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Mario Benedetti – des mots qui n’existent plus


montage RC

Combien de mots n’existent plus.
Le présent repas n’est pas la soupe.
L’eau qui reste ici n’est pas la mer.
Une aide c’est trop demander.
Il n’y a rien à vivre et il n’y a plus rien, sauf mourir, quand on m’enlève les mots .
Et pas de sauts à la corde, de mains qui ensemble se tiennent
, sourires, caresses, baisers.
Le lit de la maison est une lande imprononçable :le repos des mourants,
dans les spasmes agités, quand on sent que l’on vit encore.
Province d’Udine, Codroipo, le malade des deux poumons,
le pantalon trop large, le visage avec la peau sur les os,
le nez effilé , ce n’est pas quelque chose à raconter, ni les souvenirs.
Se savoir aride, se sentir aride…
Et je me dis, réalisez donc, n’ayez pas seulement vingt ans,
et une vie comme éternelle, pour juste me faire du mal.

( traduction « improbable de Google trad,  » au mot à mot modifiée pour que cela soit plus compréhensible. )

texte issu du site une nouvelle poésie italienne.


Armand Silvestre – Nénuphars


Pipercreations Lotus Flower Butterflies Water Nature Seasons Summer Warm GIF

Sur l’eau morte et pareille aux espaces arides
Où le palmier surgit dans les sables brûlants,
Le nénuphar emplit de parfums somnolents
L’air pesant où s’endort le vol des cantharides.

Sur l’eau morte à l’aspect uni comme les flancs
D’une vierge qui montre aux cieux son corps sans rides,
Le nénuphar, nombril des chastes néréides,
Creuse la lèvre en fleur de ses calices blancs.

Sur l’eau morte entr’ouvrant sa corolle mystique,
Le nénuphar apporte un souvenir antique :
— Vénus marmoréenne, éternelle Beauté,

Ton image me vient de l’immobilité,
Et sous ton front poli je vois tes yeux de pierre,
Comme les nénuphars profonds et sans paupière.


Wislawa Szymborska – Quatre heures du matin


lune  &  immeubles  sur  bleuWislawa Szymborska

QUATRE HEURES DU MATIN

Heure de la nuit au jour
Heure du flanc droit au gauche
Heure pour avant la trentaine.

Heure balayée sous le chant des coqs.
Heure où la terre semble nous chasser.
Heure où nous glace le souffle des étoiles éteintes.
Heure de qu’est-ce qui restera-bien-de-nous.

Heure vide,
sourde, aride.
Fond du fond de toutes les autres heures.

Personne n’est vraiment bien à quatre heures du matin.
Si les fourmis sont bien à quatre heures du matin,
Bravo les fourmis! Mais que viennent vite cinq heures,
Si tant est que nous devons survivre.

 


Main-mise de la sécheresse – ( RC )


photo perso -  route de Ouazazate Maroc

photo perso –                  route de Ouazazate                   Maroc

Je suis des yeux le mince ruban d’un chemin

Il progresse lentement entre les pierres,

Un convoi laisse sa trace, en ruban de poussière

Derrière on ne distingue pas encore les engins,

La main-mise de la sécheresse est partout,

Elle a mis à nu les pentes rousses,

Où aucune plante ne pousse,

Et aucun arbre n’est debout.

En s’aventurant dans les creux,

Des maisons d’argile se dressent,

La fantaisie les délaisse,

Elles se distinguent à peine du sol rocheux.

Au pied de pentes raides,

Quelques palmiers      survivent,

Bordée de roches coupantes, la rive

A peine humide,          de l’oued…

Le regard des enfants a l’éclat de la fièvre,

Il n’y a pas d’herbes,  mais un sol orange.

On se demande        ce que mangent,

Les quelques troupeaux de chèvres…

Tu as le visage cuivré au grand air,

Buriné de rides,

Cuit au soleil de l ‘aride,

Offrant du cuir, plutôt que de la chair.

L’astre du jour monte en puissance,

Tant, que l’éblouissement prolifère,

Et           la mince croûte de terre,

S’ouvre en béances,

Sans ombre protectrice,

Ce sont d’abord   quelques fissures

Puis sol se lézarde  en brisures,

Aux plaies du sacrifice.

Sous l’abri des tentes berbères  ;

Le thé à la menthe …..

Et les heures passent,       lentes,

Aux portes du désert…

RC – 17 novembre  2013

 

photo perso - Maroc   octobre 2013

photo perso –                       Maroc octobre 2013


La main de l’aride effleure le calcaire ( RC )


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peinture:  Ch Soutine

        La main de l’aride
effleure le calcaire
       La puissance blanche
Au pied des monts,
le front des Corbières,
les dentelles hérissées
de pierres cathares

Attendent, enracinées
au regard des années
et du pays d’Espagne
        Comme l’attente
du désert des tartares
      La voix catalane,
et la chaîne pyrénéenne…

Peyrepertuse, isolée,
gratte les nuages,
juste avant les ravins
           La mer,      pas si lontaine
Le soleil de Céret
peint par Soutine
         au-delà des remparts

RC – 2 mars 2013


Nicole Pairoux – A chaque aube


 

photo linternaute:                 aube et fonte des glaces

 

 

 

A  CHAQUE AUBE

Décrocher à chaque aube
un peu de rêve fou
le croquer dur et tendre
sous une faim avide

Dans le terrain aride
créer la fleur de miel
pour l’écraser vermeille
sur les lèvres peureuses…

peinture:            Caspar David Friedrich;          femme devant l’aube