Serge Marcel Roche – ce silence de sable


photo RC Il y a ce silence de sableDevant la merCe silence de sable tien L’enfance près de la fenêtreDans la villeSi loin La chair muetteEt le beau désirA la cime de l’arbre Et puis toutes les annéesDe ciel lourdQu’il faut bien traverser Si l’on veut revenirUn jour làDevant la mer D’où surgira le cheval blanc… extrait des publications aux « Cosaques des frontières » Continuer de lire Serge Marcel Roche – ce silence de sable

Ha-long – ( RC )


   photo RC – Vietnam – Baie d’HaLong Sur la mer de Chinele soleil fait grise mine,s’efface sous le ciel indécis.La baie d’HaLong patiente sous la pluie.Au-dessus planent quelques rapaces.Aux falaises la joie n’est plus de misecar nous faisons du sur-placeet les heures s’éternisentUn orage est sur le point d’éclater.entre sentinelles de rocherscernant la mer grise. Ici,   le temps n’a pas de prise. photo RC Continuer de lire Ha-long – ( RC )

Un lavis aux nuages – ( RC )


lavis collaboratif de Sabine Chanavat texte Matthieu Gaines Était ce encore un tempsà faire s’éloigner les nuages ?Des maux croiséssur une pageun peu gondolée… C’est que la pluiea transformé le paysageen un lavisoù l’encre s’étenden petits grisdans un ciel immense. L’écriture est à double sens.C’est là qu’elle fleuritaussi discrètequ’une brise :une écriture secrètequi n’attend pas qu’on la lise…. Continuer de lire Un lavis aux nuages – ( RC )

Ce que j’avais pâlit avec le temps – ( RC )


Il est grand temps que je passe de l’autre côté,:le ciel est bien trop grand pour moi:c’est une cause perdue,comme de ces îles où je n’irai jamais plus:tout ce que j’avais pâlit avec le temps. C’est la distance qui s’agranditLe poids des ans s’y alourdit :la mer pourchasse les roches qui lui résistentmais qui semblent si légèresaux enchanteurs du sel. J’ai dans les poches le … Continuer de lire Ce que j’avais pâlit avec le temps – ( RC )

des morceaux d’étoiles dérivent dans ta nuit – ( RC )


photo: hubble space Les sourcils sont au bord du regard,mais dissimulent en partiele manteau de la nuit : -une métaphore de ce qui la limite-. Car elle m’enveloppe,et même si l’œil voyage dans l’espace,sa portée reste faible.Les frémissements des astres irradientde leur temps de lumière.La galaxie est une madone fluorescentequi s’incline sur le flot inconcevabled’un espace recourbé sur lui-même. Certains morceaux semblent accessibles.Dans tes yeux pétillent … Continuer de lire des morceaux d’étoiles dérivent dans ta nuit – ( RC )

Des cheveux d’ange – (Susanne Derève)


Y a -t-il un ange sur la montagne dont les cheveux ondoieraient à perte de vue dans la lumière blonds sous le ciel et la lumière d’altitude plus fine plus dense d’un grain plus pur plus intensément bleu Des cheveux d’ange et parce qu’il a plu hier quelques parcelles d’un vert très tendre parsemant les labours On croit tenir entre ses mains l’essence du jour … Continuer de lire Des cheveux d’ange – (Susanne Derève)

Les poissons, au bassin du temple – ( RC )


photo perso – temple chinois à Malacca ( Malaisie ) Dans la cour du temple,une fontaine et un bassin.L’eau ruisselle sur les roches,et le ciel s’installedans un reflet.Le soir une lune y ondule,de nacre et d’encre.Des poissons fantômestournent en rond,rouge-orange et blancssous l’œil absentd’un Bouddha doré. Continuer de lire Les poissons, au bassin du temple – ( RC )

René Guy Cadou – la blanche école


La blanche école où je vivraiN’aura pas de roses rougesMais seulement devant le seuilUn bouquet d’enfants qui bougent On entendra sous les fenêtresLe chant du coq et du roulier;Un oiseau naîtra de la plumeTremblante au bord de l’encrier Tout sera joie! Les têtes blondesS’allumeront dans le soleil,Et les enfants feront des rondesPour tenter les gamins du ciel Continuer de lire René Guy Cadou – la blanche école

Un nid sur la dérive des jours – ( RC )


gravure Nobuo Sato – Dead Leaves in one line -1965 Au chevet d’une forêt ,la dernière avant l’hiver,l’oiseau aurait bâti son nidsur la dérive des jours.Et ceux-ci se meurentsans prétendre à l’éternité.Les feuilles ont suivile rétrécissement lentde ce qu’on appelle le temps,pour chuter mollement,alors que le cielétait battu par le vent. Vois comme elles sont maintenantincrustées dans le sol.Quant au nid,brindilles et duvet éparpillés,il n’est … Continuer de lire Un nid sur la dérive des jours – ( RC )

Tadeusz Borowski – nuit sur Birkenau


Seule photo connue du fourgon à gaz mobile « nazi » De nouveau la nuit. De nouveau le ciel effrayanttourbillonne comme un vautour, comme une bête de proie.Il s’accroupit sur le campement, sur le silence mort.pâle comme un cadavre, la lune se couche au loin. Et comme un bouclier jeté à terre dans la bataille,au milieu des étoiles, Orion, dans l’azur gît.Dans l’obscurité, les moteurs des camions … Continuer de lire Tadeusz Borowski – nuit sur Birkenau

P P Pasolini – Ô mes enfances !


Ô mes enfances ! Je naisdans l’odeur que la pluieexhale des prairiesd’herbe vive … Je naisdans le miroir du canal. Dans ce miroir Casarsa– comme les prairies de rosée –de tout temps frissonne.C’est là que, de piété, je vislointain enfant du péché, dans un rire inconsolé.Ô mes enfances, le soircolore l’ombre sereinsur les vieux murs : au ciella lumière éblouit. extrait de « poèmes de jeunesse » … Continuer de lire P P Pasolini – Ô mes enfances !

l’éventail du regard – ( RC )


Les joues brûlées de vent et de soleilnous avons gravi les sentiers étroitspour atteindre, au-delà des bois parfumésle large éventail du regardembrassant les pentes. Le contour sinueux des rizièreslutte de leurs lignes souplespour offrir leurs couleurs printanièresau corps de lumière qui s’élance . La sueur accompagne l’effortde se hisser sur la ligne des crêtes,mais l’essentiel touche le ciel:c’est en quelque sorte notre récompensequel que soit … Continuer de lire l’éventail du regard – ( RC )

Un ciel inverse la couleur des sens – ( RC )


C’est un ciel qui inverseles couleurs des sens.L’eau ne renvoie de sa plaque grisequ’un regret sans fin,ourlé de sa lumière. Le sillage d’un bateau s’égaredans le dessin horizontalde l’onde qu’il soulève. Juste un instantavant que la merne se refermesur sa trace éphémère,cicatrice légèreque son corps tolère, juste un instant,où s’inscrit un mouvement -minuscule –sur son corps serein. Continuer de lire Un ciel inverse la couleur des sens – ( RC )

Tout semble immobilisé – ( RC )


photo : netfolk.blog.hu Sur un chemin banalencombré de flaquesdéjà tourbillonnentles feuilles veinées d’automne.Sous le miroir des nuéesje devine les graviers. Le dialogue du gelétire ses filamentssous les rafales de vent.Un insecte traverse prudemmentquittant les herbes follespour un abri incertain. Les oiseaux ont disparu du cielpour des régions plus clémentes.Il s’est perduparmi les branches nues ;les arbres sont dans l’attenteet ne sont plus que bois. Soudain, … Continuer de lire Tout semble immobilisé – ( RC )

Gérants de la fortune du roi – ( RC )


peinture G Rouault – Ubu Roi. Le roi chantait nos louangesen négociant notre chair contre notre salutcar tout l’or du monde affluait,se convertissait en papier monnaie. Nous étions gérants d’une fortunequi se compte en places réservéespour être au premier rang au paradis,plus près de l’arc-en-ciel. Froides banquises et coffres-forts,nous comptions les liasses,et l’argent se figeait entre nos doigts,graissant la patte à Saint-Pierre. Nous nous sommes … Continuer de lire Gérants de la fortune du roi – ( RC )

Armand Dupuy – Un avant-goût de ne rien dire


image-collage Jane Cornwell Un avant-goût de ne rien dire, ce temps friable autour.Les images n’apaisent plus, les aplats stagnent.On repousse les bords, aussi fort que possible, on s’entasse sur ses pieds.On cherche un espace où loger son charabia, loger l’écume, mais pas d’issue — chut!Flot ferme, fermé – on écoute ce peu, petit ciel sale et bas, son air déjà lu, même usé.La brume s’est … Continuer de lire Armand Dupuy – Un avant-goût de ne rien dire

Alexandre Vialatte – Homard


Le homard est un animal paisible qui devient d un beau rouge à la cuisson. Il demande à être plongé vivant dans l’eau bouillante.Il l’exige même, d’après les livres de cuisine. La vérité est plus nuancée.Elle ressort parfaitement du charmant épisode qu’avait rimé l’un de nos confrères et qui montrait les démêlés d’un homard au soir de sa vie avec une Américaine hésitante :Une Américaine … Continuer de lire Alexandre Vialatte – Homard

Des rêves qui s’effacent – ( comme au fond d’un encrier ) – ( RC )


Nos rêves se plient,se frottent à la cendre,aux cartes du cielqui basculeun jour d’automne Ils seraient semblablesà ces moissons du ciel,qui couchent les blésaprès la caniculed’un été de soif  ; Que chantent ils ?Des ailleurs où jamaisnous ne sommes ?Nos traces sur la pagequi s’effacentau fond d’un encrier. L’ombre de nos parolesn’en est jamais sortie :autant boire au goulotde la bière tièdeet regarder la mer,qui, toujours indolentesommeillesous un … Continuer de lire Des rêves qui s’effacent – ( comme au fond d’un encrier ) – ( RC )

Retour de la marelle – ( RC )


Attention de ne pas lancer trop loinla pierre revêche dans les airs.Si elle ne revient pasc’est qu’elle aura rebondiau-delà des limites de l’atmosphère. Tu vois ce que c’estde pousser trop loinle galet à la marelle :ça va de la terre au cieldirectement sans s’arrêter aux cases tracéesà la craie sur le trottoir.Après , il s’agit de ne pas fairele parcours à l’enverscar la pierre peut … Continuer de lire Retour de la marelle – ( RC )

Xavier Bordes – gravité folâtre


Vaillance du papillon dévoué à la roseen dépit de ce monde qui depuis des âgesn’est plus un jardin.                               Écoute le frôlement,le froissement soyeux, mystérieux des années,en organza de soleils à la moire fanéeMalgré le ciel – brûlant et glacé tour à tour –elles ruissellent réfractaires aux ténèbrescomme à la lumière.    … Continuer de lire Xavier Bordes – gravité folâtre

Gaëlle Josse – l’offrande d’un chemin de sagesse


….s’il n’en reste qu’une des musiques aimées de celles qui tiennent tête aux vents contraires -car on sort même par gros temps n’est-ce pas ?- ce sera elle cette aria toute nue innocente et pensive celle des variations Goldberg trente mesures entre ciel et terre la main d’Ariel pour tresser nos jours dépareillés saturés de trépidance habités d’éclats de rien et pourtant uniques fastueux bellissimes trente … Continuer de lire Gaëlle Josse – l’offrande d’un chemin de sagesse

Jonas Fortier – dans les hauteurs


montage RC Quelque chose crie dans la villeQuelque chose au niveau des arbresEn levant les yeux je découvreMon corps dans les hauteursAscensionsRedescentesJe suis hors de contrôle là-hautEt paralysé de honte en basAmeutés par mes hurlements venus du cielDeux petits chiens répondent à l’appelPour jouerIls se perchent sur ma têteEt comme au rodéoQuelqu’un crie hourra extrait de « la courbure de la terre » voir aussi Continuer de lire Jonas Fortier – dans les hauteurs

Luis Mizon – je voudrais quitter ma ville et mon corps


Je voudrais quitter ma ville et mon corps pour aller vivre ailleurs si le ciel était la lumière de l’instant je partirais en quête du ciel si le ciel habitait notre regard je chercherais la transparence pour voir le vol des oiseaux traverser tes yeux et l’instant de lumière se poser près de nous jour après jour j’imite je colle je reconstruis avec des mots … Continuer de lire Luis Mizon – je voudrais quitter ma ville et mon corps

Rabindranath Tagore – assoiffé d’infini


installation :Karina Smigla-Bobinski Je suis inquiet, assoiffé d’infini. Mon âme s’épuise en son désir d’atteindre aux sphères inconnues. Ô Grand Au-delà! le pénétrant appel de ta flûte! J’oublie, j’oublie toujours que je n’ai pas d’ailes pour voler, que je suis indissolublement rivé à ma place ici-bas. Anxieux, je ne puis trouver le sommeil. Je suis un étranger en un pays étrange. Ton souffle m’arrive, murmurant … Continuer de lire Rabindranath Tagore – assoiffé d’infini

Nicolas Jaen – le coing propose une joue d’ombre à l’apprenti


peinture Andy Demzler Il pourrait le dire, en haut-allemand, ou en noroît :Le vent souffle, la cendre dans les hangars, le bel orage ouiLes morts déplacent des pierres des chantiers le H pour fenêtre d’hôpitalOù la lumière fait une flaque au pied de personne avant de se retirer,Où les rideaux évoquent théâtre chauffé, lit, drame, jouent des scènesFurtives au toucher qu’est la main retrouvée.(La pourriture … Continuer de lire Nicolas Jaen – le coing propose une joue d’ombre à l’apprenti

Nous écoutons cette cantate (RC ) – Que le monde soit ( SD )


retable Chartreuse de la Sainte-Trinité de Champmol  ( Dijon ) Je t’ai vue à travers la musique . Tu dansais comme dans toi-même au son de ces voix, habillées de pourpre, et qui s’élevaient jusqu’aux voûtes, donnant un peu de chaleur aux âmes qui ont froid, dans le parcours des leçons de Ténèbres, où l’on mouche les chandelles une à une, jusqu’à ce que l’obscurité … Continuer de lire Nous écoutons cette cantate (RC ) – Que le monde soit ( SD )

Moisson du jour – (Susanne Derève) –


Les hélices du jour sur la montagne. Si près du ciel nous sommes,du bleu sans faille de la lumière où plongent les ailes du moulin, et j’en suis le meunier, j’en mouds le grain en farine d’azur, j’en pétris la mie tiède,du rouge et de l’or des forêts de sureaux et de hêtres où la route serpente,nonchalante, au flanc ensoleillé du Causse. A nos pieds … Continuer de lire Moisson du jour – (Susanne Derève) –

Jean Tardieu – nuages


UN MOÏSE barbu qui naissait des nuagestandis qu’au ras du sol j’écoutais étendu,m’a demandé mon nom ma naissance et mon âge.Ses blancs cheveux flottaient, sur la nuit répandus.Or, comme épouvanté, je songeais à répondre,voici que le Moïse, environné de sombreslances, et transpercé par des flèches sans nombre,mourut, devint cheval, puis chien, puis chevelure,puis rideau s’entr’ouvrant sur l’abîme qui rit…Brillant rieur du ciel, ta lance est … Continuer de lire Jean Tardieu – nuages

Robert Vigneau – la laitue


La laitue ouvre des ailesQui ne veulent pas volerMême bien débarbouilléesDe leur terre originelle.On la met dans un panier,On la secoue vers le cielÀ grands élans aviateurs.Elle a si peur quelle pleure.Alors on a la pitié :On la blottit de bonheurDans le nid d’un saladier. Et quand on veut la tournerTu découvres quoi? une aileSoudain prise de regretQui s’envole en sauterelleSur la nappe du dîner. Continuer de lire Robert Vigneau – la laitue

Philippe Delaveau – marcher


Marcher parfois longtemps dans la prairie du vent. Ses bottes malmènent les fleurs, l’herbe aux rêves de voyage. Puis le petit village près d’un bois. L’harmonica d’une eau rapide qui se cache pour voir le ciel et l’ombre, et les cailloux entraînés de ferveur, sur leurs genoux qui brûlent. Entendre alors la persuasion très tendre et douce d’un oiseau qui solfie les mesures d’une clairière. … Continuer de lire Philippe Delaveau – marcher

Pierre Garnier – Heureux les oiseaux, ils vont avec la lumière


ce sont orthographes nouvelles :abeille s’écrit abeilsoleil s’écrit soleille les abeils habitent les abbayesles soleilles sont désormais des sources le féminin s’empare du soleillele masculin s’empare de l’abeil pendant cet instant la route de la mortest barrée l’abeil, la soleillec’est la meilleure orthographeapesantle poète modifie le monde la pomme devient poèmel’abeille courte devient abeil les abeils et les soleilles se rapprochentdu presbytèreon y voit plus … Continuer de lire Pierre Garnier – Heureux les oiseaux, ils vont avec la lumière

L’infini ne reconnaît pas les créatures de l’esprit – ( RC )


Tout glisse entre leurs mains ouvertes,et peut-être les transperce,Ils sont sans doutedes créatures de l’esprit,qui ne connaissent pas le poids des choses,et peuvent marcher sur l’eausans qu’elle ne s’en aperçoive… J’en ai vu qui ont traversé les façades,ignorant les habitants,mais chargés de la couleur des murs. Les plus audacieux se sont risquésà escalader le cielsur une échelleallant vers l’infini,mais ils ont présumé de leur force,car … Continuer de lire L’infini ne reconnaît pas les créatures de l’esprit – ( RC )

à la table du ciel – ( RC )


Quand je mange à la table du ciel,je ne mendie pas les nuages,et dans mon assiette,il y a des quartiers de luneque j’arrose de voix lactée.Si je parle trop fortaprès avoir bu du sirop d’étoiles,elle s’éclipsele temps que j’alignequelques planètesau bout de ma fourchetteavant quelque comète de sucre glaceme servant de dessert.Repu, je plonge dans un sommeil opaque,où je bouscule tout le zodiaquedans un rêve … Continuer de lire à la table du ciel – ( RC )