lasker Schüler – en secret, la nuit

Alexandre Blok – un rêve éveillé électrique


Par les bouges, les venelles, les détours,En un rêve éveillé électrique,Je cherchais les infiniment bellesEt les amoureuses éternelles de la renommée. Les rues étaient ivres de cris.Il y avait des soleils dans les vitrines miroitantes.La beauté de ces figures de femmes !Ces fiers regards des hommes ! C’étaient des rois, non des vagabonds !Je demandai à un vieil homme adossé au mur :« Est-ce toi … Continuer de lire Alexandre Blok – un rêve éveillé électrique

Nina Berberova – liens, chaînes et filets


   photo RC - Cancale Il y a des liens, des filets,La lourdeur du bonheur,Ce sont chaînes de plomb.Mais moi, je pars sans laisser d’attaches.Je porte mes fers comme bracelets,Une couronne d’épines en guise de tiare,Et toutes les humiliations, vexations et douleursTintent comme son collier au cou de la bohémienne. Longue vie soit donnéeA mes précieux amis,Mais à mes ennemis, rien qu’un jour.Pas un jour où … Continuer de lire Nina Berberova – liens, chaînes et filets

Pierre Béarn – Absente en ses rêves de feu


Absente en ses rêves de feuYvonne avait les yeux éblouisdes mots prisonniers de leur danse. Rue Condorcet dans la pénombrede ses mannequins endormisl’extase l’amputait d’un nidque profanait l’oiseau dément… Elle était l’ombre et le fantômequ’éperdument les mots traversentdès que s’ouvre son manuscrit. Continuer de lire Pierre Béarn – Absente en ses rêves de feu

Edith Södergran – Ne vous approchez pas trop de vos rêves


« Ne vous approchez pas trop de vos rêves :Ce sont de la fumée qui peut se disperser.Ils sont dangereux et peuvent le rester.Avez-vous regardé vos rêves dans les yeux :ils sont malades et ne comprennent rienils n’ont que leurs propres pensées.Ne vous approchez pas trop de vos rêves :Ce sont des mensonges, ils devraient s’en aller –ils sont de la folie pour tous ceux … Continuer de lire Edith Södergran – Ne vous approchez pas trop de vos rêves

Quine Chevalier – l’herbe des secrets


Pour Annie Estèves Ensorcelées sous le soleilles ombres sont féroces l’aube sans voix décline ses miroirset le vent dans tout çaqui palabreviolente. Ensemble nous marchonsdans nos creuxsoulevantl’herbe des secrets que nous buvons le soirdans la lampe qui brûle. Quel hameau a quittél’enfant de nos désirssur quel arbre d’oublia-t-il planté ses rêves ? La main n’est plus qu’un nidl’ombre se reposeles yeux ardent la plaine où … Continuer de lire Quine Chevalier – l’herbe des secrets

La porte dégondée de mes rêves – ( RC )


Photo : Karen Jerzyk La porte dégondée de mes rêves,n’ouvre que sur des illusions.Le sommeil plongé dans une trêve,où se voilent les miroirs. On grandit sans s’en apercevoirjusqu’à toucher le plafond,et le temps continue,sans rimes ni raison, pendant que les poupéesde l’enfance ,délaissées dans le placard ,prennent cette allure bizarrealors que je deviens immense . Et la tapisserie de pâlirsur mes souvenirs,encombrés de gravats. Ceux … Continuer de lire La porte dégondée de mes rêves – ( RC )

Pierre Bacchelli – Un à trois –


image : RC Soudain la nuit me parut courteEncombrée de gens qui dorment malGriffés brièvement par leurs rêves*Alors j’attends comme un vieux papierTue-mouches sec depuis longtempsEt d’un jaune noir cassant*L’aurore pluvieuse s’avanceEt crépite sur les chapeaux des fleursJ’ai pincé la flamme de la chandelleBlafarde sur le gisantIls ne viendront plus maintenantIl est trop tard*Nous avions prévu une belotteJ’avais déjà distribué les cartesAvec le paquet au … Continuer de lire Pierre Bacchelli – Un à trois –

Hugo Le Maltais – Narcotique blues


montage RC Odeur humide à l’orée de la nuitEtoiles scarifiées sur les épaules de l’horizonQue la grisaille mélange de son doigt d’hiver S’endormir à contre-jour de nos rêvesAccoutumance,A la solitude des bêtes Combustion de la mousson,Dans la brume matinaleSur l’humus, quelques perles de sang séché… Dans le lointain silencieux et trouble,A peine le spasme d’une vagueUn cargo traîne sa chaleur de rouille Vertèbres du cauchemar,Dépliant … Continuer de lire Hugo Le Maltais – Narcotique blues

Partout où s’étale la page blanche – ( RC )


image provenant de la galerie « Au Médicis » Partout où s’étale la page blanche,s’étend un nouveau monde . C’est le récit des rêves tusqui ne sont jamais parvenus encoreà émerger sur le papier.La plus petite trace qui sera laisséesera celle qui fait fondre la neige,d’où percent, comme les dents des rochersl’excès aventureux d’une envolée de mots,une voix qui cherche à naître,des paroles jamais entendues…C’est ainsi que … Continuer de lire Partout où s’étale la page blanche – ( RC )

François Corvol – c’est parti dans les nuages


V peinture Marc Chagall – costume de Zemphira, pour Aleko C’est parti dans les nuagesj’éprouve des bonheurs inconnus et familierschaque jour renouveléchacune de mes journées est merveilleusej’ai peine à y croire VI Cette vie est semblable à un rêvej’en ai tant de ces rêves que je n’y vois plus rienmes yeux distinguent à peine tout ce qu’il y a de réelje les écoute parlerj’ai du … Continuer de lire François Corvol – c’est parti dans les nuages

Des rêves qui s’effacent – ( comme au fond d’un encrier ) – ( RC )


Nos rêves se plient,se frottent à la cendre,aux cartes du cielqui basculeun jour d’automne Ils seraient semblablesà ces moissons du ciel,qui couchent les blésaprès la caniculed’un été de soif  ; Que chantent ils ?Des ailleurs où jamaisnous ne sommes ?Nos traces sur la pagequi s’effacentau fond d’un encrier. L’ombre de nos parolesn’en est jamais sortie :autant boire au goulotde la bière tièdeet regarder la mer,qui, toujours indolentesommeillesous un … Continuer de lire Des rêves qui s’effacent – ( comme au fond d’un encrier ) – ( RC )

Antonio Gamoneda – Cecilia


Tu dors sous la peau de ta mère et ses rêves pénètrent dans tes rêves. Vous allez vous éveiller dans la même confusion lumineuse. Tu ne sais pas encore qui tu es ; tu demeures indécise entre ta mère et un frémissement vivant…. …Entre en ta mère et ouvre en elle tes paupières, entre doucement dans son cœur ; Redeviens fruit dans le silence. Soyez … Continuer de lire Antonio Gamoneda – Cecilia

Jacques Borel – la trace


photo: Izis À qui veux-tu parler ? Les trottoirs sont déserts, Un petit soleil mort Ou le crachat d’hier Se sèche sur le mur. O veine de mica, Tesson, mucus, paupière, Trace d’une lueur Absorbée par la pierre, Ne t’éteins pas encore, Reste d’un geste humain Ou souvenir du jour, Illumine ce peu D’espace consolable Où ma vie comme un poing Serre ses derniers rêves. … Continuer de lire Jacques Borel – la trace

On ne verra pas le troupeau de brebis brouter tes cheveux – ( RC )


Vois-tu, si je me lèveje n’ai pas souvenir des mêmes rêves…J’étais allongé sur le solet nulle part il n’y avait de route,Au-dessus , le ciel m’entourait de sa voûte .Le vent pousse des nuageset les accompagne longtemps dans leur voyage.L’un d’eux s’est distinguéen prenant l’allure d’un cavalier,mais aucun (que je ne sache)ne ressemblait à une vache…Quelques champs pelésréclamaient leur dûcar il n’avait pas plude presque … Continuer de lire On ne verra pas le troupeau de brebis brouter tes cheveux – ( RC )

Philippe Delaveau – marcher


Marcher parfois longtemps dans la prairie du vent. Ses bottes malmènent les fleurs, l’herbe aux rêves de voyage. Puis le petit village près d’un bois. L’harmonica d’une eau rapide qui se cache pour voir le ciel et l’ombre, et les cailloux entraînés de ferveur, sur leurs genoux qui brûlent. Entendre alors la persuasion très tendre et douce d’un oiseau qui solfie les mesures d’une clairière. … Continuer de lire Philippe Delaveau – marcher

Paul Eluard – Air vif


J’ai regardé devant moiDans la foule je t’ai vueParmi les blés je t’ai vueSous un arbre je t’ai vue Au bout de tous mes voyagesAu fond de tous mes tourmentsAu tournant de tous les riresSortant de l’eau et du feu L’été l’hiver je t’ai vueDans ma maison je t’ai vueEntre mes bras je t’ai vueDans mes rêves je t’ai vue Je ne te quitterai plus. Continuer de lire Paul Eluard – Air vif

Djamal Benmerad – neutre et mort


Tu n’entends pasla rosée du matinni le souffle du ventdans les boisni le rire moqueur de la mouetteTu ne vois pas le vifdes cerises pulpeusesTu ne connais pasle mal de la tortureTu ne sens passous tes doigtsla chair frissonnantede la nubile Tu ne te bats pas En véritétu es déjà mortou presque Le métier d’exilIci on ne meurt pason rampe La visière de l’exilprojette de … Continuer de lire Djamal Benmerad – neutre et mort

De la lumière, là où il n’y en avait pas – ( RC )


Puisque nos paroles repoussent l’obscurité,nous avons fait de la lumière,là où il n’y en avait pas,en décrivant les songesqui nous font voyager. Peut-être ne suffit il pas de parler,mais de mettre nos rêves sur le papier,les mots d’encre rendus visiblesse mettront ensemble à danser:petits soleils dans notre nuit partagée… voir parallèlement l’écrit de Candice N’Guyen dans « traverses 8 »: Tout au fond de la nuitnos rêves … Continuer de lire De la lumière, là où il n’y en avait pas – ( RC )

Ed J Maunick – Port-Louis


6… Port-Louis ma capitale le Jardin des Salinesmes rêves devant la merles bateaux dans la rade mes adieux sans départaux tortues centenaires au Cimetière de l’Ouestaux oiseaux bateliers mes escales fantômes Batavia Liverpool 7… Port-Louis ma délirante ce délit du partir alors que je t’aimaistrottoir après trottoir qu’avec mes amis d’ornous frappions à ton ciel pour une mâne secrètesur nos vies secondaires réinventions le mondepour … Continuer de lire Ed J Maunick – Port-Louis

Anna Jouy – Je n’oublie pas


Je n’oublie pas. Pourquoi le ferais-je. Le souvenir est le petit oratoire de la mélancolie.J’entasse le passé, les fanes d’hiers bien secs. Une odeur de soleil en fleurEt parfois glisse sur l’image du jour, ce voile qui tombe sur les berceaux.Je n’oublie pas comme on a bâti ma robe de mots, comme il a fallu y faire entrer le corps et l’âme engoncée.Je n’oublie pas … Continuer de lire Anna Jouy – Je n’oublie pas

Elle disait – (Susanne Derève) –


Elle balançait son pas léger sur le pavé des rues et ses cheveux flottaient comme d’anciennes voiles avec leur lien de chanvre abandonné au vent Elle disait: Je m’en vais pour longtemps et son regard brillait du fol émoi qui gouverne les rêves habillait l’horizon de palais de lumière tandis que j’y voyais lever un éternel hiver Elle disait je m’en vais dans son oeil … Continuer de lire Elle disait – (Susanne Derève) –

Pluie passagère au fort de Bertheaume – ( RC )


Tiens, nous voilà transportésdans l’horizon différédes reflets au passé composé,comme l’arc-en cieljailli d’une pluie passagèreprès du fort de Bertheaume :un arc de couleurs irréellesprenant source dans mon souvenir,où se bousculent atomes de lumièreet nuages fantômesd’une image en devenirfaisant corps à corps avec la grève :la piste sableuse de mes rêves…. Continuer de lire Pluie passagère au fort de Bertheaume – ( RC )

Père, Mère – (Susanne Derève)


Père, mère, on vous abrite toute une vie, oiseau fragile nous portant d’un coup d’aile au-delà de nos rêves, ou talisman de pierre nous plombant de regrets Tes rêves, père, comme un livre entr’ouvert dans mon regard d’enfant, de jeunesse guerrière,d’eaux neuves, de poissons glorieux entre tes mains agiles Tes rêves, mère aux pantoufles de vair, façonnés de tendresse et de rires d’étoles de velours … Continuer de lire Père, Mère – (Susanne Derève)

Paola Pigani – Où s’est – elle en allée la jeune fille Manouche?


Où s’est – elle en allée la jeune fille Manouche?A-t-elle emporté les bourgeons de rêves qu’ elle avait cachésentre les planches de son baraquement?Elle a couru, je saisdans l’haleine des forêts,a voulu venger le temps arrêté, bousculer des pierres,des agneaux dans les prés,a jeté sa robe usée,s’est lancée dans la rivière,s’est roulée dans l’herbe,plus nue qu’ à peine née . Revenue au plus haut du … Continuer de lire Paola Pigani – Où s’est – elle en allée la jeune fille Manouche?

Éoliennes sur champs de colza -(Susanne Derève)-


Eoliennes sur champs de colza, jaune apparat pour fleurs d’acier, et de joyeux nuages en gardiens du troupeau céleste. J’imaginais des clairs-obscurs agrestes des ciels champêtres de tendres bosquets de printemps… Qu’une bourrasque les emporte ! Les fleurs distilleront la lumière du vent et les prairies engraisseront la toile de mes rêves pour les changer en or. Continuer de lire Éoliennes sur champs de colza -(Susanne Derève)-

Un pont sur les rêves – ( RC )


C’est une voie étroitequi s’élanceau milieu des flots. Juste quelques récifs battus par les embrunsla maintiennent . Pour prolonger le jour,sous le ciel étoilé, il me faudra quelques signes, ceux du zodiaque peut-être,un horizon bleutépour me rapprocher des îles. Je jetterai un pont,quelques lignes sur les rêves,transformerai le calvaireen phare de lumière, très loin d’iciprêt à immobiliser les vagues. Est-ce un morceau d’infini ce ciel … Continuer de lire Un pont sur les rêves – ( RC )

Chauve-souris – (Susanne Derève) –


        Attrape-songes,  souris aux mains ailées ,        j’ouvrirai grand portes et fenêtres       à ton vol effaré, petit cerf-volant éperdu de chair  et d’os,                                                                                                  vers les toits glacés de la nuit,         noir accent circonflexe   griffant  la lune rousse       et je  m’endormirai légère       d’avoir lesté … Continuer de lire Chauve-souris – (Susanne Derève) –

Thomas Vinau – Nos cheveux blanchiront avec nos yeux


Qu’est-ce que j’en fais moi de tout çà ? Des fils de laine dans sa petite main. Des murmuresquand tu t’endors. De la chaleur sur les crépis.Du givre blanc sur les pare-brise. Du brouillard quimonte doucement. De la montagne de linge sale. Du troud’argent de la pleine lune. Du pigeon déchiquetépar le chien. Du panache de l’écureuil. Des brindillesfraîches dans mes mains. De trois roses … Continuer de lire Thomas Vinau – Nos cheveux blanchiront avec nos yeux

Enfant-roi – (Susanne Derève)


. Non je  n’irai pas réveiller l’enfant-roi qui sommeille dans la vive clarté du matin, car le ciel est si  bleu, les pins si verts, les cimes si  brillantes qu’ils portent en eux leur propre fin annonciatrice d’orage. . . Je le laisserai dormir à poings fermés dans l’ombre mauve  des persiennes, livré  à la tiédeur  des draps, à la quiétude ailée  de ses rêves                                   et … Continuer de lire Enfant-roi – (Susanne Derève)

un poisson au-dessus des dunes – ( RC )


Je me roule dans les mains de lune glisse dans l’océan des rêvesje suis un poisson qui s’envole au-dessus des dunes. Ta poitrine de sirèneblanche et ta chevelure brunesont celles d’une reineau regard limpide. Je vais planer, planer encore, puis je retomberaidans l’étendue liquidel’instant d’une petite mort. Ton corps d’or, en devenirconnaît les sentiers secretsdes ressacs du désir. Tu sais que l’on se noiedans le … Continuer de lire un poisson au-dessus des dunes – ( RC )

Colette Seghers – Ne me cherche jamais


Ne me cherche jamais Tu me cherchais? Ne me cherche jamais, je suis là, embrassée du cœur aux chevilles dans tes mains d’homme et ta mémoire. Et nouée comme une pièce d’or dans le trésor confidentiel de ta vie, brigandée dans l’envers du temps… Ne me cherche jamais, je suis là, la nuit peut bien sécher ses grands trains d’herbes fauves et lancer sur ses … Continuer de lire Colette Seghers – Ne me cherche jamais