L’infini est au bout des doigts – ( RC )


L’infini est au bout des doigts.Son chemin est incertainau milieu des mousses.Le printemps n’est que de surface,l’été est dans la profondeur.Un précipice que le poucen’atteint pas dans le sillondes champs d’étoilesqu’on enlaceà portée de main . On en ignore les lueurs,la neige qui s’effaceles vents agilesdes caresses tièdesau sourire des saisonstoujours vivantesdans la chair et le sangqui remontent à contre-courantdes mondes du dedansoù les rivières … Continuer de lire L’infini est au bout des doigts – ( RC )

Lent retrait du gris – ( RC )


photo Yama Bato Ce n’est plus le noir de fuméequi occulte le jourde façon à masquer le solaire…Mais la cendre légèredes jours gris qui s’égarentlorsque l’hivercède peu à peu du terrain. La saison change de visage.On se dit que les fleurs nouvellessont encore bien témérairesd’oser s’ouvriralors que la neiges’accroche encore aux côtés d’ombre. Un gris de plus en plus ténuqui se situe en retrait allégé … Continuer de lire Lent retrait du gris – ( RC )

Jeanine Baude – De cette grotte obscure, je te parle…


gravure expressionniste allemande années 20 Et de cette grotte obscure, je te parle, Adrienne, et je te parle encore de ce mal qui nous ronge, de ce soleil luisant sur la neige en lisière de vos baraquements. Bois de tristesse et fenêtres d’oubli, mesure de vos jours, carré d’indigence sur votre soif d’un mirage et d’une insaisissable oasis__ _gelées que vous êtes, plantées, entre l’intervalle … Continuer de lire Jeanine Baude – De cette grotte obscure, je te parle…

Lumière de Décembre – Susanne Derève


Les cimes têtues des sapinset prisonnière, la lumière rase de Décembrequi brasille à travers les branches nues des chênes,nous aveugle – arbres torches du soir cristallisantle moindre rayon d’or –           s’attarde dans les charmilles,traîne au cœur des bosquets,sombre dans le pli soyeux des dolinesavant de disparaître dans le moutonnement du causse,happée par les bas nuages d’hiver. La fine poudre de la neige lisse les courbes … Continuer de lire Lumière de Décembre – Susanne Derève

mes pensées s’égarent dans le blanc – ( RC )


Il suffit d’une marcheà longue portéedans les draps mousd’un décembre en retrait, pour connaître la nasse du joursuspendu à son grispesant sur la neige – rapace – . Des seuls repères,nous verrons des arbres dénudés,noirs.Comme calcinésémergeant sans demeuredans la déclive. Un vent furieux les secoue,les ploie, les casseles noue de glacedans la tourmente. Mes pensées s’égarentdans le blanc. voir les publications de Marie Tavera, entre … Continuer de lire mes pensées s’égarent dans le blanc – ( RC )

Une neige posée là,depuis des années – ( RC )


Te souviens tu de cette église où nous nous sommes réfugiés Un jour d’hiver ? Une lumière chiche filtrait à travers ces vitraux. Des dévôts en habits sombres S’étageaient sur les bancs de bois, Enroulés dans leurs prières et manteaux de laine. Des colonnes se perdaient dans les ombres, une brume de fumées sortie des ostensoirs. Nous avons fait quelques pas et découvert que nous … Continuer de lire Une neige posée là,depuis des années – ( RC )

Marie-Ange Sebasti – roncier


«  Com’è una vechja stàntara sbuscatadi i lamaghji di u sempri »                 Marianghjula Sebasti   In fondu à l’ortuL’omu avìa missu à pusàA gattiva staghjoni era ghjuntaIncù ventu nevi è cotruCotru chè focu ùn i vinìa à fini Dita infritulitiL’omu avìa surtitu un criò à la punta frazzataNantu à un pezzu di carta u facìa sculisciàFendu colli è fendu montiMa vo o amicu induva hè … Continuer de lire Marie-Ange Sebasti – roncier

Robert Anthelme – le printemps nous trahira bien plus que l’hiver


provenance photo: la dépêche Fin mars. Le vent souffle souvent. La boue de neige fondue sèche dans le camp. Le soleil ne se dégage pas encore, mais il y a dans le ciel un prodigieux travail de nuages, le plafond de l’hiver se désagrège, montre parfois des morceaux de bleu. Les jours s’allongent. Avec les craquements dans le ciel, un étirement se fait dans les … Continuer de lire Robert Anthelme – le printemps nous trahira bien plus que l’hiver

Christian Dotremont – ensevelis sous quelle neige


collaboration Ch Dotremont & Pierre Alechinsky  » Fable abrupte » 1976 Est-ce qu’il neigeait ? – Lorsqu’elle m’a glissé ce petit peu de neige,le soleil s’était caché pour que rien ne fonde de notre rencontre,pour que le feu entre nous s’allume sans secours,à seule raison de notre chaleur, à seul défaut de notre silence,et d’ailleurs… – Et d’ailleurs ?– Et d’ici je vois que nous étions … Continuer de lire Christian Dotremont – ensevelis sous quelle neige

Paul Eluard – à Marc Chagall


Âne ou vache coque ou chevalJusqu’à la peau d’un violonHomme chanteur un seul oiseauDanseur agile avec sa femme Couple trempé dans son printemps L’or de l’herbe le plomb du cielSéparés par les flammes bleuesDe la santé de la roséeLe sang s’irise le cœur tinte Un couple le premier reflet Et dans un souterrain de neigeLa vigne opulente dessineUn visage aux lèvres de luneQui n’a jamais … Continuer de lire Paul Eluard – à Marc Chagall

Jusqu’à ce que texte s’ensuive – ( RC )


Il est toujours temps d’écrire,de ramasser par terreles mots que l’on perd.Cela change des lettres anonymesdes lettres découpées dans les journauxaprès la scène de crime.C’est une façon de composeravec des morceaux de phrases colléessur le fond beigequi remplace la page pâleou blanche comme neige.Un joyeux charivariqui dédaigne l’horizontale ,et le bleu azurs’enfonce dans un bleu nuitsemblable à l’écriturequittant les rivesétroites du papierjusqu’à ce que texte … Continuer de lire Jusqu’à ce que texte s’ensuive – ( RC )

Partout où s’étale la page blanche – ( RC )


image provenant de la galerie « Au Médicis » Partout où s’étale la page blanche,s’étend un nouveau monde . C’est le récit des rêves tusqui ne sont jamais parvenus encoreà émerger sur le papier.La plus petite trace qui sera laisséesera celle qui fait fondre la neige,d’où percent, comme les dents des rochersl’excès aventureux d’une envolée de mots,une voix qui cherche à naître,des paroles jamais entendues…C’est ainsi que … Continuer de lire Partout où s’étale la page blanche – ( RC )

Césure du temps – ( RC )


Les pieds attachés aux pierres,je peux encore te parlerà voix basse,et te confier quelques mots Je ne sais où ils s’envolent, précisément ,plus légers que la neige ,bien au-delà de mon ciel,pour rejoindre le tien . Tu en captes au passageà cheval sur un nuage ,dans la lumièreque tu me renvoies. Je n’avais pas prévu que s’arrête le temps,qu’il y ait une césure ,et qu’un … Continuer de lire Césure du temps – ( RC )

décrire l’impalpable – ( RC )


Volume de poussières et de cheveux par Lionel Sabatté – Qui pourra me décrire l’impalpable ?Tout ce qui règne sur l’absence,brûle les après-midisdans l’immobilité d’un sommeil,les poussières occupant des rayons de soleil. Elles pratiquent le jeude l’extinction des feux.Si légères soient-elles, elles dansentavec le moindre courant d’air,captent une partie de la lumière mais finissent toujours par recouvrirde leurs cendres,les surfaces qu’elles grisentet mes membresqui s’exercent … Continuer de lire décrire l’impalpable – ( RC )

Kenneth White – la porte de l’Ouest


L’échappée, ah – cette lueur bleu sombrele long du fleuve puisl’éclair d’ambre doré puis encorela lueur bleu sombre tout le long du fleuve( vieux rafiot noir là-bàs traînantprès d’un gros paquebot blanc )et les nuages filant basau-dessus des vagues grises aux crêtesécumantes ( ah cette courbe qui se brise ) et en hautle vol noir des goélands Puis les collines, fougères rousses entre-mêlées et les … Continuer de lire Kenneth White – la porte de l’Ouest

Pierre de Massot – Mirages


Ne quitte pas le bleu de l’aubeAvant que de mouiller tes doigtsFragiles aux pieds du hasardEt ta tunique invisible« Le cœur trop lourd n’a plus ses cygnesPour étoiler vos rêves d’angesEt nous buvons des fleurs si blanchesque la vertu sous neige signe ». Le vaisseau noie ses ailes calmesDans le cristal où tu sourisCar les douleurs prennent de l’ombreA la douceur des palmes moites. (Paris-Journal, … Continuer de lire Pierre de Massot – Mirages

KHÔNG LÔ – Douce oisiveté du vieux pêcheur – (Ngu nhàn)


Sur mille lieues, le fleuve limpide, sur mille lieues, le ciel d’azur, Une fumée flotte sur les mûriers d’un hameau solitaire.Le vieux pêcheur que nul ne trouble reste plongé dans le sommeilQuand il s’éveille, l’après-midi, sa barque est couverte de neige*. . * la neige est inconnue dans cette région du Vietnam . Mais les poètes employaient souvent ce mot pour désigner la brume par … Continuer de lire KHÔNG LÔ – Douce oisiveté du vieux pêcheur – (Ngu nhàn)

Voyage d’hiver – (Susanne Derève)


Un lent voyage d’hiver enfoui dans la grisaille,au fil des routes, quelques enseignes : gites, miel, potier, le lourd panache des fumées, un givre d’ombres sur les branches basses des sapins.Dans les clairières, poudrant les coupes claires du bois, le fin linceul du gel marqué d’empreintes, pas, ornières – les roues profondes des engins – et la griffe étoilée d’un merle silencieuxtraçant son chemin sur … Continuer de lire Voyage d’hiver – (Susanne Derève)

A l’ombre du chais silencieux – ( RC )


( réponse à Ivresse de Susanne Derève ) — Faut-il se laisser emporterpar le drap du grand hiver,et répondre à l’appeldu vin dans les caves– qui tiendrait lieu de promesses – ? Un peu de chaleurtournant au fond des verres,où se reflète le ciel. A défaut des terres blondes de l’éténous goûterons l’ivresseà l’ombre du chais silencieuxquand le vin mûritsans se soucier des jours pluvieux … Continuer de lire A l’ombre du chais silencieux – ( RC )

As-tu amarré ta folie aux petits matins du monde – (Susanne Derève) –


As-tu amarré ta folie aux petits matins du monde, nommant dans ta fièvre fredaines, égarements ta muse émue, et cette sourde musique de l’hiver loin très loin sous terre où se danse la ronde, sous la longe enfouie des prairies enneigées, les prairies basses, la vie d’avant naissance. Fouille, fouine, sourde est la vie, le long repos des spores un membre inerte, enchaîné au gel … Continuer de lire As-tu amarré ta folie aux petits matins du monde – (Susanne Derève) –

Francis Blanche – j’ai rêvé ma vie


photo Boris Wilensky J‘ai rêvé ma vieles yeux grands ouvertsme suis réveilléquand c’était l’hiver La neige était làle ciel était grisle vent était froidje n’ai pas compris Mes beaux soirs d’avrilque j’avais rêvésoù donc étaient ilsj’en aurais pleuré Faites-moi plaisircommence sans moilaissez-moi dormir …. j’étais fait pour ça… Continuer de lire Francis Blanche – j’ai rêvé ma vie

Herberto Helder – Les menstrues –


Les menstrues quand sur la ville soufflait cet air. Les jeunes filles respirant, mangeant des figues – et les menstrues quand sur la ville filait le temps à travers les airs. C’étaient des œillets dans la neige. Les jeunes filles riaient, criaient – et les figuiers insufflaient les figues, de leurs poumons d’éponge blanche. Et les jeunes filles mangeaient des œillets dans l’air. Et elles … Continuer de lire Herberto Helder – Les menstrues –

Serge Marcel Roche – Variations neige


Et les années dansaient ce matin avec les flocons gaiement derrière la vitre villes visages heures ainsi tournoyant dans l’air froid et ceux qui tambourinent contre les carreaux selon le pouls intermittent du souvenir toi assis au bureau guettant le bruit des pas fantômes sur la page neuve l’approche au loin des voix profondes avec une lenteur de neige Continuer de lire Serge Marcel Roche – Variations neige

Jean Tardieu – au conditionnel


Si je savais écrire je saurais dessinerSi j’avais un verre d’eau je le ferais geleret je le conserverais sous verreSi on me donnait une motte de beurre jela ferais couler en bronzeSi j’avais trois mains je ne saurais oùdonner de la têteSi les plumes s’envolaient si la neige fondaitsi les regards se perdaient, jeleur mettrais du plomb dans l’aileSi je marchais toujours tout droit devantmoi, … Continuer de lire Jean Tardieu – au conditionnel

Charles Dobzynski- D’abord d’un arbre


Je suis né juif en coup de vent. Des broussailles s’écartaient pour me voir paraître. Je ne laissais pas de traces sur la neige. En ce temps-là il n’y avait pas d’étoiles le ciel était un ventre creux. Je suis né en apnée dans le sommeil du monde. Des arbres me montraient leur paume déjà trouée par la foudre. Je suis né d’un arbre puis … Continuer de lire Charles Dobzynski- D’abord d’un arbre

Kenneth White – Labrador (2,3)-


2 J’ai moi aussi nommé un lieuun lieu de grands rochersluisant sous le soleilun lieu où l’eau bruissaittourbillonnait et glissait —je l’ai nommé le Merveilleux Rivage j’ai vécu là-bas tout un hivertout un temps de blanc silencej’ai gravé sur la pierre un poèmeà l’hiver et au blanc silenceles plus belles runes par moi tracées des hommes aux yeux fins, aux pommettes hautessont venus me visiternous … Continuer de lire Kenneth White – Labrador (2,3)-

Violette Leduc – sur la neige


Le monde n’est pas étanche, et les regards peuvent se voiler. Ce que nous voyons est fugace, et la pensée perce violemment l’inconscient conciliabule, sans tête à tête ni préambule, aussi rapide que vorace, ne s’embarrassant pas de volte face, traçant une figure au ciel bleu, qui s’efface. Recule, je n’ai pas peur. Je vois le fil que tu empruntes. Il est bien tendu, et … Continuer de lire Violette Leduc – sur la neige

C’est la nuit que je cherche – (Susanne Derève)


Un train traverse la nuitC’est la nuit que je cherchedans son manteau de neigeses éclisses de gel ses quartiers d’ombreet de lumièreà la lueur des réverbères tremblantsous les assauts du vent et toi bonhomme de neigequi fanfaronne dans les jardinsblanchis de givrebénis ma bonne fortune :demain flottera ton chapeauavec ton frac entre deux eaux Je n’aurais plus qu’à les pêcherdans une flaqueCoiffé de mon chapeau claquej’attraperai … Continuer de lire C’est la nuit que je cherche – (Susanne Derève)

La patience des pierres – (Susanne Derève)


S’il demeurait des cendres fertiles sous la glace qui donc pouvait le dire  nul ne savait ce qu’ourdissaient les pierres dans le silence  J’imaginais  des causses arides sous le manteau des neiges,  leurs sinuosités translucides et bleutées leurs boues fossilisées  et  côté ombre réfractant le soleil en lisière des chemins de blanches cheminées de gel des éboulis de roches  et d’herbes sèches gainés de givre … Continuer de lire La patience des pierres – (Susanne Derève)