… Je n’aime pas la contemporanéité broyeuse de rêve.
À la vérité, je préfère le mensonge. J’aime mes mensonges. Ils sont Ma vérité depuis toujours. La Vérité n’existe pas, même si elle cherche à s’imposer comme une et entière alors quelle n’est peut-être que la coagulation d’une série de mensonges. La vérité, c’est toujours celle de l’autre ; là où ma vérité à moi est autre, et peut-être depuis toujours dans le mensonge. J’aime mes mensonges. Ils sont l’unique moyen que j’ai trouvé pour exprimer ma propre vérité, celle de l’instant où je l’énonce et qui ne vaut pas forcément pour l’instant d’après. J’aime la démultiplication des vérités ; celle-là seule m’intéresse parce qu’elle n’est peut-être aussi qu’une démultiplication de mensonges.
Je vis dans le mensonge, ce que les autres appellent le mensonge. Seul moyen pour moi de rester en vie, seul rempart pour me protéger de la vérité des autres. Seul et unique rempart contre la vérité de « ma mère » ! Ne pas se laisser cerner ! Échapper enfin à l’emprise de l’autre, au pouvoir de l’autre sur elle !
des « feuillets du minotaure » 2015 ed de Corlevour