Sur la dune Sainte-Margueritequelques mouettes rieuseset l’aile vive d’une hirondelleun coup de ciseaux dans le ciel d’été – qu’elle te dérobe -Ce bleu n’est pas pour toijamais tu n’atteindras l’ivresse de l’oiseauni l’incise du vol Continuer de lire Dune Sainte Marguerite -(Susanne Derève)
Elle a traversé mon pont de papier aujourd’hui( oui, ce que je vous transmets par chance ):Une femme de soixante ans (déjà soixante, bien sûr)avec les pieds nus et gelés. Nous nous sommes rencontrés, sommes restés là pendant un moment.moi, juste comme ça car je n’avais nulle part où allerEt elle parla, à moi et à elle-même,du pain, du bois, des chaussures. Mon pont en … Continuer de lire Kadie Molodowski – Mon pont de papier
L’automne a le goût des fruits sûrs,qui traversent les plis de la mémoire :c’est celle de l’été; quand ils sont trop mûrsl’excès de tanin vire au noir,si personne ne les cueille.C’est une saison qui a le regret de l’été,( en sont témoins les feuilles ): celui d’être, puis d’avoir été. Les jours vont languissants,ils se dirigent vers une trèvequi vient figer leur sang ,refroidir leur … Continuer de lire Témoins des jours languissants – ( RC )
linogravure Jacques Hemery Là-haut là-basla montagne s’est décoifféeet son chef impossibleparaît d’icisi clairqu’on le voudraitparleren mots fous de lumière. Continuer de lire Jean-François Hemery – montagne décoiffée
Seule photo connue du fourgon à gaz mobile « nazi » De nouveau la nuit. De nouveau le ciel effrayanttourbillonne comme un vautour, comme une bête de proie.Il s’accroupit sur le campement, sur le silence mort.pâle comme un cadavre, la lune se couche au loin. Et comme un bouclier jeté à terre dans la bataille,au milieu des étoiles, Orion, dans l’azur gît.Dans l’obscurité, les moteurs des camions … Continuer de lire Tadeusz Borowski – nuit sur Birkenau
Au fond du tiroir, enveloppée de papier de soietu retrouves une mèche de cheveux dans une boîte en bois :ici le temps s’est immobilisé dans la boîte ronde:comme s’il n’avait pas pu s’échapper:« on te t’a jamais dit que tu étais blondequand tu étais enfant….? » Tu t’imaginais tout autrementcar dans le reflet du miroirtu ne peux te voirqu’avec les yeux d’aujourd’hui: dans la petite boîte ronde … Continuer de lire Des cheveux dans la boîte ronde – ( RC )
Je ne t’adore plusni ne te cherche ni verse impatiemment des larmesen pensant à notre séparationni te demande de revenir vers moi. Je te trouvai à la veille de ma maturité de femmeet je te rendis immorteldans la découverte d’un instant de mon existenceet dans ta traversée de mon cœur passionné. Je te trouvai au milieu de la clameurd’un après-midi d’étéet dans le mutisme des … Continuer de lire Mahtab Ghorbani – la mélodie
Ces vers sont au présent. Le vers que tu lis est déjà du passé il est déjà en retard après avoir été lu.Le reste du poème est le futur,qui existe en dehors de ta perception Les motssont là, que tu les lises ou nonet aucune puissance terrestrene peut les modifier. – Aquest vers és el present. El vers que heu llegit ja és el passat-ja … Continuer de lire Joan Brossa – le temps
montage RC 2018- 2023 Tu ne croises pas les images du passédans une lumière tamisée, sans y penser.Du mur opaque, des parquets cirésdes salles surchauffées,aux murs vert amandela peinture s’échappe de ton esprit,les tableaux se dédoublent,prennent de la bandeet sèment le troublesur leur côté perpendiculaire. Les personnages de la collection flamande,en habits du dimanche,prennent leur distanceà travers les couloirs immenseset vont voir ce qui se … Continuer de lire Croiser les images d’un passé révolu – ( RC )
C’est un vaste lavoir à l’entrée du sentier qui court à flanc de côte – tel oasis dans le désert- un homme une femme y devisent sous le jet serpentin d’une perche de bambou un homme au torse nu une femme aux bras bruns, dont le rire fuse, agile et clair On parvient au village par un chemin de terre rude, et dans la chaleur … Continuer de lire Les lolos noirs – (Susanne Derève)
Fille j’étais fille et mère je fus mère et fille dans la plénitude des jours Mère serai toujours et la tienne à présent Petite mère qui as oublié qui je suis Continuer de lire Petite mère (8) – (Susanne Derève)
Xinjundo « La fumée de la guerre est bleueBlanc les os des hommes » Le village où Du Fu est arrivéétait un bourg où le feu était presque éteintIl est venu en sachant que les mots,comme son cheval affamé, sans nourriturerisquaient de ne plus avoir grand-chose à faire.Après tant d’épreuves Tant de champs de bataillequ’il a traversés, là où les vents mornes blanchissentles os d’un cavalier emmêlés … Continuer de lire Sargon Boulus – Du Fu en exil
Absente en ses rêves de feuYvonne avait les yeux éblouisdes mots prisonniers de leur danse. Rue Condorcet dans la pénombrede ses mannequins endormisl’extase l’amputait d’un nidque profanait l’oiseau dément… Elle était l’ombre et le fantômequ’éperdument les mots traversentdès que s’ouvre son manuscrit. Continuer de lire Pierre Béarn – Absente en ses rêves de feu
photo RC – Vietnam Le visage du matinse penche sur moi. La lumière revenuea repoussé la nuit . Je suis au bord de l’étang.Des oiseaux inconnus poussent leur chant. Au dessus de l’eause déploient les fleurs de lotus. Ai je besoin de sujet de poésie ? La poésie a les feuilles largessur lesquelles il n’est nul besoin d’écrire : elle est la nature du paysageque … Continuer de lire Ai-je besoin de sujet de poésie ? – ( RC )
photo Marc Tessier Darlo, debout, crie et gesticule.Sous une couverture marronDaniel se gondole et parle de ses copines.Ils sont saouls de même que ceux qui crientdans la cuisinecomme des députés.Ma vieille, ressuscitée,tape sur les carreaux pour pouvoir entrer. Au lever du jour, sous une clarté impitoyable;des cigarettes, des livres éparpillés,des assiettes avec des restes.Je marche, lentement, jusqu’à la salle de bains;je sais que le malheur … Continuer de lire Linda Maria Baros – Pendant que je lave mon visage
Au village de Giang Chu Phin on charrie portes et fenêtres à dos d’homme, à dos de femme, à dos d’enfant. À scooter, les parpaings deux à deux au long des sentiers de montagne, et puis les étrangers comme nous qui ont présumé de leurs forces en se hasardant bien trop loin sur les pentes conquis par la virginité du lieu, et s’en retourneront épuisés … Continuer de lire Giang Chu Phin (Susanne Derève)
photo RC – mont Lozère -juin 2023 Tant de silences avant l’orage :les pentes attendent leurs solitudesau chemin caillouteux de transhumanceoù les bêtes attrapent les nuagesenfin ceux qui passent à leur portée :un automne en plein étéqui dévale du Mont Lozèremais jusqu’où ira t on s’arrêter ?sans doute dans cet abri pour les bergersau confort rudimentaireune demi-heure de grêleen guettant une trouée dans les nuées,pour … Continuer de lire Tant de silence avant l’orage – ( RC )
Je sortis sur cette sorte de balcon tout en béton, immeuble peut-être encore en construction, donnant sur la nature, parc ou forêt, il n’y avait pas de ville, je n’étais pas chez moi, au quatrième jour du quatrième mois, je sortis sur ce balcon où je n’avais jamais été, avec soudain la certitude, la conviction, je venais de l’apprendre, je venais d’en être conscient, je … Continuer de lire Lambert Schlechter – Cahier Hema Noir- chapitre 59
Vers Nissoulogres mon pas léger sur le sentier a pourtant délogé la buse et le moineau qui picorait les mouches sur les bouses débusqué le chevreuil sa voltige dans la prairie – le don fauve du jour fiché dans la rétine et que la nuit ravive aux abords du sommeil comme un songe ineffable – Continuer de lire Vers Nissoulogres ( Susanne Derève)
photo Brooke Di Donato C’est l’heure du repos au milieu des roses:c’est quand même tout autre chosequ’un déjeûner à l’orée de la forêt, ( une scène qui plut beaucoup à Manet,et aux gens qui passaient par là ) … Maintenant les temps ont changé, nous ne sommes plus au musée,mais au magasin de matelas ; …c’est un avantage, car on peut les essayer pour une … Continuer de lire L’heure du repos au milieu des roses – ( RC )
J’ai fait un rêve :Les Goyim ont crucifié Mozartet l’ont enterré à Potter’s Fieldoù personne ne s’est agenouilléSauf les Juifs qui ont vu en lui le Dieu dans cet homme mortet gardaient sa mémoire sanctifiée. Et j’ai parcouru le monde comme son apôtreaccostant les gens à gauche et à droite,convertissant chaque chrétien que j’attrapaisen mozartien prosélyte . Miraculeuse, la musique évangéliqueévangélique de cet homme divin,Les … Continuer de lire Jacob Glatstein – Mozart
MotsCrabes de l’airLeur salive Les rendre ivres de sensPlombs de merveilles descendusdans les entrailles de ta nuitet de tes secrets Sexes de velours et de chaleurpour l’amour qui se passera de limitesMots des journaux des annuaires des dictionnairesdes affiches de bal aux portes des cafés de villageet tous les livres pendus aux étals des boucheriesnoires où fermentent des êtres secsau grésillement d’insectesMots vertèbres et caillouxDe … Continuer de lire Georges Jean – les mots entre eux
tableau – artiste non identifié – Singapour L’absence caresse ma jouePendant que je regardeLa lune agrandir la nuitComme une plante grimpante*Douce absence encore tièdeContre mon corps grifféD’attentes vaines et d’espoirs brûlés*Couché sur ce tertre de luzerne raseLes bras ouverts les mains offertesSont dépouillés de ton mondeEt mes yeux sont brume d’un hiverSans fin*Viendra le temps du souvenir en attendantQue le pas de l’ennui gris se … Continuer de lire Pierre Bacchelli – Par delà
photo Stavros Stravrakis J’essaierai d’atteindrele bord de ton regardqui refuse le mien.D’autres horizonst’emmènent à demain,et moi je suis hier,pour l’instant…perdu dans un terrain vague,un paysage dont les couleurs ont passé,c’est une question de temps,mais ce temps, je vais l’effacerde ton miroir. Continuer de lire J’essaierai d’atteindre le bord de ton regard – ( RC )
Soie silencieuse des matins une colombe grise en commis voyageur le voyage à tue-tête tressant le fil du jour quand nous usions le sel des routes … La nuit nous emportait vers l’aube au trot léger Elle, se frayait une voie dans l’épaulement vertigineux des roches et le secret des combes où perlait un brouillard plus ténu qu’une sueur à ta paupière Face à l’abrupt … Continuer de lire Soie silencieuse des matins (Susanne Derève)
« Com’è una vechja stàntara sbuscatadi i lamaghji di u sempri » Marianghjula Sebasti In fondu à l’ortuL’omu avìa missu à pusàA gattiva staghjoni era ghjuntaIncù ventu nevi è cotruCotru chè focu ùn i vinìa à fini Dita infritulitiL’omu avìa surtitu un criò à la punta frazzataNantu à un pezzu di carta u facìa sculisciàFendu colli è fendu montiMa vo o amicu induva hè … Continuer de lire Marie-Ange Sebasti – roncier
image RC peinture – montage à partir de Paul Delvaux Ne me dis que ton pasressemble au mien:tu vois bienqu’il ne s’imprime pasdans l’asphalte, et que la nuitne conserve pas ton ombre,surtout quand les ruesse font clairessous la portéede lune. Le ciel, à la rigueurferait un vide d’oiseauxautour de toi. Seuls les nocturnes qui veillenten ce dimanches’enfuiront à ton approche,car ils craignent aussiton ombre blanche… Continuer de lire Ne me dis pas que ton pas ressemble au mien – ( RC )
Accroche-toi aux nuages en haut de la montagne, sous le nez du cheval, le col de Ma Pi Lèng est tout fleuri d’enfants aux hottes chargées de blancs bouquets de plumerias, aux cheveux ceints de couronnes tressées Sur la grand-route du bonheur, la stèle dit les versets de l’ancienne mémoire, le sang, la sueur ensevelis des arpenteurs qui ouvrirent les portes du ciel * Jusqu’au … Continuer de lire Ma Pi Lèng – (Susanne Derève)
Les femmes passent sous les arbresEn martre, hermine et menu-vair,Et les déesses, frileux marbres,Ont pris aussi l’habit d’hiver.La Vénus AnadyomèneEst en pelisse à capuchon ;Flore, que la brise malmène,Plonge ses mains dans son manchon.Et pour la saison, les bergèresDe Coysevox et de Coustou.Trouvant leurs écharpes légères,Ont des boas autour du cou. Théophile GAUTIER « Emaux et Camées » (Flammarion) photo provenant du site de Suzanne … Continuer de lire Théophile Gautier – Fantaisie d’hiver
Il est doux de feuilleterle psautier des nuits sans sommeil,de chercher à découvrir, dansl’ombre, une lumineuse lettrine de paix. Est-ce la lune avec les étoiles,un oméga, le liseré brûlant d’un nuage,au-dessus de nous une branche enneigée,le brouillard au-dessus d’un champ où s’éveille par vagues, sans bruitl’alpha des sentiers,lettrine épanouie,souvenirs des gels d’hier. Continuer de lire Bohuslav Reynek – Feuilleter
C’est un lieu où l’escalierse prolonge dans la mer,en cristaux de roches geléescouleur sombre de fer. Hexagones dressés, plus résistantsplus forts que l’oubli….Chaussée de géantsoù les marches se multiplent… Vers quel temple, quel palaisdont l’histoire enseveliese dissimule sous les reflets ? Que le temps se suspende !Aux seuls géants, l’accès est permisaux portes de l’Irlande … Continuer de lire Giant Causeway – ( RC )
photo brookenshaden Un enfant blond pense à l’OcéanieLes kangourous sautent comme des billesA cloche-pied, il rejoint une autre îleEt d’île en île un instant de sa vie. Il est saison comme d’autres sont arbresIl sort de l’ombre et va sans cailloux blancsSi je dis paume il écarte le sable,Prend mon étoile et la cache en jouant. Si je dis main je trouve une poitrine,Un frêle … Continuer de lire Robert Sabatier – l’enfant suit l’homme
On vit encore de petits riens et de douceurs d’un prénom oublié qu’on claironne Il n’y a plus de mot pour nommer la tendresse si loin enracinée – j’en suis sûre à présent – que la hache du temps peinera à l’abattre Continuer de lire Petite mère (7) -(Susanne Derève)-
« Ne vous approchez pas trop de vos rêves :Ce sont de la fumée qui peut se disperser.Ils sont dangereux et peuvent le rester.Avez-vous regardé vos rêves dans les yeux :ils sont malades et ne comprennent rienils n’ont que leurs propres pensées.Ne vous approchez pas trop de vos rêves :Ce sont des mensonges, ils devraient s’en aller –ils sont de la folie pour tous ceux … Continuer de lire Edith Södergran – Ne vous approchez pas trop de vos rêves
photographe non identifié Les fantômes de l’enfancene fréquentent pas seulement Coney Island.Ce n’est pas le froid qui a immobilisé la grande roue,transformé les enfants en statues de sel.Les voilà comme des clowns tristes,regardant ailleurs. Peut-être étais tu avec eux,mais tu as sauté à temps du manègeavant que la rouille ne ronge les engrenages.Des années après, revenu sur les lieuxcomme sur ceux d’un crime silencieux,tout était … Continuer de lire Des fantômes d’enfance – ( RC )
Fifres et tambourins Dans la fosse nous dansions encore Au balcon s’envolait l’archet du dernier violon tzigane Ceux que j’aimais morts déjà archanges aux ailes peintes, amants, âmes défuntes dont je peuplais le ciel Je célébrais pour eux des noces éternelles *** . La mort serait plus gaie mon ange si tu rencontrais dans l’un de tes voyages un petit âne gris un troupeau d’oies … Continuer de lire Chagall – (Susanne Derève) –
photo Aline Smithson Dans cet espace où les palmiers décorent l’instant de voirles souvenirs indomptés et qui échappent à la mémoire des vers , l’amour épouse la mort et la viese transforme en palmes qu’agite le ventsur le temps des larmes. Suis-je un idiot qui sourit aux nuages amoureuxtant que l’amour que j’aime est sot ? Qu’ont tes yeuxavec la solitude qui habite le désert … Continuer de lire Nayim Smida – L’amour que j’aime
Art et tique et pique- mots et gammes 