Jean-Baptiste Tati-Loutard – Voyage dans la nuit


– Voyage dans la nuit J’ai marché seul longtemps dans la nuit. Où est le phare qui tourne et donne loin ? Je suis plus aventurier que les arbres Qui vont à grand pas dans les savanes A petit pas dans les bois. J’ai quitté tôt la bordure du jour Et j’ai pris le soleil couchant Pour ma première borne de ma route ; Je … Continuer de lire Jean-Baptiste Tati-Loutard – Voyage dans la nuit

Barnabé Laye – Dans ta détresse noire


Dans ta détresse Noire Le soleil du jour présent Comme ta peau Burinée par tant et tant D’amertume Te couvre comme une Robe de bure Te voile comme un tchador Pareil que les femmes du sahel Dans ta détresse Noire Tu pousses devant ta carcasse Lessivée par tant et tant D’ouragans Par tant et tant De mauvais astres Par tant et tant De mauvais deuils … Continuer de lire Barnabé Laye – Dans ta détresse noire

Paul Celan – à ton ombre


    Celan   à ton ombre, à ton ombre toute mal-sonnée aussi j’ai donné sa chance,   elle, elle aussi je l’ai lapidée à coups de moi-même, moi le droit-ombré, le droit- sonné – étoile à six branches à laquelle tu as adonné ton silence.   aujourd’hui adonne ce silence où tu veux,   catapultant du sous-sacralisé par l’époque, depuis longtemps, moi aussi, dans … Continuer de lire Paul Celan – à ton ombre

Guillevic – Elégie


      –     –   Élégie — Je t’ai cherchée Dans tous les regards Et dans l’absence des regards, Dans toutes les robes, dans le vent, Dans toutes les eux qui se sont gardées, Dans le frôlement des mains, Dans les couleurs des couchants, Dans les mêmes violettes, Dans les ombres sous les hêtres, Dans mes moments qui ne servaient à rien, … Continuer de lire Guillevic – Elégie

Examens ( RC )


– C’est tout un rassemblement qui s’aligne Toute une cohorte de têtes  qui se penchent Et que défient le sablier des minutes A la progression lente…   L’extérieur se heurte aux façades et plantes, Et de vie , n’a d’horloge que sa course circulaire Hameaux de nuages pourchassés par le vent, le soleil, les rideaux Temps  découpé, la pendule des savoirs   Aux fronts plissés, … Continuer de lire Examens ( RC )

Comptes d’Orient ( RC )


– – Des mille et une nuits Voila l’humeur voyageuse D’objets, l’abondance et l’envie C’est cette histoire merveilleuse; L’escadrille  de tapis volants Au souvenir des parfums d’orient Celle des roses d’Ispahan Qui berce l’esprit des  enfants … Il est question de diamants D’or et d’objets, de bandits Dans l’obscurité les yeux  agrandis Captent des éclairs d’objets brillants Abondance à remplir  son cabas  » C’est un … Continuer de lire Comptes d’Orient ( RC )

Gil Pressnitzer – À pas d‘oiseaux sur la neige



Á pas d‘oiseaux sur la neige — À pas d‘oiseaux sur la neige je m’éloigne de mes visages disparus quelques graines de paroles posées à même le ciel elles pousseront un jour grâce au vent comme parfois mes mains sur ton corps perce-neige de la lumière Ne pas se retourner même si on entend le papier froissé des rêves ne pas surprendre les adieux Un … Continuer de lire Gil Pressnitzer – À pas d‘oiseaux sur la neige


La route tracée de pluie ( RC )


La route tracée de pluie par Re Chab, Ta  route est tracée  de pluie  et de soleil Les ombres s’y allongent et s’y diluent Dans une  perspective  incertaine Les allers et retours, et croisées de chemin Offrent en raccourcis  leurs ornières et leurs dos d’âne Les reflets des orages dans les flaques Et celui de ta vie, qui mène comme elle l’entend Son petit bonhomme  … Continuer de lire La route tracée de pluie ( RC )

Jean Pérol – Soleil cigales..


      Soleil    cigales.. Soleil    cigales le lézard du souvenir bondit et c’est furtif entre tes ombres le passé perdu des provences pauvres tu écrivais sous le figuier sur la table usée de rotin bancal dans la campagne abandonnée et l’importance de parler dans le bleu hébété tentait de t’emporter à brides lâchées   à encrier ouvert où une mouche finissait toujours par tomber et noire … Continuer de lire Jean Pérol – Soleil cigales..

Eric Dubois – cendres sur l’ubac


    De feu ma mémoire Ne reste que cendre Sur l’ubac Sentiment qui ne se Sublime pas Que je veux fuir Qui me saisit Sur lequel ma conscience Glisse et trépigne Je rêve d’ascension Et de lumière dans la futaie Selon les anciens errements Et qu’à la fenaison Je cueille Une violette pourpre Pénétrante Et secrète   de « Esclaves  en larmes et larves »   Eric  … Continuer de lire Eric Dubois – cendres sur l’ubac

Aujourd’hui n’est pas étanche ( RC )


      Avec le jour qui se lève Le spectacle nous laisse attablé Aux jeux de lumière sur le champ de blés Comme si c’était traverser le rêve Tout est entre tes mains, Le modelage du destin Pétri comme une pâte à pain L’avenir questionne son levain L’imprévu court, l’éphémère flanche Soumis aux courants d’air Traces des sillons, dans les champs de mer Ondulations … Continuer de lire Aujourd’hui n’est pas étanche ( RC )

Boris Vian – Ils cassent le monde


Ils cassent le monde Ils cassent le monde En petits morceaux Ils cassent le monde A coups de marteau Mais ça m’est égal Ça m’est bien égal Il en reste assez pour moi Il en reste assez Il suffit que j’aime Une plume bleue Un chemin de sable Un oiseau peureux Il suffit que j’aime Un brin d’herbe mince Une goutte de rosée Un grillon … Continuer de lire Boris Vian – Ils cassent le monde

Marceline Desbordes- Valmore – le souvenir


Le souvenir Son image, comme un songe, Partout s’attache à mon sort; Dans l’eau pure où je me plonge Elle me poursuit encor Je me livre en vain, tremblante, à sa mobile fraîcheur, L’image toujours brûlante Se sauve au fond de mon cœur. Pour respirer de ses charmes Si je regarde les cieux, Entre le ciel et mes larmes, Elle voltige à mes yeux, Plus … Continuer de lire Marceline Desbordes- Valmore – le souvenir

François Cheng – eux qui viennent de la nuit


Eux qui viennent de la nuit Retourneront à la nuit Nuit de bougies, de flambeaux De grenouilles eventrées De vins de riz dont s’abreuvent Toutes sangsues de rizières De papiers-monnaies brûlés Pour toute âmes errantes Après la troisième veille Point de saule qui retienne Point d’effraie qui se souvienne A bout d’exil et de cri Ceux qui viennent de la nuit A la nuit retourneront … Continuer de lire François Cheng – eux qui viennent de la nuit

Dernier acte ( RC )


      –   Au décor, le fond  du cyclo Les rideaux  suspendus, La scène , une présence en lumière Les acteurs, éclairés côté cour Portent leur ombre étirée, au jardin Et de grand manteaux  sombres Les mouvements de la main Et les gestes  de l’âme Qui rythment le destin Celui des personnages D’une tragédie classique Aux visages immobiles, Sous les projecteurs, Celui des … Continuer de lire Dernier acte ( RC )

Claude Roy – Petit matin


Petit matin Je te reconnaîtrai aux algues de la mer Au sel de tes cheveux, aux herbes de tes mains Je te reconnaîtrai au profond des paupières Je fermerai les yeux, tu me prendras la main. Je te reconnaîtrai quand tu viendras pieds nus Sur les sentiers brûlants d’odeurs et de soleil Les cheveux ruisselants sur tes épaules nues Et les seins ombragés des palmes … Continuer de lire Claude Roy – Petit matin

Benoit Méheux – Artémis


  Artémis     La nature périt. L’harmonie est perdue. Artémis ! Es-tu morte ? Ah ! C’est la voix du sang, Ce flot noir dans mon crâne, cette hydre dansant Qui me crie : « Oublie ! Crains le mythe, âme éperdue ! »   Paix ô torrent sans fin ! Reptile dans ma tête, Tais-toi ! Serpent, redevient Caducée ! Seigneurs Divins, dans les songes d’Endymion le pasteur Plongez-moi ! Nuit, descend dans ma … Continuer de lire Benoit Méheux – Artémis

Si l’envers était endroit ( RC )


Si l’envers était endroit Et le sommeil liquide, le reflet du monde, et celui des plus proches, les sombres forêts moussues, en sentinelles. Et les algues, au milieu de la matière glauque d’un en-dessus de ciel… La mémoire porterait le souvenir d’un monde terrestre, Quelque part, comme en réminiscences. Plus de pesanteur terrestre pour ta chevelure, que seuls les courants mouleraient de leurs doigts. Plus … Continuer de lire Si l’envers était endroit ( RC )

Viviane Ciampi – Dans le silence


Auteure présentée par Nathalie Riera, avec   traduction, de l’italien., de Raymond Farina .., dans  © Les Carnets d’eucharis..  –  Inciampi   Editions Fonopoli, 2008 —     Dans le silence   une main se pose sur notre épaule à moins qu’il ne s’agisse d’une erreur de perception.   Inutile de se tourner pour voir le soleil nous aveugle.   La blancheur des marbres nous étourdit. ————————- … Continuer de lire Viviane Ciampi – Dans le silence

Antonio Santori – Ensuite il y avait les soirées, presque


Antonio Santori – [Poi c’erano le sere, quasi] [Ensuite il y avait les soirées, presque] Ensuite il y avait les soirées, presque silencieuses, du lit tu entendais les bruits des autres, d’ouvrières en sueur, d’employés enfants perdus dans leurs collections. Tu comptais les brebis égarées, tu les organisais, elles prenaient toujours d’assaut le berger idiot auquel tu t’identifiais. Dans les rues les roues des bicyclettes, … Continuer de lire Antonio Santori – Ensuite il y avait les soirées, presque

Jean-Jacques Dorio – Je rêve d’abandonner là mes rêves


    Je rêve d’abandonner là mes rêves pour une machine à coudre les champs magnétiques Je rêve des grands commencements du temps perdu et retrouvé et des dialectiques féeries Je rêve de tous les prophètes dont l’on déjoue les prédictions dans le secret des marges JJ Dorio / Je T’Rêve / Edts Raphaël De Surtis … p.31   – Continuer de lire Jean-Jacques Dorio – Je rêve d’abandonner là mes rêves

Jean Portante – Dans le couchant qui rougit ta chevelure


    Dans le couchant qui rougit ta chevelure( visible sur le site de Claude Ber)   les serpents de l’horizon s’emmêlent les peaux : je veux dire : te voilà serpentant dans l’air incandescent et rien de ce qui fait le jour et la nuit ne te dissipe. c’est ainsi que je te rêve et te rêve à nouveau jusqu’à ce qu’aux éléments de … Continuer de lire Jean Portante – Dans le couchant qui rougit ta chevelure

Contrebasse, les échos de Mingus ( RC )


Sur la scène improvisée A même la rue, clarinette et cuivres Central Park Et l’écho de Mingus Des fables de Faubus La musique dévoile sa transe interne son sanglot pincé ses originelles, du chant frotté Les cordes pincées En cherchant une langue Au-delà de la voix seule Et de l’écho de bois La contrebasse, et son volume, La grand-mère, comme ils disent Délivre sa mémoire … Continuer de lire Contrebasse, les échos de Mingus ( RC )

Légèreté du corps-lumière ( RC )


Une brise  soudaine  le poussait , léger, oh, si léger, contre  le banc, au pied de la buvette. Il était cette enveloppe, qu’habite la lumière. Une lumière que personne ne voit , même pas lui, Mais qui n’a pas  de secret, et  donnait la couleur de son regard. Un regard d’ombre, qui ne connaît du corps, que la pensée fugitive D’une apparition d’années. Ces années  … Continuer de lire Légèreté du corps-lumière ( RC )

Sempre0allegra – mesures électriques


ELETTRICHE MISURE – MESURES ELECTRIQUES Je descends, de flocons en flocons nuageuxSuspendue là, de toute la nuit Flattée de tes germes trompeurs Revêtue au contraire d’une ivraie noire J’approche l’aube inquiète Triste de t’abandonner maintenant. Orpheline de tes merveilleux silences Résonnants d’écriture, Electriques mesures, De cette conjonction littéraire J’imagine le son, le gout Respectant à la virgule L’ordre des strophes , Me laissant toutefois sans  repos Tant … Continuer de lire Sempre0allegra – mesures électriques

Edith de Cornulier – lovers are gone: les amants sont partis


dessin  Léonard de Vinci Lovers are gone Les amants sont partis, par la porte arrière. Il n’y a plus ni deltaplanes ni montgolfières dans leur ciel si fier. Il n’y a plus que l’océan bleu et ses vagues de nuages au-dessus de notre ville sans chef et sans bagages. Les amants sont partis sans emmener les enfants. Ceux-ci sont assis dans les écoles, sur les … Continuer de lire Edith de Cornulier – lovers are gone: les amants sont partis

Marie Nizet – La torche


    La torche Je vous aime, mon corps, qui fûtes son désir, Son champ de jouissance et son jardin d’extase Où se retrouve encor le goût de son plaisir Comme un rare parfum dans un précieux vase. Je vous aime, mes yeux, qui restiez éblouis Dans l’émerveillement qu’il traînait à sa suite Et qui gardez au fond de vous, comme en deux puits, Le … Continuer de lire Marie Nizet – La torche

Miguel Veyrat – Je me laisserai porter par ton souffle


Je me laisserai porter par ton souffle, si léger qu’il me conduira —sans but, au-dessus des vallées qui précèdent les bois où tu portes le regard. Toi, tu vas plus loin que là où je vois, mais tu me laisses seul pour que je monte jusqu’à l’abîme. J’oblique. Je bois ton souffle. Je me voile la face refusant de voir le premier reflet qui m’attend … Continuer de lire Miguel Veyrat – Je me laisserai porter par ton souffle

Thomas Duranteau – oiseau traverseur


– Ne pas savoir qui du puits qui de la tour est le reflet de l’autre Un oiseau en forme de bouche traverse la pesanteur de la pierre Thomas Duranteau   — et un autre poème sur le même  thème de la tour: extrait des « Ecrits du nord » — La tour prend parfois son origine dans une main ouverte au ciel     – Continuer de lire Thomas Duranteau – oiseau traverseur

Paolo Ruffilli – Tunnel


–   TUNNEL C’est à l’improviste, à l’intérieur d’un tunnel qui ne finit jamais, dans l’air mort qui chatouille la gorge. Toutes les fois que j’y suis passé déjà. Et pourtant, non, cela ne sert à rien que je le rappelle, l’anticipe encore. Je frappe dans le mur et là me rends compte, à l’intérieur du parcours aveugle et pareil miroir de moi à mes … Continuer de lire Paolo Ruffilli – Tunnel

Phrases flottantes, en brume ( RC )


– Aux murmures suggérés Les airs , à travers les doigts des feuilles Et capter d’une oreille attentive Les sons d’une harpe de brume Lent glissement  d’une barque Au gré d’une errance suspendue Du gris, sur le gris La parole  chuchotée, Du mystère des mots Qui s’assemblent en phrases. Bribes assemblées, Un instant flottantes, Gouttes  d’encre Et qui prennent leur envol, Quand  s’écarte le ciel… … Continuer de lire Phrases flottantes, en brume ( RC )

Isabelle Garron – j’écrirai la crainte d’un retour du froid


– lire noté à maintes reprises je ne raconterai point j’écrirai sous une nuit l’attente fêlée d’une voix dans la ruelle en contrebas les nuages dans la vallée la crainte aussi d’un retour du froid […] Isabelle Garron, Corps fut, Flammarion, 2011, – Continuer de lire Isabelle Garron – j’écrirai la crainte d’un retour du froid