Bernat Manciet – dans la bruine de l’étang

Différents de ceux-là qui dans le Purgatoire s’étant reconnus
s’écartèrent et s’en allèrent tête basse
nous nous sommes étreints dans la bruine de l’Etang
qui nous inonde jusqu’aux os du charme bruissant
Car nous venons d’une brume de froid sans pareil
notre commun lignage de peine et d’ahan
ces aïeux de lande et de mer de mouette et de corbeau
qui trimèrent toussèrent et nulle grâce n’a ruisselé
par les hasards du mauvais temps par toutes les marées
par l’errance des Guerres d’Ecosse à Romagne en poussière lumineuse
ils ont déjà tressé notre destin
et de leur lointain ils nous regardent complices curieux
si nous saurons nous aimer sur les abîmes salés
et de leur dieu d’embruns sur la chevelure décoiffée
extrait de Sonnets
Celle qui boit le soleil – ( RC )

Le ciel se fait l’écho
de la lumière, et joue,
à chacun de tes pas,
où le chemin te conduit .
Les herbes ploient,
contre ce champ à la pente douce:
un semis de fleurs d’étoiles
d’où émerge la robe blanche.
Tu avances, la chevelure rousse…
Celle qui boit le soleil,
Comme s’étalent, ondulent,
vagues sur la nuque blanche,
robe comme une voile,
que le vent porte, et pousse…
Légère comme le parfum du bonheur,
Elle se rapproche de moi….
–
Rc – mai 2015
un poisson au-dessus des dunes – ( RC )

Je me roule dans les mains de lune
glisse dans l’océan des rêves
je suis un poisson qui s’envole
au-dessus des dunes.
Ta poitrine de sirène
blanche et ta chevelure brune
sont celles d’une reine
au regard limpide.
Je vais planer, planer encore,
puis je retomberai
dans l’étendue liquide
l’instant d’une petite mort.
Ton corps d’or,
en devenir
connaît les sentiers secrets
des ressacs du désir.
Tu sais que l’on se noie
dans le plaisir,
mais je survivrai,
rien que pour toi.
RC – août 2021
Une pierre informe dressée dans un jardin- ( RC )
Il y a une pierre informe
dressée dans un jardin
et que chaque matin entoure,
comme des stries concentriques
tracées dans le gravier .
De la mousse s’incline
du côté où l’ombre persiste
avec l’aide de celle
de l’arbre qui s’épanche
en brouillon de branches .
C’est un monolithe griffé d’incidences,
fendillé de gel,
de lignes qui se prolongent,
et finissent par se perdre en segments
dont aucun n’est rectiligne .
C’est un temps indéfini
qui a mordu dans ce corps,
arraché sa chevelure ,
imprimé ses tangentes,
en rides et en fragments.
Peut-être était-ce une statue
qui a fini par perdre ses membres,
oublier son visage
et sa première apparence :
aucun indice ne la rend lisible .
Personne ne nous dit sa légende,
son histoire et le pourquoi
de sa présence :
elle est dans le jardin à la manière
d’un cœur entouré de ses graviers .
C’est juste une vielle pierre dressée,
que l’on dirait vivante ,
une vie y pulse encore , énigmatique ,
pour ceux que le temps dépasse :
personne ne pénètre dans son secret .
–
RC – janv 2019
Luis Aranha – Poème Pythagore 11
Après un tableau
Une sculpture
Après une sculpture
Un tableau
Anti-anatomique
Trait de vie sur une toile morte
Extravagant
Je voudrais être peintre !
J’ai dans mon tiroir des esquisses de bateaux
Je n’ai réussi que les marines
Nous sommes les primitifs d’une ère nouvelle
Egypte art synthétique
Mouvement
Excès de lignes
Bas-reliefs de Thèbes et de Memphis
Partir en Egypte
Comme Pythagore
Philosophe et géomètre
Astronome
Je découvrirais peut-être le théorème de l’hypothénuse et la table de multiplication
Je ne me rappelle plus
J’ai besoin de retourner à l’école
Le ciel est un grand tableau noir
Pour les enfants et pour les poètes
Circonférence
Le cercle de la lune
De Vénus je trace une tangente lumineuse qui va toucher quelque planète inconnue
Une ligne droite
Ensuite une perpendiculaire
Et une autre droite
Une sécante
Un secteur
Un segment
Comme la Terre qui est ronde et la lune une circonférence
il doit bien y avoir des planètes polyèdres des planètes coniques des planètes ovoïdes
Evoluant parallèlement elles ne se rencontrent jamais
Trapèzes de feu
Les astres décrivent dans le ciel des cercles des ellipses et des paraboles
Les ronds s’adossent les uns aux autres et tournent comme les roues dentées de machines
Je suis le centre
Autour de moi tournent les étoiles et voltigent les corps célestes
Toutes les planètes sont des ballons de baudruche colorés que je retiens par des ficelles entre mes mains
Je tiens dans mes mains le système planétaire
Et comme les étoiles filantes je change de place fréquemment
La lune pour auréole
Je suis crucifié sur la Croix du Sud
Avec dans le cœur
L’amour universel
Globules de feu
Il y a des astres tétraèdres hexaèdres octaèdres dodécaèdres et isocaèdres
Certains sont des globes de verre opaque avec des lumières à l’intérieur
Il y en a aussi de cylindriques
Les coniques unissent leurs pointes en tournant en sens contraire autour de l’axe commun
Prismes tronqués prismes obliques et parallélépipèdes lumineux
Les corps célestes sont d’immenses cristaux de roche colorés qui tournent dans tous les sens
La chevelure de Bérénice n’est pas une chevelure
Le Centaure n’est pas un centaure et le Cancer n’est pas un crabe
Musique colorée qui résonne dans mes oreilles de poète
Orchestre fantastique
Timbales
Les cymbales de la lune
Claquement des castagnettes des étoiles !
Elles tournent sans cesse
Furieusement
Il n’y a pas d’étoiles fixes
Les fuseaux filent
La voûte céleste est le hangar de zinc d’une usine immense
Et la laine des nuages passe dans l’engrenage
Trépidations
Mon cerveau et mon cœur piles électriques
Arcs voltaïques
Explosions
Combinaisons d’idées et réactions des sentiments
Le ciel est un vaste laboratoire de chimie avec cornues creusets tubes éprouvettes et tous les vases nécessaires
Qui m’empêcherait de croire que les astres sont des ballons de verre pleins de gaz légers qui se sont échappés par les fenêtres des laboratoires
Les chimistes sont tous des imbéciles
Ils n’ont découvert ni l’elixir de longue vie ni la pierre philosophale
Seuls les pyrotechniciens sont intelligents
Ils sont plus intelligents que les poètes car ils ont rempli le ciel de planètes nouvelles
Multicolores
Les astres explosent comme des grenades
Les noyaux tombent
D’autres montent de la terre et ont une vie éphémère
Astéroïdes astérisques
Fusées de larmes
Les comètes se désagrègent
Fin de leur existence
D’autres explosent comme des démons du Moyen Âge et des sorcières du Sabbat
Feux d’antimoine feux de Bengale
Moi aussi je me désagrégerai en larmes colorées le jour de ma mort
Mon cœur vaguera dans le ciel étoile filante ou bolide éteint comme maintenant il erre enflammé sur la terre Etoile intelligente étoile averroïste
Vertigineusement
En l’enroulant dans le fil de la Voie Lactée
J’ai jeté la toupie de la Terre
Et elle vrombit
Dans le mouvement perpétuel
Je vois tout
Bandes de couleurs
Mers
Montagnes
Forêts
Dans une vitesse prodigieuse
Toutes les couleurs superposées
Je suis seul
Grelottant
Debout sur la croûte refroidie
Il n’y a plus de végétation
Ni d’animaux
Comme les anciens je crois que la Terre est le centre
La Terre est une grande éponge qui s’imbibe des tristesses de l’univers
Mon cœur est une éponge qui absorbe toute la tristesse de la Terre
Bulles de savon !
Les télescopes pointent le ciel
Canons géants
De près
Je vois la lune
Accidents de la croûte refroidie
L’anneau d’Anaxagore
L’anneau de Pythagore
Volcans éteints
Près d’elle
Une pyramide phosphorescente
Pyramide d’Egypte qui est montée au ciel
Aujourd’hui elle est intégrée dans le système planétaire
Lumineuse
Son itinéraire calculé par tous les observatoires
Elle est montée quand la bibliothèque d’Alexandrie était un brasier illuminant le monde
Les crânes antiques éclatent dans les parchemins qui se consument
Pythagore l’a vue quand elle était encore sur terre Il a voyagé en Egypte
Il a vu le fleuve du Nil les crocodiles les papyrus et les embarcations de santal
Il a vu le sphynx les obélisques le temple de Karnak et le bœuf Apis
Il a vu la lune à l’intérieur du caveau où se trouvait le roi Amenemhat
Mais il n’a pas vu la bibliothèque d’Alexandrie ni les galères de Cléopâtre ni la domination anglaise
Maspero découvre des momies
Et moi je ne vois plus rien
Les nuages ont éteint ma géométrie céleste
Sur le tableau noir
Je ne vois plus la lune ni ma pyrotechnie planétaire
Une grande paupière bleue tremble dans le ciel et cligne
Un éclair farouche zèbre le ciel
Le baromètre annonce la pluie
Tous les observatoires communiquent entre eux par la télégraphie sans fil
Je ne pense plus car l’obscurité de la nuit tempétueuse pénètre en moi
Je ne peux plus mathématiser l’univers comme les pythagoriciens
Je suis seul
J’ai froid
Je ne peux écrire les vers dorés de Pythagore!…
Maurice Henry – la doublure de la nuit
Peinture: P Bonnard – le cabinet de toilette
Tes yeux ce ne sont pas tes yeux mais la doublure de la nuit
tes mains ce ne sont pas tes mains mais une virgule à collerette
tes cuisses ce sont des hélices pour chasser le mal de dents
et tes dents justement c’est un arbre dont les racines tiennent dans leurs mains mes oreilles
Ta chevelure pleut sur mes paupières quand il fait beau
tes pieds de suie fraîche descendent des cintres lorsque j’appelle un taxi
Sur tes ongles poussent se développent et se multiplient des plantes qui sont mes joues
Avec tes rubans tu lies nos étreintes et avec tes genoux c’est mon nez que tu nourris
Tes lèvres ce ne sont pas tes lèvres mais un troupeau de bœufs sur les pâturages de mon sang
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Le cŒur dessiné me souriait , de ses larmes de sève – ( RC )
La chevelure sauvage des arbres
s’est couchée sur le sol.
D’autres se consument
en fumées bleues.
Des branches sectionnées en petit tas ,
j’ai vu, au milieu de la sciure,
Les billots du grand platane,
Où nous avions gravés nos noms.
Le cœur dessiné, me souriait,
Même avec ses larmes de sève,
de l’aubier blessé,
en une sorte de dernier adieu.
–
RC – mai 2015
Théo Léger – Beauté des temps révolus
Peinture: Giovanni Boldini
Elles traversaient les profondeurs de l’argent des miroirs.
D’une fragrance de chevelure aux parfums érotiques,
d’une jaillissante malice de dentelles couvrant leur chair
où luisaient les globes fragiles soumis aux caresses de l’homme,
de leur murmure d’éventails, de leur secret de bagues
dont les fourmis laborieuses ont mémoire au musée
sous les racines d’un monde vert
qu’est-il resté ? Rien. Ton seul sourire :
un papillon de cils battant contre une lèvre d’amant
la crispation de doigts malhabiles.
Sur les draps de la nuit était-ce
cris de naissance ou de mort? Cela, les horloges l’ignorent.
Théo Léger (1960)
Quelque part où les lignes courent, s’enfuient – ( RC )
–
–
–Quelque part où les lignes courent, sur le corps de la terre.
Certaines s’enfoncent ,s’enfuient
rebondissent sur les accidents du terrain,,
la chevelure obscure des bois denses.
Sans couleur pour l’instant, peut-être suspendue dans un gel provisoire,.
A chaque instant, celle-ci peut occuper les lieux,
Inonder la surface, comme le ferait le rideau du soleil naissant,
ou, à l’inverse, celui de la nuit .
Mais bien avant, les collines se propulsent vers l’avant,
ou plutôt les ombres, se liguant contre le jour,
émergeant de la brume, comme engluées
dans une couche épaisse de peinture.
Je perds alors la notion de distance, divisée
par les silhouettes des poteaux électriques, leurs fils dansant,
l’étagement des haies, les champs s’empilant, verticaux..
Tout est rythmé de signes qui n’ont pas d’autre signification qu’eux-même.
Même la route sur laquelle je m’appuie
se met à tanguer en virages derrière un rocher
Peut-être disparaît-elle à jamais
Comme ce trait interrompu sur la toile.
L’équivalent d’une stridence,
d’un appel qui ne trouve pas d’écho
émis par un chant d’oiseau,
bientôt bu par le silence .
–
RC – oct 2015
–
la verte menace du supérieur aux oiseaux (RC )
art A Wölfli
–
Notes assemblées, collées,
passages soulignés, paragraphes décalés,
—- Secrets d’alcôve de palais vénitiens
Ce calme précaire suspendu dans les airs,
- intérieur à la flamande,
La toilette de la mariée se détourne ,en carrelage froid.
Le somptueux , voisine l’éventail rosi
– chevelure fantasque,
Comme le plumage onctueux d’orange, se profile
L’œil fixe, me cloue, – rapace – de face.
Peu à peu le récit se cristallise de métaphores lisses,
Décrites d’ombres nettes, vers le double encadré.
Epinglé, et qui n’est pas miroir.
Lance brisée, sous la verte menace du supérieur aux oiseaux,
Et l’arlequin déguisé, rentré là, comme par effraction.
Rien n’est dit , du robinet qui goutte,
( On l’entend plus qu’on ne le montre, )
Contre le temps qui s’écoule, cascade
La coiffure , d’un gnome aux quatre seins,
Avorton oublié là, sans qu’on paraisse y prêter attention,
Au seuil de l’inquiétude.
–
RC – 28 avril 2013
–
Tahar Ben Jelloun – Quel oiseau ivre naîtra de ton absence ? — l’interrogation du soleil ( RC )
Quel oiseau ivre naîtra de ton absence
toi la main du couchant mêlée à mon rire
et la larme devenue diamant
monte sur la paupière du jour
c’est ton front que je dessine
dans le vol de la lumière
et ton regard
s’en va
sur la vague retournée
sur un soir de sable
mon corps n’est plus ce miroir qui danse
alors je me souviens
tu te rappelles
toi l’enfant née d’une gazelle
le rêve balbutiait en nous
son chant éphémère
le vent et l’automne dans une petite solitude
je te disais
laisse tes pieds nus sur la terre mouillée
une rue blanche
et un arbre
seront ma mémoire
donne tes yeux à l’horizon qui chante
ma main
suspend la chevelure de la mer
et frôle ta nuque
mais tu trembles dans le miroir de mon corps
nuage
ma voix
te porte vers le jardin d’arbres argentés
c’était un printemps ouvert sur le ciel
il m’a donné une enfant
une enfant qui pleure
une étoile scindée
et mon désir se sépare du jour
je le ramasse dans une feuille de papier
et m’en vais cacher la folie
dans un roc de solitude
–
.
Tahar BEN JELLOUN
–
Auquel j’ajoute mon « interrogation du soleil » – qui a été composée sans que je connaisse le texte ci-dessus,
En lissant, du dos de la main,
Un sable blond, – l’interrogation du soleil
Qui s’étale, en grains
Par millions, ni semblables, ni pareils
Et si ceux ci, recouvrent
L’haleine de mon corps
Qui fait racine, puis s’ouvre
En profondeur, de toutes ses pores
C’est un flux de la mémoire
En fouillant dans son ombre
A chercher dans le noir
Qu’aucune lumière n’encombre
Quand tu te penches, elle ressurgit soudain
Aux rayons de tes cheveux dénoués
Et qu’ au dessus de moi, planent tes mains
Porteuses du soleil, d’un désir avoué.
C’est ton regard, que le ciel achemine
Qui réchauffe le mien
Je n’en sais pas l’origine
Mais j’en connais les liens.
Vivre est une aventure,
On s’écarte des chemins tracés
Vers des sentiers peu sûrs
Mais où tu me fais me lancer
Et c’est encore un peu ivre
Encore en titubant
Que je vais te suivre
Emporté vers l’avant
Mes lèvres ont le goût des tiennes
J »ai laissé derrière, l’hiver des pensées
Un nouveau jour m’entraîne
………….. Et je n’ai plus de passé.
–
RC -21 octobre 2012
–
–
Jean Portante – Dans le couchant qui rougit ta chevelure
Dans le couchant qui rougit ta chevelure( visible sur le site de Claude Ber)
les serpents de l’horizon s’emmêlent
les peaux : je veux dire : te voilà serpentant dans l’air incandescent et rien de ce qui fait
le jour et la nuit ne te dissipe.
c’est ainsi que je te rêve et te rêve à nouveau jusqu’à ce qu’aux éléments de base s’ajoute
le travail tranquille et secret de ma bibliothèque intime.
ce n’est pas facile à faire.
entre les blocs solides et liquides il n’y a guère de concurrence : je veux dire : être l’un
ou l’autre n’est pas un choix.
mais quand ce qui est corps se déroule
dans l’âme en une lente soirée de fin d’été et qu’une main repeint à l’intérieur ce que l’extérieur lui soustrait c’est comme si de la terre à l’eau et plus loin encore les porte-paroles du dedans sculptaient statue après statue dans le creux des nuages : je veux dire : là-bas entre chair et os notre amour ressemble moins aux serpents qu’à l’incandescence rituelle qui fait et défait l’horizon.
Albert Samain – Silence !…
SILENCE!…
Le silence descend en nous,
Tes yeux mi-voilés sont plus doux ;
Laisse mon coeur sur tes genoux.
Sous ta chevelure épandue
De ta robe un peu descendue
Sort une blanche épaule nue.
La parole a des notes d’or ;
Le silence est plus doux encor,
Quand les coeurs sont pleins jusqu’au bord.
Il est des soirs d’amour subtil,
Des soirs où l’âme, semble-t-il,
Ne tient qu’à peine par un fil…
Il est des heures d’agonie
Où l’on rêve la mort bénie
Au long d’une étreinte infinie.
La lampe douce se consume ;
L’âme des roses nous parfume.
Le Temps bat sa petite enclume.
Oh ! s’en aller sans nul retour,
Oh ! s’en aller avant le jour,
Les mains toutes pleines d’amour !
Oh ! s’en aller sans violence,
S’évanouir sans qu’on y pense
D’une suprême défaillance…
Silence !… Silence !… Silence !…
–
ALBERT SAMAIN
Sempre0allegra – j’aime quelq’un en secret
peinture-dessin: Odilon Redon, figure de profil
amo qualcuno in segreto / j’aime qq’un en secret
27 mars 2011
J’aime quelqu’un en secret
Un que je ne verrai jamais
Quand l’écran s’allume
Je crois de suite que c’est lui.
Ses mains dans ses cheveux
Me disent qu’il pourrait bien m’aimer
Il est dans mes yeux
Comme le soleil, lumineux
Illuminant mes pupilles
Je l’imaginais Or et Lumière
En réalité il est comme vous et moi
Dans ce caléidoscope je vois
Le contraire de ce je que je crois
Donc amour impossible
Parfums de pays lointains
Miettes de leurs pains
L’amour me fuit
Se faufilant entre mes doigts
Il m’abandonne, à la fin de la nuit
Me laissant seule face à moi
Cet amour – là est tel
Une douche glaciale, que rien ne dégèle
Peu importe, ce que je veux
Avant toute chose, c’est aimer
La douceur du danger
Car j’aime quelqu’un en secret
Quand vous verrez l’écran s’allumer
Vous croirez que c’est lui
Sa main dans son épaisse chevelure
Vous penserez, c’est sûr
Quelqu’un qui peut m’aimer
J’aime quelqu’un en secret
Oui un jour peut être il saura m’aimer
Ecrite en italien le 31/01/2006
Traduite le 27/03/2011
Amo qualcuno in segreto
Uno che non vedo mai
Quando si accende lo schermo
Credo sempre che stia lui
Le sue mani nei suoi capelli
Mi dicono che potrebbe ben amarmi
Sta nei miei occhi
Come il sole, Lucenti
Illuminandomi i pupilli.
Immaginavo L’oro e la luce
Invece è come voi o me
Tale un caleidoscopico
Il rovescio delle mie idee
Anche un amore improbabile
Profumi di paesi lontani
Bricioli di soliti pani
L’amore si fuga di me
Filando tra i miei dita
Abandonnandomi
alla fine della notte
lasciandomi sola alla porta
L’amore è tale
una doccia giaciale
Che nulla possa sbrinare
Ma cio che voglio amare
Prima di tutto,
è la dolcezza del pericolo.
Amo qualcuno in segreto
Uno che non vedo mai
Quando si accende lo schermo
Credo sempre che stia lui
Vedo la sua chioma spessa sotto i suoi dita
Che mi dice che saprà amarmi
semrpeallegra@fr martedì 31 gennaio 2006
–
Henri Thomas – Ma tombe
Ma tombe.
Ma tombe voyage, un jour elle est là,
sous les peupliers, à peine indiquée,
un jour ici, quel vaste mausolée,
le marbre au granit mêle son éclat !
C’est aussi la mer, c’est aussi le feu,
tantôt j’y suis seul, tantôt j’y suis deux,
entortillé dans une chevelure,
on est bien ensemble, on est des lémures.
on m’a mis aussi sur la ronde tour
festin pour le soleil et le vautour,
On m’a mis aussi dans la jarre peinte
après quantités de pratiques saintes,
On m’a mis aussi… mais c’est un mystère.
J’ai mille tombeaux sur la vieille terre.
Henri Thomas. « Le Monde absent » 1947.
–
Monique Atoch, – Poèmes à l’étranger
Monique Atoch, qui nous livre un texte sur le rapport à l’étranger
( C’est la suite de la parution dans Poéziques )
—
Une nuit d’orages et de sarcasmes
au sommeil usé
et au petit matin à peine rassuré
la lumière encore vierge
découvre une flaque d’amertume
tristesse argentée de l’enfance
douceur d’une chevelure bleutée
à force d’être noire
refrain de l’amour perdu et retrouvé
sentiers escarpés de la rencontre
tombes muettes, fleuries de silences en bémol.
Les rêves me réveillent sans vraiment dire pourquoi.—-
Poézique-zique, tique et pique- mots et grammes
texte extrait du recueil « dans tous le sens « .
Plus de pain
plus de miel
terre promise arrachée
collines crochues
qui lacèrent les serments
maison qui se reruse
terrasses arides
plats ébréchés
qui n’offrent rien
ouragan d’acide
vitriol au visage.
Le verdict est vomi :
pas d’étrangère ici.