Adoption par la forêt – ( RC )


installation végétale Nils Udo Les feuilles du temps s’arrondissentet se courbent sous les nœuds des lianes.L’alphabet végétal dans son exubérance,multiplie les formes nouvelles,s’élance, sans que rien ne puisse le retenir,vers la caresse de la lumière.Sa suave croissancese mêle aux replis du jourfournit une ombre paradoxale,une danse lente qui enlace l’obscurité naissante,tisse en secret l’âme des feuilles,protège le murmure des rivières,les cercles magiques des champignons. Leur … Continuer de lire Adoption par la forêt – ( RC )

Petite mère (26) – Susanne Derève


Mèrete souviens-tu quand nous volions les rêvescomme d’autres les chevaux ?Tu ne te souviens plus Mèrete souviens-tu comme les terres viergesont glissé sous nos pas ?Tu ne te souviens pas Je tiens encore entre mes mainsla bride des chevaux et le sable des routesles jacinthes odoranteset l’herbe de printempsles narcisses étoilés des champssous le soleil Dans ce moment béni du jourdont l’opulence te sourittu souris à ton … Continuer de lire Petite mère (26) – Susanne Derève

Guy Goffette – rue de la Grande Truanderie


photo Eugène Atget ILe soir peut bien tomber tout bass’engouffrer dans la rue truandeon n’entend pas un pasplus haut que l’autre Pasun cri de passant estourbiaucun souffle essouffléde poursuivi cherchantun passage où cachersa peur entre les branchesles bras dodus les bronchesdu vieux marchand de sableoù ronflent depuis longtempsles grands truands au chômagesagement couchésavec leurs petitsqui rêvent de truanderie IIIl n’y a plus de truands rue … Continuer de lire Guy Goffette – rue de la Grande Truanderie

Pierre Voélin – La corbeille des saisons (7)


Tu tresses la corbeille des saisons – le miels’égoutte dans les branches du lait de tes seins l’invisible blancheurvient partager la nuit plus tendre est l’écorce du rêveet tant et tant de cris se perdent au loin là — sous cette paupière nocturne – a voyagéune enfance . Y.Editions FATA MORGANA 2024 Continuer de lire Pierre Voélin – La corbeille des saisons (7)

L’infini est au bout des doigts – ( RC )


L’infini est au bout des doigts.Son chemin est incertainau milieu des mousses.Le printemps n’est que de surface,l’été est dans la profondeur.Un précipice que le poucen’atteint pas dans le sillondes champs d’étoilesqu’on enlaceà portée de main . On en ignore les lueurs,la neige qui s’effaceles vents agilesdes caresses tièdesau sourire des saisonstoujours vivantesdans la chair et le sangqui remontent à contre-courantdes mondes du dedansoù les rivières … Continuer de lire L’infini est au bout des doigts – ( RC )

Serge Marcel Roche – ce silence de sable


photo RC Il y a ce silence de sableDevant la merCe silence de sable tien L’enfance près de la fenêtreDans la villeSi loin La chair muetteEt le beau désirA la cime de l’arbre Et puis toutes les annéesDe ciel lourdQu’il faut bien traverser Si l’on veut revenirUn jour làDevant la mer D’où surgira le cheval blanc… extrait des publications aux « Cosaques des frontières » Continuer de lire Serge Marcel Roche – ce silence de sable

Léonce Tonio – Entre le tissu et le rien


photo Frank Vic Elle porte. Une robeQue le vent lui envoleLaissant flotter son corpsEntre le tissu et le rienMon ongle croise sa peauQui feint de l’ignorerComme le courant ignore la riveComme le mont de sa hanche ignore mes doigts randonneursÀ chaque grain de beautéMon frôlement trace un signeLascot dans le sablePour prévenir ceux d’après texte paru dans les « cahiers rouges  » de la revue Hélas Continuer de lire Léonce Tonio – Entre le tissu et le rien

Cairn – ( RC )


photo Clava cairns Ecosse Où trouver dans le temps qui passece qui demeure d’une demeureparmi la tourbe, les herbeset pierres sèches ?Quels sont ces endroitsdiscrets, à l’abri des regards,où seul un monticuleenvahi par les moussesconserve le souvenirde sentiers de viesous la dalle de l’histoire ? Il va falloir faire corpsavec la terre,sous l’abri précaire d’un monticuleà l’ombre d’un chêneavec quelques offrandeset de menus objets,qui restent … Continuer de lire Cairn – ( RC )

Kerdrel – l’ombre d’encre


photo DPM Nous restions très distants, sans jamais la toucherJe ne pus caresser que la peau de son ombre,Loin de la multitude et séparés du nombreCe seul contact charnel, en vain je l’ai cherché. Lorsqu’on s’aime il est dur de ne pas s’approcherDe l’objet désiré par ces temps, sans encombreLa seule intimité fut la douce pénombreEnveloppant nos corps sans pouvoir l’afficher. Je rêvais d’un baiser … Continuer de lire Kerdrel – l’ombre d’encre

Omar Youssef Souleimane- Loin de Damas ( extraits)


Entre les continents Entre les continentsj’ai vu un chemin droit et argenté comme un critraversé par des mots Nos cœurs sont des petits papillonset les champs, de grandes prisons De l’eucalyptus il ne nous reste que le sourireet de la danse de l’enferque la folie Piéger mes chansons Il retourne la terre en quête de cette averseabsorbée par le regard de l’enfanceen quête d’une perle … Continuer de lire Omar Youssef Souleimane- Loin de Damas ( extraits)

Lent retrait du gris – ( RC )


photo Yama Bato Ce n’est plus le noir de fuméequi occulte le jourde façon à masquer le solaire…Mais la cendre légèredes jours gris qui s’égarentlorsque l’hivercède peu à peu du terrain. La saison change de visage.On se dit que les fleurs nouvellessont encore bien témérairesd’oser s’ouvriralors que la neiges’accroche encore aux côtés d’ombre. Un gris de plus en plus ténuqui se situe en retrait allégé … Continuer de lire Lent retrait du gris – ( RC )

Xavier Bordes- Consolatio


Je taillerai dans le ciel gris une éclaircie,une échancrure azur, avec le couteauidiot des mots qui sont ma seule arme,le chuchotis acéré du fil du cœurqui traverse l’hiver blanc et vide..Dans le ciel gris une éclaircie en formede fleur à six pétales et pistil de soleil :un rayon en tombera droit sur ton frontbrûlant, rayon pur comme un doigt de fée.L’air soufflera son frais parfum … Continuer de lire Xavier Bordes- Consolatio

Dahlia Ravikovitch – fierté


photo RC – 2021 – Finistère nord Même les pierres se fissurent, je vous le dis,et pas à cause de l’âge.Pendant des années, ils sont couchés sur le dosdans la chaleur et le froid, depuistant d’années,cela crée presque l’illusion du calme.Ils ne bougent pas, donc les fissures restent cachées.Une sorte de fierté.Les années passent et ils attendent.Celui qui va les brisern’est pas encore venu.C’est ainsi … Continuer de lire Dahlia Ravikovitch – fierté

Quand il s’agit de rattraper l’été – ( RC )


photo auteur inconnu Nous nous berçons de rameaux d’ordès que l’été prend la fuite.Septembre est encore encombréde fleurs séchées, de tiges brisées,de cheveux au vent.Les chemins précèdent nos pas.Nous les avions déjà parcourusune autre fois. Les nuées nous devançaientet éteignaient les couleursau fur et à mesure . La lumière en pinceauxdéposée sur les collines,puis lui en choisissant d’autres,( ou bien l’ombre,si on préfère ). C’est … Continuer de lire Quand il s’agit de rattraper l’été – ( RC )

Marie Sizun – nostalgie de que l’on quitte


photo Francesca Woodman Les deux derniers jours sont étranges, dans l’appartement vidé de tout souvenir personnel et de la plupart des meubles, précipitamment vendus. C’est devenu un lieu irréel, où l’on est en transit, dans l’inconfort matériel et moral de qui n’a plus vraiment d’assise, la nostalgie de ce que l’on quitte, l’impatience inquiète de ce vers quoi l’on va… extrait de  » la gouvernante … Continuer de lire Marie Sizun – nostalgie de que l’on quitte

Gérard de Nerval – Une allée du Luxembourg – Dessin de Constantin Guys


En savoir plus sur Constantin Guys sur le site du Musée d’Orsay : https://www.musee-orsay.fr/fr/ressources/repertoire-artistes-personnalites/constantin-guys-14353 https://www.musee-orsay.fr/fr/articles/charles-baudelaire-et-constantin-guys-le-peintre-de-la-vie-moderne-199572 Continuer de lire Gérard de Nerval – Une allée du Luxembourg – Dessin de Constantin Guys

Jâlch Esfahâni – Un monde meilleur


photo Andreas Katsakos Si on me demandait ce qu’est la vieje répondraischercher toujoursdésirer un monde meilleur… je suis lucide comme jamaiséveillée je déborde de penséesendormie je suis éveilléej’apprécie cette époquej’aime cette terrede voir l’aube claire je m’enivre chaque jouret le premier jour est pour moicomme le dernier jourun « bonjour, ma joie » et un douloureux « au revoir » s’entremêlententre les deux saluts, une … Continuer de lire Jâlch Esfahâni – Un monde meilleur