Permettez que j’épingle au trophée de chasse ma charpente un peu démodée – ( RC )


plouneour-menez Un pas de côté,une esquisse de danse,une pierre aiguiséeentamant le pied, ….douleur et poussière,en vouloir à la terre entière,plutôt que sur Marscar l’os du tarsen’y a pas plus d’usageque l’esquisse d’un rivagedepuis longtemps asséché: -Notez qu’il est hors de question que je figure avec mes pairsdans un quelconque ossuairesous un couvert de brume. Permettez que j’épingle au trophée de chassema charpente un peu démodée,les … Continuer de lire Permettez que j’épingle au trophée de chasse ma charpente un peu démodée – ( RC )

Alfonso Carreno – L’heure de l’idée sans feuille


Du grand coffre obscur de la nuitémane le temps, immobile sur l’épauledeshéritée de la lumière, tel un souvenirhors ses domaines de mémoire.Chaque nuitest la constante racine où se nourritla vie assiégée en ses enceintesextrêmes et essentielles. C’est l’heurede l’idée sans feuille au nœudaustère et juste de sa brancheperpétuelle et vermoulue : les insectes,les oiseaux la perforent et la peuplentde leur frémissante impatience, en voyagesomnambule, sans … Continuer de lire Alfonso Carreno – L’heure de l’idée sans feuille

Anne-Marie Derèse – je voudrais t’aimer


Je voudrais t’aimercomme on aime Dieuavec le regard levé vers le bleu,avec les cierges un à un allumés,un tapis d’étoiles pour le sommeil.Je voudrais te supplier, t’appeler,te couvrir de pardons. Je voudrais t’aimer,couchée sur le miroir des autels.Dans l’herbe retournée au mystère,couche-moi, berce-moi,pénètre-moi, sans fin, sans espoir.Chante pour moi,chante pour adoucir l’instant.Profondes sont les feuilles,recouvre-moi, oublie… Profond est le sommeil,cache-moi dans ton âme flottante. Mon … Continuer de lire Anne-Marie Derèse – je voudrais t’aimer

les songes de la lune ne brillent qu’en négatif – ( RC )


encre Lisa Weiss Tu pourrais te laisser porterpar l’étrange attraction du monde lunaireoù la lumière aime partagerles pensées dérivant au fil de l’eau… sans qu’on en saisisse vraiment l’épaisseur et la consistance Il n’y a pas de rides au-delà des vagues,la surface ignore encore ce qui se trameà travers la nuit: certains affirmentque les songes de la lune ne brillent qu’en négatif. On ne sait … Continuer de lire les songes de la lune ne brillent qu’en négatif – ( RC )

Pierre Voélin – Toi – parmi les fleurs


Toi – parmi les fleurs nées de la cendrebleuets — bleuets par les blés tendres Que mes mains redessinent ton visage mes lèvres – qu’elles retissent tes lèvresavec le souffle d’une seule étoile Que l’osier touche ton front — dans le secretles eaux dorées du baptême O bien-aiméedéjà la nuit se vêt de ta beautétu viens — sans hâte — tu traverses les larmes tu … Continuer de lire Pierre Voélin – Toi – parmi les fleurs

Fonte des glaces sur la Neva – ( RC )


photo « retravaillée » Fonte de glaces sur la Neva RC Pénombre bleue sur le blanc,je ne sais où faire surface.D’immenses blocs de glacedérivent lentement.Je ne reconnais plus rien. Les blocs recouverts de givre,les eaux de la Neva,la débâcle à grand fracas,au sein d’une nuit plaintive sur la plaine immense…. Les ponts emportés au loin,seule, la tour, par intermittence,qui persiste dans son signal,contre le rideau flou d’un … Continuer de lire Fonte des glaces sur la Neva – ( RC )

Marie Uguay – le soir et les voix parlent un langage inconnu


Maintenant nous sommes assis à la grande terrasseoù paraît le soir et les voix parlent un langage inconnude plus en plus s’efface la limite entre le ciel et la terreet surgissent du miroir de vigoureuses étoilescalmes et filantes plus loin un long mur blancet sa corolle de fenêtres noires ton visage a la douceur de qui pense à autre choseton front se pose sur mon … Continuer de lire Marie Uguay – le soir et les voix parlent un langage inconnu

Paul Verlaine – les ingénus


photo Gianluca Moretto Les hauts talons luttaient avec les longues jupes,En sorte que, selon le terrain et le vent,Parfois luisaient des bas de jambes, trop souventInterceptés ! – et nous aimions ce jeu de dupes. Parfois aussi le dard d’un insecte jalouxInquiétait le col des belles sous les branches,Et c’étaient des éclairs soudains de nuques blanches,Et ce régal comblait nos jeunes yeux de fous. Le soir … Continuer de lire Paul Verlaine – les ingénus

ce qui tremble en moi – ( RC )


montage RC Je n’ai pas conscience de ce qui tremble en moi,Peut-être une horloge, au balancier d’argent,Un feu consumerait lentement l’églantier,qui y est planté.Peut-être que remuent des noyaux de cerise,Déposés là par des oiseaux de passage, pendant mon sommeil. Il y a aussi en moi, un enfant,qui pêche le soleil, tombé dans une flaque d’eaupas plus grande que ça,…mais cela suffit à réchauffer le corps.Je … Continuer de lire ce qui tremble en moi – ( RC )

Ada Montès – petite


petiteparfois tu t’allongesn’importe quand n’importe oùtu es comme mortetu sais que tu n’es pas morteparce que tu as froidtu as peur souvent tu ne sais pasoù dormir ce soir demainmais on ne sait même pas si demain on sera làalors regarde la folle marée du ciella guerre lente des couleurs là-hautça suffit pour maintenantpour maintenantpour tes yeux clospetite qui rêve à ceux qui n’ont plus … Continuer de lire Ada Montès – petite

Danièle Corre – la maison


peinture : Manfred Schling la maison de Nikolas 1987 Un jour, la maisonoubliera ses racines. Tu me raconterasles vieux mythes de fondationquand les peuples errantshaletaienten quête des haltesoù bâtir. Je te dirai le nomqui m’importe,si vibrantqu’il semble né d’hierpour triompher de l’oubli,debout dans la mémoirequ’il étend aux lointainsmais fétu de pailledans la mouvance des siècles. Un jour, la maisonétourdie d’histoiresavec toutes ses fenêtresouvertes sur le … Continuer de lire Danièle Corre – la maison

le ballet du pissenlit – ( RC )


photographe non identifié A bien des égards, je me confie à la nuit,même si du noir on passe au gris.Une lune , ou autre satellite feront l’affaire,et peuvent ainsiêtre saisis par la photographie beaucoup plus qu’un clair de terrene pouvant faire obstacle au pissenlitOn en reconnaît le balletavec ses graines légèresdevant un cercle parfait. Qu’un peu de vent passeet les petits parapluies se détachent,ignorent alors … Continuer de lire le ballet du pissenlit – ( RC )

Je pense à toi Raymond – Susanne Derève


Je pense à toi Raymond*tes dessins tes estampestoi dont la seule faute futde t’appeler Levy Dix-huit anset que la Gestapo envoya à Drancyà Drancy puis Auschwitzd’où l’on ne revient pasen Juillet 43 Je pense à toi Jacotte**toi qui avais vingt ansfragile messagèresur un vélo trop grand et qu’on assassinadans la Foret de Lorgeaux Buttes Rougesde ton sang Et puis encore à toiAlbert Torquéautorturé à Uzelà … Continuer de lire Je pense à toi Raymond – Susanne Derève

Bronka Nowicka – un paysage qui ment


peinture James Guy L’enfant fait le rêve d’un paysage qui ment. Il regarde lesfeuilles : elles sont cousues aux arbres. Les chiens restentprès des niches parce qu’ils ont le bout des pattes enterré.Qui a déjà vu des hordes de moineaux posées ainsi ? Tupeux leur jeter ce que tu veux, ils ne s’envoleront pas. Tupeux courir vers eux – ils ne décolleront pas du sol, … Continuer de lire Bronka Nowicka – un paysage qui ment

Clarisse Griffon du Bellay – Je me sens viande 


peinture  » le bœuf écorché » Ch Soutine – détail « J’ai plongé dans la viande. Je suis allée me perdre à Rungis, entourée de centaines de carcasses alignées. J’ai été traversée par autant de présence. Présence atteinte du seul fait de cette lourdeur et de ces mécanismes vitaux exhibés au grand jour. Pour moi la viande disait quelque chose de la magie du vivant, dévoilait une … Continuer de lire Clarisse Griffon du Bellay – Je me sens viande 

L’encre s’étend en petits gris – ( RC )


Encre: Lisa Weiss était-ce encore un tempsà faire s’éloigner les nuages ?Des maux croiséssur une pageun peu gondolée…C’est que la pluiea transformé le paysageen un lavisoù l’encre s’étenden petits grisdans un ciel immense.L’écriture est à double sens.C’est là qu’elle fleuritaussi discrètequ’une brise :une écriture secrètequi n’attend pas qu’on la lise…. Continuer de lire L’encre s’étend en petits gris – ( RC )

Ile Eniger – En silence habité


montage RC Tu m’as donné deux fois la vie, un matin de septembre quand sonnait la sirène du marché sur la place du village, puis, quand lisant mon premier poème tu m’as dit : « Continue ma fille…« . Maintenant ma mère est ailleurs, en silence habité. Elle a depuis longtemps fermé son nom, sa voix, comme on ferme une page et la porte derrière soi. Elle … Continuer de lire Ile Eniger – En silence habité

Yehuda Amichaï – un cimetière juif en Allemagne


Sur une petite colline au milieu de champs fertilesse trouve un petit cimetière,un cimetière juif derrière un portail rouillé,caché par des arbustes,abandonné et oublié.On n’y entend ni le son de la prièreni la voix des lamentations ne s’élèvecar les morts ne louent pas le Seigneur. Seules les voix de nos enfants résonnent,cherchant les tombes et s’amusentchaque fois qu’ils en trouventcomme des champignons dans la forêt,comme … Continuer de lire Yehuda Amichaï – un cimetière juif en Allemagne

Le rêve s’inscrit en figures animalières – ( RC )


photo- Jerry Uelsmann  » animal dream » Des arbres de l’autre côté de la verrière,le rêve s’inscrit en figures singulières:la jungle , la nature animalière, où même la couvertures’orne de multiples figureséléphant, lion, et cerf: quand on s’allonge,ils parcourent le catalogue des songeset repeuplent la terre entière:on en trouvera plein débarqués depuis longtempsavec l’arche de Noéqui regardent les humainsavec curiosité. Tous ceux qui sont absentsne sont … Continuer de lire Le rêve s’inscrit en figures animalières – ( RC )

Michel Manoll – la mer


photo RC St Malo Il y a partout des ports et des quais,Même à Varsovie, pourtant citadine.Où chaque jour, attendant le tramwayJe contemple un yacht, dans une vitrine.Demain et toujours, au loin s’étendrontLes mers aux ardents ou pâles reflets ;Comme un regard vif, rapide et profondTanguera la nef où je me tiendrai.On dit que douze ans après le naufrage,Sur le Titanic, personne n’embarque,Et pourtant la … Continuer de lire Michel Manoll – la mer

Oscar Ruiz- Huidobro – KHALED AL-ASAAD ( Palmyre )


photo Palmyre – Dauphiné Libéré Une âme savante est morte à Palmyre,Mémoire vive du monde passé,Gardien sans peur de l’antique citéQui fit un rempart de sa vie martyre. Ces ignobles lâches, ses assassins,Ces crétins mortifères imbéciles,Criminels corrompus, violeurs, débilesQue les religions forment à dessein, Comptent détruire l’histoire et la cultureS’attaquant aux vestiges et aux corps,Qu’ils arasent, mutilent, deux fois morts. Ils sont notre défaite, sépultureMonstrueuse … Continuer de lire Oscar Ruiz- Huidobro – KHALED AL-ASAAD ( Palmyre )

Jean-Marie Kerwich – je ne trouverai plus mon chemin pour partir ailleurs


–   « Je ne relis jamais ce que j’écris ; je ne trouverai plus mon chemin pour partir ailleurs. Mes phrases sont des villages pour les âmes en peine. Mieux vaut ne pas se retourner vers eux, ça ferait pleurer l’encre des mots écrits…            J’ai du mal à tenir une plume : ma main droite a trop longtemps tenu en équilibre sur un portique de … Continuer de lire Jean-Marie Kerwich – je ne trouverai plus mon chemin pour partir ailleurs

Jean-Marc Feldman – rouille des jours égarés


photo Damien Bottura Nous bavardonset posons des théorèmes improviséssur le tracé des existencesle goût du sel la langue sèchece qui fertilise la colère ou le désespoirNous racontons les soleils couchantspâleurs et disparitionsla tendresse qui soudain étreint comme si rien ne serait pluset ce nombril qui pèse sur les piedsle sable qu’on enfonce à chaque pasgoût du sel langue sèchecette lumière soudain si précise impossible à … Continuer de lire Jean-Marc Feldman – rouille des jours égarés