Mario Benedetti – des mots qui n’existent plus

Combien de mots n’existent plus.
Le présent repas n’est pas la soupe.
L’eau qui reste ici n’est pas la mer.
Une aide c’est trop demander.
Il n’y a rien à vivre et il n’y a plus rien, sauf mourir, quand on m’enlève les mots .
Et pas de sauts à la corde, de mains qui ensemble se tiennent
, sourires, caresses, baisers.
Le lit de la maison est une lande imprononçable :le repos des mourants,
dans les spasmes agités, quand on sent que l’on vit encore.
Province d’Udine, Codroipo, le malade des deux poumons,
le pantalon trop large, le visage avec la peau sur les os,
le nez effilé , ce n’est pas quelque chose à raconter, ni les souvenirs.
Se savoir aride, se sentir aride…
Et je me dis, réalisez donc, n’ayez pas seulement vingt ans,
et une vie comme éternelle, pour juste me faire du mal.
( traduction « improbable de Google trad, » au mot à mot modifiée pour que cela soit plus compréhensible. )
texte issu du site une nouvelle poésie italienne.
Le baiser de la femme araignée – ( RC )

C’est une femme aux mille ressources,
qui vit au sein de la peinture,
sous les couches de couleur…
Nous prend-elle dans sa toile,
nous enrobant de caresses drues,
où virevoltent les pinceaux ?
De la plage, la sérénité
des jours d’été semble s’éloigner.
Nous serons à notre tour
ce corps fragmenté
se débattant sous les vernis
et les baisers
de la femme araignée…
( réponse à un écrit de Louba Astoria sur Wilhem DeKooning )
Samira Negrouche – courir sans regarder derrière soi
peinture Michael Borremans
–
Avant que l’aube n’apparaisse, courir sans regarder derrière soi
les fleuves évaporés et les paroles effritées des sages de légendes.
Avant plus avant le soleil est d’une douceur clémente
m’apprend d’autres caresses et je deviens un poteau électrique
dans une plaine humide et je passe aussi vite qu’eux
sur le parcours d’un TGV pressé de rejoindre
ses rendez-vous parisiens à huit heures tapantes
Et je disparais.
Théo Léger – Beauté des temps révolus
Peinture: Giovanni Boldini
Elles traversaient les profondeurs de l’argent des miroirs.
D’une fragrance de chevelure aux parfums érotiques,
d’une jaillissante malice de dentelles couvrant leur chair
où luisaient les globes fragiles soumis aux caresses de l’homme,
de leur murmure d’éventails, de leur secret de bagues
dont les fourmis laborieuses ont mémoire au musée
sous les racines d’un monde vert
qu’est-il resté ? Rien. Ton seul sourire :
un papillon de cils battant contre une lèvre d’amant
la crispation de doigts malhabiles.
Sur les draps de la nuit était-ce
cris de naissance ou de mort? Cela, les horloges l’ignorent.
Théo Léger (1960)
Laetitia Lisa – En habits d’oubli
peinture rupestre grotte de Chaturbhujnath Nala, Inde, environ 10,000 av JC
Je longe le champ de blés verts
hâtant le pas dans l’herbe haute
pour recevoir encore
un dernier baiser du soleil
avant qu’il ne se couche
en draps ocre et dorés
demain la pluie
demain le froid
pour l’heure la douceur du vent
le chant des grillons et les hirondelles en formation
avec elles je me baigne en le ciel
allongent les brasses lorsque les courants frais
effleurent mes bras nus
avec elles je reste immobile un instant
sous les caresses des courants tièdes
je plonge
dans le bleu des montagnes
jusqu’à ce que la nuit revienne parfaire l’esquisse
de ses gris colorés
je ne peux rien contre le froid et la grêle
tueurs des promesses si près d’éclore dans mon verger
je ne peux rien contre le feu du soleil
tueur des promesses si près de porter fruit dans le tien
sur le dos de quelques mots ailés revenus nous chercher
nous dansons en habits d’oubli
ourlés de nuit .
————
plus d’écrits de L L ? voir son site-blog
Jean Pérol – À mes côtés
Ne donnez plus rien
aux courages lâches
tenez écartées
les fêtes pourries
j’attends que la nuit
tire sur tout sa bâche
et d’autres caresses
que de ses furies
j’attends le dirais-je
les cieux plus légers
sur tous les vergers
la musique en plis
j’attends la lumière
des blancs d’avalanche
les masques tombés
les pardons en pluie
la douceur des mains
des lèvres fidèles
un cœur sans calculs
la farce effacée
un Japon des mers
des chants d’îles mauves
un matin charnel
entrer dans les villes
quand plus rien n’importe
franchir le portique
le démon aux portes
l’ange à mes côtés
–
extrait du recueil:
Libre livre
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Frédéric Angot – Lune sang amour
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LUNE SANG AMOUR
-Cette nuit là, un râle d’Amour, tel un châle,
s’envola si haut et si bien qu’à la lune il
parvint. En ce si beau ici-bas, dans
d’érotiques ébats, s’aimaient deux êtres.
L’Idéal semblait paraître, quand, la lune d’or
esseulée, délaissée du soleil récemment,
plongea, comme pour se venger, les jeunes et
purs amants dans une ténébreuse obscurité en
s’éclipsant…
Dès lors, les caresses cessèrent, le doux vent
d’été, les arbres fruitiers, les grillons
s’enfuyèrent, les halètements et souffles
ardents firent place aux cris de terreur.
La lune, jalouse et outragée, ainsi les tint
toute la nuit dans le chaos et la noirceur
jusqu’à ce qu’apparaisse dans sa splendeur le
beau Rê lumineux de chaleur.
Seulement, pour les deux amants, le lever fut
absent.
Leurs corps, jadis pleins de vigueur s’étaient
figés dans une éternelle torpeur… la peur,
trop forte, avait soufflé la lueur de leurs coeurs.
Ainsi, je vous le conte, la lune maligne
retourna l’écho de leurs râles!
Seul demeurait de cette nuit, un léger châle
de lin, de lune doré, de mort taché.
–
Anna Akhmatova – Rupture

photo Gilbert Garcin: la rupture
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Rupture
Voici le rivage de la mer du Nord.
Voici la limite de nos malheurs et de nos gloires,
— Je ne comprends plus : est-ce de bonheur,
Est-ce de regret que tu pleures,
Prosterné devant moi?
Je n’ai plus besoin de condamnés,
De captifs, d’amants, d’esclaves ;
Quelqu’un que j’aime et qui soit inflexible
Partagera seul mon toit et mon pain.
Automne baigné de larmes, comme une veuve,
En vêtements noirs; le coeur est embrumé…
Elle se remémore les mots de son époux,
Elle ne cesse de sangloter.
Il en ira ainsi tant que la neige silencieuse
N’aura pas pitié de la malheureuse lasse…
Oublier la douleur, oublier les caresses —
On donnerait pour cela plus que sa vie.
–
1921
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Ventre du vertige ( RC )
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Les rêves se croisent et décroisent,
Comme tes mains
A la rencontre des miennes
Et tes paupières persiennes
Au regard du destin
D’où filtre la lumière
Le songe ailé qui se cabre
Sous les caresses
Qui nous emmènent loin
Au creux des fleurs ouvertes
Si loin que l’esprit s’égare
Et perd pesanteur,
Aux veines et aux racines ;
On ne sait plus ce qui s’échange
Et est toi ou moi
Nous sommes du voyage
Et loin de la terre
Sur les ailes des anges,
Au centre du vertige,
Matière amante confondue…
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RC 27 février 2013
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G M Chenot – Au toucher ou à l’ouïe
AU TOUCHER OU A L’OUÏE
L’Afrique en bandoulière
Et les yeux émerveillés
Par de tant de couleurs
Ou de nuances de noir
La lumière en héritage
Comme la douceur d’un fardeau
Qui s’évapore en souriant
Dans l’ombre des frondaisons
Et cette voix de femme ensorceleuse
Dont on fait des miracles
Des baisers ou des caresses
Dans la saveur de l’instant
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écrit provenant du riche blog poétique de GMC
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