Hans Christoph Buch – Savane Zombi
Hans Christoph Buch
un extrait ( début) de son texte SAVANE ZOMBI, paru au « Serpent à Plumes) revue: n° 15 – Printemps 1992
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« Il n’est pas mort, il dort ; il ne dort pas, il est mort. »
(Épitaphe anonyme)
HAÏTI, J’AI RENCONTRÉ MA MORT. La mort est un travesti ; son visage est maquillé en noir et blanc et il porte un frac noir avec une veste blanche sous laquelle se dessinent des seins de femme, un chapeau melon et de brillants souliers vernis à la mode du siècle dernier.
Entre les doigts de sa main droite où des bagues étincellent, il fait tournoyer une canne tandis que de la main gauche il ôte son chapeau, un sourire découvrant ses dents, pour saluer les participants du cortège de carnaval ;
tambour-major il défile à leur tête sous un calicot portant l’inscription : « Le peuple s’amuse trop ! » *, suivi par gardiens du cimetière et fossoyeurs qui, avec des pelles et des seaux vides,. font une musique à vous fracasser les oreilles. Son nom est le Baron Samedi et il est le seigneur de cette folle agitation, un roi sur le royaume duquel le soleil se lève et se couche sans relâche, car en Haïti le carnaval ne connaît pas de trêve, fête bruyante où, en guise de caramels et de confettis, pleuvent le sang et l’excrément, et au point culminant de laquelle la mort enceinte accouche, sous les applaudissements du public, d’une foule de morts minuscules, jusqu’à ce qu’une averse tropicale
emporte les ordures dans l’égout afin que puisse recommencer la ronde de mort et de naissance.
je m'exprime:haut et foooort